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22/03/2011

LA STUPIDITE, UNE CONSTANTE

La greluche brutalisée ci-dessous (démerdez-vous pour la bien plus inaudible version originale) a reçu beaucoup trop d'attention médiatique ces dernières semaines. Je n'aurais pas vu l'intérêt de m'y attarder si AltRight ne lui avait pas consacré un billet, signé rien moins que Richard Spencer.

 

 

Spencer veut y voir une énième mélodie de notre générique de fin collective. L'indigence du truc aurait de quoi faire peur, même à un bolcho cultivé (puisqu'on m'assure qu'il y en a). La caution Ghetto paradant au milieu de tous des blanc-becs comme un piranha dans l'aquarium de Nemo n'est pas, non plus, sans donner des hallucinations à base de corde et de lampadaire. Mais pour le coup, contribuer au böse sous couvert d'analyse dégoûtée - ce que je m'apprête à faire avec la meilleure conscience de l'hémisphère nord -  n'était pas forcément pertinent.

La mauvaise foi propre au réac (dont il n'est souvent qu'à moitié conscient) lui fait dégueuler son époque et y voir ce que le Temps a produit de plus bas depuis le règne des amibes. En quoi il se plante royalement, comme je l'ai déjà dit ici, il y a un petit bail. Pour ne pas trop me répéter, je résume.

D'abord, se baser sur ce que chie MTV pour évaluer le niveau mental de ses contemporains, c'est étudier la moralité des Occidentales dans un lupanar d'Amsterdam : on est sûr d'être confronté au pire et donc de pouvoir se payer un bel orgasme d'indignation furibarde. Extatique, salutaire, et faux.

Ensuite, l'horreur en question s'adresse à un public de pucelles et des quelques graines de mâles qui se sentiront obligés de suivre le mouvement dans l'espoir d'un tripotage amical. On cause donc de la fraction la plus systématiquement idiote au sein d'une population donnée, partout sur la planète et à toutes les époques.

Vous trouvez conne à mourir la musique populaire d'aujourd'hui ? Rappelez-vous de 1964:

 

 

Et n'oubliez pas non plus que les esprits les plus raffinés du XXè siècle, bien après la fin de leur adolescence scato et grégaire, se sont sentis obligés de trouver formidable et provocateur ces extraordinaires foutages de gueule :

 

 

 

Commentaires

De la mélasse bien poisseuse à destination des pétasses de la middle class mondialisée. Et puis Rebecca... no comment!

La combativité spontanée et naturelle de la jeunesse blanche privée de champ d'action valable depuis 1945 - la fin provisoirement provisoire de l'histoire, le temps privé d'histoire, le temps d'"histoires privées" - soit explose tout à coup dans un déchaînement aveugle et dénué de sens ou bien dégénère et s'engloutit dans l'aliénation la plus absolue...

Léo Ferré. Les spécialistes. Paroles de Jean-Roger Caussimon. (extraits)

Quand dans un' manif
Tu r'gardes naïf,
Les vitrines qui défilent
Où sont exposés
Des "must" de Cartier
Des trucs plus ou moins futiles
Si tu veux prouver
En lançant l'pavé
Que ce commerce t'attriste
Repos'ton parpaing
Fais pas ça copain
Faut laisser fair' les spécialistes !

Pour tout mettre à sac
Les anciens du S.A.C.
Viendront diriger sur place
Les "incontrôlés"
Qu'ils ont enrôlés
C'est eux qui rompront la glace...
Mai c'est toi qui s'ras gaulé !
(...)
On n'sait pas qui c'est
Mais pour dénoncer
Ils ont l'art et la pratique
Ta vie, tes pensées
Tout est recensé
Ca marche à l'électronique...
Chez les poulagas français !
Si des mecs jaloux
On en trouv'partout
Chez nous, on n'est pas en reste...
Annonc' si tu veux
Que tu vas sous peu
Diriger un grand orchestre...
Ca f'ra illico
De fielleux echos
sous la plum'des journalistes !
Qui diront soudain
" Fais pas ça copain
faut laisser fair'les spécialistes ! "

On se sent à l'ais'
Lorsque c'est Boulez
Qui s'empar' de la baguette
Mais... c'est inopportun
Lorsque c'est quelqu'un
Qui " fait " dans la chansonnette
Et mêm'pas dans le l'show-business !

Écrit par : Danny | 22/03/2011

J'ai bien aimé les pubs pour la scientologie sur la vidéo de John Cage. (Quelle amusante escroquerie, j'en avais déjà entendu parler, mais jamais vu la “performance”. Même la partition est en Comic Sans, quel foutage de gueule).
Ces incursions sur les sites ricains sont toujours appréciables, ça m'a permis de tomber sur http://vigilantcitizen.com, site un peu foutraque-conspi qui analyse le symbolisme dans les productions mass média et autres. Ça plaira aux "visuels"...

Écrit par : Piotr | 22/03/2011

Cage n'a rien inventé. Alphonse Allais avait composé sa "Marche funèbre pour les funérailles d'un grand homme sourd" en 1897...

http://www.boiteallais.com/progs/allais5.htm

Il est vrai que le sérieux de la démarche n'était alors pas revendiqué.

Écrit par : Punica Fides | 23/03/2011

Allais a aussi inventé les Monochromes revendiqués par cet escroc d'Yves Klein qui se targue d'en être l'inventeur sous le prétexte qu'"Allais n'a pas revendiqué sa démarche ne l'a pas signée". Qu'est ce qu'il lui faut à ce dépotoir mondain! "Combat de nègres dans un tunnel", "Cardinaux apoplectiques au bord de la mer rouge" "Premières communions de jeunes filles chlorotiques par temps de neige"(tout noir, tout rouge, tout bleu et je crois qu'il y en a d'autres) furent bel et bien signés par Allais et exposés à l'exposition (c'te bonne blague!) des Arts incohérents et repris dans l'album primo-avrilesque.
Le véritable créateur de l'Art moderne : Alphonse Allais! (écrivain de première classe d'ailleurs, comme l'avait bien vu Jules Renard, Jarry et de notre temps Caradec).

Écrit par : Restif | 23/03/2011

"tout blanc" 'videmment pour les jeunes filles...

Et c'est qu'il l'a soigné son "Album primo-avrilesque" (7 "tableaux" au fait)le cher Allais. Je ne peux reproduire la lettre à son éditeur, trop longue, mais tout y est spécifié avec le plus grand soin : encadrement, légendes, monochromie totale etc. L'album est paru chez Ollendorf en 1897, et il est TRÈS recherché.
Précisions : Allais prétend qu'au cours d'un voyage à Paris "dans son enfance" il "avait eu l'occasion de voir,avant qu'il ne partît pour l'Amérique enlevé à coups de dollar, le célèbre tableau à la matière noir intitulé "combat de nègres dans une cave, pendant la nuit".C'est ce "chef d'œuvre" qui a décidé de sa "vocation de peintre monochroïdal"
Alphonse Allais reconnait ainsi ce qu'il doit à Paul Bilhaud (1854-1933) qui a commencé aux hydropathes (fief d'Allais!). Le "tableau" de Bilhaud est exposé en 1882 aux Arts Incohérents (pas par Allais donc; erreur de ma part.Corrigée comme il se doit.)
Comme le dit Caradec dans sa bio d'Allais d'où proviennent ces renseignements: "ces précisions ont leur importance car Allais ne cite pas Bilhaud mais déclare avec un certain culot qu'il publie son œuvre "avec la permission spéciale des héritiers de l'auteur..qui a encore 36 ans à vivre! Il ne faudrait pas que le nom d'Allais éclipse celui de Bilhaud comme Yves Klein a tenté, mais en vain, d'occulter le sien. En réalité l'album primo-avrilesque ainsi que tout l'art moderne est sorti des Arts Incohérents fondés par l'hydropathe Jules Lévy." (NDLR il y eut plusieurs salons).
François Caradec, Alphonse Allais, pp 425-426, chapitre Alphonse Allais peintre monochroïdal, Belfond, 1994.

Il est faux de dire qu'Allais ne revendique pas ses trouvailles : simplement il n'a pas la morgue de nos modernes "artistes", il reste à sa place et l'idée d'entrer en concurrence avec Van Gogh ou Debussy ne lui viendrait pas. Mais le soin qu'il a toujours mis a défendre sa propriété ou ses droits de novateur montrent sans l'ombre d'un doute qu'il se doutait des pétards qu'il apportait dans le monde de l'Art. Répétons qu'il fut l'ami de Jarry, lequel fit exploser le théâtre avec son Ubu (tout le Artaud du "Théâtre et son double" sort de la lettre de Jarry à Lugne Poe dictant les conditions de la mise en scène d'Ubu roi. Artaud d'ailleurs le reconnaît.) Bien avant le dadaïsme, le surréalisme, le Zaouisme (russe) il y eut Le Chat noir et auparavant les Hydropathes (et Les Hirsutes) où régnait Allais, bref - tout le mouvement du Fumisme, le Fumisme , capital,tout premier laboratoire d'une extrême modernité qui n'hésitait pas à déclarer l'art dépassé. Mais à l'époque on savait encore dire ça en blaguant...entre deux bombes anarchistes, car l'atmophère était aux "marmites" d'Emile Henri et de Ravachol, et tous les chatnoireux comme les symbolistes furent proches des anars, au moins intellectuellement (ça apparait dans des romans de l'époque,"Soleil des morts" de Mauclair par exemple). Ils avaient très bien compris la république de philistins où ils vivaient et ce que cela préparait. Mais c'est une autre histoire. En tous cas, notre "modernité" John Cagienne et Yve kleinienne (voleur!) à plus de 120 ans, elle est chenue, décrépite et fait sous elle.Fini les joyeux jeunes gens qui inventaient l'absurde, le détournement des chefs d'œuvres (la moustache à la Joconde, bien avant ce copieur de Duchamp vient d'un Hydropathe qui lui, avait mis une pipe dans la bouche de la léonardienne beauté.Tout inventé les bougres magnifiques! et si oubliés de notre temps de faussaires. L'hydropathe qui conçu ce splendide blasphème qui à une époque pas encore trop déliquescente du neurone ne souleva que des rires, n'était autre que l'illustre Sapeck, rédacteur en chef et directeur de l'Anti-concierge. Lire si l'envie de découvrir les découvreurs vous prend : "L'Esprit Fumiste, et les rires fin de siècle" anthologie de B.sarrazin et D.Grojnowski. Du seul Grojnowsky, texte théorique : "Aux commencements du rire moderne, l'esprit fumiste", mais "rire" est réducteur. Car tout en rigolant noir, jaune, rouge entre deux bocks,(ou plus...) ces dynamiteurs de haïssable "esprit français" bien voltairien (parlez moi du cher marquis de Sade, c'est autre chose comme désosseur de Dieu!), ces poètes qui avaient noms Charles Cros, Allais, Mac Nab,Laforgue, Bloy (pilier du chat noir Bloy! premier journal a accueillir régulièrement sa prose, notamment ses "propos d'un entrepreneur de démolitions" publiés dans la gazette du cabaret, excellent ami d'Allais des années durant Bloy), ces pierrots mystificateurs qui ne voyaient que trop venir la gueule immonde de la démocratie molle et ignoblement populacière qui allait les dévorer s'amusèrent avec un très jolie mauvais goût macabre - cf "la ballade des fœtus" de Mac Nab - à broder l'épitaphe de notre civilisation, sans le mauvais goût de s'afficher tragiques.

Pour ceux que ça amuserait :
http://www.artsincoherents.info/

Écrit par : Restif | 23/03/2011

Merci encore.
Ne vous arrêtez pas.

Écrit par : Leto | 23/03/2011

Je me souviens d'un prof qui m'avait fait écouter John Cage dans une école de musique alors que j'apprenais le violon. En guise de rébellion, j'avais appris par coeur un dixième d'une partition de Mozart et je lui avais joué au cours suivant.

Écrit par : Mariethé | 23/03/2011

Les "foutages de gueule" musicaux sus-mentionnés, ne sont, au fond, qu'une queue de comète d'un certain aboutissement occidental musical, ultime rameau d'une dernière branche que l'on cherche à tout prix à pousser vers un ciel que plus personne ne voit.
Maladie ultime certes, mais maladie logique.
Je crois que le "Dr Faustus" de Mann contient toute cette jouissance de la décadence.
Quant à Boulez, le pôvre, son drame est de ne pas avoir été un des inventeurs du dodécaphonisme.....
Laissons à son crédit de bonnes interprétations de la musique française ( la vraie), et à son débit ce qu'il a fait de l'IRCAM.

.....du danger de vouloir appartenir à une avant garde anachronique....

Écrit par : Hippocrate | 24/03/2011

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