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08/06/2013

L'OFFICIALISATION DE LA TARLOUZERIE VUE DE SUISSE, ET AUTRES CONSIDERATIONS INDISPENSABLES

Un correspondant me demande ce que la presse et le public de Chuiche a bien pu dire et penser de l'officialisation de l'enculade en ex-France. Je sais que cette question vous ronge depuis longtemps, alors voilà:

J'ai retiré l'impression que la presse romande a observé la chose avec le calme et la discipline d'un bon larbin - obéissant mais sans exubérance. La chose est faite, on en cause parce que ne pas en causer serait inimaginable, et en bien parce qu'en dire du mal est considéré comme suicidaire. Il serait tentant d'y voir une forme de lassitude face au tsunamerde qui nous submerge, mais c'est surtout de la zombitude, quand bien même il se trouverait des journaleux pour triquer sincèrement face à l'événement. Ce qui nous tient misérablement lieu de presse conservatrice - en Suisse-Allemande - s'est peut-être fendue de commentaires annexes sarcastiques, mais guère plus.

La plèbe ? Je ne saurais vous dire avec certitude. Les gauchistes de mon entourage ont acueilli la nouvelle avec décontraction : après tout, l'Espagne avait déjà franchi le pas, c'est dans l'ordre des choses, pas de quoi en faire un Epoisses, c'est quoi ton problème, etc. Mais prenons l'exemple de Madame et sa Mère, plutôt Correctes d'ordinaire: la chose les a sinon franchement révulsées, du moins agacées.

Cela n'engage bien sûr que moi, mais j'aurais tendance à croire que cette énième humiliation s'inscrit, dans l'oeil du Chuiche moyen, dans le cadre de son appréciation de l'ex-France en général : un nouvel exemple de Grand N'importe Quoi hexagonal, une mesure dont le battage médiatique s'explique par la platitude de l'actu et la nécessité de camoufler le désastre politico-économique général dans lequel patauge le pays.

Moi-même, gros nazi comme vous le savez, je peine à voir dans la chose un pas décisif dans notre dégringolade collective.

Tout cela est, somme toute, d'un colossal banal, dans l'ordre des choses qui dans leur ensemble vont de travers. J'attends et espère bien pire, bien plus grotesque: un Président se croyant obligé de tomber le pantalon pour révéler son string rose fluo durant les cérémonies officielles du Jour de la Mémoire des Déportés Juifs Homosexuels, par exemple. La common decency a été si finement broyée que la caricature n'est qu'à peine outrancière, étrangement probable. La légalisation de la polygamie et de la zoophilie ? Elles se fera sans ramadam excessif. Les réacs qui croient encore secouer les consciences engourdies avec ces épouvantails sont des chasseurs d'orage armés de pébroques en papier mâché. Ensemble, tout devient possible, et les abominations qui auraient fait crever de honte et de dégoût mon grand-père mobilisent à peine l'attention de Monsieur Moyen.

Nous en parlions pas plus tard qu'hier soir avec ma frangine, intéressant specimen de carriériste athlétique ne désirant pas d'enfants et rompue à toutes les courbettes progressistes: elle-même se rend parfaitement compte de la surinformation ambiante, et de ses effets. Le cul de Nabila, le suicide de Venner, l'homoenculade républicaine, le printemps bougnoule, la météo crado, le réchauffement climatique, l'huile de palme, Secret Story, Ochouitze, Fast and Furious 34, tout cela se mélange en un abject smoothie mental que chacun avale en se croyant pas dupe, complètement étourdi, étranglé par les exigences d'un patron psychotique, le rythme inhumain d'une famille semi-composée, les courses alimentaires, les salamaleks familiaux, les addictions plus ou moins sales, et un tranquille désespoir que cette accumulation permet de camoufler en petite fatigue passagère...

Bref : aucune importance, parce que plus rien n'en a, ne peut en avoir. En auraient des choses auxquelles nous aurions le temps, les moyens et la rage de réagir.
Quelques centaines de milliers de cathos ont pour une fois senti l'impact du glaviot expédié au fond de leur gorge par l'Hyperclasse et ont singé les gauchistes dans leurs moeurs manifestantes, se faisant baptiser à la matraque et au lacrymo. Je ne chie pas sur leur courage et leur détermination, mais je me demande où sont les milliers d'activistes de l'OAS, de Breiviks, d'Unabombers, de McVeigh qui, depuis 20 ans déjà au moins, auraient dû surgir et massacrer à l'aveugle face à tant de haine et de volonté délibérée de salissure et d'extermination.

"Que l'on touche à la liberté, Et Paris se met en colère" - ah ouais ? LOL. Notre capacité à nous foutre en colère a été ECRABOUILLEE, point. Nous sommes les Elois de la Machine à Remonter le Temps, et en Suisse comme en France nous contemplons le spectacle dantesque de notre propre abbatage industriel, avec une sourde angoisse, vaselinée par les antidépresseurs, les dopants, le porno et le crédit-conso, la bave aux lèvres et les yeux vitreux.

Dans ce magma général, le coup de feu de Venner a résonné comme le bruit d'une porte blindée qui claque au loin dans un asile de fou à échelle planétaire: une partie des pensionnaires l'a entendu de leur cellule, sans trop savoir de quoi il retournait, et sans que ça les retienne trop longtemps de recommencer à compter leurs orteils.

Commentaires

c'est malheureux à dire, mais il ne reste rien de son suicide qui n'aura servi à rien. Même le lieu n'est plus symbolique pour personne ou presque.

Écrit par : Paul-Emic | 08/06/2013

@ Paul-Emic

Son suicide ne s'adressait pas aux masses (idem pour sa revue et ses livres, d'ailleurs), mais aux conscients. De ce point de vue, je pense qu'il aura été utile.

Même si je pense qu'il aurait pu être encore plus utile en continuant son œuvre.

Écrit par : Criticus | 08/06/2013

je n'ai pas une analyse fondamentalement différente de la votre, je pense aussi qu'il avait largement de quoi s'occuper ici .

Écrit par : Paul-Emic | 09/06/2013

Excellent, mais un putain d'excellent texte.

Écrit par : A.g. | 10/06/2013

J'ai particulièrement apprécié le terme de "smoothie mental" qui illustre bien ce que nous aspirons quotidiennement, à travers la paille médiatique, en priant pour que le gros grumeau qui arrive ne soit pas encore un cafard tombé dans le mixer.

Écrit par : Cretinus Alpestris | 13/06/2013

Les commentaires sont fermés.