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15/05/2008

A MORT LE CINEMA SUISSE

Malheureux compatriotes, si vous étiez en plein apéro au moment du 19:30 de la TSR d'hier soir, 14 mai, vous avez loupé un immense moment de honte nationale. Sur l'idée de va savoir quel brillant esprit télévisuel, la chose a été intégralement réalisée par des cinéastes helvètes ou prétendus tels. Un genre de happening en l'honneur des soixante ans du Festival de Cannes, expliquait-on. Ca promettait d'être croustillant, les gourmets n'auront pas été déçus. Pour encore quelques heures, on doit pouvoir encore trouver le corps du délit ici. Si ça venait à disparaître prématurément, petit best-of :

 

- Jakob Berger nous explique qu'avant le tremblement de terre en République Olympique de Chine, il était de bon ton de trouver le pays fort méchant, mais que maintenant c'est plus possible avec tous ces morts et toute cette souffrance. "Le Sichuan est entré dans nos vies" et nos âmes humanitaires en sont toutes retournées, honteuses d'avoir tant critiqué ce noble peuple, magnifié par sa douleur. Et alors voilà, là nous voyons une femme chinoise qui pleure et qu'un policier veut stopper mais c'est elle qui le repousse parce que son chagrin ne peut être stoppé, comprenez ? Dommage que ça soit pas un Tsounami, parce qu'on aurait pu parler du réchauffement climatique et ça l'aurait vachement bien fait.

 

- En Autriche, où décidément ça ne rigole pas dans toutes les caves, un homme surendetté a passé toute sa famille par le fil de la hache. Patricia Plattner se pose de profondes questions sur ce qui arrive à ce pauvre pays et estime que c'est à cause du passé nazi du pays, du devoar de mémoare pas fait. C'est absolument lumineux. Adolf n'était-il pas autrichien, d'ailleurs ? Vous voyez bien que tout se tient. Pisse-copie, prenez-en de la graine.  

 

- Vient le tour de Francis Reusser de nous parler des sanspapiers et sanspapières d'ex-France. Enfin, "nous parler", c'est beaucoup dire. Il a fort bien tenu la caméra et laissé s'exprimer ces gens qui sont Français parce qu'ils travaillent et paient des impôts. Privilégier le choc des images toutes nues, sans commentaire superflu, une démarche minimaliste qui interpelle au niveau du vécu. Ou alors il a foiré son affaire au montage et la bande-son a disparu, on n'est pas vraiment sûrs.

 

- Lionel Baier, avec plus un seul cheveu blanc, était supposé couvrir la conférence de presse du Conseil fédéral, c'est ce qui est spécifié dans le programme. Il a trouvé plus pertinent de filmer la banque nationale et de rappeler aux oublieux que nous sommes qu'il y a eu de l'or des nazis dedans - décidément ils sont partout ces jours-ci. En voilà un qui n'a pas peur de taper où ça fait mal et de coller au plus près de l'actu. Un vrai putain de rebelle septimartesque.

 

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- Barthélémy Grossmann, lui, a eu la chance d'aller faire le saltimbanque à Cannes même. C'est l'aspect bâtard de l'endroit, entre "rêve américain" et réalisateurs anonymes, qui le fait "kiffer." Il kiffe tellement qu'il se filme en caleçon de bain, avant de nous offrir un désopilant numéro de lion en cage, grâce à un usage judicieux de quelques vaubans superposés. Charitable, il s'interrompt après quatre ou cinq feulements en suggérant au caméraman de couper, parce que sinon "ils vont avoir peur". Il est vrai qu'un certain malaise commençait à nous envahir.

 

- Ursula Meier, réalisatrice de "Home" nous parle de son film. Enfin je crois, je n'ai pas très bien suivi ; j'avoue avoir été distrait par son incapacité à regarder la caméra plus d'une seconde, son regard déviant systématiquement vers la droite. Penser à lui suggérer de garder ses notes en main, ça fera moins godiche, et puis le côté débutante qui s'assume ça pourrait avoir son charme si elle s'arrange un peu.

 

- Final apocalyptique avec le très contournable Jean-Luc Godard, dont l'oeuvre donne envie de se faire tout un week-end à mâter La Soupe Aux Choux en boucle en se dopant à la vodka-pomme. La "Vision du monde" qu'il nous offre, très "poétique" dixit Mémère Bachi. La poésie, c'est une succession d'écrans noirs parfois mouchetés de photos ou de fragments de mots. C'est aussi deux minutes de grognements d'un vieillard asthmatique, qui nous explique que le temps du cinoche et le temps de l'actu c'est juste pas pareil (y en a un mieux que l'autre, devinez lequel), puis trois minutes de voix féminine ânonnant un mantra auquel on ne comprend heureusement rien, tant il est noyé dans une triple réverb'. La principale différence avec Jean-Claude Van Damme, c'est que lui semble capable de ne pas prendre ses conneries au sérieux. Et puis les pubs avec Jean-Claude Van Damme, y a des gonzesses et des ananas découpés à coups de pied, c'est quand même plus abouti, artistiquement parlant.

 


 

 

A part ça, il n'y a qu'un film suisse à Cannes. C'est incompréhensible.

Commentaires

Dire que j'ai loupé ça. A cause de ma bonne résolution 2008 de ne plus regarder le 19:30 afin de préserver mon ventre d'un ulcère croissant à une vitesse exponentielle. Par pur masochisme, j'envisage tout de même d'aller m'en envoyer une petite dose par le oueb. Stag, on ne vous a jamais dit que vous étiez mauvais pour la santé ? ;)

Écrit par : Naufana | 15/05/2008

Ne mélangeons pas tout, voulez-vous ? Ma cuisine peut nuire à la santé, ma prose nauséabonde peut nuire au moral des troupes. N'abusez donc ni de mes recettes ni de mes conneries.

Écrit par : Stag | 15/05/2008

Vos conneries sont délicieuses. A la hauteur de votre cuisine, donc.

Écrit par : Naufana | 15/05/2008

Oulah, ça turlute sec dans les bas-fonds de la zone grise ...

Écrit par : le Bâtard | 16/05/2008

Une turlute sèche... Ca doit gratter... Penser à bien s'humecter les muqueuses.

Écrit par : Stag | 16/05/2008

Mmmm, une réflexion qui sent l'heure de l'apéro !

Écrit par : Le Bâtard | 17/05/2008

Aouch ! Vous buvez tôt, vous ! J'en suis encore à l'infusion de menthe, ce matin... Ceci dit, chez le vigneron d'à-côté, on peut déguster les productions de neuf à midi aujourd'hui.

Écrit par : Stag | 17/05/2008

Les commentaires sont fermés.