Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

26/05/2011

ENCORE BAUDELAIRE

 

Il n'existe que trois êtres respectables.

Le prêtre, le guerrier, le poète. Savoir, tuer et créer.

Les autres hommes sont taillables et corvéables, faits pour l'écurie, c'est-à-dire pour exercer ce qu'on appelle des professions.

*

Observons que les abolisseurs de la peine de mort doivent être plus ou moins intéressés à l'abolir. Souvent, ce sont des guillotineurs. Cela peut se résumer ainsi : « Je veux pouvoir couper ta tête; mais tu ne toucheras pas à la mienne. »

Les abolisseurs d'âme (matérialistes) sont nécessairement des abolisseurs d'enfer; ils y sont à coup sûr intéressés.

Tout au moins ce sont des gens qui ont peur de revivre – des paresseux.

*

Il est impossible de parcourir une gazette quelconque, de n'importe quel jour ou quel mois ou quel année, sans y trouver à chaque ligne les signes de la perversité humaine la plus épouvantable, en même temps que les vanteries les plus surprenantes de probité, de bonté, de charité, et les affirmations les plus effrontées relatives au progrès et à la civilisation.

Tout journal, de la première ligne à la dernière, n'est qu'un tissu d'horreurs. Guerres, crimes, vols, impudicités, tortures, crimes des princes, crimes des nations, crime des particuliers, une ivresse d'atroce universelle.

Et c'est de ce dégoûtant apéritif que l'homme civilisé accompagne son repas de chaque matin. Tout, en ce monde, sue le crime: le journal, la muraille et le visage de l'homme.

Je ne comprends pas qu'une main pure puisse toucher un journal sans une convulsion de dégoût.

 

*

Il y a de certaines femmes qui ressemblent au ruban de la Légion d'honneur. On n'en veut plus parce qu'elles se sont salies à de certains hommes.

C'est par la même raison que je ne chausserais pas les culottes d'un galeux.


Commentaires

Un gros bémol pour le prêtre quand même.

Écrit par : Criticus | 27/05/2011

"Le prêtre" chez Baudelaire correspond au "savoir". Le prêtre, ici, c'est le clerc, celui qui détient la Connaissance - initié d'Hermes, philosophe au sens platonicien, gardien des archives d'Heliopolis, druide...

Écrit par : Restif | 28/05/2011

Oui, je me demandais, Restif, merci de votre explication...

Écrit par : la crevette | 28/05/2011

Les commentaires sont fermés.