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08/05/2011

LA MORT GERME SEULE

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Signalé par Acri, qu'il en soit béni.

Vous vivez lâchement, sans rêve, sans dessein,
Plus vieux, plus décrépis que la terre inféconde,
Châtrés dès le berceau par le siècle assassin
De toute passion vigoureuse et profonde.

Votre cervelle est vide autant que votre sein,
Et vous avez souillé ce misérable monde
D'un sang si corrompu, d'un souffle si malsain,
Que la mort germe seule en cette boue immonde.

Hommes, tueurs de Dieux, les temps ne sont pas loin
Où, sur un grand tas d'or vautrés dans quelque coin,
Ayant rongé le sol nourricier jusqu'aux roches,

Ne sachant faire rien ni des jours ni des nuits,
Noyés dans le néant des suprêmes ennuis,
Vous mourrez bêtement en emplissant vos poches.


Aux modernes par Charles-Marie LECONTE DE LISLE

Commentaires

Je l'ignorais celui-là., quelle splendeur.
Superbe et prophétique - Bloy, Villiers, Huysmans ne diront d'ailleurs pas autre chose. Mais Leconte, comme Flaubert est d'avant, comme Musset aussi. Quand je dis que le19ème A VU, prévu, senti et pressenti la titanesque charretée de merde qui nous est tombée dessus.
Et pendant qu'en ces lieux la muse est dans nos rues ,
Prouvons que dès 38 l'horreur était en vue :

"J'avais fait un projet... Je te le dis tout bas...
Un projet! Mais au moins tu n'en parleras pas
C'est plus beau que Lycurgue, et rien d'aussi sublime
N'aura jamais paru Si Ladvocat m'imprime.
L'univers, mon ami, sera bouleversé,
On ne verra plus rien qui ressemble au passé;
Les riches seront gueux et les nobles infâmes;
Nos maux seront des biens, les hommes seront femmes,
Et les femmes seront tout ce qu'elles voudront.
Les plus vieux ennemis se réconcilieront,
Le Russe avec le Turc, l'Anglais avec la France,
La foi religieuse avec l'indifférence,
Et le drame moderne avec le sens commun.
De rois, de députés, de ministres, pas un
De magistrats, néant; de lois, pas davantage.
J'abolis la famille et romps le mariage;
Voilà. Quant aux enfants, en feront qui pourront.
Ceux qui voudront trouver leurs pères chercheront.
Du reste, on ne verra, mon cher, dans les campagnes,
Ni forêts, ni clochers, ni vallons, ni montagnes
Chansons que tout cela ! Nous les supprimerons,
Nous les démolirons, comblerons, brûlerons.
Ce ne seront partout que houilles et bitumes,
(...)
De Paris à Pékin ceindra ma république.
Là, cent peuples divers, confondant leur jargon,
Feront une Babel d'un colossal wagon.
Là, de sa roue en feu le coche humanitaire
Usera jusqu'aux os les muscles de la terre.
(...)
Le monde sera propre et net comme une écuelle;
L'humanitairerie en fera sa gamelle,"

Alfred de Musset, 1838, Dupond et Durand, poésie

Écrit par : Restif | 08/05/2011

Friedrich Nietzsche. De la mort volontaire.

Il y en a beaucoup qui meurent trop tard et quelques-uns qui meurent trop tôt. La doctrine qui dit : " Meurs à temps! " semble encore étrange. Meurs à temps : voilà ce qu'enseigne Zarathoustra.

Il est vrai que celui qui n'a jamais vécu à temps ne saurait mourir à temps. Qu'il ne soit donc jamais né! - Voilà ce que je conseille aux superflus. (...)Mourir ainsi est la meilleure façon; mais la seconde est celle-ci : mourir au combat et répandre une grande âme. Mais haïe tant par le combattant que par le victorieux est votre mort grimaçante qui s'avance en rampant, comme un voleur - et qui pourtant vient en maître.

Je vous fais l'éloge de ma mort, de la mort volontaire, qui me vient puisque je veux. Et quand voudrais-je? - Celui qui a un but et un héritier, veut pour but et pour héritier la mort à temps. Et, par respect pour le but et l'héritier, il ne suspendra plus de couronnes fanées dans le sanctuaire de la vie. (...)Il y en a aussi qui deviennent trop vieux pour leurs vérités et leurs victoires; une bouche édentée n'a plus le droit à toutes les vérités.

Et tous ceux qui cherchent la gloire doivent au bon moment prendre congé de l'honneur, et exercer l'art difficile de s'en aller à temps. Il faut cesser de se faire manger, au moment où l'on vous trouve le plus de goût : ceux-là le savent qui veulent être aimés longtemps. (...)

Chez les uns le coeur vieillit d'abord, chez d'autre l'esprit. Et quelques-uns sont vieux dans leur jeunesse : mais quand on est jeune très tard, on reste jeune très longtemps.(...)

Que votre mort ne soit pas un blasphème sur l'homme et sur la terre, ô mes amis : telle est la grâce que j'implore du miel de votre âme. Que dans votre agonie votre esprit et votre vertu jettent encore une dernière lueur, comme la rougeur du couchant enflamme la terre : si non, votre mort vous aura mal réussi.

C'est ainsi que je veux mourir moi-même, afin que vous aimiez davantage la terre à cause de moi, ô mes amis; et je veux revenir à la terre pour que je retrouve mon repos en celle qui m'a engendré.

En vérité, Zarathoustra avait un but, il a lancé une balle; maintenant, ô mes amis, vous héritez de mon but, c'est à vous que je lance la balle dorée. Plus que toute autre chose, j'aime à vous voir lancer la balle dorée, ô mes amis! Et c'est pourquoi je demeure encore un peu sur la terre : pardonnez-le moi!

Ainsi Parlait Zarathoustra.

Écrit par : Danny | 09/05/2011

Donc disais-je dans un fil Ramasse merde, quelque chose m'échappe fortement.
Comment faut-il l'entendre cette citation de grandissime Fredo que tout le monde l'adore et que ça ne se discute pas?
Faut il comprendre que Leconte, Musset et leurs citateurs sont des vieux cons qui suspendent des "guirlandes fanées" dans les temples? Sont-ils des exemples de qui n'a su "mourir à temps". Ou bien est-ce que je comprends tout de travers? (ce qui est fort possible). Et qu'il ne faut entendre ce texte que comme un ajouté aux citations. A moins que Lecomte et Musset soient mis dans les "morts à temps" et lanceurs de balles d'or? Ça m'étonnerait quand même un peu. Surtout qu'ils n'ont guère pensé à lancer la dite "balle d'or", juste craché leur mépris de la goule démo(n)cratique qui vient, qui est là. Le couple maudit Ochlocratie/ Ploutocratie. Et ils n'ont certes pas théorisé leur mort. Mais je suis tranquille, il y aura bien quelqu'un pour le faire à leur place.
J'en profite pour faire un coming out : décidément, Nietzsche m'emmerde. Très souvent (ce complément est une lâcheté ou une précaution). Son texte, là, me semble un tissu de lieux communs
[ : il faut mourir au bon moment. Il faut savoir transmettre son but -"lancer la balle d'or"- et savoir quitter la rampe quand il le faut ("ceux qui cherchent la gloire doivent au bon moment prendre congé").et niaiserie sur le gâteau " la jeunesse c'est un état d'esprit mec ( : "Et quelques-uns sont vieux dans leur jeunesse : mais quand on est jeune très tard, on reste jeune très longtemps.") le tout écrit dans une prose lyrico boursouflée qui inspirera µn Paolo Coelho. Son admonestation : "Que votre mort ne soit pas un blasphème sur l'homme et sur la terre, ô mes amis : telle est la grâce que j'implore du miel de votre âme." ressortit au nuageux le plus fumeux (et au vocabulaire précieux le plus éculée."le miel de votre âme"!). Qu'est ce qu'un "blasphème" (reprise du vocabulaire religieux) sur "l'homme et sur la terre" ? Oh, on pige : "voir philo de Nietzsche et ce qu'il entend par terre et par homme". Bof. D'abord trouver une définition de l'Homme chez Nietzsche hein… On a le surhomme (on l'attend toujours celui-là "je vous annonce le surhumain" ah, ah, voici le surmétis!), on a l'homme du ressentiment, mais l'homme, le tout simple bipède qui fait tourner la planète, on a rien, si ce n'est un tas de traits de morale (sens moralistes du 17ème). Les grecs disaient que l'Homme, c'est de la vie + du langage. Bios + logos –concepts qui, en grec, vont plus loin que leurs traductions. Chez Nietzsche rien d'aussi simple, pur, claire. En cela c'est bien un moderne : la représentation de l'homme éclate en mille morceaux de miroir brisé (le doux Paraben disait qql chose d'assez juste sur la représentation de l'occidentale l'autre jour). Le point d'ailleurs n'est pas là pour moi, mais ceci, qui est que sa réputation est devenue si grotesquement sacrée qu'on ose plus dire qu'il y a des tas d'endroits de son œuvre qui ne sont que truismes et redites – : "La douleur n'a pas moins de sagesse que le plaisir: comme celui-ci, elle fait partie au premier chef des forces qui conservent l'espèce"(lisez le, c'est §318 du G.Savoir) –bon, ça, ce n'est pas une nouveauté hein… c'est : "la douleur il en faut". Nietzsche , le dernier métaphysicien restera pour avoir annoncé la Mort de dieu, c'est un poteau indicateur. On l'avait dit avant lui faut quand même s'en rappeler (Jean Paul, Nerval) mais lui l'a théorisée. IL est moderne aussi en cela que comme l'écrit Revel "il a dit tout et son contraire". Il chante la bête blonde et crache son mépris pour "la fumisterie de cette histoire des races". Finalement, il n'est pas étonnant que Montaigne soit l' un de ses auteurs de chevet, le premier peut-être: ils se ressemblent beaucoup par leur capacité à comprendre le pile et le face, l'avers et l'envers. Mais Montaigne est plus humble, plus simple et ne se prétend pas philosophe. Nietzsche est sous amphétamines,-c'est de plus un littéraire d'expression, un poète même autant qu'un moraliste, au contraire d'un Hegel, d'un Spinoza) il reprend l'éternel retour aux grecs, comme la mort de dieu a ses prédécesseurs, il synthétise des idées qui couraient et qui se contredisent.C'est un mélange, miscellanées de pensées, de philosophies, de concepts.
En passant, un texte de lui, qu'on pourra toujours citer soit sur la notion de spectacularité, soit de représentation, (quel prophète! diras-t-on…)soit sur l'air du "Tu vois, Nietzsche et la religion c'est plus compliqué qu'on pense mec" tout en problématisant la notion de "passé". Bonne bourre!

"Ce pour quoi nous devons être reconnaissants. - Ce sont les artistes et surtout ceux du théâtre qui, les premiers, ont donné aux hommes des yeux et des oreilles pour voir et entendre, avec un certain plaisir, ce que chacun est lui-même, ce que chacun a vécu et voulu; ce sont eux qui, les premiers, nous ont donné la mesure du héros qui est caché dans chacun de ces hommes ordinaires, eux qui ont enseigné l'art de se considérer soi-même comme héros, à distance et en quelque sorte simplifié et transfiguré, - l'art de « se mettre en scène » devant soi-même. Ce n'est que de cette façon que nous parvenons à nous mettre au-dessus de quelques détails bas qu'il y a en nous. Sans cet art nous vivrions tout en premier plan et entièrement sous le charme de cette optique qui fait paraître énorme le plus proche et le plus vulgaire, comme si c'était la vérité par excellence. - Peut-être y a-t-il un mérite de même espèce dans cette religion qui ordonnait de considérer l'état de péché de chacun avec un verre grossissant et qui faisait du pécheur un grand criminel immortel; en décrivant des perspectives éternelles autour de lui, elle apprenait à l'homme à se regarder de loin et comme quelque chose de passé."Gai savoir, 78.
Bon, en tous cas je ne vois pas trop ce que Danny a voulu nous dire ! S'il vous plait de trancher ce nœud gordien affable Danny...

Écrit par : Restif | 10/05/2011

Admirable Restif, si l'évocation du vieux sage vous a permis de vider votre sac à fiel, vous m'en voyez satisfait, j'aurais fait oeuvre utile. Notez que vos remarques à propos de Friedrich, pas toutes dépourvues d'intérêt d'ailleurs, ne brillent guère par leur originalité. Usées jusqu'à la corde dans certaines de mes beuveries germanopratines, rue des canettes, elles permettaient au moins de se démarquer malicieusement des sectateurs un peu idiots du vieux maître et de faire mouiller les binoclardes à col claudine de Fénelon; c'était toujours ça de pris vous me direz! Joyeuse époque et jeu de dupes. Se piquer de bons mots, d'auteurs rares ou marginaux autour de succulents festins, comme une monarchie en exil, épuise les sens au bout d'un moment. J'aspirais à d'autres jeux, plus risqués et infiniment plus dangereux, ceux-là.

Si par Ainsi Parlait Zarathoustra j'avais trouvé un moyen de vous faire comprendre que Leconte, Musset et leurs citateurs sont des vieux cons qui suspendent des "guirlandes fanées" dans les temples, j'aurais utilisé des voies plus dignes de moi, proches de l'action directe, dont je me revendique toujours. Mais tel n'est pas le cas, soyez rassuré.

Vous me demandez, plein de sollicitude, de trancher ce noeud gordien, je ne saurais vous satisfaire n'étant moi-même ni coupeur de têtes (de têtes de noeud) jacobin, ni dispensateur de sentences.

Les choses sont plus simples, voyez-vous.

Friedrich vous emmerde, moi pas.

Les écrits de Friedrich agissent toujours sur moi tels cette énergie primordiale qui permet de continuer le combat contre la poisseuse humanité collective qui se vautre dans l'abaissement, l'artifice et le ressentiment - l'humanité de l'homme universel terminal et interchangeable avec le paradis sur terre à la mode qui-veut, la survie garantie à peu de frais, selon les goûts, c'est-à-dire à peu près rien.

Le déblaiement radical de tout ce qui nous encombre, de tout ce qui fait écran à la beauté se trouve chez Friedrich, mais pas seulement. Je puise à d'autres sources fécondes... chez Darien, Céline, Stirner, l'Unique, Jacques Mesrine... ces briseurs de jeu définitifs.

Il faut apprendre à calancher, loin des "tueurs de Dieux", avec le drapeau noir et les copains (les copines, comme Florence Rey) et "toucher la terre pour revivre, comme le fabuleux Antée".

J'aime faire partager ce qui m'enchante et qui me révolte, ici en zone grise, plus qu'ailleurs.

Écrit par : Danny | 11/05/2011

Nietzsche, La Généalogie de la Morale.

Qu'est-ce qui produit aujourd'hui notre aversion pour "l'homme"? - Car l'homme est pour vous une cause de souffrance, cela n'est pas douteux. - Ce n'est pas la crainte, c'est bien plutôt le fait que chez l'homme rien ne nous inspire plus la crainte; que la basse vermine "homme" s'est mise en avant, s'est mise à pulluler; que "l'homme domestiqué", irrémédiablement mesquin et débile, a commencé à se considérer comme terme et expression définitive, comme sens de l'histoire, comme "homme supérieur"; - oui, et encore qu'il ait un certain droit à se considérer comme tel en présence de l'énorme abâtardissement de la maladie, de la lassitude, de la sénilité qui se sont mis à gangrener l'Europe, à se croire un être relativement robuste, au moins encore apte à vivre et à affirmer la vie..."

Écrit par : Danny | 11/05/2011

A vrai dire c'est plus les sectateurs de Nietzsche qui m'emmerdent que l'auteur lui même,(Ça ne se voyait pas?) ceci dit pour être précis, mais je pensais que vous l'auriez vu. Nietzsche devenue une vache sacrée, intouchable,c'est un mauvais coup à lui faire, non ?
Je n'ai pas été chercher bien loin mes petites piques, je me suis contenté de feuilleter un volume et d'user de ma tête, comme ça, à ras les pâquerettes (donc ce qu'on pu dire d'autres gens avant, j'ignore, tout est de mon eau médiocre ou pas). Parce que si on veut que Nietzsche retrouve sa puissance de scandale, qu'il soit encore la bombe à exploser les doxa qu'il a été et se voulu, encore faudrait-il empêcher la récupération qui est devenue son lot.
J'ai hyperbolisé de la critique, oui, c'est exprès. stylistiquement tout n'est pas faux, le miel de mon âme, c'est précieux. Et je ne crois pas que les critiques dont vous parlez aient été cherchés justement les extraits que moi j'ai prix en feuilletant le GS. Si on sacralise le moindre morphème de frédo, c'est fichu.
autre chose : les autres, je m'en fous. Je n'ai jamais cité un auteur pour faire mouiller qui que ce soit. Je n'ai pas fréquenté des milieux que ça intéressait voyez vous. Je n'ai jamais
fréquenté les prépas, les esthètes,tout le toutim, mon meilleur pote était keupon jusqu'à la moelle des os et s'égaillait les esgourdes mais ne lisait pas. Et quand je suis venu à la fac de lettres pour des raisons de recherche j'avais un âge où sont bien passées les discutailles (sauf avec quelques types humains rares, un Jean Yves Masson par exemple. Il y a comme ça quelques êtres singuliers rencontrés ). Avant, sortit de l'évoqué compagnon parti ailleurs, mes rares potes étaient dans un tout autre milieu. Et comme jeu dangereux...ma foi, disons que j'ai donné, et je pense modestement qu'on serait assez ahuri de connaître ça, cette partie de mon passé. Que je sois là est presque bizarre.

Mais je cause, je cause... Je pense que vous devriez rajouter Vaché à votre liste. J'adore Darien depuis longtemps. Il fréquenté Bloy, et a même écrit dans Les pharisiens, un passage toujours donné pour du pur Bloy par nombre de chercheurs ultra palmés diplômés cnrsisé mais qui est de Darien. Pauvert dit qu'ils ont écrit ce passage à 4 mains mais c'est faux, dans sa correspondance Bloy le dit "Darien me fait parler et c'est superbe" (c'est le passage" Pamphlétaire, ah, je suis pourtant autre chose(..) mais mes cris je les pousse sur mon idéal fracassé"). J'ai même scribouillé sur Darien^^. Stirner oui, mais je préfère Sade, a vrai dire la philo m'emmerde de plus en plus. C'est usbectif. C'est pareille : le Bataille d' Acéphale ne m'attire pas. Mesrine je me demande ce qu'il fout dans votre liste. Romantisme noir... Pourquoi pas Lacenaire, il est plus marrant. Non, ce n'est pas un grand vivant, un homme maître de lui. Aventure pour aventure je préfère celle de La nuit obscure de saint Jean de la croix ou celle de Boehme.
Ceci dit je vois que vous taillez haut votre route, et que vous essayez d'échapper avec toute votre force d'homme au monde informe ou plutôt trop formaté qui s'érige. Alors très bien, bonne route.

Ps Au fait, l'une des plus belles transposition de la vie de Nietzsche que je connaisse est le Dr Faustus de Mann. voilà un homme qui met les choses (pour moi) à leur véritable hauteur. Et j'entends par là aussi une certaine ligné qui parcourt l'occident depuis Philon,Numénius, Trithème, le vrai Rabelais. On pourrait partir des minnesanger. Mann connait tout ça ET Nietzsche.

Darien...Vous savez que Allais lui a dédié l'un des ses contes : "à Georges Darien auteur de cet admirable Voleur ..." (oublié la suite). Et que Jarry (vous l'avez oublié celui-là!) le met - avec Bloy - dans la bibliothèque des livres pairs du dr Faustroll.) Mais lisez si ce n'est fait, un jour, la bibliographie d'Allais par Caradec, vous découvrirez un homme réellement libre; on méconnait allais, véritable promulgateur du moi..
bonne chance dans votre quête, quelle qu'elle soit. Ah : Rouillan a certes quelque chose qui force le respect. Mais tous ces gens là , à côté d'un Victor Serge, me semblent petits. Et puis vous savez, moi je suis dans la gnose. Sorawhardi, Eckhart, Tauler, l'abîme qui a nom Dieu ou "nuage d'inconnaissance". L'homme est devenu esclave de lui-même, il s'est mis sur le trépied, on voit ce que ça donne. Je ne m'intéresse pas à Daumal parce qu'il est rare, mais parce que je connais sa quête.

Écrit par : Restif | 11/05/2011

Ah, oui, je pense à l'ami que j'ai évoqué -on simplifie tellement par le silence.On trahit, et j'ai honte. Non, il ne lisait pas,il avait mieux. Il avait la tête farcie d'infinie, il pouvait palper les ondes, s'écouter dans sa nuit et dans sa lumière, dans l'intime de sa nature sauvage, mystique à l'état de jaillissement, hors là loi né.
Il y a des textes qui m'embrasent, je n'ai pas le culte de l'objet livre. Je sais qu'un seul homme peut contenir assez de songes pour retourner une planète, qu'aucun auteur ne doit devenir un fétiche, aucune page, tout vieillira, ce qui semblait capital dans 8 siècles sera une curiosité pour 300 rats d'archives. Pas notre jus, notre impatience, notre colère, notre chagrin. Et l'infini curiosité qui m'habite.

Écrit par : Restif | 11/05/2011

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