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12/08/2008

RECYCLOWNS

Ne pas recycler ses piles, c'est mal. Ne pas recycler quoique ce soit, en fait, est vilain. Le recyclage, c'est la communion du laïc, sa participation au néo-Esprit-Saint. On sait tout ça, d'autres l'ont dit mieux que moi bien avant que j'en prenne à moitié conscience. On le sait tellement que ça ressort par les trous de nez des mieux intentionnés. C'est un phénomène semblable à l'oubli délibéré de la capote ou l'incapacité de se rappeler si Adolf Hitler était un peintre ou un militant végétarien. Question de saturation : on finit par noyer le bébé dans son bain et le laisser moisir dans le jus pour que l'odeur fasse évacuer tout l'immeuble.

 

'Inobat, "Interessenorganisation Batterieentsorgung / Organisation d'intérêt pour l'élimination des piles", a bien compris ce mécanisme. Faire la morale aux gens les rend délibérément immoraux, là où ils n'étaient que flemmards ou mal informés. Alors plutôt que de parler de mort planétaire ou de cancer des couilles par ingestion de mercure, ils ont décidé de la jouer finaud. Le principe ? Couper l'herbe sous les pieds citoyens de mauvaise foi. On peut donc se rendre sur http://www.aucune-excuse.ch et tenter de gagner une console de jeu en bidouillant à plusieurs le plus abracadabrantexque prétexte pour ne pas jouer au chien qui rapporte. On y trouvera même un spot officiel qui nous explique bien l'affaire, avec une blondinette très consommable et un pouilleux à casquette dans les rôles-titre. Plus ça sera con, plus on aura de chances de remporter le prix. Exactement comme dans n'importe quelle entreprise, en fait.

 

J'aurais bien participé, mais il faut faire ça en équipe. Ca suppose d'avoir des amis. Alors je vais faire ça ici, tout seul, horriblement aigri en pensant que je ne pourrai jamais faire de la boxe sur un écran en agitant deux télécommandes. (Il paraît qu'il y a aussi un jeu où on peut faire roter des lapins.)

 

Ma bonne excuse pour rembourrer mes poubelles des plus volumineux et incongrus déchets, c'est que j'aime la planète (du moins le coin où je vis, ce qui n'est visiblement plus donné à tout le monde) et que je hais les gens.

 

Aimer pleinement, c'est être capable d'accorder sa confiance d'un bloc, sans pinailler. Or j'ai pleinement confiance en Gaïa. C'est une costeaude. Je sais qu'elle ne crèvera pas de nos excès industriels. Elle poursuivra sa course dans l'espace, fera s'éteindre et renaître d'innombrables espèces à sa surface, modifiera son climat comme une coquette change de bustier, jusqu'à ce qu'elle se fasse bouffer par un soleil devenu, lui aussi, trop obèse pour survivre. Alors, elle recommencera une nouvelle vie dans le cosmos, participant à la glorieuse explosion de l'astre qui nous a donné la vie et qui, en toute logique, nous la reprendra un jour.

 

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Personne ne s'inquiète vraiment du sort de "la planète", qui échappe très exactement à notre volonté. Par contre, les Pastèques sont très soucieux de l'avenir de l'humanité, à commencer par le leur propre et celui de leurs enfants. Pour ces illuminés, "la planète" n'est qu'un gigantesque hôtel. Quand on est bien élevé, et surtout quand on veut dormir sans se boucher le nez, il est préférable de ne pas chier sur le lit où l'on projette de se coucher. "Logique", comme ils disent dans la pub. Le calcul est donc simple : il ne faut pas transformer notre environnement en poubelle si nous ne désirons pas y claquer avant l'âge dans les remugles toxiques des industries (dont celles qui fabriquent les composants de la Wii, mais assez de mauvais esprit).

 

Je n'ai pas pris le temps de chercher bien loin, comme d'habitude, je l'avoue. Mais je crois qu'un tel sommet d'égoïsme déguisé en altruisme courageux et civique citoyen pardon, ça n'a pas son précédent dans l'histoire récente.

 

Ce qui menace non pas l'équilibre mais la simple beauté de la Terre et l'agrément d'y vivre, ce n'est pas la "pollution", c'est le grouillement humain. Nous sommes tout simplement trop nombreux, en plus d'être trop gourmands. Il y a un gigantesque nettoyage à faire, sur tous les continents. Passer de sept milliards à quelques centaines de millions, voilà la priorité, voilà l'exigence, voilà la seule optique raisonnable. L'écologie véritable s'oppose à tout humanisme. Il n'y a pas à revenir sur ce point. De toute façon, n'auraient besoin d'explications laborieuses que des gens à qui nous n'avons rien à dire et qui ne liront pas ceci.

 

Heureusement, la Nature est bien faite et toutes les pièces sont en train de se mettre en place. A force de déforestation, de dégazage sauvage, d'urbanisation hallucinée, de bétonnage à qui mieux-mieux, de démocratisation de la bagnole, les terres émergées pourraient bel et bien devenir invivables pour l'Homme. Il laissera alors sa place aux insectes et à la vermine, les seuls occupants légitimes du globe puisqu'ils résistent absolument à tout.

 

Le hic, le seul, c'est que notre éradication prend un temps fou.

 

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Avant de nous éteindre, nous allons devenir, à chaque génération, plus mous, plus gros, plus gris, plus déprimés, plus déboussolés, plus incultes, plus sujets à des centaines de petites maladies incapacitantes, obligés de prendre pilule sur pilule pour bander, digérer, dormir, se réveiller, se concentrer au boulot et se mettre la caboche sur "off" en présence de la majorité de morts-vivants qui nous entoureront. Plus Le Dernier Homme durera, plus absurde sera sa semi-existence. Et c'est justement de prolonger indéfiniment cet atroce coma que nous proposent les toqués du Développement Durable. Alors qu'il faudrait, bien au contraire, accélérer le mouvement, provoquer autant de catastrophes que possible, saccager définitivement ce coin de planète où nous n'en finissons pas de crevoter.

 

Mon geste citoyen consiste donc à agraver la situation, à ma toute petite échelle, en contribuant délibérément à rendre le monde occidental aussi laid et puant à l'extérieur qu'il l'est à l'intérieur.

 

Si je gagne le concours, j'échange la Wii contre mon poids en bière artisanale ou en terrine de lièvre au poivre vert. Brasseurs no-life et charcutiers otakus, pensez à prendre contact.

Commentaires

Vous devriez demenager dans le Montana ou l'Oregon. La nature y est belle et y'a personne a la ronde...

Sinon pour ce qui est du recyclage, j'ai aussi un avis la dessus si ca vous interesse: http://amiralwoland.wordpress.com/2008/06/21/le-tri-des-dechets/

Écrit par : Woland | 12/08/2008

"Nous sommes tout simplement trop nombreux, en plus d'être trop gourmands."

C'est tellement vrai.

On peut certes encore trouver des bases de repli provisoires contre la laideur du monde, et encore, cela reste à voir... L'écoumène se rétrécit comme peau de chagrin au fur et à mesure que prolifère l'humain ou plutôt "l'homoncule". Elysée Reclus en son temps avait pressenti la catastrophe à venir...

"C'est le nombre qui fait naître l'homoncule. La prolifération de l'homme sur la terre est le coeur même du problème, personne ne veut l'admettre, bien sûr, ce n'est pas du tout politiquement correct. Or c'est bien le nombre, toujours accru, et toujours plus exigeant, qui crée les conditions de disparition de l'espèce(...) La qualité baisse à mesure que le nombre progresse, c'est la loi de la Nature."

Olivier Bardolle, De la prolifération des homoncules sur le de venir de l'espèce. L'esprit des péninsules.2008

Intéressant.

Écrit par : Ns | 13/08/2008

"Je voulais détruire tout ce que je n'aurais jamais de beau. Brûler les forêts amazoniennes. Pomper des chlorofluocarbures droit vers le ciel pour gober tout l'ozone. Ouvrir les vannes de purge des superpétroliers et détacher les têtes des puits de pétrole en haute mer. Je voulais tuer tout le poisson que je ne pouvais me permettre de manger, et détruire sous les marées noires les plages françaises que je ne verrais jamais.
Je voulais voir le monde entier toucher le fond.
Ce que je voulais en pilonnant ce gamin, c'était en réalité coller une balle entre les deux yeux de tous les pandas qui refusaient de baiser pour sauver leur espèce en danger et de toutes les baleines ou dauphins qui renonçaient et venaient s'échouer sur la terre ferme.
Ne pensez pas à cela comme à l'extinction d'une espèce. Prenez cela comme une remise en place, toutes proportions retrouvées. »
Chuck Palahniuk

Écrit par : Le Bâtard | 13/08/2008

Le Batard nous cite fight club... bonne reference... Mais n'empeche que j'ai quand meme du mal a vous comprendre sur ce point.

Écrit par : Woland | 13/08/2008

Moi j'aime bien les photos des billets, c'est toujours rigolo.
Par exemple là, le Nwanwar va ingurgiter l'équivalent de 5 récoltes annuelles de riz pour 120 000 Asiatiques.
Rien que pour ce gâchis, qu'il en soit remercié !

Écrit par : GAG | 13/08/2008

Petite précision non dépourvue d'importance :

Ce n'est pas en matière de piles ou autres vieux débris qu'il faut procéder à un tri sélectif, mais bien en matière d'humains.

"La supériorité occidentale n'est plus du tout visible à l'oeil nu. Au contraire, ce que l'on voit prospérer et s'étendre, c'est une population matérialiste, égoîste (malgré l'humanitarisme), émotive, pleutre, plutôt inculte, et aussi finalement assez laide."
Olivier Bardolle. Voir plus haut.

Écrit par : Ns | 13/08/2008

Pour ce qui est de la liquidation du trop-plein démographique
certain Professeur Pianka de l'université de Texas propose de ramener la population mondiale à 1.5 milliard d'habitants en utilisant une variante "pulmonaire" du virus Ebola.
Sa proposition de type "Folamouresque " a été applaudie par un parterre de savants en 2006.

D'accord pour la diminution radicale et rapide de la population mondiale mais je ne veux pas faire partie de la charrette des
exterminés:que les liquidateurs se concentrent sur l'Asie et l'Afrique,je n'y vois aucun problème.

Écrit par : marcel | 17/08/2008

Je voudrais manger le même hamburger que le noir obèse de la photo.
Je ne pense plus qu'à ça.

Écrit par : GAG | 21/08/2008

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