30/03/2010
LE VENT DU BOULET DE LA STUPIDITE
Quelques réminiscences nappées de sueurs froides en regardant le téléjournal d'hier soir, spécifiquement le sujet sur les grossistes en foutre du Danemark. On pense qu'un summum d'horreur est atteint quand Mamzelle Coup-d'un-soir vous rappelle sur l'air de "Tu sauras que je le garde mais il va falloir que tu casques." Panique du post-ado queutard imprévoyant pour son confort perso. Passent quelques années et on réalise que c'est encore bien léger comparé à d'autres formes de stupidité boostée à la testostérone.
J'admets volontiers qu'il faille un degré de connerie carabiné pour s'attacher à sa Patrie quand elle est en train de pourrir sur pieds. Mais putain, l'ai-je été plus encore, con, du temps où je n'étais pas patriote pour un sou.
Nous étions un petit clan désarticulé, rassemblés par la rage de l'ivresse rapide et des prétentions aristocratiques dont seule l'outrance nous sauvait parfois du ridicule complet - ou de casseroles que nous traînerions à vie, comme on le verra plus bas si l'on a du temps à perdre.
Sans jamais partouzer ensemble, nous ne faisions pas mystère de nos lubricités respectives, toujours à la recherche d'une bizarrerie à tester ou d'un nouveau quartier où risquer de nous faire prendre en flag. Nous pensions pratiquer la fornication avec le même raffinement que nos boustifaille sur-arrosées. Sous ce vernis lettreux, une naïveté crasse mettait à portée de nos mains les pires imbécilités au nom de la déshinibition. Nous qui vomissions nos ex-hippies de géniteurs, reproduisions leurs errances avec une application effarante.
Ainsi, la notion de banque du sperme nous amusait-elle au plus au point. Se faire payer pour une branlette ? Voilà qui financerait quelques bouteilles d'écoeurant rouge californien. L'idée d'être le père d'un moutard inconnu ne nous effleurait même pas. N'était-ce pas que l'amûr d'une famille vaguement stable qui "faisait" le gosse, bien plus que son matos génétique ? D'ailleurs, on y comprenait quoi, à la génétique ? Le foutre ? Une matière première dont des parents stériles inconnus pourraient bien faire ce qu'ils voudraient, on n'en saurait rien de toute manière. Nous étions fauchés, assoiffés, lascifs, trois conditions idéales pour aller monnayer notre ADN sans nous poser de colles.
Le reportage souligne d'ailleurs cet aspect central : les étudiants sont les principaux donneurs. C'est dit avec un naturel hallucinant. D'autres commentateurs emploient un tout autre ton quand ils évoquent les recruteurs de mannequins qui vont chasser à la sortie des cliniques pour anorexiques.
Mais pour moi, plus grande gueule de la meute, mettant un point d'honneur à faire toujours pire que les autres, ça n'était pas encore assez idiot. Je finance le prochain apéro avec mes bijoux de famille, mais tu viens avec moi et tu te charges de l'extraction, termes du contrat proposé à la souris de l'époque. L'idée semblait l'amuser follement, elle s'est rapidement dégonflée et l'affaire a été classée.
Si je n'ai encore pas de gosses inconnus, je le dois à sa réticence à passer pour aussi cochone devant ses potes que devant un type à éprouvette qu'elle ne verrait qu'une fois pendant deux minutes.
Je n'y repense jamais sans un discret vertige.
Ding-dong. Bonjour Monsieur, ce certificat d'il y a dix-sept ans prouve que vous êtes mon père. Ca vous dérange si j'entre ? J'aimerais savoir si j'ai été fait avec une vidéo ou un magazine.
Mais mâtez-le, le rouquemoute juvénile et satisfait du reportage. Il SAIT que son identité sera connue de sa progéniture non-désirée, qu'elle sera élevée par une quinqua célibataire trop surbookée jusqu'alors pour envisager une grossesse à deux. Ca ne lui fait que dalle. Il en rigole.
Il ose même appeler son déprimant prélèvement solitaire en cabine "son moment privilégié"...
08:50 | Lien permanent | Commentaires (0)
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