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17/10/2008

NOBODY WAS HERE

La dernière toquade de la réakkkosphère semble de publier des notices autobiographiques, histoire d'expliquer comment on peut en arriver à devenir faf, et l'ami Xyr m'enjoint récemment de participer à la chenille qui redémarre. Il se trouve que ma vie a toujours été et demeure banalement chiante. Tout a été dit ici, et ici. Le reste est moins que secondaire. Il peut être intéressant d'expliquer comment on en est venu à rejoindre une minorité métapo, pour autant que cette minorité agisse, représente un danger clair pour le régime en place, ou ait fini par en triompher. Mais au vu des résultats concrets, nous ne sommes les vétérans de que dalle. Faire profil bas devrait s'imposer naturellement.

 

Mais bon. Serviable et bien élevé, je participe à ce bel élan collectif, en copicolant ici deux ou trois choses sur les raisons qui peuvent amener à ne plus être un militant actif. S'agit d'un kouriaille écrit à un ancien camarade, pas revu depuis des lustres et qui semble lui aussi avoir rencontré le Grand Dégoût sur sa route.

 

HollowMan.jpg

 

(...) Je constate simplement que le natio ordinaire semble rigoureusement infoutu de se poser les bonnes questions sur la marche du monde et sur sn propre mode de fonctionnement, à commencer par son pathétique besoin de reconnaissance. (...) Je n'ai pas de hargne perso contre untel ou untel, c'est la sous-culture de tout un milieu auquel je suis allergique à vie. Ce milieu est indigne de ses idéaux, de son esthétique, même de la haine que certains s'efforcent de lui porter malgré son insignifiance.

 

Ce que je vomis avant tout, c'est l'esprit de clocher, le manque catastrophique d'humour, l'incapacité sidérale de prendre du recul, le son creux que rendent toutes ces âmes qui pensent échapper à la grisaille alentours parce qu'ils ont appris trois slogans. Plus j'étudie l'extrême droite contemporaine, plus je trique pour l'extrême gauche de Baader ou de Rouillan. Voilà au moins des gens qui voulaient tout casser, même pour de mauvaises raisons et au nom de valeurs abjectes. Que faisons-nous, nous autres, depuis des lustres ? Des guerres de caporaux pour rien du tout, pour préserver les miettes de ce qui est déjà mort. Aucune classe, aucune générosité véritable, aucun lien charnel avec notre terre, des rites bouffons, des singeries "païennes" qui nous auraient valu des coups de fourches de la part de nos arrière-grand-pères, autrement plus burnés et indépendants que nous.

 

Marre des conférences verbeuses à quatre, marre des faux guerriers avachis, marre de la vulgarité crasse, marre du troupeau autiste mal déguisé en clan solidaire, marre de tout ce putain de folklore qui bousille les meilleures idées et les instincts les plus nobles par un style de vie grotesque et la loi du moindre effort.

Commentaires

Bien vu.
Deux choses quand même: quand on est jeune être "natio" (je déteste ce mot...) permet de faire des conneries mémorables; toujours mieux que d'étriquer son esprit aux études ou distribuer un tract PS, UMP ou PCF sans danger. Ça permet des souvenirs, en sommes, et se dire qu'on a eu au moins le mérite d'avoir une jeunesse différente.
Deuxième chose: ça peut permettre de rencontrer quelques (trop) rares individus vraiment valables, avec qui on garde des liens par la suite.


"Aucune classe, aucune générosité véritable, aucun lien charnel avec notre terre, des rites bouffons, des singeries "païennes" qui nous auraient valu des coups de fourches de la part de nos arrière-grand-pères, autrement plus burnés et indépendants que nous."

Outre que c'est marrant et vrai, c'est superbement formulé.
C'est clair que les anciens avaient la gnack, la putain de volonté de s'en tirer par ses propres moyens, de rien devoir à personne, de forger soit-même sa vie, d'aller de l'avant, d'envoyer bouler les beaux parleurs et les donneurs de leçon.
Bon ben je deviens moi aussi réac...
Ceci étant il y a des excuses à ne plus avoir les burnes d'antant: la plupart d'entre nous sont élevés par des mères possessives, des parents qui ont eu des gosses parce qu'ils se faisaient chier et qui avaient besoin d'animation, des parents dont le principal apport était les cadeaux plutôt que la transmissions de valeurs etc. Bon ça n'est qu'une moitié d'excuse, le reste incombant au ramollisseurs de burne que sont la télévision et les jeux vidéos.
Le type qui en a a l'heure actuelle est d'autant plus remarquable.

Écrit par : Hêtre du Nord | 17/10/2008

Y a pas à dire, à chaque fois que je vous lis, je sens comme une odeur de sulfure passer sous mes naseaux, ça doit venir de votre façon presque célinienne de lâcher un peu de probité bien calibrée là où la "réacosphère" s'épanche en verbiages (je généralise, bien sûr, il y a quelques perles). Il y a quand même quelque chose de calorifique dans votre parole de désabusé solitaire, pour sûr, ça j'en témoigne. Allez, bon courage pour le reste.

Écrit par : Comte de Clairanval | 19/10/2008

"Plus j'étudie l'extrême droite contemporaine, plus je trique pour l'extrême gauche de Baader ou de Rouillan".

Pourquoi pas ? De glorieux prédécesseurs comme Jean Genet triquaient tout autant, et lorsque J G triquait , c'était quelque chose !

"Nous devons à Andreas Baader, à Ulrike Meinhof, à Holger Meins, à Gudrun Ensslin et Jan-Karl Raspe, à la "R.A.F." en général de nous avoir fait comprendre, non seulement par des mots mais par leurs actions, hors de prison et dans les prisons, que la violence seule peut achever la brutalité des hommes. Une remarque ici : la brutalité d'une irruption volcanique, celle d'une tempête, ou plus quotidienne celle d'un animal, n'appellent aucun jugement. La violence d'un bourgeon qui éclate - contre toute attente et contre toute difficulté - nous émeut toujours.
Evidemment une chance est possible : que la brutalité, par son excès même, se détruise, ou plutôt, non qu'elle change de fin - par définition elle n'en a pas - mais en arrive à s'effacer, à s'anéantir à long terme, devant la violence".

Textes des prisonniers de la "fraction armée rouge" et dernières lettres d'Ulrike Meinhof", Préface de Jean Genet, cahiers libres 337 François Maspero.


Tout un programme risqué auquel j'ai pu adhérer il fut un temps par rejet des jeux nocturnes étudiants (moi le fils de prolos) qui relevaient plus de la danse que du combat. J'admets m'être fourvoyé...

Mais aujourd'hui, franchement, le tableau est désespérant chez ceux qui veulent en découdre avec le système : à l'extrême gauche n'en parlons pas... A l'extrême droite, seuls les francs-tireurs tiennent la route par leur anticonformisme et, de fait, deviennent intéressants. Pour le reste, pour les amoureux du jeu démocratique, la déchetterie s'impose.

Écrit par : Ns | 19/10/2008

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