23/02/2009
CAMP DES SAINTS
Pour faire face à l’accroissement des requérants qui lui sont attribués par Berne, l’Etablissement Vaudois d’accueil des migrants a besoin de plus d’appartements. Il récupère donc ceux qu’il possède et qui sont occupés par des personnes en situation régulière.
Entre deux cartes de vœux, une lettre de résiliation de son bail au 31 mars. Le 24 décembre dernier, Nathalie Troillet est choquée. Locataire depuis 1993 (…), elle apprend qu’elle a trois mois pour se reloger. Avec ses trois voisins, qui ont reçu le même courrier, elle est d’autant plus estomaquée en apprenant dans la missive que des requérants d’asile reprendront les appartements en question. (…)
24 heures, 23 février 2009, page 22
Et maintenant, pour ceux qui aiment les sous-titres et les prophéties...
- Monsieur, Madame, nous venons vous protéger. Les privilèges, vous le savez depuis minuit, ont vécu ou tout au moins faut-il les partager. Avec les travailleurs du tiers monde et, plus tard, tous ceux qui s’apprêtent à les rejoindre. Déjà, les rues sont occupées. Dans quelques minutes, peut-être, débarqueront chez vous des familles entières pour lesquelles vous devrez vous serrer, bon gré mal gré. Votre salon deviendra campement. Pour nos frères malheureux [281] qui se crèvent à votre service et sans lesquels vous ne pourriez vivre, ce ne sera que justice. Cependant, nous autres (étudiants, princes, fils de chef, professeurs, diplomates, intellectuels, artistes, stagiaires de tout et de rien au choix…) nous sommes hommes de goût, pénétrés de votre culture. Nous apprécions votre art de vivre. Nous tenons à la conservation d’une certains ambiance raffinée à laquelle nous devons tant. (Très bien trouvé, cet argument-là l’emporta le plus souvent.) Le mieux serait que nous nous installions chez vous. A deux ou trois, pas plus. Mieux vaut partager avec nous dans une certaine communion d’esprit que de céder à de pauvres hères ignorants, pas bien méchants mais qui ne respecteront rien. Madame, Monsieur, le temps passe. Quand d’autres sonneront à votre porte, il sera plus prudent, croyez-le, qu’ils découvrent des visages noirs. Laissez-nous faire et cachez-vous…
Leur bonne mine décida, diction choisie, chemise immaculée, cravate sobre, lunettes d’écaille. Entre deux maux, se dit le bourgeois acculé, autant choisir celui qui se présente le mieux. Au moins ceux-là sont-ils propres et parfumés. Canaille snob vaut mieux qu’honnête nègre grossier. Gentleman, il respectera ma fille. On minaude : « Venez donc visiter les lieux. Vous pourriez vous installer là. Le canapé… Un lit, peut-être ? Mais si, mais si, la moindre des choses ! Nous avons deux salles de bains, c’est facile ! Et puis, ce n’est peut-être pas pour longtemps ? » Tomba le couperet :
- Si, Madame, pour toujours.
Eh oui ! pour toujours. Les rats ne lâcheront le fromage « Occident » qu’après l’avoir dévoré tout entier et comme il était gras et de belle taille, ce n’est pas pour demain.
Jean Raspail, Le Camp des Saints, p. 280, 1973
Un intrus s'est glissé dans cette image, et va se faire dégager
du continent en disant "merci" et "encore".
Trouveras-tu lequel ?
22:09 Publié dans Chez les boniches de la Zone Grise | Lien permanent | Commentaires (4)
Commentaires
Le Camp de Saints c'est ce que je vois tous les jours en sortant de chez moi, en allumant la télé, la radio, en ouvrant le journal, en discutant avec mes sympathiques amis et collègues de la gauche du Bien. Bien que je l'ai lu et relu, à chaque fois que le livre de Raspail me vient à l'esprit, je suis sidérée par la justesse de sa prophétie. Sauf peut-être à la fin du livre, où la Suisse est décrite comme le dernier bastion encore debout. Et puis, je me demande s'il existe vraiment des colonels Dragasès ? J'aimerais bien qu'il en existe...
Écrit par : Naufana | 24/02/2009
Que représente l'image ?
Écrit par : Un lecteur | 25/02/2009
@ Nauf' : Non, les Dragasès n'existent plus, ou pas encore. S'il existe encore des dieux et s'ils sont généreux en Grâce, il se peut qu'on ait nos chances faire naître leurs pères et leurs mères. S'attendre à plus paraît exagéré.
@ Lecteur Unique : l'image ne "représente" que ce qu'on veut bien y voir. Par exemple : "Un sale réactionnaire-qui-s'ignore reçoit une leçon d'humanisme et de courage de la part d'un descendant d'esclave qui a brisé ses chaînes." Ou autre chose, je sais pas, moi.
Écrit par : Stag | 25/02/2009
Ah bon. Moi je croyais que c'était Hans-Rudolf et Barack Hussein.
Écrit par : Naufana | 25/02/2009
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