Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

13/10/2010

INTUITION D'IVROGNE

Il existe des formes de croyances pragmatiques, dont le seul but, la justification ultime, est de vous permettre de fonctionner « normalement » en société. L'égalité entre homme et femme ou entre races humaines, le droit au bonheur, l'avenir conçu comme fatalement plus équilibré et juste que le passé, j'en passe et des plus mièvres.

Tant que ces croyances ne sont que chahutées par des bribes de réalité qui démontrent qu'elles ne sont pas systématiquement défendues et incarnées par leurs plus bruyants promoteurs, tout ne va pas si mal. L'homme raisonnable se dit que, oui, effectivement, il ne vit pas dans un monde parfait, que c'est se comporter en adulte de le reconnaître et d'en tirer son parti, qu'il faut faire son maximum pour tendre vers cette perfection inatteignable.

Une fois que la croyance pure est brisée, tout est foutu.

Vous aurez beau faire semblant, personne ne vous croira, parce que vous n'y croirez plus vous-même. C'est une règle du jeu aussi absolue que tacite. Du moment où les notions de démocratie, de droits de l'homme, de tolérance, de progrès ou de métissage vous font rire jaune, vous avez effacé le tampon officiel qui vous donnait droit à rentrer dans la discothèque. Vous êtes devenu non grata, et il faudra une illumination divine, une expérience d'ordre mystique pour regagner cette place perdue parmi les fidèles. Mimer leurs singeries ne suffira plus jamais.

Vous aurez beau enrober vos éructations de précautions à la « Je suis pas ouaciste mais » ou « Je ne supporte pas les extrémistes mais », c'est cuit biscuit, vous n'en sortirez plus. Vous êtes le maillon faible, vous ne revenez pas la semaine prochaine, vous n'existerez plus que comme sac à merde répugnant ou comme bouffon du roi, selon vos capacités à faire rire malgré l'horreur Citoyenne que vous incarnez. Vous n'y croyez plus ? Alors plus personne ne croira en vous. Et vous vous sentirez plus isolé à mesure que vous croiserez de prétendus dissidents, qui eux parviennent encore à faire scintiller les braises de leurs convictions originelles, pour ne pas se faire excommunier comme vous, et qui vous jetteront des regards nauséeux, parce qu'ils envient moins votre liberté supposée qu'ils ne frémissent face à votre irrémédiable isolement. Parce que la sagesse animale postule que personne n'a jamais raison contre le groupe, ce groupe fût-il le plus idiot et le plus laid que la planète ait jamais porté.

C'est cette panique de la solitude qui explique que tant de grandes gueules courageuses se sentent obligées de souligner leur minimum syndical de décence moderne. Oui je suis un peu réac, mais quand même pas facho. Oui je suis un peu macho, mais pas misogyne. Oui je pense que le régime actuel est laxiste, mais je ne veux pas une dictature pour autant. Oui je pense qu'il y a un lien clair entre une certaine immigration et des formes de foutage de merde insupportable, mais je ne pratique quand même pas l'amalgame. Oui je sens bien qu'il existe un grave problème identitaire et culturel en Occident, mais pas d'inquiétude, je ne vais quand même pas en parler publiquement. Je suis un bon élément, un bon soldat, un employé modèle, un libre penseur, un bon type, ne me dégagez pas comme un malpropre s'il vous plaît.

Même parmi les désaxés qui se paluchent sur leur propre « indépendance d'esprit », nourrie de littérature merdique et de parano masturbatoire, ne peuvent s'empêcher de revendiquer leur appartenance au camp du Bien, l'adversaire ne faisan qu'usurper ce titre. Liberté ! Indépendance ! Vérité ! Langue de viande et non de bois ! Belles valeurs de mes couilles pour emballer un discours tout aussi préfabriqué, caricatural, outrancier et doctrinaire que les fils de pute d'en-face !

On ne s'en sort pas. On ne s'en sortira jamais.

Commentaires

N'en ayant plus rien à foutre, et encore moins de mon job à "La Défense", j'ai fait mon coming out nazebroque au boulot. Et bien figure toi que ça ne se passe si mal.
Bien que je sois "cerné", mes sorties sont souvent motif à mes "collaborateurs" d'utiliser le registre de la dérision ou de l'humour, jamais celui de la mise à l'index. Faut dire que je fais le spectacle, que ça les change de leur train train mortifère qui leur fout des cernes et un gros bide.
Et puis dans la capitale tous les cadres blancs savent bien ce qui se passe, ils le vivent tous les jours avec la diversité.

Le seul soucis que ça pose est que je suis en train de me faire virer, mais j'ai l'opportunité de partir à la american beauty, fight club ou leaving las vegas et je crois que je vais pas m'en priver; griller son linkedin et son viadeo à vie, la meilleure solution pour se libérer et pour aller vivre dans les bois.

Écrit par : W | 14/10/2010

Il y a du nitche chez vous.

Écrit par : n | 14/10/2010

Vous avez raison. Un autre truc : pour fourrer (niquer), les hommes sont prêts aux pires bassesses, peuvent facilement devenir des petits chienchiens tous propres, tous pouponnés, dans l'espoir de s'attirer les faveurs de la femelle. La comédie humaine est pathétique, mais de là à les mettre dans le même sac que les collabos d'en face, quand même ... disons qu'il existe une échelle du courage on qu'on ne vise pas tous le même barreau.

Écrit par : pinuche | 14/10/2010

L'ennemi est bête : il ne sait que c'est lui, l'ennemi.

Écrit par : snake | 14/10/2010

Par curiosité W, qu'est-ce qui a déclenché le processus de licenciement? qu'est-ce qui dans le coming out et ses suites, a été un casus belli utilisable légalement parlant?

Sinon ce texte est excellent. On dira deux choses: et d'un je peux en témoigner, les limites de ce que le groupe peut accepter d'entendre comme critique à ces dogmes structurant l'Occident en phase terminale ont té considérablement élargies. Au bord de l'explosion. C'est ce que l'on a appelé la lepénisation des esprits. Malgré tout vous avez raison, les dogmes restent et le système continue, et il excommunie toujours aussi puissamment.

Et de deux : on en sortira. On en sortira forcément, c'est dans la nature d'un teltotalitarisme de la pensée de s'écrouler un jour. Ce sera peut-être trop tard, ou pour quelque-chose d'encore pire (comme l'islam) mais on en sortira et je pense même que nous y assisterons de notre vivant.

Écrit par : Aquinus | 15/10/2010

Du Nitche et du Stirner... je suis étonné qu'on parle tant de Nitche sur la "réacosphère" et si peu de Stirner qui, quoi qu'on en pense par ailleurs, a fait des analyses imparables sur les "athées pieux" de son temps, qui s'appliqueraient parfaitement au totalitarisme pieux de notre époque : bondieuserie de l'antiracisme, bigoterie du multiculturalisme etc. Sauf que maintenant, la religion de l'Homme dont il parlait est encore montée - ou descendue - d'un cran : c'est la religion de l'Homme Non-Blanc.

Écrit par : g. | 16/10/2010

C'est vrai ça, des gens se revendiquant de gauche ou du milieu me traiteront sans doute de frontiste, les gens de droite me disent de gauche, d'ailleurs qu'est-ce que je fous là? je ne suis plus nulle part, tout le monde me regarde de travers, ça fait peur.

Écrit par : heidi | 17/10/2010

Les commentaires sont fermés.