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20/02/2008

MALTRAITANCE CITOYENNE

C'est une gamine qui n'a pas dix ans. Des yeux immenses, très bruns et encore timides malgré la vie animale qui y pétille déjà, électrique. Une fausse calme. Tu m'étonnes, vu sa mère omniprésente, plus dévoreuse d'espace qu'un trou noir...  Difficile à mettre en confiance, la môme, surtout vis-à-vis de ses capacités scolaires. De la peine à se concentrer. Comme tous les gamins. Mais les cours se passent assez bien.

 

L'heure touche à sa fin, c'est le moment de refermer les bouquins. La môme traîne un peu dans le coin, sa mère n'est pas encore là pour l'embarquer. La conversation continue, dévie sur quinze sujets différents, communiquant entre eux par d'étonnantes capillarités.

 

Pourquoi les gens, jeunes ou vieux, veulent-ils toujours aborder des sujets "sensibles" avec moi, putain ?

 

"Hé, Msieur, pourquoi les Africains ils ont la peau noire ? Sans vouloir faire de racisme..."

 

La prudence extrême de la remarque me laisse un peu hagard. Je m'aventure pas trop, je cause de mélanine, de protection de la peau contre le soleil, banalités sans risques. La voilà partie.  

 

Je pense à mon propre parcours, à ma curiosité insupportable à son âge. Je me rappelle pas m'être posé ce genre de colles, et encore moins avoir eu le réflexe de mettre une capote morale sur mes questions.  

 

C'est pas quelque chose qu'elle a inventé toute seule, ça. C'est du terrorisme intellectuel systématique. On a visiblement le droit de pourrir la tête des enfants avec des paniques obsessionnelles pour en faire de bons citoyens. Ca ne date pas d'hier, ce n'est pas près d'arrêter.

 

Alors la micropolémique de nos voisins d'ex-France autour de la Shoah-pour-les-nuls, y a-t-il vraiment de quoi chier un morbier ? On est en plein Business As Usual. Il y a eu pas mal de commentaires, plus ou moins pertinents, au sein du Bloghetto, mais les plus cons se cuisinent à base de "Quand même, il exagère Sarko"... Il exagère quoi au juste ? Est-ce qu'il n'est pas exactement dans le ton habituel ? Pile-poil dans le registre archiconnu ?

 

Ca donne envie de ressortir les antiques vinyls de Minor Threat, tiens... Ou plus simplement de se cantonner à la reprise de leur Guilty of being White par Slayer :

 

I'm sorry
For something I didn't do
Lynched somebody
But I didn't know who

You blame me
For slavery
A hundred years before I was born

Guilty of being white

I'm convicted
Of a racist crime
I've only served
19 years of my time

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Commentaires

" la micro-polémique....autour de la Shoah-pour-les-nuls, y a-t-il vraiment de quoi chier un morbier ? On est en plein Business As Usual. Il y a eu pas mal de commentaires, plus ou moins pertinents, au sein du Bloghetto, mais les plus cons se cuisinent à base de "Quand même, il exagère Sarko"... Il exagère quoi au juste ? Est-ce qu'il n'est pas exactement dans le ton habituel ? " Sans aucun doute.
mais si l'ennemi commet des erreurs ne faut-il pas s'en servir contre eux?
http://labbetymonde.blogspot.com/

Écrit par : l'abbé tymon de quimonte | 20/02/2008

Ca dépend du but qu'on prétend atteindre.

Quand on vit dans une cage et qu'on se fait insulter quotidiennement par les gardiens du zoo, on a toujours le droit de se chier dans la main et de viser la gueule du mâton avec un étron vengeur. Ca ne sert à rien mais ça soulage. Maintenant, espérer que le même mâton glissera dessus et se fendra le crâne en chutant, ça demande une dose d'espérance dont je me sens incapable. Je ne sais pas si vous suivez ma pensée, mon père...

Je ne vois pas "d'erreur", en l'occurrence. Les mouflets d'Europe se font enfoncer un centimètre plus bas dans la même vase par les mêmes fils de chiennes, et je ne vois pas ce que lesdits enfoirés risquent concrètement à pousser ainsi le bouchon. Dans les classes à majorité leuco, on s'en donnera à coeur joie, dans les Territoires Occupés on mettra la pédale douce, en attendant que soit "parainable" à son tour la mémoire des esclaves d'afrique ou des victimes des Croisés.

On est donc une fois de plus en présence d'un non-événement. Et j'ai la faiblesse de croire qu'un gosse subit des dégâts psychologiques plus importants en découvrant la sexualité à travers des pornos SM qu'en devant apprendre par coeur la (courte) biographie de Shmuel Goldgstein... Du temps de ma scolarité obligatoire, on était censés récolter des fonds pour le Burkina. Ca nous faisait doucement rigoler et pendant les pauses, c'était à qui se foutrait le plus ouvertement de cette guignolade humanitaire. On peut faire confiance à la cruauté naturelle des enfants pour que des bruits de pets ou des gags très vaseux viennent rapidement polluer toute cette solennité en carton-pâte et barbelés en guimauve.

Écrit par : Stag d'humeur scato | 20/02/2008

Je n'ai pas eu la chance d'avoir un professeur comme vous. Ma question est restée sans réponse.

Saint Maur. Souvenir de première au lycée Marcelin Berthelot. Cours d'anglais. On étudie un extrait de « Black boy », bouquin de je ne sais plus qui. Ce n'est pas la première fois que l'on bosse sur un texte ayant pour sujet les Noirs, les droits civiques, le KKK, etc. Je prends petit à petit et confusément conscience qu'il y a une arnaque derrière tout ça, un formatage à l'oeuvre. Je commence à trépigner d'agacement. En plein milieu du cours je lâche une blague bien raciste et suffisamment audible pour que mon voisin l'entende. Je vois sa face se défigurer d'horreur. Et je jouis, sans lui montrer. A la fin du cours je vais voir la prof, une jeune diplômée. Je ne me souviens plus la question exacte que je lui pose, mais en gros je lui demande pourquoi il y a autant de textes dans notre bouquin qui traitent du racisme. Pas de réponse. Seulement de grands yeux étonnés qui me font comprendre qu'elle n'a pas remarqué la récurrence étrange de certains thèmes. Je repars, toujours aussi agacé, et en plus frustré par l'absence de réponse. Double maltraitance citoyenne...

Écrit par : Un passant | 20/02/2008

Coucou Stag nation,
J'ignorais que vous étiez professeur, autant dire que votre blog ne fait point "blog de prof" ce qui est tout de même un compliment...

Je ne me souviens pas avoir tant bouffé d'entiracsime au bahut. Mais j'étais dans un lycée français au Maroc ca a du jouer.

Mais de nos jours 'cets assez affreux. par exemple en 2nde pour bosser sur l'argumentation (persuader/convaincre) les deux thèmes proposés dans les manuels sont:
"l'altérité" (peut on la définir sans définir l'identité?)
et l'éducation.

Après y a des manuels proposant un peu autre chose que l'antiracisme (un texte de Momone de Beauvoir certes sur la vieillesse, mais assez beau). Enfin pas grand chose.

Bandant... Pour bosser sur l'art ou des saloperies dans ce genre t'as plus qu'à te démerder en solo si tu veux des documents adaptés...

Écrit par : Tang | 20/02/2008

@ Le-Passant-qui-Passe : c'est ça qui est rassurant, malgré tout, avec le rouleau compresseur de la propagande citoyenne. C'est explicitement conçu comme un vaccin, ça veut "prévenir" la réapparition de vieilles maladies, encore étudiées sous leur forme d'il y a un demi-siècle... Mais c'est malin, les microbes : ça s'adapte, ça mute, ça devient immuno-résistant, encore plus virulent et indécelable... Et avec la substitution démographique, le chemin entre la maison et l'école pourrait bien devenir toujours plus efficace pour neutraliser toutes les saloperies apprises en classe, avec des Autres qui ne sont pas vraiment sensibles à l'Ouverture qu'on leur témoigne...

@ Tang : si je le retrouve dans mes insondables archives, je publierai ici des extraits plus ou moins amples des "Méfaits de l'instruction publique", de Denis de Rougemont. Ca remonte aux années trente, réédité quarante ans plus tard, toujours d'actualité. L'auteur y explique que l'école obligatoire est une machine à transformer les mouflets en gélatine et à leur voler leur enfance. Il écrivait cela à l'époque où des "péda-Gogues" n'avaient pas encore envisagé de mongolifier l'orthographe et de préparer le jeune bétail à un avenir de consomm'acteur ouvert à tous les viols mentaux...

Écrit par : Stag | 21/02/2008

Bonsoir Stag,
Je lirai vos extraits avec plaisir mais ne vous épuisez pas en longues recherches dans vos archives chthoniennes... ;)
Votre verve s'illustre dans votre terrible "viols mentaux"... Et voilà que je me sens devenir bien pensant devant tant de violence stylistique. Sensation étrange, salutaire sans doute.

A bientôt Stag,
Tang

PS: Ah j'ai fini par laisser mes craintes au vestiaire, vous etes dans mes liens subversifs Stag, au diable les bienpensants! la décision fut prise juste avant qu'un abîme de malentendu, de malpensé ne s'ouvre entre Restif et ma conscience torturée, étonnants hasards qui sans doute n'en sont pas!
Ne vous en étonnez pas si vous tombez dessus, je vous ai maladroitement mêlé à un échange de vues avec Restif que je porte en haute estime mais que j'ai "aheurté" par maladresse... L'ombre s'est dissipée, le jour qui suit n'en fut que plus lumineux.

Écrit par : Tang | 21/02/2008

"Discrimination vomitive", putain... Limite vexé de pas l'avoir trouvé tout seul, celui-là :D

Liaison rendue, avec mes hommages. Vous serez donc la caution modérée de ces pages hallucinées, "à vos rixes puériles" n'est-ce pâs. Ca va secouer les stats et les commentaires, si votre lectorat croise ma poignée de barjots. Mais bon - que nous reste-t-il à perturber sinon les ondes ?

Bon ouiquainde.

Écrit par : Stag | 22/02/2008

"Méfaits de l'instruction publique", de Denis de Rougemont. Ca remonte aux années trente, réédité quarante ans plus tard, toujours d'actualité. L'auteur y explique que l'école obligatoire est une machine à transformer les mouflets en gélatine et à leur voler leur enfance."

Cela me rappelle l'une des scolies de Nicolas Gomez Davila :

"Sans instruction primaire il est impossible d'abrutir définitivement un peuple."

Écrit par : NightEye | 24/02/2008

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