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16/02/2009

DU NOUVEAU DANS LA BIBLIO

Faut-il croire à Dieu pour lire la Bible avec profit? J'estime être un bon exemple que non. En ayant apprécié les extraits fournis par Gripari dans son indispensable Evangile du Rien, je me suis attaqué, il y a dix ans, à l'Ecclésiaste. On m'aurait parlé plus jeune de cet ovni, si décalé par rapport au reste du bouquin qu'on le jurerait apocryphe, il se peut que l'agnosticisme m'ait moins radicalement séduit. Mais ce qui est fait est fait, passons.

 

J'ignore à quelle sous-embranchement de chapelle socialiste les gens gravitant autour de l'Encyclopédie des Nuisances croient ou croyaient appartenir. Leur attachement aux notions de patrie, de lignée et de retour à la vie sauvage semble plutôt modéré, pour donner dans la litote. Ils ont eu des engueulades homériques avec des sectaires marxistes dont j'ignore encore plus de choses, ce qui semble prouver leur appartenance à une tribu politique que je n'ai fait qu'effleurer il y a moult lunes. Autant d'éléments qui devraient nous inciter à passer notre chemin : dans notre pauvre esthétique, tout ça sent le collier de barbe grisonnant, le tricot-souvenir de barricade sorbonnarde, voire la signature sur pétition Citoyenne. Seulement, l'esthétique réac, personnellement, elle me fout de plus en plus l'hypertrophie des glandes.

 

Depuis que j'ai (re)lu l'ami Théo, ce rejet bourrin est impossible.

 

Bien des réflexions menées par l'ultra-gauche nous parlent, ou devraient nous parler à tous, parce qu'ils constituent des éléments d'une critique globale de l'abattoir-bisounours où nous nous battons contre la folie, le dégoût sans retour et le viol consenti des dernières choses qui nous paraissent sacrées. Il y est question de nausée intégrale face à nos conditions d'existence, de notre transformation méthodiques en ressources moins qu'humaines, de jonctions incestueuses entre des mouvements et des courants de pensée qu'on nous apprend à considérer comme ennemis mortels. Il y est question de légitime vengeance contre des gens qui ne nous sembleraient pas, à nous autres militants et repentis, si prioritaires et si dangereux que cela. Il y est question d'ingénierie du mal-être et de rentabilisation des compensations honteuses auxquelles nous avons TOUS recours, sans jamais  l'admettre, pas même face à nous-même, et moins encore face à ceux que  nous avions l'audace imbécile d'appeler nos "camarades".

 

Mais il est nécessaire d'assumer cet état de prostration que nous camouflons à grand renfort de flexions, de slogans et d'obscurantisme jouissif. Nous ne tenons guère mieux sur nos pattes que les indics crasseux qui croient saper le Capital en dénonçant des skins ados à la gendarmerie. Ce n'est pas une question de "bonnes" convictions, ni de détermination virile. Pour quiconque n'est pas une bête brute - et ce n'est pas pour rien que nous sommes si nombreux à regretter de ne pas l'être - il n'est pas matériellement possible d'être heureux et de mener une vie équilibrée dans la situation sociale actuelle. Les plus solides et les plus droits d'entre nous sont soumis aux mêmes pression que le bétail à Starac' et ganja, peut-être bien plus. Qui parmi nous peut se réclamer d'une famille saine, nombreuse, unie ? Qui peut compter plus d'un ami véritable, éprouvé par les crises et incapable de trahison?

 

Nous ne voulons pas poursuivre encore bien longtemps des existences que chaque parcelle du monde moderne contribue quotidiennement à rendre plus humiliantes, plus sales et plus absurdes. Mais il est vrai aussi que  nous ne voulons pas nous résoudre à la corruption, l'extinction lente, ou la Dilution Finale de la colère dans le picrate. Nous ne voulons plus ne faire que survivre moralement et nous ne voulons pas crever en tant que culture. Ca laisse assez peu de choix. Il faut apprendre à se battre, couper les laisses qui nous attachent aux épiciers planétaires, faire beaucoup de moutards, et surtout garder tous nos sens en éveil, quitte à se déchirer le cuir à la cravache pour repousser le sommeil.

 

Se marteler la poitrine comme un gorille ne va pas suffire. Il nous faut des armes, de toute nature, et s'il faut faucher des munitions à l'ennemi, pas question de se gêner. Cailloux, boulons, crottes de chien, qu'importe: avec un bon lance-pierre, on peut balancer n'importe quoi à la gueule de nos pourrisseurs.

 

En conséquence de quoi, histoire d'alimenter ce blog nombriliste, fétichiste du dégueulasse et qui n'a jamais cherché à se faire comprendre de quiconque, j'ajouterai progressivement toute la littérature qui me semble apte à secouer en nous ces instincts de colère qui ne dorment plus, mais qui luttent encore pour sortir du coma. Considérez ça comme une forme de L Dopa intellectuelle ; vous prenez, vous laissez, vous ricanez, vous ignorez, vous faites profitez les autres, je m'en tape. Et rien à foutre si ça me classe dans la catégorie tellement en vogue des natios qui se barbouillent avec un vernis de gauchisme pour faire plus "socialement responsable".

 

Extrait pour donner une idée à ceux qui ne connaissent pas ou qui ont oublié. Le texte est paru en 1998, et il est toujours d'actualité. A mettre en parallèle avec la trouille masturbatoire et préventive à base de « pic du pétrole », de fonte des calottes glaciaires, d’extinction de milliards d’espèces animales… et des antidotes à cette panique (et pas du tout des solutions à ces problèmes) que sont les ampoules à basse consommation, les voitures électriques, les légumes bio et autres arnaques que l’on nous fourgue comme apaisement d’une mauvaise conscience qu’on nous a préalablement et délibérément imposée.

 

« L’identification de l’individu à la puissance qui le domine est le trait caractéristique de cette mentalité : Jonas parle toujours de « notre puissance » lorsqu’il évoque la société industrielle. Il sait parfaitement que l’accroissement de cette puissance technologique mène au désastre humain, à l’anéantissement de toute liberté et autonomie, mais il préfère envisager cela non comme la conséquence logique et inévitable d’une puissance qui échappe à toute maîtrise humaine, mais comme une simple éventualité parmi d’autres puisqu’une espèce de sursaut moral, de grande peur ou de “révolte citoyenne” pourrait peut-être, tout aussi bien se manifester et venir comme par enchantement humaniser la dépossession… En somme, l’effondrement de la civilisation n’est envisagé ici que comme épouvantail, comme une sorte d’Enfer destiné à nous faire trouver sinon confortable, du moins pas si mauvais, le Paradis de la société moderne. » (p.2-3)

 

 

La suite et ce qui précède, c'est dans le Bulletin n° 2 de Notes et Morceaux choisis.

Commentaires

Ce qui est dit là n'est pas sans intérêt bien que j'en sois arrivé là sans avoir lu ces auteurs, preuve qu'il y a peut-être "chez nous" les munitions indispensables...
En revanche, j'ai dû, à un moment donné, dépasser les strictes orthodoxies droitistes pour aller piocher ailleurs des raisons d'aimer malgré tout a vie... Ne seraient-ce pas ces auteurs-là plutôt que nous aurions intérêt à méditer?
Sartre, Gide, ou moins loin Montherlant et Matzneff, le Portique ou le Jardin, Nietzsche tout bêtement, ce qu'il vous plaira mais qui rendra peut-être un son un peu différent. Des auteurs qui enseignent le détachement au lieu de gratter des plaies qui ne sont plus qu'imaginaires...
Enfin, et très sincèrement, je ne ressens pas ce Grand Désespoir, dont on peut croire à te lire qu'il a envahi le dernier camp retranché. Cela a pu être vrai il y a dix ans. Cela ne l'est plus.

Écrit par : Ivane | 16/02/2009

(bon dieu de p*** de b*** de sac à ***. Tout un com de perdu, unlong bien bavasseux! Ah! fouettez chiens du destin.

"Enfin, et très sincèrement, je ne ressens pas ce Grand Désespoir, " Moi non plus. Ca tient peut-être à ce j'ai osé faire un gosse. Enfin je..."On". Et toi aussi Ivane tu as osé ce truc prodigieux, et si humble aussi. enfin humble..à hauteur d'homme quoi. Oui il faudra protèger nos mômes de pas mal de saloperies,mais çe fut toujours le cas. Les dangers changent de masque, c'est tout. Oui on risque la dissolution, l'écoulement, la mise sous plastic avant soldes. Mais ça ne veut pas dire que le glas sonne pour nous. Il reste des relais à passer, des âmes et des corps à nourrir. L'hyper lucidité est trompeuse en ce qu'elle reste bloquée sur une partie seulement du paysage. On a jamais rien fait sans se leurrer un peu, sans enthousiasme, sans rêver les yeux ouverts. Avec l'hyper lucidité on croit posséder la vérité, la Vraie Vérité,et que c'est dangereux ça! c'est pas de vivre les yeux fixé sur la terre, à hauteur de cafards qui nous rendra plus apte à survivre. Ca devient vite une drogue la lucidité, on oublie -on veut oublier -tout ce qu'il y a d'insaississable, d'immense, de force vitale que la vision vinaigre ne rendra jamais. A force de se méfier du rose on vit possédé par le noir. Enfin je dis ça hein,c'est pas une "leçon", grand dieu non! juste mon délire à moi. (et puis j'avais mieux craché ça avant ce putain de dégazage du com en plein vortex du web)

J'ai lu aussi de l'ultra gauche, et même un de leurs grand ancien,Bordega, qui dit des trucs pas bêtes du tout sur la chosification de l'homme. Mais je suis comme Ivane, ce que j'ai trouvé d'intéressant je l'avais déjà atteint par une autre face de la montagne. Enfin, eu'l stag y nous di eu d'r'garder, j'y vais vouèr hein!
(Ah,et je suis bien content que l'Ivane il ait laissé sa carte parce j'ai reconfigur& mon ordi et j'avions paumé tous mes favoris et comme j'étions fainéant de l'informatique j'attendions une occasion; s'étions fait, dame nion, euh...dame oui.)

Écrit par : Restif | 16/02/2009

@ les uns et les autres : se shooter au désespoir ? Je crois pas que ça soit possible. Si je "vivais" tout ce que j'écrivais, je tiendrais pas un mois sans m'éparpiller sous un train. Ce blog n'est qu'un dégueuloir, un worst-of, une distillerie à Loi de Murphy. Je crache ici tout ce que je n'arrive pas à encaisser une fois débranché. C'est pour ça que je ne m'adresse à aucun milieu - à pratiquement personne, somme toute. J'ai déjà expliqué ça ailleurs. Et c'est peut-être parce que j'ai pu utiliser ce gadget que je suis toujours là et que j'arrive à envisager sereinement de faire des moutards, projet absolument non-négociable il y a encore trois ans. En ces pages, je ne montre que mon cul et mon vomi, le peu de bonnes choses que j'ai encore est déjà réservé. Il faudra vous débrouiller avec ça, et en tirer les conclusions forcément partielles qui s'imposent.

Concernant la littérature d'ultra-quoi : bienheureux qui a trouvé son raccourci jusqu'au sommet de la montagne. Mon chemin a été une interminable succession de fausses routes, de détours laborieux, d'étapes contradictoires. Si j'ai un message à transmettre, il ne s'adresse qu'à la grande fraternité des Paumés, des Possédés à moitié exoricés. Je les incite publiquement au pillage de tous les dépots de munitions mentales qu'ils rencontreront dans leurs errances, parce que c'est ainsi que je me suis constitué un semblant de stock. Mais il est entendu que, seule chose véritablement utile que m'a dit mon père il y a bien longtemps, l'expérience des autres, c'est de la merde.

Écrit par : Stag | 16/02/2009

"des Possédés à moitié exorcisés" Ca claque dru. C'est assez superbe si, si. je peux bien dire ça sur un fil déjà mort. Elle me serait allée comme un gant cette étiquette là y a seulement 2 mois. Mais depuis l'arrivée du gaminot, j'essaye de laisser ma moitié de possession au vestaire. (marrant cette moitiée, ça fait manteau de Saint Martin).

Écrit par : Restif | 17/02/2009

Chantier têtards en route pour moi, et je n'attendrai pas cinq ans. Mais vous me permettrez (et puis d'abord vous etes chez moi alors chiottes) de douter de la contagion miraculeuse de la reproduction. Célibataire et fou de haine la veille, papa born-again le lendemain ? J'y croirai quand je le ressentirai. Par contre, la rédemption par l'épuisement ? Ca paraît plus crédible. Je n'ai jamais si bien dormi qu'ivre ou terrassé par de longues marches, or j'imagine volontiers à quel point des gosses doivent vous mettre sur les rotules. Mes amitiés à Madame, si elle a vos goûts littéraires.

Écrit par : Stag | 17/02/2009

Conjuguer ivresse et haine n'est peut-être pas le meilleur moyen de la rendre opérative. Il faut être efficace en chaque chose. Et considérer que les enfants ne sont pas la fin mais le commencement d'un Destin. Je veux dire que haïr en famille est quand même plus rigolo. Que sera-ce en communauté! La communauté des saints haineux!

Non, ne gardons pas la haine pour nous. Nous la ferons fructifier en même temps que ces belles cohortes de jeunesses haineuses et brunes... Évidemment faut d'abord mettre la main sur ces salopes...

Écrit par : Ivane | 17/02/2009

Les mômes ne nous servent à rien sinon nous créer des responsabilités de plus auxquelles on ne peut impérativement pas échapper sous peine de perde le peu qu’il nous restait de notre condition d’homme.

Un knout moral doublé de la carotte. Le coup de pied au cul permanent

Dis comme cela, ça te va mieux ?

Je peux te la faire dans une optique plus chrétienne ou simplement père aimant, mais tu vas trouver que ça tourne layette et petits bateaux sur le bassin.

PS. Oublie le transfert de fatigue : c'est épuisant, mais ça ne remplace pas les randonnées de bord de lac.

Écrit par : Côte-Rôtie | 17/02/2009

Je me suis dit la meme chose en lisant "l'insurrection qui vient"... En tous cas au debut. Leurs analyses des symptomes est loin d'etre eloignee des notres. C'est dans les solutions que moi je ne suis plus d'accord du tout. Et pour ce qui est de sortir les lance-pierres, je me porte volontaire. Quitte a crever, autant se marrer un peu avant.

Écrit par : Woland | 18/02/2009

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