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21/12/2007

REENCHANTER LE MONDE A COUPS DE VALIUM

Chez les zumanistes, chacun se plaint que le monde est désenchanté, que plus personne ne croit à rien, qu’il n’y a plus d’idéal. Leur désespoir est si déchirant qu'il leur a suffi d'un fugace regain d'intérêt pour le bulletin de vote, chez nos voisins d'ex-France, pour qu'ils entonnent le refrain du "Printemps de la Démocratie". On peut tortiller l'affaire dans tous les sens, une rémission n'est pas vraiment une occasion de sabler le Rimus, et pour choper la trique en pensant à une urne il faut avoir des habitudes sexuelles qui mériteraient des études-genre à elles seules.

 

 

 

Alors bon. Pour une fois, on va être d'accord avec eux. Semble bien que la grisaille ait contaminé bon nombre de nos prétendus semblables. Mais qu’est-ce qu’on nous propose comme enchantement ? La même soupe procédurière habituelle : encore plus de Droits de l’Homme, encore plus de Devoir de Mémoire, encore plus de Tolérance et d’Ouverture sur l’autre. Et surtout, surtout, pas de soumission délibérée à une discipline exigeante, de dépassement de l’aspiration misérable au confort physique et au vide moral.

 

Le désenchantement du monde découle de la mise à mort des épopées, des hymnes, des fresques, des grands élans irrationnels, du sacrifice collectif pour une cause perdue d'avance, de l’acceptation de renoncer à une partie de soi pour que le tout prospère ne serait-ce qu'une lune de plus. Mais nos braves sociologues ont justement HORREUR de tout cela. L’idéal martial, la figure du guerrier, le chef charismatique, la tentation immortelle des solutions violente, la poésie brutale du pronunciamento, toute l’esthétique fascisante en un mot ! Ils vomissent tout cela et ont lutté là-contre depuis plus d’un siècle.

 

C’était compréhensible du temps où ils pouvaient présenter le modèle de l’utopie marxiste comme une alternative crédible. Mais le rêve communiste a pris une sale poussière et s’est vautré dans un peu trop de charniers pour rester présentable. Qu’est-ce qu’il reste, alors ? La branlette New Age alterimmonde, la grande Île aux Enfants où toutes les couleurs et toutes les croyances se fondent dans un imbuvable sirop.

 

 

 

Et encore ! Le fantasme, l’utopie, l’élan inspirateur qu’on est censé y trouver, ça n’apparaît jamais que dans les dépliants publicitaires. Pragmatiquement, ça nous donne quoi ? Des maquignonnages électoraux sordides, des pourcentages d’allocations, des toilettages constitutionnels, des ministères fictifs, des foutaises bureaucratiques, des rafistolages mièvres, du chantage affectif, de la mise en scène tragique d’égratignures dérisoires…. Ça ne donne qu’un vertige de nausée alors que c’est celui de l’ivresse qu’on réclame !

 

 

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Réenchanter son univers personnel, ça suppose de violer les règles en vigueur, de s’en inventer des nouvelles, de scandaliser tout notre entourage raisonnable. Mais que nous offre-t-on, chez les professionnels du rêve démocratique et développement durable ? Toujours plus de lois ! Toujours plus de règles ! Toujours plus de mots interdits, d’idées inacceptables, de débats châtrés par avance, de procès pour manque de délicatesse vis-à-vis des illusions d’autrui ! L’idéologie « Citoyenne » a remplacé l’élémentaire « civisme » (qui emploie encore ce pauvre vieux mot ?) mais ce tour de passe-passe ne nous a pas rendus plus libres.

 

La différence ? Les contraintes ne relèvent plus de l’Etat mais de diverses mafias qui le manipulent à tour de rôle, comme un troupeau de Bernard-l’hermite qui se refileraient la même coquille morte. La peur du flic n’existe plus, parce que des légions de supplétifs se sont enrôlées, pour la plupart gratuitement, certains font même partie de nos prétendus potes et de notre famille biologique. Quand des penseurs et des décideurs osent parler de "police de proximité", ça sent plus que le sapin, ça refoule la morgue passée à la javel. Le flic est votre ami. L'Etat est votre mère de substitution. Les réglements vous protègent contre vous-mêmes.

 

 

 

Ils sont tous là pour nous rappeler l’existence de ces lois non-écrites mais incontournables.

 

Avoir plus de considération pour l’Autre qu’il n’en a pour lui-même.

 

Ne jamais mettre nos origines en avant pour autre chose que les dénigrer.

 

Epurer son vocabulaire de tout ce qui pourrait être mollement réac.

 

Ne rêver qu’à un Monde Plus Juste selon les seuls critères des pourrisseurs de nations.

 

 

 

Pleurnicheries collectives, solennité d’enterrement permanent, monde carcéral à usage unique.

 

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Le réenchantement du monde par le biais de l’idéal Démocrate ? Le rêve Citoyen ? Oubliez. Ca implique au contraire les vieilles croyances saccagées par les républicains, les progressiste et les apatrides. C’est la Légion Etrangère, la Colonisation et les Croisades.  C’est le Front de l’Est, les tranchées de Verdun, la Bérézina. C’est l’obscurantisme franchement assumé. C’est la conquête, la bataille, la discipline martiale, la foi en la communauté du Sang et du Sol. C’est la Révolution barbare et la répression aveugle. C'est un choeur de hurlements où se mêlent Viva la Muerte  et Montjoie. C’est un ensemble de choses non-quantifiables, invendables, irrécupérables, qui ne se plieront à aucun recyclage, même par ceux qui s’en croient les dignes héritiers.

 

 

C’est surtout un refus de la Dignité crispée et bigote qui tient actuellement lieu de Citoyennitude, et l’acceptation rigolarde d’un cadre traditionnel non-négociable, comme le décrit magistralement Raspail. C’est crever avec le sourire pour quelque chose d’impalpable, que les économistes, les éditorialistes et les techniciens  du touillage social ne comprendront jamais. Ils sont à la fois trop déglingués et trop aigris pour ça. Leur haine de la gratuité et de la simplicité volontaire fait match nul contre leur terreur de l’humour noir et du détachement.

 

 

C'est enfin, avant tout, une capacité surhumaine de conserver de la candeur en des temps où une gamine de 13 ans peut facilement tomber sur des photos de sa mère en train de sucer un cheval. Or aucun d'entre nous n'est vraiment à l'abri de cette même déglingue et de cette même aigreur si constitutives de l'Ennemi. Tout au mieux pouvons-nous prétendre à en faire des exutoires de fortune, des accidents de parcours, des solutions de continuité, sans les déguiser avec les mêmes falbalas humanistes que les Boniches de la Zone Grise.

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