Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

16/02/2014

CE PETIT MATIN QUI NE VIENT PAS

Insomnia2.png

Quel jeune faf fiévreux, rigolard et touché par la grâce de Sainte Colère n'a-t-il pas appris par coeur ces lignes délicieusement mythos ?

Après le Grand Soir, il y aura le Petit Matin. Et nous qui ne sommes ni bourgeois, ni conservateurs, ni réactionnaires, ni démocrates-chrétiens ou maçons et qui sommes capables, nous aussi, de manier les mitraillettes et qui commençons à les manier, nous nous intéressons à ce Petit Matin.

Sauf que ledit Grand Soir n'a pas exactement pris les formes auxquelles on pouvait s'attendre. Tous les révolutionnaires ont été vaincus par le Marché, mis en quarantaine perpétuelle ou réduits en un esclavage plus ou moins volontaire et décontracté.

Ne demeure de l'Eglise Rouge que son catéchisme culturel, qui s'est imposé aux masses d'Occident comme leur nouvelle culture générale. Il y a encore une petite génération, il fallait être bolcho pour trouver de l'inspiration dans le parcours d'un Mandela, pour ne prendre qu'un seul exemple. Bien avant la grand-messe morne et maladroite qui a suivi son décès, il était déjà devenu une figure révérée par toutes les tendances politiques présentables. Ce processus de normalisation était déjà bien entamé lorsque le délirant M. Clegg chantait asimbonanga, hymne négromane que ma génération a subi avec enthousiasme.

Tout le folklore communiste a été institutionnalisé. Intégré dans la machine capitaliste sans la faire ralentir. Un peu comme s'il y avait un département "sabotage" dans chaque usine, avec une petite statue de Ned Ludd bien en évidence sur le guichet.

Le magasin reste ouvert pendant les travaux du Grand Soir. Importante remise pour tout client qui se pointe avec une étoile rouge à la boutonnière. La chute du mur de Berlin, ce n'est pas le triomphe unilatéral de l'Ouest libéral et de sa seule logique. C'est la rupture d'un hymen, la consommation d'un mariage inattendu, la communion entre deux forces qu'on croyait antagonistes et qui ont fusionné pour exterminer la civilisation.

"Et nous qui ne sommes ni bourgeois ni conservateurs....", nous veillons dans cette nuit interminable, les yeux pourris d'épuisement, avec nos pétoires d'occase qui prennent la rouille et la poussière, en attendant un Petit Matin qui décidément ne vient pas, dans un Désert des Tartares à l'échelle continentale.

Est-ce à ce scénario ridicule que pensait Drieu ? Moyen.

Et Si le soleil ne revenait pas ? Pas parce que la Terre aurait cessé de tourner, mais parce qu'un smog gerbatoire en bloquait à jamais les rayons ? Une nuit perpétuelle en plein jour, indifférente au cycle des saisons.

Passant, va dire à Sparte que nous sommes morts de tristesse, usés avant l'âge et sans gloire, pour absolument que dalle.

Contre un mur, on peut toujours se battre, même à coups de tête: à défaut d'espoir d'y ouvrir une brèche, on se console avec la satisfaction d'avoir tout donné dans un ultime geste de haine pure. Quand on se bat contre le brouillard, on est surtout un couillon qui s'agite dans le vide, et la plus sincère des colères se résume à un spectacle un peu embarrassant.

Commentaires

La chute du mur de Berlin :

Écrit par : Emellina | 17/02/2014

La chute du mur de Berlin :

Écrit par : Emellina | 17/02/2014

"Passant, va dire à Sparte que nous sommes morts de tristesse, usés avant l'âge et sans gloire, pour absolument que dalle... quelle plume, mais quelle plume bordel! :-)

Écrit par : Capo Lasagno | 17/02/2014

Nuit et brouillard, en somme. Vous avez fait exprès, avouez.

Écrit par : Agg | 17/02/2014

très beau texte.

Écrit par : Ségolène Ruycel | 23/02/2014

Les commentaires sont fermés.