29/12/2012
KEBAB-SHIT-PORNO
La vie privée d'un auteur - à tout le moins ce que paraissent en dire ses écrits - doit-elle être irréprochable pour que son oeuvre mérite d'être lue et discutée ?
Objectivement, comme disent les Angliches :
Je ne sais pas qui écrit chez Amoyquechault. Si la vie affective de l'auteur est à l'image de ses productions, le gaillard a droit à toute notre compassion (je m'empresse de me la foutre au cul avant qu'il ne m'enjoigne de le faire).
Je précise avant d'affirmer que l'un de ses derniers billets est d'une rare lucidité. "Rare" parce que d'une espèce dramatiquement peu répandue chez mes collègues droitards, pour tout ce qui concerne les questions économiques, et plus spécifiquement l'impact que les forces du Marché ont sur nos existences.
Ci-dessous, je blablate, ergote et pérore pour me rendre intéressant. Pressé ? Passez d'office au dernier paragraphe, c'est à ça que je veux aboutir.
* * *
On ne peut qu'avoir des vapeurs quand on lit Ellul, en sachant que le type se réclamait de la gauche à toutes forces - je ne parle même pas d'un Cau... C'était avant que ladite gauche, déjà pourrie de mysticisme, se liquéfie complètement dans le cosmopolitisme, la xénolâtrie et l'exaltation de tout ce qui peut contribuer au blanchouillocide. Ca ne la rend pas meilleure en soi : ça revient à dire qu'elle fut, un temps, moins esthétiquement abject, moins pétrie d'indignité. Un peu comme Madonna, quoi : plus jeune, elle n'était pas moins pute ni plus respectable, mais un poil plus regardable, toute forme de respect mise à part.
Il y a aussi eu une droite dure qui ne pensait pas que le bizness était l'horizon ultime de l'humanité, qui ne se bricolait pas un néomarxisme pognon-compatible où l'entrepreneur remplace l'ouvrier dans le rôle de l'Emancipateur programmé par le Destin, et où toutes les libertés se subordonnent à celle de consacrer sa vie à la possession d'une Rolex.
Socialisme et libéralisme, malgré toutes les contorsions de leurs divers illuminés, ramènent toutes les questions existentielles au niveau du document Excel. Sous les deux uniformes, une même race de comptables.
* * *
Tenez au réac moyen un tel langage, même bien plus diplomatique, et il vous taxera vite fait de bolchevisme. Comme si une loi éternelle vous condamnait à choisir un maître absolu - Soviet ou Conseil d'administration, c'est comme vous voulez, mais choisissez et rampez.
On ricane à raison des tarés gauchistes qui continuent d'agir et penser comme si Moscou était toujours aux commandes de leurs travaux de sape de la civilisation. Quid de leurs supposés ennemis, capables d'encenser Pinochet, Thatcher, Reagan, ou d'en reproduire la très haute pensée ? C'est tout le putain d'échiquier politique occidental qui refuse de se remettre de la chute du Mur : chaque pion en a pieusement conservé une brique, qui lui tient lieu de cerveau.
On connaît par coeur l'antienne bolcho, qui barbote dans la piscine au formol de ses propres idéaux : le vrai communisme est un idéal valide, un élan archi-érotique, l'émancipation ultime. Des centaines de millions de morts ? Vous n'y êtes pas du tout : le vrai communisme n'a jamais été appliqué nulle part. Absolument tous les régimes criminellement cinglés qui s'en sont réclamés ont menti, se sont trompés. Leur version de Si tu rencontres le Bouddha, tue-le, c'est : Si tu rencontres un Etat communiste, crève-toi les yeux.
Sauf que le déni n'est pas, mais alors pas du tout une prérogative des rouges. Ils ont contaminé ceux qui les vomissent. Eux aussi vous citent de saints auteurs dont les admirables idéaux n'ont jamais été appliqués nulle part. Eux non plus ne veulent pas qu'on juge à ses fruits leur arbre sacré.
Le libéralisme tel qu'il a été appliqué jusqu'à nos jours, ce n'est pas le corsetage de l'Etat sous le contrôle vigilant de citoyens libres et disposant des moyens physiques d'assurer cette liberté. C'est le bétonnage. C'est la mégapole. C'est l'obscénité publicitaire omniprésente. C'est la domination décomplexée de l'usurier, domination si totale que plus personne ne sait même ce qu'a pu signifier ce nom. C'est payer dix fois ce que payaient nos grands-pères pour des biens de moindre qualité, que plus personne n'est foutu d'entretenir ni réparer.
* * *
Quand il veut se payer une bonne branlette dystopique, le gauchiasse s'imagine dans un monde auchwitzisé, où tout le monde attend dans un beau pyjama son tour de finir en fumée dans une cheminée en noir et blanc. Et le droitard, il fait quoi ? Il fait encore pire : il se plonge dans la grisaille quotidienne d'un citoyen de l'Union Soviétique des années septante. En quoi il est mille fois plus con que le gauchiasse ? Ce dernier s'imagine un monde qui n'existe pas - le réac s'amuse à fantasmer du monde qu'il a sous ses yeux, et il se figure avoir échappé au laminoir culturel stalinien simplement parce qu'il a la télé en couleur et quarante chaînes à choix.
Le fait que tout le monde ait les mêmes meubles Ikéa ? Le même Heil-Phone ? Le même leasing ? Les mêmes fringues de faux luxe chinois ? Dans la tête les mêmes rengaines abjectement idiotes en provenance de cette bouche d'égout mondiale qu'on nomme MTV ? La même routine de sous-jobs à moitié fictifs, sous la supervision d'incompétents grimpés là par pur copinage ? Le fait qu'il soit matériellement presque impossible de ne pas savoir qu'il existe un salope du pseudo de lédigaga ou qu'un quelconque blaireau jaune ait commis un machin appelé miam-miam style ? Ce quadrillage inextricable qui salope tous les milieux sociaux, qui impose l'uniforme jeans-ticheurte-casquette et la trinité kebab-shit-porno à toute la planète ? La cradoque, desséchante, abominable uniformisation de nos vies ?
On zappe. Pas important. Détails. Responsabilité individuelle de vivre au-dessus du troupeau. On est aristo ou on ne l'est pas. Ratiocinations snobs, qu'on pimente d'une bonne dose d'ad hominem : "pas cap? C'est ton problème, fils"...
Ce qu'ils prônent en théorie pour enrager les bolchos - surtout pour ça, pas réactionnaires pour rien - c'est notre réalité concrète. Allergique au goulag ? Bienvenue dans le Reich de la supérette ouverte tous les jours, toute l'année, toute la nuit. Un syndicaliste coiffé comme Cabu s'en étrangle dans sa Kro tiède ? Génial ! resservons-nous du Chasse-Spleen et trinquons à cette belle confirmation de la justesse de nos vues. Un communiste se dit dégoûté par l'odeur de l'excrément ? Vite ! un cul ! qu'on s'y enfonce le nez !
* * *
Pour la faire courte (bien la peine après une si lourde tartine) : il n'y a pas que l'Etat qui soit un monstre froid, quand bien même il serait le plus glacial. Le Marché aussi est une monstruosité polaire. Prétendre limiter l'un par la puissance de l'autre, ou empêcher l'autre de nuire aux potentialités de l'un, est simplement clownesque. Ainsi parle un type qui n'a lu ni Marx ni Hayek et prétend ne parler au nom de personne. Sur ce, bonne année.
18:23 Publié dans Autopsie de la Dissidence, La Zone Grise | Lien permanent | Commentaires (34)
Commentaires
...lourde ...mais très bonne tartine !!!...enfin , salutaire , quoi ...
Écrit par : chris | 29/12/2012
Le manifeste d'Unabomber résumé en "une tartine"?
Écrit par : Le blaireau-garou | 29/12/2012
On peut faire baisser la consommation de deux manières :
1) faire baisser la consommation de chacun
2) faire baisser la population en mesure de consommer
Devinez laquelle a ma préférence ?
Écrit par : Calliclès | 29/12/2012
J'éviterai de trancher et préconiserai les deux...
PS.
"Consommation" (et ses dérivés) dans son acception sociologique contemporaine est un mot immonde. Par curiosité, je consulte mon Littré en ligne et, ô surprise, relit ses sens multiples et constate qu'on est bel et bien passé de :
1."Achèvement, accomplissement. La consommation d'une affaire, d'un sacrifice. " (le "Tout est consommé..." du Christ) à :
5. "Action de détruire l'utilité d'un produit, utilité que la production a créée. "
C'était ma courte tartine...
Écrit par : Côte-Rôtie | 30/12/2012
1 – La décroissance est une fumisterie et va contre les instincts les plus primaires de l'homme. C'est beau en théorie, comme le communisme et le libéralisme, mais ça se casse la figure contre le mur de la réalité.
2 – L'autre possibilité, comme dit Calliclès, c'est la baisse de la démographie. L'écolo-bobo qui ne prend pas en compte cette question est un guignol. Mais là encore, allez dire à une planète remplie d'analphabètes dont un des seuls actes de plaisir gratuits est de baiser qu'elle doit moins enfanter, et on est de retour à la case yakafokon.
Non, vraiment, ça va être très simple : on va regarder la population croître jusqu'à dix milliards et assister à la mort de la moitié de celle-ci pour cause d'insuffisance alimentaire. On aurait pu se dire qu'avec la mort de l'Europe par invasion négro-crouille, il n'existerait plus de peuple capable de produire à grande échelle des biens de consommation inutiles, mais la Chine est là, et elle continuera l'œuvre de Lafarge longtemps après sa mort.
La Terre, elle, s'en fout. Elle recommencera un cycle de 15 milliards d'années. La société de consommation moderne est un eczéma passager pour elle, et Fukushima, une pustule près des plis de son trou du cul.
Écrit par : MeuCeu | 30/12/2012
@ meuceu
fukushima est une pustule...
une toute petite , alors...
faut pas s'aviser de creuser vers le centre de la terre, ça pourrait en irradier plus d'un....
la baisse de la démographie est peut être effectivement la seule solution
les crouilles s'y mettent, récemment , on a vu grimper le nombre de cas de maladies infectieuses évitables ( comprendre ici, par les vaccins) au crouillistan oriental
en effet , dans les zones tribales (j'adore ce mot, ça signifie en gros que au trou du cul du monde , les lumières dont nous nous rengorgeons , n'ont pas éclairé des masses ....vlan sur le bec pour tous les drouâdlommistes !) du pakistan, on observe de puis quelques années une désaffection pour les diverses campagnes de vaccination ; polio, variole, rougeole ...sous l'effet de différents facteurs ; assassinat des personnels de santé locaux et des ong, défiance vis à vis des vaccins eux mêmes , supposés comprendre du porc, défiance vis à vis du corps médical censé avoir participé à l'identification de la cache de ben laden
tout ceci serait positif , s'ils ne nous envoyaient pas leurs infirmes....(je me souviens avoir vu , jeune étudiant en médecine, une vague de blessés neurologiques en 84 puis en 89 après les émeutes de la faim en algérie, émeutes réprimées à coup de fusil)
Écrit par : kobus van cleef | 30/12/2012
au fait , superbe , la photo !
Écrit par : kobus van cleef | 30/12/2012
Apparemment ils se rasent les couilles eux...
Écrit par : Dom | 30/12/2012
Je sors de ma réserve de ces derniers mois parce que c'est un sujet que je connais bien. Remarque liminaire : JE NE SUIS PAS LIBÉRAL. Et quand je dis « je ne suis pas libéral », c'est bien « je ne suis PAS » et non « je ne suis PLUS ».
En fait, je ne l'ai jamais été, même si j'ai longtemps cru — à tort — que le libéralisme était une sorte d'arme tactique pour le sauvetage de l'Europe.
Or, le libéralisme n'est pas un allié dans la lutte pour la sauvegarde de l'Europe. Ceux qui le prétendent sur des blogs que je ne nommerai pas ne connaissent pas la nature du libéralisme, car ils n'ont pas lu ses penseurs.
C'est un ennemi, et il ne faut pas se laisser abuser par le principe erroné selon lequel « l'ennemi de mon ennemi est mon ami ». Ce n'est pas du tout le cas. Le fait que les libéraux s'opposent aux socialistes ne signifie pas qu'ils sont nos alliés. Lorsque les libéraux ont eu à choisir entre la gauche et la droite, historiquement, ils ont presque toujours choisi la gauche. À retenir.
Cela étant posé, il faut savoir de quoi l'on parle lorsque l'on critique le libéralisme. Je sais de quoi il en retourne parce que mes vaines tentatives de bricoler une forme de libéralisme identitaire m'ont conduit à lire des auteurs libéraux. Et c'est la prise de conscience des impasses dans lesquelles ils nous conduisent qui m'ont amené à rejeter le libéralisme. Je ne dis pas qu'il est nécessaire de lire des livres libéraux dans l'absolu, mais c'est absolument indispensable lorsque l'on veut critiquer le libéralisme. Or, la lecture de critiques de droite du libéralisme (Alain de Benoist, par exemple) me fait penser qu'ils n'ont pas la franchise de Stag. Ils critiquent sans avoir lu, mais en prétendant connaître le libéralisme, ce qui est foncièrement malhonnête.
Qu'est-ce que le libéralisme ? Une définition fondamentale serait : doctrine selon laquelle l'individu doit être le plus libre possible de toute entrave. C'est une doctrine davantage qu'une idéologie, car elle n'a pas de « fin ». La « libération » de l'individu est un processus jamais achevé, et il s'agit donc davantage d'un fil conducteur vers la « bonne société » (dans l'esprit des libéraux...) que la mise en place d'un Paradis sur Terre par un Grand Soir.
C'est l'une des différences entre libéralisme et socialisme. Il y en a d'autres, sur lesquelles je vais revenir ensuite. Partant de cette définition du libéralisme, on comprend pourquoi il est non pas inutile, mais carrément néfaste, dans la lutte pour la survie de l'Europe : il nie par sa méthodologie même le collectif.
Or, dans un monde où des groupes formés autour de la race, la religion, la langue, sont en compétition pour le pouvoir, les ressources et le prestige, l'individualisme qu'implique le libéralisme est tout bonnement suicidaire. Un individu qui l'adopte sera vulnérable face aux groupes qui l'agressent, et, à l'échelle d'une société, un peuple qui nierait sa propre existence signerait tout simplement son arrêt de mort face à ses ennemis, intérieurs et extérieurs.
En fait, l'individualisme n'est possible que dans une société homogène, celle-là même que rejettent les libéraux, qui sont des apôtres de l'hétérogénéité. D'où l'on en déduit que le libéralisme est une utopie : une doctrine auto-contradictoire qui ne peut avoir aucune transcription concrète dans le monde.
Quand les libéraux disent que le libéralisme n'a jamais été appliqué, ils n'ont pas tort, même s'ils ne comprennent pas pourquoi : le libéralisme est inapplicable. Ça ne plaide pas pour leur doctrine, au contraire, mais ça explique la différence avec le socialisme, qui, lui, a été appliqué, car il est applicable. Il y a eu une collectivisation des moyens de production et de consommation en URSS. Ça a fonctionné (de notre point de vue, cela a été désastreux, mais ça a marché), et c'est pourquoi il est malhonnête de renvoyer dos-à-dos libéralisme et socialisme. L'un est un fantasme de songe-creux, l'autre est une expérience politique passée et future. Future, oui, car si les socialistes ont donné l'impression de perdre du terrain depuis la fin de la Guerre froide, ils ont, en fait, pris leur temps. Le poids de l'État ne cesse de s'accroître, partout en Occident, par le biais de la taxation et des transferts de richesse du privé vers le public qu'implique la création monétaire par les banques centrales. À terme, cela aboutira à une société socialiste, même si ses partisans auront pris le temps de l'imposer. Ils ont de la suite dans les idées.
(Et le fait que des agents privés, comme les banques ou les multinationales, profitent de cette collectivisation, n'invalide pas la thèse de cette dernière.)
Mais revenons au caractère utopique du libéralisme. Qu'en déduit-on ? Qu'il n'est pas en vigueur aujourd'hui (un simple coup d'œil au ratio dépenses publiques/PIB en convainc). Cela ne signifie pas qu'il faille renoncer à la critique du libéralisme. Car c'est de son individualisme radical qu'ont découlé toutes les idéologies, dont le socialisme (qui est plus un rival du libéralisme que son ennemi), qui justifient aujourd'hui notre dépossession collective.
Il faut donc critiquer le libéralisme en raison de ses conséquences actuelles, mais sans croire que nous vivons aujourd'hui dans un monde libéral. Nous vivons en réalité dans un monde post-libéral, où l'atomisation de l'individu opérée à partir du XVIIIe siècle a conduit aux idéologies collectivistes du XXe siècle, dont les versions de gauche sont en train de mettre l'Europe à mort.
L'atomisation des individus a été le plus sûr moyen de les rendre totalement soumis à un État omniprésent. Le lien entre libéralisme est socialisme est là.
Si l'on croit vivre (comme le semble À Moy que Chault) dans une société libérale, on en vient à rejeter des préconisations faites par les libéraux et qui, incidemment, se trouvent être positives pour nous (par exemple, la réduction des dépenses publiques et des impôts). Pire, on en vient à embrasser certaines préconisations de la gauche anti-blanche parce que l'on croit encore que le libéralisme domine aujourd'hui. Il n'est pas rare de lire sur des blogs fafs ou réacs des appels à « défendre notre modèle social » ou « taxer les riches », donnant ainsi davantage de légitimité à un État aux mains de nos ennemis, et dont la nature même veut qu'il le soit, n'en déplaisent à certains fafs qui s'imaginent que l'on peut utiliser le Léviathan à notre profit exclusif.
Continuer à s'opposer au libéralisme en 2013 (je prends un peu d'avance), c'est pire que tirer sur une ambulance, c'est s'acharner sur une pierre tombale.
Écrit par : Criticus | 31/12/2012
Fichtre ! Criticus, que vous est-il arrivé ?
Tout ce que vous dîtes me paraît on ne peut plus correct, surtout :
"Or, dans un monde où des groupes formés autour de la race, la religion, la langue, sont en compétition pour le pouvoir, les ressources et le prestige, l'individualisme qu'implique le libéralisme est tout bonnement suicidaire. Un individu qui l'adopte sera vulnérable face aux groupes qui l'agressent, et, à l'échelle d'une société, un peuple qui nierait sa propre existence signerait tout simplement son arrêt de mort face à ses ennemis, intérieurs et extérieurs."
Écrit par : Calliclès | 31/12/2012
Que m'est-il arrivé ? D'abord, la conscience croissante que mon pari de départ (à savoir que le libéralisme pouvait être un outil pour la sauvegarde de l'Europe) était une chimère : il n'y a pas de libéralisme identitaire possible, puisque le libéralisme nie par principe, en en dépit des faits, toute identité collective.
Mais, étonnamment, le détonateur, ça a été le facteur humain. Comme pour Stag avec le milieu faf, j'ai d'autant plus douté du milieu libertaré-conconservateur qu'il attirait du matériel humain désastreux. Marie-Thérèse Bouchard a publié deux nouvelles qui raillent ce milieu, en se basant exclusivement sur des faits réels. Dans la première, « Benjamin », c'est moi, dans une assoce libérale :
http://marietheresebouchard.blogspot.ca/2011/03/une-petite-association-sans-moyens.html
Écrit par : Criticus | 31/12/2012
Dans la seconde, je suis « Ludovic Grangeon », dans un think-tank libéral :
http://marietheresebouchard.blogspot.ca/2011/12/servir-le-systeme-pour-sen-preserver.html
(le mécène de ce think-tank, Edgar Grave, rappelle bien sûr un personnage réel)
Écrit par : Criticus | 31/12/2012
@ Calliclès : ah mais je me rends compte que vous l'aviez commenté ! Eh bien, pour répondre à votre question d'il y a presque deux ans, oui, c'est du vécu.
Écrit par : Criticus | 31/12/2012
Le "communisme et capitalisme sont les deux faces d'une même pièce" est un peu rapide pour moi. Il y a de la laideur dans notre monde moderne. Y a-t-il eu un monde sans laideur ? À une époque plus Tolkienienne on aurait trouvé laid le Droit de vie ou de mort sur le premier passant sur ton chemin, ou les gosses envoyés à la mort pour toutes les batailles, dans la boue et la pisse, sans parler des viols, des orphelins, du reste. Il faut se méfier de la croyance en un monde non laid, et se demander si la laideur n'est finalement pas plus dans le regard que dans l'objet.
Il y a des mythes dont vous devriez vous méfier, désolé de vous embêter, mais on ne paie pas nos trucs 3 fois plus chers que nos grands-parents, on les paie au contraire 3 fois moins chers. Notre niveau de vie, ou pouvoir d'achat, est infiniment supérieur à ce qu'il était il y a 100 ans. Les écarts ont augmenté, mais le niveau global également. Personne ne crève de faim, presque plus de froid, on hésite juste entre un Ipod ou la sous-marque, entre la pâte à tartiner ou le Nutella, c'est du jamais vu. Je ne dis même pas que ce confort grandissant est un Progrès, je dis qu'il est stupide de le nier.
Malheureusement on en revient au même point : oui, il est possible de ne pas connaître Gangnam style et Lady Gaga, il est possible de s'acheter un deux pièces dans une zone loin des mégalopoles, ce sont même les moins chères, il est possible d'avoir le choix, malgré la masse et son inertie vers la médiocrité. Le problème est bien plus le poids de cette masse que sa nature. Le capitalisme échoue d'avoir réussi : il égalise les hommes, les fait bouffer, les soigne, globalement ça marche.
Et nous voici, en définitive, dégoûté non par la souffrance et la mort, mais par l'homme lui-même, qui se reproduit, qui vit. Le capitalisme a juste prouvé au socialisme la vanité de son "projet" : l'intérêt général le capitalisme ne l'a pas seulement fantasmé il l'a appliqué. Globalement tout le monde survit, mais très peu vivent réellement, et ceux-ci sont écœurés par le spectacle ambiant. Mais enfin, le cynisme ambiant est ce qu'un communisme réussi aurait pu atteindre de mieux. La société de consommation c'est l'Internationale sans le meurtre de masse.
L'argent comme dernière frontière oui. La préservation et le parasite comme modèles ultimes. Les choses rares pour les gens rares, en quoi cela vous dérange ? Nietzsche sur MTV, voilà ce qui serait réellement flippant.
Écrit par : xyr | 03/01/2013
@ Xyr
D'abord une remarque purement sémantique : il n'est pas ici question du capitalisme, mais du libéralisme. Vous pouvez vérifier par un « pomme+F», vous êtes le seul à avoir employé le terme « capitalisme » sur cette page.
Le libéralisme est une doctrine philosophique, qui a des prolongements dans le domaine de l'économie, mais aussi du politique, de la culture, des mœurs...
Le « capitalisme », lui, est le nom que Marx a donné à l'économie de marché.
Il est important de le rappeler. Avant Marx, on utilisait le terme « capitaliste » pour désigner un patron, notamment dans l'industrie, mais le « capitalisme » est une invention de Marx. Ça ne la discrédite pas a priori. L'analyse marxiste, découlant de celle de Hegel (la relation maître-esclave, qui a inspiré Nietzsche aussi, puisqu'on en parle), a donné une compréhension des rapports sociaux dans la société industrielle du XIXe siècle qu'aucun autre n'a approché (et, si j'ai lu les classiques libéraux, je confesse n'avoir lu Marx que commenté par d'autres auteurs, marxistes ou anti-marxistes. De quoi me faire une idée).
Cela étant dit, c'est la volonté de faire de l'économie de marché un système (une infrastructure), garantie par une ou des idéologies (une superstructure), qui me semble erronée. Car le capitalisme s'accommode de toute idéologie.
L'économie de marché est philosophiquement neutre. Au XIXe siècle, il y avait un capitalisme libéral en France et au Royaume-Uni, comme il y a eu à la même époque un capitalisme étatique (Prusse puis Allemagne). Au XXe siècle, malgré le qualificatif « socialiste » exclusif du régime nazi, on peut considérer ce dernier, ainsi que l'Italie fasciste, comme un compromis entre capitalisme et socialisme. C'est ce modèle qui a le plus fait école, de la France de De Gaulle à la Chine de Den Xiao Ping, de la Russie de Poutine à Israël. Les États-Unis, depuis Roosevelt (voire depuis Wilson), sont dans la même configuration.
Seul le communisme est, en théorie, incompatible avec le capitalisme, mais depuis les réformes de Den Xiao Ping cité plus haut, les deux ont largement fusionné en Chine. Il y a un État collectiviste ET la société de consommation.
Par ailleurs, sur la question de l'évolution du niveau de vie (et la question connexe de l'inflation), tout dépend du référentiel de départ. Si la question est de savoir si l'on vivait plus confortablement qu'au XIXe siècle, c'est, en termes purement quantitatifs, certain, mais si l'on compare l'évolution depuis la génération de nos grands-parents, le décalage est criant dans les domaines-clefs que sont la pierre et la terre. Je tiens à la disposition de qui ça intéresse des graphiques qui le démontrent (je ne mets pas les liens ici parce que ça a tendance à passer en spam) : les logements sont de plus en plus petits, de plus en plus chers, de plus en plus excentrés, depuis plusieurs décennies.
Et la question du niveau de vie est également qualitative... même si l'on fait abstraction de l'immigration, la vie d'un banlieusard qui fait des heures de transport pour aller occuper un job fictif puis s'acheter de la malbouffe à déguster devant sa télé dans son studio est absurde, tandis que celle de son arrière-grand-père paysan, pour être infiniment plus dure, avait du sens.
Vous parlez du faible prix des deux-pièces loin des mégalopoles, et vous avez raison de le souligner, mais ces endroits sont dépourvus d'emplois. Si les gens restent dans, ou autour de villes invivables, c'est moins par choix que par nécessité économique. Si ces deux-pièces ne sont pas chers, c'est parce qu'ils ne trouvent pas preneur parce que personne ne peut y habiter tout en travaillant à proximité pour rembourser son crédit. Et encore, je trouve que les Européens ont une résistance admirable pour accepter de faire jusqu'à quatre heures de transport par jour pour avoir leur logement à l'abri des hordes.
Écrit par : Criticus | 04/01/2013
Je parle de capitalisme car les deux sont liés. Je crois qu'il est inutile que l'on parle comme des dictionnaires, on parle bien de mettre fin au libéralisme sur ce fil. Or vous connaissez des gens qui veulent mettre fin au libéralisme sans mettre fin au capitalisme ?
Pour le pouvoir d'achat, je suis désolé mais Stag parle bien d'acheter des babioles plus chères que nos grands-parents, or c'est faux. D'ailleurs c'est paradoxal de déplorer à la fois une consommation trop intense et des produits toujours plus chers.
Oui, on peut aujourd'hui acheter des frigidaires, télés ou voitures pour des prix bien plus bas que jamais. Les produits de première nécessité comme l'eau et la nourriture sont également abordables de façon incomparable par rapport au temps de nos grands-parents.
Je ne défends pas un modèle, j'essaie d'éviter l'idéologie. Quand on attaque quelque chose il faut le considérer globalement, pas seulement ses aspects négatifs.
La terre et la pierre ? Evidemment, c'est mécanique, la population mondiale grandit mais l'espace non. C'est bien la surpopulation le problème. Et donc, comme je le disais, le "succès" du libéralisme, c'est-à-dire la fin des famines, le soin plus ou moins généralisé, le confort.
Personnellement je ne trouve pas qu'il soit courageux d'être antilibéral chez les "réacs", ni rare. Au contraire, ces refrains sont de plus en plus populaires, y compris à droite. A moy que chault hurle ici avec les loups, selon moi. Il suffit d'observer la nouvelle ligne du FN pour comprendre que tout le monde reprend la chanson des méchants marchés. Je ne dis même pas ici que c'est forcément faux, en tout cas c'est ça, maintenant, le discours du "réac moyen".
Écrit par : xyr | 04/01/2013
Ce que je vous explique, c'est que cette terminologie est obsolète depuis au moins la fin de la Guerre froide. L'opposition entre libéralisme et socialisme est de plus en plus dépassée, puisque nous vivons dans une société qui est à la fois libertaire et totalitaire, collectiviste et atomisée.
De même, l'opposition entre capitalisme et socialisme ne rend pas compte de leur fusion au cours des dernières décennies. La toute-puissance conjointe des banques et de l'État ne s'explique pas tant que l'on applique aux phénomènes monétaires et financiers une grille de lecture qui en exclut l'idée.
Je fais de la sémantique parce que c'est nécessaire pour appréhender correctement la réalité. À Moy Que Chault croit, comme une bonne partie des fafs et des réacs, que nous vivons dans une société purement libérale, et ne voit donc pas ses aspects éminemment socialistes. A contrario, les « libéraux-conservateurs » refusent de voir que la société moderne qu'ils honnissent est le fruit de leurs idées.
Il devient de plus en plus nécessaire d'adopter une nouvelle terminologie, car le vocabulaire hérité du XIXe siècle n'est plus pertinent au XXIe.
Écrit par : Criticus | 04/01/2013
Messieurs bien le bonjour,
Je me permets de m'immiscer dans la discute entre XYR et Criticus en saluant la première intervention d'aujourd'hui de ce dernier.
J'ai cependant lu des choses qui m'ont fait lever un sourcil venant du premier cité, notamment :
"Oui, on peut aujourd'hui acheter des frigidaires, télés ou voitures pour des prix bien plus bas que jamais. Les produits de première nécessité comme l'eau et la nourriture sont également abordables de façon incomparable par rapport au temps de nos grands-parents."
S'il est exact que les frigos, télés et voitures sont relativement bon marché il est faux de dire que leur prix est "plus bas que jamais" : une petite automobile coûte de nos jours 10 000 euros alors que la même ne coûtait que 40 000 francs il y a 15 ans, parité de pouvoir d'achat bien considérée cela reste plus cher.
Vous semblez vous arrêter au seul quantitatif, c'est une erreur fatale ; je ne vous ferai pas l'injure de vous rappeler l'obsolescence programmée de tout produit mécanique, électrique ou électronique qui a cours depuis la fin des années 1990.
Oui un frigo moderne coûte moins cher que son équivalent d'il y a 30 ans et il aura toute une série de fonctionnalités supplémentaires (dégivrage automatique et systématique, par exemple), mais il durera 10 ans dans le meilleur des cas alors que dans n'importe quelle brocante vous trouverez un vieux frigo chromé qui pèse un cheval mort mais qui célèbrera ses 50 ans.
Idem concernant les voitures : les brocantes du futur seront passablement vides de nos périodes récentes car nos biens de consommation sont de mauvaise qualité, techniquement et volontairement. Les télés étant des ordinateurs elles subissent à présent la même rapidité de mise au rencard artificielle de ces derniers ; avant sa retraite mon père était dépanneur télé et déjà la fin des années 1980 était dure pour lui à cause de l'électronique qui commençait à envahir l'espace du téléviseur et qui nécessitait un remplacement standard là où l'on pouvait naguère toujours venir à bout d'une panne classique avec un fer à souder.
Le prix à payer de ce confort supplémentaire (et réel) et de cette miniaturisation (un écran plat colossal se soulève autrement plus facilement qu'un CRT de 70 cm) c'est l'aspect "gadget" de tout ce qui nous entoure. Le plastique est omniprésent ; il faut se rappeler qu'avant les années 1960 et l'avènement démocratisé et massifié des techniques du genre bakélite ou formica, les produits courants étaient toujours en métal, bois, verre, cuir donc des matériaux nobles, naturels (ou peu transformés) et durables.
La moindre babiole était autrement plus solide que la merdasse que l'on trouve aujourd'hui et pour un prix totalement différent.
Quant à l'eau et la nourriture, vous avez peut-être oublié les embardées scandaleuses depuis le passage à l'euro (le fameux +40% du prix du paquet de nouilles) ou à cause des crises céréalières et le mètre cube d'eau n'est pas donné (et encore selon région c'est du simple au triple).
Très peu de gens seraient capables de s'abstraire de ce confort car on le considère toujours comme acquis et éternel : mais la réelle facture est à prendre en considération au niveau de notre destin collectif, de notre santé mentale et de la raison même pour une nation ou une ethnie d'exister et de perdurer.
Et face à ce genre d'horizons, la disponibilité en iPod me semble peu pertinente.
Écrit par : GAG | 04/01/2013
A propos de sémantique.
"Or, dans un monde où des groupes formés autour de la race, la religion, la langue, sont en compétition pour le pouvoir, les ressources et le prestige, l'individualisme qu'implique le libéralisme est tout bonnement suicidaire. Un individu qui l'adopte sera vulnérable face aux groupes qui l'agressent, et, à l'échelle d'une société, un peuple qui nierait sa propre existence signerait tout simplement son arrêt de mort face à ses ennemis, intérieurs et extérieurs."
Si nous ne sommes pas des individus mais des êtres collectifs, comment définiriez vous le "nous" auquel nous appartenons ?
Qui est "nous" ?
Écrit par : Jean-Pierre | 13/01/2013
(mon commentaire précédent s'adressait bien entendu à Criticus)
Écrit par : Jean-Pierre | 13/01/2013
@ Jean-Pierre
Excellente question, et beaucoup plus délicate qu'il n'y paraît a première vue.
Ma réponse : Nous sommes des Européens de race blanche et de culture grecque, latine, celtique et germanique (et slave pour une partie du nous).
Ce qui inclut aussi, donc, les Européens d'Amérique du Nord, d'Australie, de Nouvelle-Zélande et d'Afrique du Sud. J'ajouterais ceux du « Sud de l'Amérique du Sud » (Argentine, Chili, Uruguay), qui sont racialement européens, au contraire des autres Latino-Américains qui sont largement amérindiens.
De Gaulle, né en 1890, à une époque où on essayait de faire croire à des Picards et des Champenois que les Allemands leur étaient totalement étrangers (on a vu le glorieux résultat, bravo le nationalisme), « oubliait » l'aspect germanique. Ce serait comme essayer de faire de la tartiflette sans pommes de terre, ou de la choucroute sans choux. Impensable, quoi.
Et il ajoutait le christianisme. Celui-ci est problématique : d'abord, l'Europe existait avant le christianisme, et celui-ci est un apport étranger à l'Europe.
Mais, pendant 1500 ans tout de même, l'Europe et le christianisme se sont confondus, au point que « Chrétienté », « Europe » et « Occident » étaient des synonymes. Mais depuis deux siècles, l'Europe a cessé, pour le meilleur comme pour le pire, de ne se définir que par le christianisme. Et, bien loin de vouloir reconquérir les cœurs, les âmes et les cerveaux des Européens, les églises, protestantes ou catholique, ont choisi le camp de la trahison, en bataillant sans relâche pour faire venir en Europe des Africains, chrétiens ou non, comme l'ont récemment illustré Stag pour le protestantisme et Ivane (« Au milieu des ruines ») pour le catholicisme. Pour un catholique, même tradi, même les musulmans, qui appartiennent à la tradition abrahamique, sont préférables aux « païens », catégorie dans laquelle les cathos rangent tous les Européens qui ne veulent pas s'emmerder avec eux à la messe.
(C'est un « détail » sur lequel ne s'attardent pas les bl(a)ogueurs qui veulent nous faire croire, par exemple, que Benoît XVI est un défenseur de l'Occident.)
Donc le christianisme fait clairement partie de notre identité, mais être chrétien n'est pas du tout une condition sine qua non pour être européen.
Tous les Européens chrétiens, païens et agnostiques sont nos frères. Ce qui ne veut pas dire que 90 % d'entre eux ne nous donnent pas la nausée, hein...
Écrit par : Criticus | 13/01/2013
" Nous sommes des Européens de race blanche et de culture grecque, latine, celtique et germanique (et slave pour une partie du nous).
Ce qui inclut aussi, donc, les Européens d'Amérique du Nord, d'Australie, de Nouvelle-Zélande et d'Afrique du Sud. J'ajouterais ceux du « Sud de l'Amérique du Sud » (Argentine, Chili, Uruguay), qui sont racialement européens, au contraire des autres Latino-Américains qui sont largement amérindiens."
"Tous les Européens chrétiens, païens et agnostiques sont nos frères"
Bref des blancs !
Ce "nous" que vous me décrivez là c'est la race blanche.
C'est tout de même impressionnant à quel point moi même j'ai du mal à m'y faire.
Tout un faisceau de convictions me porte à penser que ce qui importe en ces temps étrange, le noeud du problème c'est ... la race (j'ai moi-même du mal à l'écrire). Mais pourtant non. J'ai tellement été endoctriné à penser que c'est le pire du pire du démoniaque. Que même si tout me porte à le croire, j'ai toujours une incroyable réserve inconsciente au fond de moi.
C'est extrêmement difficile de l'accepter tellement l'endoctrinement a été puissant. Mais il me semble bien que ce "nous" qu'il faut défendre eh bien (il faudra bien l'accepter un jour) c'est la race blanche.
J'ai du mal à le dire, à l'écrire, à l'accepter mais c'est pourtant bien ce qui me semble être la vérité.
(Vous ne dormez pas à cette heure-ci ?^^ )
Écrit par : Jean-Pierre | 13/01/2013
@ Jean-Pierre
J'ai moi-même eu du mal à m'y faire... je ne vais pas vous infliger les archives de mon blog (sur lequel je vais revenir prochainement), mais si vous copiez le lien de mon blog, allez sur la fonction « recherche avancée » de Google, collez le lien dans « site ou domaine » et tapez « métissage » dans « tous les mots suivants », vous risquez de trouver des articles que je n'écrirais pas aujourd'hui.
Pour être clair, j'ai même « goûté » à la diversité. Mais avec le temps, la réalité s'est imposée à moi : je suis un Blanc, et j'aime être avec des Blancs, même si :
1) L'écrasante majorité des Blancs me fout la gerbe, et je reste ici courtois
2) Ça ne me dérangerait pas que dans une société blanche, il y ait QUELQUES spécimens « colorés ». La regrettée Elizabeth Wright (afro-américaine), dont Stag a déjà posté des extraits, m'aurait été, si elle n'était pas morte, une bien plus agréable compagnie que Noël Mamère. Thomas Sowell, ou Malika Sorel, idem. Mais ces individus sont des exceptions, et en plus, ils le savent bien.
PS : je ne dors pas à cette heure-ci car je vis au Québec, bien qu'étant citoyen français, avec les papiers et tout. J'ai donc six heures de décalage avec vous.
Écrit par : Criticus | 13/01/2013
"l'Europe existait avant le christianisme"
Bon on ne va pas refaire l'histoire ici (dit-il avant de le faire), mais :
1) L'Europe n'a jamais vraiment existé ; en fait ça dépend de quoi on parle. En tant qu'unité de civilisation oui, mais alors ça raccordera à mon point n°2. Sinon ben l'histoire de l'Europe c'est un bain de sang constant entre voisins ; c'est une considération globale très récente. Ce sont les Romains qui y créent pour la première fois dans l'histoire une entité certes hétérogène mais politiquement unie, et il s'agit moins de l'Europe que du bassin méditerranéen ;
2) L'Europe existe culturellement pas forcément à partir de sa christianisation (qui de toute façon prend des siècles selon région) mais à partir du moment où un adversaire casse le bassin méditerranéen dont je parlais précédemment : l'Empire arabe, qui est une nouvelle force et politique et religieuse. Il a fallu un ennemi pour que l'Europe se définisse plus ou moins ; d'ailleurs je suis toujours un peu irrité de lire certaines descriptions réductrices de notre continent, car durant très longtemps il n'y a pas deux mais trois foyers de civilisation autour de la Méditerranée, avec la partie européenne clairement divisée en deux : ce qu'on appelle aujourd'hui "l'est" est originellement le monde byzantin (étendu), en gros les Grecs et les Slaves orthodoxes. Nos histoires sont bien différentes, pour certains aspects nous sommes aussi éloignés d'eux que des musulmans.
Voilà, juste pour dire que blanc n'est pas égal à Européen qui n'est pas égal à occidental. C'est compliqué ; cela dit en 2013 on a le droit de se foutre de tout ça étant donné nos situations respectives d'envahis et la starbuckisation généralisée.
Écrit par : GAG | 13/01/2013
"L'Europe n'a jamais vraiment existé"
Oui donc l'Europe n'est pas le plus important.
"L'Europe existe culturellement pas forcément à partir de sa christianisation (...) mais à partir du moment où un adversaire casse le bassin méditerranéen dont je parlais précédemment : l'Empire arabe,"
Idem.
"Voilà, juste pour dire que blanc n'est pas égal à Européen qui n'est pas égal à occidental. C'est compliqué "
On est encore une fois parfaitement d'accord.
Et vous GAG si vous deviez définir un "nous" auquel vous appartiendriez quel serait-il ?
Écrit par : Jean-Pierre | 13/01/2013
Je parle d'Europe rétrospectivement. Le fait de s'appuyer sur la race pour la définir permet de le faire. En effet, s'il n'y avait pas une conscience d'être européen (qui vient effectivement au Moyen-Âge avec la lutte contre l'Islam), s'il y avait encore moins une officialisation de cette existence (seul l'éphémère et superficiel Empire carolingien l'a fait), il y avait une réalité génétique objective.
Pour prendre l'exemple français, si l'existence de la France n'est officialisée qu'en 842 par les Serments de Strasbourg (premiers textes en langues romane et germanique) et en 843 par le Traité de Verdun (apparition de la Francie occidentale, qui deviendra la France, et de la Francie orientale, l'ancêtre de l'Allemagne), il y avait une réalité depuis la conquête franque de la Gaule romaine (les trois éléments celtique, latin et germanique) qui a mis plusieurs siècles à être officialisée. Au passage, l'officialisation de l'existence de la France a bien eu lieu en 842-843 et non en 496 au baptême de Clovis, que certains comme Zemmour prennent comme point de référence pour pouvoir rétrospectivement devenir français par la grâce du souverain. En effet, si Clovis était roi des Francs, il n'est pas plus le prédécesseur du roi de France que de l'empereur. Il faut absolument clarifier cette erreur courante, parce qu'elle conduit à réduire l'identité nationale à la simple appartenance à un État. Ce qui est politiquement très commode à l'époque des « Français » de papier.
Écrit par : Criticus | 13/01/2013
Bon nous nous aventurons là dans des développements historiques pratiqués par des amateurs (moi dedans bien sûr, et c'est "amateur" au sens noble) mais il est très prématuré de parler de "France" avant disons le XIIe siècle...
Entre Clovis et le milieu de l'époque des croisades en gros on parle vraiment de royaume(s) des Francs et de Francie, y compris avec les premiers capétiens.
Quant à la Francie orientale / Germanie, c'est autrement plus compliqué puisque cette partie d'Europe ne sera unie à nouveau que 850 ans plus tard.
Et sinon concernant le premier texte en langue germanique il me semble qu'il s'agit de la Bible d'Ulfila à destination des Goths du Danube au IVe siècle : encore une fois l'Europe orientale a été en avance longtemps avant que les Occidentaux entrent en scène :)
"Et vous GAG si vous deviez définir un "nous" auquel vous appartiendriez quel serait-il ?"
Réponse difficile finalement ; j'aurais moins de mal à m'identifier à un groupe ethno-national s'il était homogène et s'il ressemblait à ce que ses membres ont fait de mieux au cours des mille dernières années. Parce que c'est bien beau l'angle racial (fondamental autant qu'incomplet) mais depuis la fin de la guerre nous semblons vivre une sorte de nadir concernant ce point.
Écrit par : GAG | 14/01/2013
Oh, il n'y a aucun mal à être un amateur, en la matière. Quand j'étais simple étudiant en licence d'histoire, j'avais lu le fameux « L'Identité de la France » de Fernand Braudel. 1200 pages, oui, 1200 pages, pour ne rien apprendre...
En changeant d'échelle et en passant de la nation à la civilisation, on en apprend à peine plus en lisant « Qu'est-ce que l'Occident ? » de Philippe Nemo. Il exclut arbitrairement les Celtes et les Germains de l'Occident, par contre il y inclut les Juifs, christianisme oblige. Sous-entendu : les hommes ne comptent pas, seules comptent les idées. Après les Français de papier, les Occidentaux de papier.
Concernant l'Allemagne, j'espère que vous ne considérez pas qu'elle commence en 1871 (ou que l'Italie commence en 1861). La nation n'est pas l'État, et celui-ci ne fait qu'officialiser et consolider son existence préalable.
Mais laissons donc la parole à Dominique Venner, historien professionnel :
« Un vent de panique souffle dans nos ultimes chaumières. La France survivra-t-elle à l’Euro, au traité d’Amsterdam, à la conjuration des eurocrates, à l’an 2000 ? Les abandons de souveraineté sont-ils des abandons d’identité ? Sur ces vraies questions, sur le défi de la construction européenne, les historiens sont restés étrangement silencieux. Pourtant, s’il est un domaine où l’histoire peut éclairer l’avenir, c’est bien celui de l’identité française au sein de l’Europe.
Contrairement à la nation allemande qui a vécu sans Etat unitaire pendant six siècles, de 1250 à 1871, la France n’a pas l’expérience d’une telle interruption. L’Etat unitaire s’y est maintenu sans discontinuer dans la même période. De là une relation causale inscrite dans nos esprits entre souveraineté et identité. C’est même devenu une sorte de dogme, entretenu par l’enseignement jacobin de l’histoire, que la nation française serait une création de l’Etat et que, privée de ce dernier, elle serait en péril de mort et de dissolution.
Si cela était, une telle nation ne vaudrait pas cher. Mais c’est faux. Certes, personne ne contestera que l’Etat, royal ou républicain, a édifié le cadre politique et administratif de la nation. En revanche, il n’est pour rien dans la formation de sa substance. Il n’est pas le créateur du peuple français ni la source de son identité. Et cela, l’histoire le démontre. Mais cette vérité est si contraire à nos idées reçues, qu’il faut quelques développements.
Reportons-nous aux origines, au Serment de Strasbourg, publiquement prêté en février 842 par Charles le Chauve et Louis le Germanique, petits-fils de Charlemagne. Le texte faisant foi fut rédigé en roman (français ancien) et en tudesque. Il s’agit du plus ancien document connu attestant une séparation linguistique entre barons francs germanophones et francophones issus de la même souche. Le Serment de Strasbourg est en quelque sorte l’acte de naissance officiel des Français et des Allemands avant la France et l’Allemagne. En ce IXe siècle, sans qu’il n’y eut jamais d’Etat national, deux peuples et deux cultures différentes sont déjà attestés par l’émergence mystérieuse de deux langues distinctes.
Avançons dans le temps. Dès les XIe et XIIe siècle, les preuves abondent d’une spécificité française rayonnante. A l’époque, l’Etat centralisé est encore inexistant, la petite cour des petits rois de ce temps n’est pour rien dans la Chanson de Roland, ni dans Tristan et Iseult, ni dans le Lancelot de Chrestien de Troyes, monuments primordiaux d’une francité bien enracinée dans le socle européen. Le rôle de l’Etat est tout aussi absent dans l’affirmation du style roman et dans le foisonnement, aux siècles suivants, de l’admirable architecture profane des châteaux, des villes et des maisons rurales, négligée par l’historiographie savante jusqu’à André Chastel.
Qu’est-ce qu’un peuple, qu’est-ce qu’une idendité? Au XIIe siècle, l’illustre Suger, abbé de Saint-Denis et conseiller de Louis VII, répond à sa façon : “Nous sommes Français de France, nés d’un même ventre.” Cinq siècles plus tard, le grammairien Vaugelas, chargé en 1639 de diriger la rédaction du Grand dictionnaire de l’Académie propose cette définition : “Peuple ne signifie pas plèbe, mais communauté représentée fidèlement par sa noblesse.”
Moins que l’Etat, le facteur déterminant de la naissance d’une nation, est l’existence d’un “peuple-noyau”, homogène, nombreux, actif, “représenté par sa noblesse”, à partir duquel se déploient une langue et un style qui, de proche en proche s’étendent aux peuples voisins et apparentés. Tel fut le destin historique du “peuple-noyau” d’île de France, Picardie et Neustrie, à forte composition franque. Les rois capétiens en firent le socle de leurs ambitions. Qu’est devenu, sous la sèche férule de l’Etat, ce “peuple-noyau”, peuple de Bouvines et de tant d’autres exploits, jadis si vigoureux ?
C’est à lui que nous devons notre langue et sa force intérieure longtemps inentamée. Emile Littré l’a souligné dans son Histoire de la langue française. Il y montrait quelle vitalité puissante et proprement originelle a permis le passage d’un bas-latin celtisé et germanisé au roman puis au français.
Avant que d’être ennoblie par la littérature, la langue a surgi du peuple. Montaigne le savait bien qui écrivait : “J’aimerais mieux que mon fils apprît aux tavernes à parler qu’aux écoles d’éloquence… Puissé-je ne me servir que des mots qui servent aux Halles de Paris!” Ronsard ne disait pas autre chose en assignant cette condition à l’adoption de mots nouveaux : “qu’ils soient moulés et façonnés sur un patron déjà reçu du peuple“. Un patron qu’Etiemble, au XXe siècle, appellera joliment le “gosier populaire“. Encore faut-il naturellement qu’il y ait un peuple, c’est à dire des communautés vivantes et enracinées, tout ce que l’Etat centraliste n’aime pas et a toujours combattu.
L’Etat a sa logique qui n’est pas celle de la nation vivante. Celle-ci n’a rien à craindre des abandons de souveraineté, pour cette bonne raison que la souveraineté ne se confond pas avec l’identité. S’il en fallait encore une preuve, l’histoire du Québec nous l’apporterait éloquemment. Depuis le traité de Paris en 1763, les Français du Canada ont été totalement abandonnés par l’Etat royal. Isolés dans un univers hostile et sous une souveraineté étrangère, non seulement ils n’ont pas disparu, mais ils se sont multipliés, conservant leur langue ancestrale et leurs usages, luttant victorieusement contre l’hégémonie linguistique anglo-saxonne. Là est l’identité, dans la fidélité à soi-même et nulle part ailleurs.
Dominique Venner
Le Figaro, 1er février 1999. »
Écrit par : Criticus | 14/01/2013
"Concernant l'Allemagne, j'espère que vous ne considérez pas qu'elle commence en 1871 (ou que l'Italie commence en 1861). La nation n'est pas l'État, et celui-ci ne fait qu'officialiser et consolider son existence préalable"
Oui bien évidemment que l'Allemagne et l'Italie sont nées au XIXe siècle.
Quant à la séparation état/nation c'est une question plus complexe qu'il n'y paraît : sans représentation à quelque niveau que ce soit (État, fédération, état -acception américaine-, province, canton, région, etc), une nation n'est pas grand-chose. Déjà que nous ne sommes pas grand-chose avec, alors...
Je dirais même que vos deux exemples sont mal choisis étant donné l'invraisemblable diversité ethno-linguistique qui régnait dans les actuelles Allemagne et Italie pendant un bon millénaire.
En fait je pense que vous confondez les notions ; si vous voulez parler d'ethnie, de langue, oui évidemment la "germanité" existe depuis belle lurette, mais encore une fois de quoi parle-t-on ?
L'unité n'implique pas l'uniformité ; il y a encore vingt ans dans ces deux pays, précisément, presque la moitié de la population pratiquait encore un dialecte à la maison en plus de la langue officielle... aujourd'hui évidemment ce pourcentage a bien baissé.
La nation sans état, vous dites ? Le Kurdistan est une réalité géographique, linguistique, culturelle, historique, ethnique : mais aucune représentation, donc aucune existence réelle.
De toute façon ces questions sont obsolètes désormais dans la mesure où absolument aucune langue nationale ne fait le poids devant le globish et où les modes de vie sont standardisés.
Écrit par : GAG | 15/01/2013
Non, l'Allemagne n'est pas née en 1871, ni l'Italie en 1861. Quand, en 1807, Fichte adresse son discours à la nation allemande et que celui-ci résonne dans les consciences des Allemands et les mobilise à repousser l'envahisseur napoléonien, ça ne surgit pas de nulle part. Idem pour les mouvements patriotiques italiens à partir de la fin du XVIIIe siècle. Si le mot « Italie » n'avait rien signifié pour eux, ils n'auraient évidemment pas pris les armes pour lui.
Et la diversité ethno-linguistique n'empêche pas une nation d'exister ! La France est davantage diverse (je parle bien sûr d'avant l'africanisation) que l'Allemagne et l'Italie. Même en laissant de côté le cas des régions périphériques (Flandre française, Alsace, Nice, Pays basque, Catalogne française, Bretagne), la France « de l'intérieur », comme disent les Alsaciens, est très diverse, et elle l'a été jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Dans la famille de ma grand-mère, née en 1925, on parlait le patois à la maison. Ces gens étaient français, et se considéraient comme tels (d'ailleurs, comme toutes les familles françaises, la guerre de 14-18 fut là pour bien le leur rappeler).
Il faut vraiment sortir du jacobinisme, c'est urgent. Ce blog me paraît assez approprié pour le faire, puisque, comme vous le savez, il n'est pas hexagonal.
Si une louche de Venner ne vous a pas rassasié, quid d'une deuxième :
« Non, la souveraineté de l’État ne se confond pas avec l’identité nationale. En France, de par sa tradition universaliste et centraliste, l’Etat fut depuis plusieurs siècles l’ennemi de la nation charnelle et de ses communautés constitutives. L’État a toujours été l’acteur acharné du déracinement des Français et de leur transformation en Hexagonaux interchangeables. Il a toujours été l’acteur des ruptures dans la tradition nationale. Voyez la fête du 14 juillet : elle célèbre une répugnante émeute et non un souvenir grandiose d’unité. Voyez le ridicule emblème de la République française : une Marianne de plâtre coiffée d’un bonnet révolutionnaire. Voyez les affreux logos qui ont été imposés pour remplacer les armoiries des régions traditionnelles. Souvenez-vous qu’en 1962, l’État a utilisé toute sa force contre les Français d’Algérie abandonnés à leur malheur. De même, aujourd’hui, il n’est pas difficile de voir que l’État pratique la préférence immigrée (constructions de mosquées, légalisation de la viande hallal) au détriment des indigènes.
Il n’y a rien de nouveau dans cette hargne de l’État contre la nation vivante. La République jacobine n’a fait que suivre l’exemple des Bourbons, ce que Tocqueville a bien montré dans L’Ancien Régime et la Révolution avant Taine et d’autres historiens. Nos manuels scolaires nous ont inculqué une admiration béate pour la façon dont les Bourbons ont écrasé la « féodalité », c’est-à-dire la noblesse et les communautés qu’elle représentait. Politique vraiment géniale ! En étranglant la noblesse et les communautés enracinées, cette dynastie détruisait le fondement de l’ancienne monarchie. Ainsi, à la fin du XVIIIe siècle, la Révolution individualiste (droits de l’homme) triomphait en France alors qu’elle échouait partout ailleurs en Europe grâce à une féodalité et à des communautés restées vigoureuses. Relisez ce qu’en dit Renan dans sa Réforme intellectuelle et morale de la France (disponible en poche et sur Kindle). La réalité, c’est qu’en France l’État n’est pas le défenseur de la nation. C’est une machine de pouvoir qui a sa logique propre, passant volontiers au service des ennemis de la nation et devenant l’un des principaux agents de déconstruction identitaire. »
Écrit par : Criticus | 15/01/2013
L'identité n'est pas un formulaire à remplir, il ne suffit pas de cocher des cases pour savoir si l'on est français ou pas. (Français ou n'importe quoi d'autre d'ailleurs.)
L'identité ne se définit pas. C'est un leurre que de répondre à quelqu'un qui demande ce qu'est un français. On ne peut que répondre dans le vague et de toutes manières il existera toujours une infinités d'exceptions.
Demander une définition de l'identité française conduit inévitablement à la fin à noyer le poisson et à conclure qu'il n'existe que des français de papiers.
C'est comme qui est Juif ? Si l'on se pose profondément la question on en finit par conclure qu'ils n'existent pas. Or c'est faux et c'est exactement le même genre de question.
Écrit par : Jean-Pierre | 16/01/2013
J'avais prévenu que c'était une question délicate ! ;-)
En principe, on ne devrait pas avoir à réfléchir à son identité. Cela devrait aller de soi que l'on est de sa famille, de son village ou de sa ville, de sa région, de sa nation, de sa civilisation, de sa race.
Mais là, on parle d'une société normale. Dans notre Post-Occident finissant, il est essentiel de réfléchir à ces questions.
Y réfléchir ne veut pas dire couper les cheveux en quatre. Bien sûr que l'identité est toujours relative. Par exemple, si les Alsaciens sont français, ce sont aussi des Germains.
Ce n'est pas diminuer l'identité française que de considérer qu'il y a un cœur et une périphérie, et que l'on est davantage français à Paris (enfin, dans les quartiers blancs) qu'à Strasbourg (même remarque). Il y a un continuum entre le bleu et le vert, avec au milieu le turquoise, mais on peut néanmoins parler de bleu et de vert comme deux couleurs clairement reconnaissables. Idem pour le continuum entre le cœur de la France, l'Est de la France, l'Ouest de l'Allemagne et l'Est de l'Allemagne.
Dire cela ne conduit pas à réduire l'identité française à des papiers. Au contraire, cela lui donne sa mesure et donc son sens.
Écrit par : Criticus | 16/01/2013
Hm Criticus vous mettez la main voire le bras dans une sacrée boîte de Pandore, là, avec votre exemple alsacien.
Si certains "hexagonaux" (le terme est pratique car géographique) sont "moins" français que d'autres... alors qu'est-ce qu'être français ? Et, comme vous, je parle des natifs ça va sans dire, des nationaux pré-invasion.
Du coup la francité serait ethno-linguistique : or celle-ci s'est construite à partir d'un noyau dont l'histoire est liée à la formation du domaine royal français, on en revient donc à l'importance capitale de l'état (quelle qu'en soit la forme : la Horde d'Or était un état).
En mentionnant les Alsaciens je dirais même que vous tendez la verge pour vous faire battre, car soit on les considère d'un œil national et il n'y a alors aucune ambiguïté, soit on les considère d'un œil ethno-linguistique et là on refait 1871 et 1940...
Du coup un Catalan est moins espagnol qu'un Castillan, un Frison moins néerlandais qu'un Hollandais, etc.
D'un certain point de vue c'est exact, mais en ce cas on refait les cartes, dans ce genre-là : http://a404.idata.over-blog.com/0/11/19/18/2007/efa.jpg
Écrit par : GAG | 16/01/2013
Sur la carte que vous mettez en lien, l'Alsace n'est ni française ni allemande. Cela dit, étant située au sud de la rive gauche du Rhin, il était logique qu'elle passe dans l'orbite de la France, contrairement au nord de la rive gauche du Rhin (Rhénanie), davantage éloigné de Paris. Cela reste partiel, d'ailleurs : nombre de Haut-Rhinois travaillent en Suisse (à Bâle, notamment), et de Bas-Rhinois en Allemagne. Le quotidien des Alsaciens reflète leur germanité.
Pour revenir à la question de l'État et de la Nation, le cas de l'Alsace, partiellement intégrée au corps national, montre que l'État ne peut pas créer une nation, qu'il ne peut faire passer dans son giron que des peuples compatibles. Dans la biographie de Napoléon de Jean Tulard, ce dernier rapporte des lettres de préfets dans les départements français en Flandre, en Rhénanie, en Italie, en Hollande... ceux-ci disent à l'Empereur (qui n'en tiendra pas grand' compte), et alors que l'Empire est à son apogée, que ces départements risquent fort de ne pas rester français, étant donnée la trop grande différence linguistique (et ethnique) entre la population et son administration. Ces départements ne tenaient que par la baïonnette. À terme, il était inévitable que la France perde ses contrées. L'Alsace, dont la préférence française est largement due à la volonté populaire d'exproprier les seigneurs prussiens, est sans doute le maximum de ce que la France pouvait intégrer.
Vous parlez de la Catalogne : excellent exemple. Linguistiquement, les Catalans sont plus proches des Français du Sud que des Castillans, puisque le catalan est une langue d'oc, apparentée donc à l'occitan. D'ailleurs, un Français de passage en Catalogne pourra facilement lire les affichages publics. Exemple : « sortie » se dit « sortida » en catalan et « salida » en castillan.
Cela veut-il dire que la France, l'Allemagne, l'Espagne n'existent pas ? Non, ça signifie que l'identité des nations européennes n'est pas monolithique, qu'on ne passe pas directement de l'une à l'autre en traversant une frontière d'État.
Je reprends mon exemple du vert et du bleu, et de toutes leurs teintes intermédiaires. Ces teintes intermédiaires n'empêchent pas de distinguer au premier coup d'œil le vert du bleu. La nuance n'empêche pas la distinction.
Écrit par : Criticus | 16/01/2013
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