01/10/2014
AU ROYAUME DE GODWIN, TOUT LE MONDE EST AVEUGLE
Monsieur Adorno, vous êtes servi. De rien, c'est la maison qui offre. Et si vous voulez bien nous faire l'honneur de nous cracher à la gueule en plus, c'est tournée de pipes gratuites pour tout le putain de shtetl.
La Loi de Godwin n'est pas un épiphénomène limité au vouaibe; elle est révélatrice de la centralité de l'Eau Low Cost dans la vie politique, sociale et culturelle de tout l'Occident. Ce n'est même pas un à-côté gênant qu'on aborde avec prudence entre initiés, c'est l'éléphant dans le corridor, un truc énorme qui "va de soi" au point qu'en parler en tant que phénomène paraît indécent, met mal à l'aise l'interlocuteur, parce que chacun se sent plus ou moins concerné.
Seule chose réellement comparable: le porno. Il est à la fois omniprésent, teintant tout ce qui n'a en principe rien à voir avec lui, ayant créé une esthétique qui fait référence jusque dans les produits musicaux qu'on destine aux gosses, mais il est très difficile d'en parler, parce qu'y réfléchir paraît hypocrite, et insister sur ses effets pervers fait passer non seulement pour un coincé, mais pour un hypocrite : tu quoque mon cochon, on le sait bien, donc ta gueule. Face à l'obscénité ochoutzarde, ça devient tu quoque mon nazi.
Tous les chemins mènent à Hitler. Tous les actes individuels ou collectifs, artistiques, politiques, sociaux, peuvent (doivent!) à un moment donné se référer à lui pour trouver leur propre justification.
Ce qui est censé favoriser la "cohésion sociale" est intrinsèquement bon parce qu'Hitler a divisé la société allemande entre Juifs et non-Juifs, les seconds ayant le droit moral de par leur supériorité raciale d'exterminer les premiers.
Un petit chef abusif est automatiquement caricaturé en Führer avec un grossier accent allemand.
Un pourcentage dérisoire de la population détenant un pouvoir financier et médiatique considérable ne peut pas être étudié avec recul, rigueur et calme, parce que leurs aïeux ont été persécutés par Lui.
La Gauche était il y a peu encore moralement supérieure à la Droite parce qu'elle est censée être l'héritière de la Résistance qui L'a combattu. Mais le clivage gauche-droite est obsolète essentiellement du fait que ses porte-parole autorisés communient ensemble au sein du culte mémoriel. Un type dont l'engagement gauchiste de toute une vie ne fait aucun doute n'est pas à l'abri du stigmate ouaciste et du cordon sanitaire médiatique.
Certains symboles hindous imémoriels, certaines positions d'un bras à un certain angle du corps, certaines coupes de cheveux ou de moustache sont réprouvées par le plus incroyable puritanisme parce qu'ils rappellent Sa sinistre mémoire. Septante ans qu'Il a cané et pas moyen d'échapper à son omniprésence. Il constitue l'échelle à vocation universelle sur laquelle TOUT est évalué.
C'est absolument central, et personne ne doit dire que c'est central, il ne faut pas trop y réfléchir, car ceux qui y réfléchissent trop sont suspects, et ceux qui en ont marre d'y penser jour et nuit sont de Mauvaises Personnes. Même les héritiers autoproclamés des punks originels s'enchient les frocs en pensant aux t-shirts à croix gammée, symboles à l'époque d'un rejet radical du monde bourgeois, qu'aucun prétendu intellectuel ne peut plus comprendre aujourd'hui. Toujours et partout, pour ce temps proche comme pour les années 30, c'est l'anachronisme qui prévaut, il n'est pas seulement acceptable, il est OBLIGATOIRE.
Et encore une fois, ça ne concerne pas une partie secondaire de notre existence, qui n'obséderait qu'une minorité de tarés dans mon genre : c'est capital et fondateur. C'est caractéristique d'une ère à part entière, mais nous ne pouvons pas plus le verbaliser et le conceptualiser que les artistes de l'ère "romantique", "baroque" ou "gothique" n'imaginaient mériter leur étiquette. Nous avons le nez dans le guidon, il est en forme de croix gammée, et dans notre folie terminale, nous parvenons à nier qu'il le soit, tout en hurlant d'horreur parce qu'il l'est.
16:21 Publié dans La Zone Grise, Marées Noires | Lien permanent | Commentaires (7)
Commentaires
La semaine dernière, discussion enivrée et intéressante avec un plus jeune et un plus vieux, ils étaient plutôt intelligents et très blancs. On attend toujours Godot mais Godwin par contre on ne l'a pas tellement attendu. Une phrase qu'on m'a dit : "attention, ce que tu dis c'est un argument des négationnistes" !
J'ai continué d'argumenter négationnement dans la joie et la bonne humeur et un indicible camp du bien et camp du mal s'est érigé dans ce salon de 15 m² à 3h du matin. Les visages se sont crispés et les deux compagnons se sont transformés en zélés procureurs. Ils doivent croire que Shoah est omnipotent, est capable de détecter les pensées nauséabondes. Ils y croient. Shoah est une religion et on tombe toujours dans le panneau des arguments alors qu'il n'y a rien de rationnel à tout ça.
Écrit par : W | 02/10/2014
Adorno...Le pauvre qui s'étonnât du "fascisme" des soixante-huitard allemands qui le traitaient de valet de la bourgeoisie. Il n'a pas dit que des bêtises : "l’incroyable capacité de la société [capitaliste] à neutraliser les forces de contestation pour, à terme, les recycler en rentables icônes de la société de consommation".. Ce fut aussi le premier, le pauvret, à attaquer Heidegger et à prétendre que le nazisme était au coeur même de sa philosophie, ou du moins que celle-ci y conduisait. C'est assez stupide mais il est vrai qu'on n'a jamais pardonné à Heidegger d'avoir, encore en 1976, reconnu qu'il n'était pas démocrate. Mais on s'en fout! Platon non plus. C'est même l'inventeur du communisme le plus total.
A part ça, moi qui vo_us lisote avec plaisir, je m'étonne parfois que vous sembliez oublier qu'en Amérique, (et dans toute les bourses anglo-saxonne,), l'argent est bien plus protestant que juif. Ce pays appartient aux Wasp depuis le 18eme, et si parfois un juif est dans le peloton de tête de Fortune, vous vérifierez assez facilement que les possesseurs de l'Amérique sont bel et bien WASP et qu'ils détiennent l'essentiel des actions, des banques, etc.E En passant : je me sens bien plus proche d'un juif qui connaît et apprécie Saint Simon (le duc), Gourmont, Stendhal, qu'une blanchouille qui ignore tout de son histoire, de son pays, de son continent. La grande menace de notre temps, c'est cette "dévastation" dont parle Heidegger ("La dévastation et l'attente")et qui se traduit, notamment par un taux de stupidité aberrant, d'oubli, de perte d'identité.Le juif à la Marcel Schwob (Léon Daudet, pas vraiment droit de l'hommiste explique que son seul souvenir lui fit finalement abandonner l'antisémitisme) défend bien plus la civilisation occidental que le lecteur du papier à gogues gratuit qui se gave de série US et surtout de vide.Car ce qui éradique notre civilisation, c'est notre porosité à ce déferlement publicitaire et technologique qui chosifie les hommes. Bon, c'est sans doute moins important que ce qui se passe en Ukraine (à force d'avoir voulu écraser la gueule à la Russie en l'entourant de bases les États-Unis risque de décrocher le gros lot) mais c'est juste histoire d'épeler deux-trois amuse gueule en passant.
Sinon je vous suis sur la stupidité du Grand interdit évidemment. et les "lois mémorielles" pourtant rejetées des meilleurs historiens restent, plus gerbatoires chaque jour, dénonçant clairement le tabou, révélant la béance dans la liberté d'expression. Chomsky ne fut guère écouté...
A part ça, et vu que j'aime votre français toujours si bien coupé, je me permets de relever cette phrase à la structure un peu bizarre : "le clivage gauche-droite est obsolète essentiellement du fait parce que ses porte-parole ".
Écrit par : Restif | 02/10/2014
@ Restif : merci pour les observations et la correction.
Écrit par : stag | 02/10/2014
Si tous les chemins mènent à Hitler, il va sans dire que l'aller simple pour Auschwitz en est son extension obligée, incontournable.
Sommes nous condamnés, nous blancos, à subir mille ans de terreur, de chagrin et de tourment ? Ce n'est pas impossible.
De ce point de vue, le discours de Max Nordau à Bâle prononcé le 29 août 1897 lors du premier congrès sioniste, résonne comme un avertissement, un ultimatum.
Nous en retiendrons le paragraphe 1.26
« Personne n'a le droit de rester indifférent devant la misère juive, ni les peuples chrétiens, ni nous-mêmes, Juifs. C'est grand péché de réduire à la misère physique et intellectuelle une tribu à laquelle même ses pires ennemis n'ont pas dénié ses capacités : c'est péché contre elle et contre l'œuvre de civilisation ( Werke der Gesittung ) à laquelle les juifs pourraient et voudraient collaborer de façon significative. Et il peut y avoir danger pour tous les peuples à maltraiter des homme résolus, dont la masse est supérieure à la moyenne dans le bien comme dans le mal ( deren Mass im Guten wie im Schlechten über den Durchschnitt hinausreicht ), à les aigrir par un traitement indigne et à en faire des ennemis de l'ordre établi. La microbiologie nous apprend que des petits êtres, inoffensifs quand ils vivent à l'air libre, deviennent effroyablement pathogènes dès qu'on les prive d'oxygène, qu'on fait d'eux, pour parler comme les spécialistes, des êtres anaérobiques. Gouvernements et peuples devraient se garder de transformer les Juifs en êtres anaérobiques ! Ils pourraient avoir à le payer cher, quels que soient leurs efforts pour éradiquer le Juif devenu par leur faute nuisible.
Qui veut, peut. On trouvera l'intégralité du discours de Nordau chez Alain Gionnet – Journal Revision guionnet.wordpress.com ( Aigle Noir, Attila Lemage, le plus égocentrique de la blogosphère, c'est rien de le dire ! ), dans son billet intitulé « Nordau enfin ».
Écrit par : Danny | 03/10/2014
Soit dit en passant : Adorno (que je n'adore pas) a tout de même écrit de belles et justes choses sur la musique en général et sur les Viennois en particulier. Son vrai crime est d'avoir totalement mésestimé Le Sacre de Stravinsky - ce simple malentendu mérite une balle, même posthume.
Écrit par : Ostia | 03/10/2014
Comment ça va, ami Restif ?
Écrit par : kobus van cleef | 04/10/2014
Ça ne vas pas trop mal mon cher Kobus, merci de la question. J'espère qu'il en va de même pour vous mais je me refuse à en douter. Et comme vous le voyez, je goûte toujours l'endroit. Je m'amuse de tous les "et vous qu'est-ce que vous faites" qu'on adresse -sempiternel reproche! -à notre hôte, comme si commencer d'analyser notre situation, y réfléchir, ce n'était pas déjà un acte! Le seul réellement faisable actuellement, sauf, éventuellement à suivre la route tragique -mais compréhensible - d'un Kazinsky. Bon, je dois retourner au charbon. Au plaisir de vous recroiser..
0stag : C'est un honneur, your higthness !
Écrit par : Restif | 04/10/2014
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