04/12/2009
JONCTIONS INTROUVABLES
Un gros danger, avec l’écrabouillage du bon sens et l’humiliation quotidienne des Européens, c’est l’accumulation d’une rage et d’une frustration si intenses qu’on en vient à se contenter de placebos identitaires et à soutenir des gens dont on ne voudrait pas comme paillasson. Prenons la droite obamaphile d’ex-France, par exemple, ou les tristes chicaneurs de minarets en Chuiche. Leur vision de la Nation, c’est un supermarché qui sent le désinfectant, grouillant de marchandises pour tous les goûts, des plus dépravés aux plus austères, et encadrés par une armada de vigiles exotiques qui s’expriment sans accent.
C’est ce que vous finirez par soutenir, sur l’air du Moindre Mal et de l’Union Sacrée, simplement parce que les renégats et les crasseux en dénoncent le prétendu fâschyzme. La droite sécuritaire en Europe est au séparatisme patriote que nous prônons, ce qu’étaient les « sociaux-traîtres » aux bolchos de la grande époque : des faux-amis, des vendus, des Munichois, pour causer anachronique. Ils ne sont pas nos alliés, pas même « objectifs » et à court terme. Nous avons, et ça ne date pas d’hier, bien moins en commun avec eux qu’avec l’ultra-gauche. Oui, même celle qui se croit utile en évitant le chômage aux assurances immobilières, aux flics et aux vitriers. Celle-là même qui nous gerbe, nous accuse de détourner ses symboles, de piller hypocritement sa littérature, bref de nous gauchiser la superficie pour faire plus présentables.
Comme si on avait quoique ce soit à foutre de draguer le populo en singeant les zintermittents, pour qui il éprouve un dégoût interloqué… Passons.
Un droitard libéral, c’est le plus souvent un type qui se laisse aller au ouacisme sous le coup d’une colère éphémère. Mais une fois son calme retrouvé, il patauge dans son époque comme un porc dans sa boue, et les rafles policières systématiques contre des intellos à dreadlocks suffiraient amplement à sa quiétude. Les fringues griffées ? La décadence maquillée en dandysme ? La fréquentation d’ordures aussi friquées que sinistres ? L’égoïsme assumé avec un rictus ? Aucun souci pour lui. Contrairement au gauchiste conséquent (et qui a toujours une peine folle à l’admettre), il est fermé à toute mystique et tout sens de la hiérarchie des valeurs autres que boursières. Or il n’est pas de patriotisme sans attachement sacré à la terre où l’on est né et à la lignée qu’on entend y maintenir. Voilà pourquoi nous sommes, que ça défrise ou non, plus proches d’illuminés à étoile rouge que de réacs pragmatiques. (Jérôme Leroy ne compte pas, et, je sors cette idiotie avant que l'un d'entre vous le fasse.)
Maintenant, pas de foutaises : il n’y aura jamais de jonction avec les antimondialistes qui ne sont pas devenus « alter-». Si bandante qu’elle soit, si désirable aussi, la convergence des dissidences, c’est du flan. Pour résumer grossièrement : leur amour profond de la déglingue et notre élan viscéral pour la tradition font que nous finirons toujours par nous tirer dans les pattes. De même qu’une union planétaire des identitaires, menant de front l’assaut contre les cosmopolites et les mixocrates d’Occident, ne cause qu’aux intellos isolés. Des individus de toute provenance peuvent s’entendre au sein d’un même projet révolutionnaire, c’est incontestable. Mais pas des groupes qui ne partagent pas les mêmes références inconscientes.
Les anars qui rêvent de casser du national-capitaliste avec des humanoïdes de ghetto, les natios de gauche qui draguent Jihad Joe pour éclater G.I. Jew, les islamophobes prêts à fricoter avec le Bétar – tous appartiennent à la même espèce d’idéologues, qui tôt ou tard se prendront dans les râtiches des retours de manivelle en série.
C’est dans l’ordre des choses : les routes ne se rejoignent jamais qu’à l’horizon, et l’horizon est une illusion d’optique.
19:14 | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
Certes, il n'y aura jamais "jonction" officielle. Mais "officieuse", pourquoi pas. En tous les cas, il faut activement soutenir le chaos pour qu'il déborde ce que le Système veut bien lui faire jouer comme rôle. Passer la crête "catastrophique" pour engerndre un joli Kali Yuga qui emportera tout. Merci.
Écrit par : Hegel | 05/12/2009
Je méditais là-dessus l'autre jour, et je suis arrivé à un raisonnement similaire.
J'ajouterais que les écolos réels et actifs, c'est-à-dire les "décroissants", sont largement aussi identitaires que les autres!
Par contre, je garde un petit espoir que les évènements dicteront les comportements, et comme se plaît à le rappeler Soral à propos de l'alliance des rouges-bruns en temps de guerre, le chaos finit toujours par engendrer des mutations plus inattendues les unes que les autres. Ne présume pas trop de l'avenir!
Bref, un article qui s'élève au niveau requis pour révolutionner dans son bain (en attendant le bain de sang).
Écrit par : Sébastien | 06/12/2009
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