28/02/2009
LA RESISTANCE DESESPEREE EXPLIQUEE A MES FUTURS MOUTARDS
Si l'on ressemble à ça:
... et que l'on croise, désargentés et bousculant les conventions sociales, des poètes de la rue qui ressemblent à ça:
... eh bien l'on a quelques chances, malgré une donne dose de culot et un talent inné de négociateur, de finir un peu comme ça :
On est d'accord que c'est ennuyeux.
Quand on est confronté à cette perspective et que la fuite n'est pas envisageable, l'instinct commande une obscène servilité. En se couchant et en n'opposant pas de résistance, on se dit qu'on aura peut-être mal moins longtemps, que les charognards se lasseront plus vite. C'est un comportement que l'on retrouve chez les insectes comme chez les mammifères, et qui marche parfois. La logique du truc est solide : puisqu'on n'a aucune chance face à l'adversaire et que ça va mal se passer de toute façon, autant ne pas en rajouter et attendre la fin de l'orage.
Là où la logique ne colle plus avec les faits, c'est quand on réalise que la couleuvre est quand trop large pour qu'on l'avale sans s'étouffer. Etre une victime, soit, on ne choisit pas toujours - mais une victime résignée, qui n'aura rien fait pour se manger les coups avec un tantinet de dignité ? Ce n'est acceptable que si la mort est assurée. Après la cassée de gueule, il faut continuer à vivre avec les séquelles physiques, certes, mais aussi et surtout le visage d'une lavette en face de soi tous les matins en allant aux chiottes. Une atroce dérouillée est clairement préférable.
Le courage ne se commande pas, et en situation de crise on est souvent surpris de ses réactions. On peut être d'humeur égale en temps de paix, et aussi bien se pisser dessous que foncer dans le tas à l'aveugle quand on est menacé. Il n'y a pas de règle, donc pas de conseils à donner à quioncque à part ceci : si tu ne peux pas te casser et qu'un enculé trop fort pour toi veut absolument se payer ta peau, vends-la lui le plus cher possible. Les gnons que tu rendras seront peut-être dérisoires, pas un sur deux n'atteindra sa cible et tes efforts pour te défendre feront ricaner les hyènes supérieures en nombre et habituées aux saloperies. En d'autres mots, tu vas t'épuiser pour rien, mais ce n'est pas comme si tu avais le choix. Sans contre-attaque, si minime soit-elle, les années qui suivront auront un goût de merde persistant, que rien ne pourra couvrir. En fin de compte, si l'ennemi ne te tue pas, c'est toi-même qui te flinguera à petit feu, à coups de regrets, de ressentiment, de honte et de dégoût.
Voilà qui devrait régler pour toujours la question de l'utilité de notre démarche de blogueurs post-fafs. L'Occident est mort, les parasites dansent sur sa carcasse, les nécromanciens de la mémoire le ressuscitent chaque jour pour le seul plaisir de le juger, l'humilier et le mettre à mort encore et encore. Nous nous pensions révolutionnaires parce que nous espérions une révolution, une occasion de coup de force, un retour de manivelle, un changement brutal dans la mentalité de Monsieur Moyen, qui le ferait passer du camp de la peur au camp de la haine. Mais la révolution a déjà eu lieu, avant notre naissance, et elle nous a baisé à vie. L'effondrement libérateur que nous attendons n'arrivera pas, parce qu'il s'est déjà produit, et c'est parce que nous vivons parmi les décombres de notre civilisation que nous avons cette sensation indicible de n'avoir plus grand-chose à perdre, ni à défendre.
Collabos sponsorisés par l'Etat, corruption culturelle systématique du Marché, trahison délibérée de toutes les élites, planification continentale de la substitution ethnique, évacuation de toute figure paternelle et valeur masculine dans notre quotidien, taux d'abâtardissement exponentiel, fécondité en chute libre, vérouillage irréversible de l'industrie de la malbouffe, enflicage total avec l'assentiment souriant du citoyen festif, complicité unanime de la machine médiatique, nous ne sommes riches que d'ennemis, d'obstacles, et de problèmes insolubles. Et contrairement à ce qu'affirme l'inoxydable optimisme rital, ça ne nous rapporte pas beaucoup d'honneur. Mais l'honneur, c'est pourtant tout ce qu'il nous reste, par lambeaux palpitants, qu'on ramasse comme on peut dans notre lounge-abattoir zéropéen. Voilà où nous en sommes, avec nos pauvres petites notes, qu'on griffonne à l'arrache, dans le vertige d'une colère si inhumaine qu'elle nous ferait tomber dans les pommes si on n'avait pas l'alcool, les potes, les femmes, la baston et la musique pour nous convaincre d'essayer encore, de durer encore un jour, de tenir jusqu'à l'aube prochaine, juste pour voir.
Nous ne changerons rien avec nos écrits ridicules et égocentriques. Nous n'apprendrons à personne, rien qui ne soit évident aux yeux qui ne sont pas encore crvés par MTV. Nous n'allons accélérer aucune crise sociale. Nous ne serons les francs-tireurs d'aucune guerre de libération nationale. Nous ne marquerons pas la planète par notre passage, sauf en y déposant des gamins dont le cuir craquera tout autant que le nôtre par trop de hargne contenue. Nous ne serviront à rien ni à personne.
Mais nous continuerons quand même pour ne pas devenir aussi gris et froids que la Zone.
16:06 | Lien permanent | Commentaires (5)
Commentaires
Mourir la tête haute ou vivre honteux, un choix cornélien quand on y réfléchit à froid. Dans le feu de l'action, je ne dis pas...
"Nous ne changerons rien avec nos écrits ridicules et égocentriques. "
Certes non, mais on aime bien bénéficier des vôtres quand-même, Stag.
Écrit par : Un Fan | 28/02/2009
Mon dieu! Vous êtes absolument à croquer avec votre petite sirène et votre petite tête de mort tatouées sur les avant-bras. ;-)
Non, c'est sûr. Il y a bien une éthique de l'esthétique!
Et c'est ainsi que Dumézil est grand.
Signé : psychodyssey bitch.
Écrit par : Millie | 01/03/2009
Gut ! Mieux vaux un bon pain dans les dents qu'une baguette dans le fion
Écrit par : BREAKFAST | 02/03/2009
Gut ! Mieux vaux un bon pain dans les dents qu'une baguette dans le fion
Écrit par : BREAKFAST | 02/03/2009
dieu a fait les hommes , colt les a rendus égaux.
alors pas de panique, un ajustement au stand de tir , un permis de chasses et sa ira bien mieux, y'a plus d'homme fort depuis l'invention de la poudre a canon .
Votre article est bien gentil mais je ne crois pas que tout soit perdu , largement pas, ne sous estimez pas l'ennemi d'accord mais ne vous sous estimez pas non plus.
J'avais la meme carrure que vous il y'a peu et maintenant j'ai plus la meme que nos nouveaux Moliere et puis moi , j'ai quelque chose qu'ils n'ont pas , cette envie de vivre une vie digne de ce nom , eux veulent juste tout casser , baisez des meuf et se shooter la tete avec notre sang bref j'ai pas peur de l'avenir et je serais vous , j'essairais de faire des pompes 3 fois par semaine 6*10 puis 6*11 puis etc etc vous verrez dans trois mois et manger manger manger 4000kcal/jour.
apres vous serez plus confiant et le permis de chasse merde
Écrit par : fr | 01/05/2009
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