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06/10/2009

EMEUTE OU AMENAGEMENT

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Un autre dilemme du prisonnier.

 

Nota Bene: Je viens de relire. C’est long, c’est chiant, c’est alambiqué. J’espère juste que c’est pas prétentieux. Tirez-en ce que vous pourrez. Pour éviter les exemples laborieux, allez direct à la prochaine (*)

 

Partons du principe que nous vivons tous en taule. Notre liberté est illusoire puisque ne pouvons qu’aménager notre cellule – la « sphère privée ». Quant à la sphère publique, bernique pour les choix importants, révolutionnaires. Là encore, on ne nous propose que des aménagements.

 

Un exemple parlant :

 

Prenons le débat sur l’excision (et partant, sur toutes les joyeusetés Issues-De-La-Diversité). Pour les interventionnistes, c’est un truc dégueulasse, contraire à nos valeurs et à nos mœurs, un truc de fachos mais barbus et exotiques. Pour les abstentionnistes, c’est effectivement un souci, mais les coutumes tribales, c’est compliqué m’voyez, en légiférant on risque de donner dans le fascisme sans barbe. Foutu casse-tête. Et puis il y a les places gratuites, tout au fond, dont monte une voix éraillée, graveleuse, chargée d’alcool :

 

-         C’est pourtant simple, nom de Dieu ! Pas d’métèques, pas d’casse-tête ! Zéro bamboula, zéro tracas ! Yaka supprimer la source du problème et les foutre tous dehors ! Fin de l’histoire !

 

Et là, les anticharcuteurs lâchent leur Coran pour les nuls et étreignent les charcutorelativistes dans un grand élan : « Non à l’intolérance ! Non aux zamalgams ! Touche pas à mon muzulpote ! » Œcuménisme chavirant, communion des Démocrasseux réalisant enfin qu’ils ne chipotent que sur des broutilles.

 

ILS sont là et ILS posent problème, mais pas question de les faire dégager. PERSONNE ne veut y réfléchir un instant. Ce n’est pas un discours sérieux. Ce n’est pas même un discours tout court. Que les places gratuites la bouclent et laissent les grandes personnes faire de longs scanners du nœud gordien, nommer des commissions d’enquête et financer des projets d’établissement. Parce que c’est ça, la politique, M’sieurs-Dames : observer les nouveaux problèmes aussi longtemps qu’il faudra pour qu’ils se cristallisent. Une fois qu’ils font partie du paysage, on les donne aux réacs pour qu’ils se cassent les dents dessus, et on passe au microscope suivant.

 

Cette méthode est valable pour toutes les impasses de la Modernité. Un capitalisme plus de droite ou plus de gauche ? Ah ça, mon bon Monsieur, quel passionnant débat ! Et la croassânce, Camarade Citoyen, hein ? La croassânce ? Plus vite, moins vite ? Plutôt Monsanto ou plutôt Nicolahulo ? Quelle exaltante controverse ! Si seulement les petits jeunes des places gratuites pouvaient délirer un peu moins fort ! (Afficher un sourire paternaliste)

 

-         Croassance mes couilles ! Cacapitalisme mon cul ! Loin du bal, tout ça ! Fermeture des bourses ! Embastillement des phynanciers ! Exécution sommaire de tout décisionnaire économique ou politique responsable d’un déficit se chiffrant en millions ! Relocalisation de l’économie ! Vivre et bosser dans le même bled ou la mort ! Moins de flouze, plus de péouses !

 

Mais bon, heureusement, personne ne les écoute. Et puis rien n’empêche de piller un peu dans tout ce charabia utopiste et post-ado, finalement ? Y aura même de quoi mobiliser quelques minutes de cerveau disponible. Allez hop ! Germain et Fatima, couple à dreadlocks, villa huit pièces avé panneaux solaires et recyclage de l’urine : bombardés Objecteurs de Croissance, voui Sergent ! Comme ça, tous bénefs : les vomisseurs du système industriel sont ravalés au rang de bobos ridicules, ça en dégoûtera un maximum, les autres claqueront leur énergie en échouant à se distinguer de tels guignols, et ça saignera un peu plus les partis de gauche traditionnels.

 

Et la police, tiens ? Faut-y qu’elle puisse faire-son-travail et défoncer légalement la gueule aux gens qui ne fruilégument pas quintojournalement, hm ? Ou au contraire, faudrait-y lui payer des cours de raï’n’bite pour qu’elle appréhende mieux les souffrances zoziales de leurs principaux clients ? On se marre un coup en écoutant les enfants du Paradis et après on se fait une petite bataille de statistiques entre gens raisonnables, eukaye ?

 

-         Aux chiottes la police, vive la milice ! Des flingues pour tout le monde ! Une Bavure Pride par jour ! Vais vous instaurer des Zones-De-Mon-Droit, moi ! Trespassers will be shot ! Casquettes ou képis, on dégommera pareil ! Quand les uns vous démontent la gueule à vingt, les autres se font payer à vous décourager de porter plainte ! Z’ont bien raison d’ailleurs, pisque de toute façon Isham Xavier-Denis peut pas aller en taule ! Faudrait qu’y ait de la place dedans ! Et des jugesses qui mouillent pas sur la rédemption des bas-fonds ! Flics et voyous, c’est jamais que deux bouts de la chaîne alimentaire et les pov’cons comme nous, on est coincés au milieu !

 

Ah putain, on s’en lasse pas. Alors, qui veut être trésorier et premier secrétaire de l’Assoce ?

 

*

 

Je digresse, comme d’hab, parce que je suis furax et que je n’ai pas la force de bien ordonner ce que j’écris. Vous avez l’habitude, pour la plupart. Je veux en venir à ceci :

 

Toutes les options de changement sanctifiées par les merdiats, si radicales qu’elles nous soient présentées, ne sont que des accommodements raisonnables avec les problèmes qu’elles prétendent éradiquer. Que l’UDC en vienne à jouer le rôle de la Menace Brune, ou le POP celui de la Menace Rouge (respectivement Le Pen et Baise-en-Vélo pour nos amis frenchies qui nous rejoignent), voilà qui en dit long sur notre décrépitude.

 

Dans cette bâtardise obscène entre supermarché et hospice qu’est devenue l’Europe, nous avons tous droit à notre étiquette nominale personnalisée – et c’est sur elle que chacun est invité à se focaliser, pas sur l’uniforme où elle s’épingle. Sauf que le savoir et le dire, ça change quoi ? Quelle convergence des dissidences à ce jour ? Il y a certes « Le système et les ennemis du Système », merci tovaritch Limonov. Mais ces ennemis-là ne se sont jamais entendus et ne s’entendront jamais, trop occupés à se déchirer la gueule à cause de leur pin’s politisés.

 

En fin de compte, c’est peut-être parce qu’elle s’est toujours voulue politique qu’aucune dissidence n’a débouché sur que dalle à part des tracts et des graffitis. Une révolution qui n’est pas une Jacquerie, c’est un club de jeunes vizirs qui veulent la place du Calife, et puis chier. Nous sommes ainsi quelques-uns à avoir mal au cul rien qu’à la pensée de le poser sur le trône. La trouille des responsabilités, vous me direz. Quand je vois la gueule des différents patrons que j’ai eu, j’y tiens méchamment, à cette trouille, je vous jure. C’est peut-être le meilleur gardien des ruines de mon amour-propre. 

 

Alors on range les rêves de révolution dans l’armoire à pharmacie et on compose comme on peut avec le réel, le présent, le qui-coûte-cher. Ca fait mal au sac mais quoi ? Collectionner les capsules pour se payer la prochaine bière, ça ne va pas être possible tout le temps, et les gamins ne vivent hélas pas que de houblon. L’homme et l’animal tendent naturellement à l’aménagement des pires conditions d’existence, parce que bien souvent, accepter la bassesse, c’est refuser de crever comme un con. C’est pour ça qu’on se met à la colle avec des filles : parce qu’on a besoin de leur répugnant pragmatisme pour, justement, ne pas crever connement trop vite.

 

Et puis ça n’est pas systématiquement si atroce, avouons-le. On vit bien mieux, et bien plus en accord avec soi-même, quand on a fait un ménage brutal dans sa colleque de slogans et de poses avantageuses. Il y a comme ça des accommodements délibérés avec le monde tel qu’il est, qui permettent de respirer un peu plus librement.

 

Mais l’aménagement pourrave auquel on ne fait que se résigner parce qu’on ne voit pas quoi faire d’autre et parce qu’on est fatigué, ça ne libère pas ça rend encore plus malade.

 

Socialement et économiquement, nous sommes dans une impasse. Elle peut durer des décennies encore, qu’on ne se gourre pas sur ce point. Les Etats d’Occident sont en faillite depuis assez longtemps pour qu’ils se fussent effondrés si être en faillite avait la moindre conséquence concrète. Pareil pour les économies dites « parallèles » qu’ils tolèrent, parce qu’il n’y a pas de commerce licite ou illicite : si ça se vend, c’est bon pour le Marché, tôt ou tard.

 

Démonstration : Bob bosse mal parce qu’il est déprimé par sa vie de merde et l’échec de ses efforts pour la rendre moins merdique. Bob se dope à la poudre pour tenir le coup. La dope, c’est pas légal. Mais du coup, Bob bosse mieux, Patron lui content, actionnaire lui satisfait, action de l’entreprise elle bien bander. Alors il faut foutre la pression sur les petits revendeurs et faire des « prises record » tous les semestres, mais mollo. En plus, la dope, ça fout Bob en l’air. C’est mal ? Oui, mais s’il vit plus longtemps, ça nous fera un retraité de moins et donc y a bon pour le déficit de l’AVS ou l’AI.

 

Tout retombe sur ses pattes.

 

Sauf nous autres, qui ne sommes ni fourgueurs, ni consommateurs, ni flics, ni élus-du-peuple, ni banksters, ni publicitaires, ce qui nous fait quand même un paquet de conneauds placides, insatisfaits, attentistes et bougons. Nous, le deal ne nous convient pas du tout. On ne veut pas crever de stress et d’ennui au boulot. Nous ne voulons pas prendre de la dope pour tenir le choc. Nous ne voulons pas tolérer nos Frères Humains qui vivent de son trafic – ni leurs centaines de cousins, d’ailleurs, parce que leur spectacle nous fait mal aux yeux, point barre. Nous ne voulons pas supporter de voir la flicaille encadrer tout ce joli monde et nous broyer les balles pour un feu rouge grillé ou des impôts en retard.

 

Nous avons foutrement envie de foutre en l’air tout l’édifice, parce que nous savons qu’il ne tient que grâce à notre lâcheté, notre goût immodéré de la routine, notre trouille d’avoir une réputation encore pire, la perspective de devoir coucher chaque soir dans un autre endroit.

 

Il ne se passe pas un seul putain de jour sans qu’une énième humiliation ne vienne nous le rappeler. Chaque crachat dans la gueule, chaque fuite à travers nuit poursuivi par quinze macaques hurlants, chaque rappel de facture pour des choses que nous n’avons pas demandées, chaque fois que l’hyperclasse nous défonce le cul au nom du Peuple et de la Démocratie, nous nous pensons à Colubmine, à Erfurt, à Kauhajoki, à Winnenden.

 

Et à des cibles autrement mieux choisies que parmi des camarades de classe.

Commentaires

"Toutes les options de changement sanctifiées par les merdiats, si radicales qu’elles nous soient présentées, ne sont que des accommodements raisonnables avec les problèmes qu’elles prétendent éradiquer."

C'est du Chomsky dans le texte ça.

Écrit par : NightEye | 06/10/2009

« Nous ne voulons pas supporter de voir la flicaille encadrer tout ce joli monde et nous broyer les balles pour un feu rouge grillé ou des impôts en retard. »

Ah, c'est donc pareil qu'en Frâônce...

Écrit par : Criticus | 06/10/2009

@ NightEye : M'etonnerait même pas, tiens. Ca fait des années que je n'ai rien lu de lui, d'ailleurs.

@ Criticus : Comme je vous l'écrivais récemment, la situation n'est pas comparable sur la forme. Le Chuiche ADORE les règlements et les suit avec un empressement de salope surcokée. Cette servilité déteint sur les nouveaux locataires du territoire, dont une majorité se tient à carreau. Et puis notre démocrassouille dite directe n'a pas le style envahissant de votre répoubellique, elle n'incite donc pas l'allogène à se crisper sur son identité par réaction au laminage clanique dont la gueuse est coutumière. Aucun Romand ne se "sent" Romand tant qu'il n'est pas question d'être représenté au Conseil fédéral, le reste du temps tout le monde s'en contrebranle. La substitution s'opère donc dans le calme et l'harmonie, et la flicaille peut se concentrer sur les stationnements illégaux ou les bars qui ferment trop tard. Pour un Hexagonal, ça doit faire des vacances de déménager par ici, mais la populace oppose bien moins de résistance à son expropriation culturelle que vos compatriotes.

Écrit par : Stag | 07/10/2009

"Bob bosse mal parce qu’il est déprimé par sa vie de merde et l’échec de ses efforts pour la rendre moins merdique. Bob se dope à la poudre pour tenir le coup."

Mais non, mais non, je démens formellement. Ces rumeurs stupides n'ont aucun fondement.

Écrit par : Robert Marchenoir | 07/10/2009

Oups ! Je voulais dire "François-Xavier".

Écrit par : Stag | 07/10/2009

Tous à la lanterne ! Au fusil, au couteau, nous imposerons l'ordre nouveau ! Si seulement on avait quelque chose dans le calcif, quelque chose qui ne ressort pas uniquement lors des pétages de plomb ou en tyrannisant ses collègues de travail...

Vive les spreekillers en tout cas.
http://www.spreekillers.org/index.html

Écrit par : Lanternier | 07/10/2009

La misère de notre époque tient à l'imposture généralisée et où l'usage des armes ne serait qu'un prolongement de l'impuissance, au lieu d'un moyen dans la guerre contre le parti de l'invasion, protéiforme.

Tout est profondément corrompu par la ruse -la ruse de tous contre tous, se retournant immanquablement contre nous.

Hors de tout projet cohérent nous devenons la cible désarmée en plein milieu d'un champ de tir.

Pourtant les cibles existent, mais mouvantes, très mouvantes -les élites collabos ne sont même plus des élites; les humanitaires n'ont absolument rien d'humanitaires...

Nous avons la logique, mais pour la réussite ? Nib !

Écrit par : Ns | 08/10/2009

Comme disait Raspail, la violence est l'arme des minorités assiégées.
Mais les musulmans étaient moins violents quand il l'a dit.

Écrit par : Lanternier | 08/10/2009

Je suis dans une foutue colère atrabilaire depuis une semaine et je sens que c'est pas tes excellents articles qui vont m'aider. Quoique, si l'on croit en la katharsis...

Bref Stag, à quand c'te bouffe ?

Écrit par : Jim | 13/10/2009

Pas prévu grand-chose en novembre ; voyez de votre côté quand une date arrange tout le monde et nous verrons pour l'endroit.

Écrit par : Stag | 13/10/2009

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