05/09/2011
AINSI PARLA GAG
Lire les commentaires d'un blog est un exercice qu'on a rarement de bonnes raisons de s'infliger. Pour des raisons qui dépassent ma comprenette et dont je me félicite, ces pages ont été épargnées, et ce depuis mars 2007 quand même, par l'essentiel des malédictions propres à ce genre de soutes publiques: gauchiasse à Caps Lock frénétique, faux narquois à références adolfiques, distributeurs de Godwins par canadairs entiers... Tout au plus ai-je dû subir les crachotements épisodiques de schizoaffectifs nauséeux, un dommage collatéral plutôt modeste. Pour le reste, salutations aimables et encouragements appréciés ont constitué la norme. Je m'estime donc plutôt chanceux.
Mais chez mes compères scribouillards, ce n'est pas toujours le cas. Je m'abstiens donc de trop m'attarder dans leurs sections de com', écoeuré à vie de tout débat contradictoire avec des putes qui vous feraient flinguer dans le dos ou encabanner à vie si elles pouvaient le faire avec la garantie de récolter une médaille écométissocitoyenne au passage.
Si vous êtes aussi avisés que je puis l'être (or vous me lisez, donc vous sentez bon de la bouche et meilleur encore de l'entrefesse), vous faites sans doute de même, que ce soit ici ou ailleurs. Auquel cas vous auriez très imbécilement loupé cette contribution de GAG, qui mérite de remonter de la cave pour s'inviter à table.
Ce qui est très, très frappant, c'est la double acculturation que nous avons subi et en si peu de temps.
Nous vivons désormais dans un "pays" (remarque valable pour l'ensemble de l'Europe occidentale, et encore je présume qu'à l'est ça doit bien commencer à pourrir aussi) dont les mœurs ont été et africanisées et américanisées, et dans le même élan.
L'africanisation, c'est l'effondrement absolu de la discrétion, de la politesse, de la courtoisie, de la pondération. C'est la transformation systématique de tout immeuble -tous standings confondus- en HLM merdique dès que telle ou telle populace l'habite. C'est le bruit, énorme, immense, systématique, c'est la saleté, c'est la puanteur, c'est la dégradation, les ordures, les déjections, les mouches, les crachats par terre. C'est des grands chimpanzés costauds qui se mouchent dans leurs doigts (vous savez, en appuyant sur une narine), c'est des cris, des hurlements et du raï chaque nuit pendant la Fête Nationale du Ramdam. C'est des regards noirs, des sourcils froncés, des couteaux qui sortent trop vite, de la saleté physique, environnementale et surtout de la saleté d'âme.
L'américanisation, je ne vais pas m'étendre là-dessus, on connaît puisque c'est une acculturation par le haut (l'africanisation étant une acculturation par le bas). C'est des jobs pourris, des salaires merdiques, des collègues immondes, moralement plus bas que des punaises, des rêves de caissières partagés par l'ensemble de la population du plus minable au plus friqué (je crois que c'est la première fois dans l'histoire ; comme dit Renaud Camus, "la seule chose qui différencie aujourd'hui les riches des pauvres, c'est l'argent"), des goûts identiques, de la bouffe à peine différente, de la musique calibrée déversée de LA à Vladivostok, la consommation comme dieu, art et fin en soi.
On ne peut pas aborder correctement une journée lorsqu'on est ainsi cerné par la laideur : il devient impossible de vivre et encore moins d'envisager de transmettre la vie.
La nostalgie dont je parlais plus haut gomme évidemment les désagréments : oui bien sûr aucune époque n'est si enviable que ça, mais les inconvénients du passé (enfin, faut voir quel passé : avoir pour horizon de terminer la tripaille répartie sur 5 mètres en 1916 à l'âge de 19 ans n'est guère séduisant) font partie d'une sphère de vie globalement plus saine que ceux d'aujourd'hui.
L'infecte double invasion contemporaine endort grâce à de puissants anxiolytiques : RTT, loisirs, écrans partout, haut-parleurs partout, picole, bouffe, shit, fast sex (comme on dit "fast food"), etc.
Si on élimine cette couche de vernis, on succombe face à un vide terrifiant. Adolescent j'avais lu la trilogie rigolote "Le Guide du voyageur galactique" et je me souviens qu'on y évoquait une peine de mort particulièrement sophistiquée : on vous mettait en présence de l'infini de l'univers, ce qui avait pour conséquence de vous déconnecter définitivement, n'étant pas apte à supporter -même physiquement- une telle confrontation.
20:18 | Lien permanent | Commentaires (15)
Commentaires
Juste une petite précision que je voulais ajouter sous la note précédente mais puisque vous reprenez le commentaire de GAG ici, je le fais là.
Se faire troncher dans une piscine à la télé (Loft), raconter comment on s'est fait prendre en levrette à la radio, montrer ses enfants à la une d'un journal (Ségolène) et bien d'autres, toute cette perte d'intimité et de discrétion n'est pas dû à l'africanisation même si bien évidemment les désagréments nommés plus haut sont notables.
Écrit par : daredevil | 05/09/2011
il semble que gougounette parle justement d'une double acculturation, par le haut et par le bas... de plus, il cite Camus (citant Gomez) et c'est donc certainement un lecteur de "La Grande Déculturation", texte excellentissime dans son analyse minutieuse de cette déculturation/acculturation sous prétexte, justement, de "culturel". Bonne soirée.
Écrit par : Momo le Facho | 06/09/2011
http://www.in-nocence.org/index.php?page=editoriaux&edit=edit_45_main.html
Écrit par : Goebbels à moustache | 06/09/2011
Ah ben très étonné et honoré par ce modeste hommage !
D'autant plus qu'il ne me semblait pas dire quoi que ce soit de bien nouveau (sic) ni de particulièrement bien écrit !
Prost !
Écrit par : GAG | 06/09/2011
C'était à peu près le seul truc récupérable au milieu des déjections sous-artalidennes de Cucu-la-praline, il semble.................................
Écrit par : Pourritain | 06/09/2011
Le trait majeur de l'« américanisation »* est l'idéologie du management, appliquée à tous les domaines de la vie politique, économique, sociale, culturelle. On parle beaucoup du « coach de vie », mais que penser du paysan reconverti en « exploitant agricole » (c'est-à-dire en remplisseur de formulaires bruxellois), du soldat transformé en bureaucrate, ou du prêtre parcourant sa paroisse déserte, un iPhone vissé à l'oreille ?
* Terme ne me convenant pas, mais j'avoue ne pas en avoir d'autre
Écrit par : Criticus | 06/09/2011
Ca va les CAB ? C'est pour quand la conversion ? Les méchants zaméricains vous empêchent de vivre (avec leur méchants zamis juifs, ça va de soi ? Bouh bouh....
Écrit par : Hixe Peh | 08/09/2011
En effet, la référence aux États-Unis n'est pas satisfaisante. Parlons plutôt d'idéologie managériale, si vous le voulez bien.
Écrit par : Criticus | 08/09/2011
La référence aux États-Unis est parfaitement satisfaisante.
Quand il y a hégémonie, il y a remplacement linguistique, religieux, culturel, culinaire, économique, législatif.
Bien sûr à divers degrés, mais c'est un fait et c'est vieux comme le monde.
On parle quelle langue dans les CA des grosses boîtes en France ? Et c'est pas celle de Shakespeare hein, mais plutôt celle de Ronald McDonald. C'est la langue de l'occupant, du gagnant, tout simplement.
À Bruxelles aussi, on parle anglais avant tout, et c'est pas pour fidéliser la GB (qui est par essence même anti-européenne de toute façon). Et idem à Strasbourg et à Luxembourg.
Comme dit le toujours pertinent Ted Stanger, pourquoi continuer à employer une langue aussi compliquée que la nôtre ? Après tout, toujours selon ce grand esprit, le latin est mort parce que trop complexe, avec ses déclinaisons partout...
Allez zou, globish pour tout le monde : "me want food LOL" !
Quant au pan religieux, n'était l'islamisation culturelle rampante, on assiste bel et bien à une "néo-protestantisation" en France, avec l'émergence d'un puritanisme qui nous est absolument étranger et on rejoint là l'aspect législatif, avec de nouvelles règles de vie civique et professionnelle qui se propagent : plaintes pour harcèlements, réductions des libertés individuelles pour la bonne cause (santé, hygiène, nenfants, mamans), panopticon généralisé, transformation de la picole quotidienne à papa vers le binge drinking brutal, judiciarisation généralisée ("so sue me !"), etc.
On a parlé plus haut de l'aspect culinaire, avec des changements profonds dans nos habitudes qui ont fait de la France un pays où l'on a désormais 3 vitesses question restos : le pas cher fast/junk food (pas du tout américain ça ?), l'anciennement local et tradi devenu inexplicablement cher (exemple un putain d'onglet-allumettes dévoré sur une nappe vichy, totalement standard dès avant-guerre et qui coûte aujourd'hui 15 euros !) et le Super Qualité De La J'Aime Le Fronce Pour le Touriste Riche Avec Toque So Frenchy.
Il n'y a que le pan économique qui n'est pas une importation américaine dans la mesure où le libéralisme de délocalisation touche également les USA et est "juste" mondial.
Alors pourquoi l'américanisation est plus ou moins profonde selon pays (Angleterre et Pays-Bas, vendus habituels), cela s'explique par l'histoire et la puissance des marqueurs identitaires ; du coup en France on n'est "pas encore" (!) totalement atteints, mais ça ne saurait tarder. Et puis il y a l'interpénétration avec l'africanisation (du nord et subsaharienne) que je mentionnais plus haut, le mélange des deux écrêtant les aspects les plus visibles pour donner un enfant monstrueux qui ressemble souvent à ça :
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Écrit par : GAG | 08/09/2011
GAG, allez sur des sites patriotes américains et vous y lirez les mêmes critiques... si vous parliez de « yankisation » plutôt que d'américanisation, je vous suivrais davantage. Nous arrivons bien à dire que nos élites ne représentent pas la France. Pourquoi ne faisons-nous pas le même raisonnement pour les élites américaines?
Écrit par : Criticus | 08/09/2011
Je ne comprends pas votre argument, Criticus.
Pensez-vous que ce qui est dit dans ces colonnes est représentatif de ce que pensent nos cons citoyens ?
Bien sûr que non.
Je me doute bien -et je le sais pour l'avoir lu- qu'il existe de nombreuses voix contre cette merde aux USA mêmes ; cela ne remet en rien en question le constat général.
"Yankisation" ne me plaît pas : un yankee est historiquement un Américain nordiste (donc hors sujet) et le "yanqui" est un terme péjoratif utilisé par les hispanos criminogènes pour désigner tout ce qui ressemble à un Blanc.
Ne fantasmez pas sur "l'Amérique profonde", on parle de gens cons comme leurs pieds et qui ignorent jusqu'à l'existence même de notre Vieux Continent. De plus, bon gré mal gré, le mode de vie de ces "vrais Américains d'en bas" est exactement conforme à ce que j'ai décrit plus haut ; ils ne participent évidemment pas activement à la diffusion internationale de ce mode de vie, mais ils en restent infectés.
Écrit par : GAG | 08/09/2011
« Yankisation" ne me plaît pas : un yankee est historiquement un Américain nordiste (donc hors sujet) »
Justement, je crois que c'est précisément le sujet. Le Sud des États-Unis était (et est encore, en dépit du revanchisme des Noirs et de l'invasion mexicaine) un foyer européen en Amérique, tandis que le Nord était dès le début un projet universaliste. Le Nord a gagné, mais les États-Unis sont-ils à l'abri d'une nouvelle guerre de Sécession ? L'évolution politique récente des États-Unis laisse penser que non.
« Ne fantasmez pas sur "l'Amérique profonde", on parle de gens cons comme leurs pieds et qui ignorent jusqu'à l'existence même de notre Vieux Continent. De plus, bon gré mal gré, le mode de vie de ces "vrais Américains d'en bas" est exactement conforme à ce que j'ai décrit plus haut ; ils ne participent évidemment pas activement à la diffusion internationale de ce mode de vie, mais ils en restent infectés. »
À ce compte-là, il faudrait incriminer les Français pour toutes les mauvaises choses qui sont sorties de France (et de Robespierre à Mitterrand, il en est sorti un bon paquet).
D'ailleurs, parleriez-vous d'une « francisation » du monde avec l'application des idées de la Révolution française dans tout le monde occidental, et même au-delà ? Je ne le ferais pas, moi.
Écrit par : Criticus | 09/09/2011
« D'ailleurs, parleriez-vous d'une « francisation » du monde avec l'application des idées de la Révolution française dans tout le monde occidental, et même au-delà ? Je ne le ferais pas, moi. »
Oui, sans nul doute. Il n'y a pas de déni de réalité qui tienne : si telles idées émergent de tel pays à telle époque, c'est qu'il y a une bonne raison et on peut sans problème confondre l'un et l'autre.
Bien évidemment cela n'implique en rien que l'on soit d'accord avec les idées en question ; mais, oui, la Révolution est française, 100% française, comme l'étaient l'américaine et la russe.
Que l'on abhorre Robespierre et l'URSS ne change rien au fait qu'à un moment quelque chose a vaincu et je n'aime pas entendre ou lire que "ceci n'était pas représentatif du pays" etc etc.
Bien sûr que si ; le nazisme est consubstantiel à l'Allemagne pour éphémère qu'il fut, le problème survient lorsqu'on s'arrête sur ces 12 années en oubliant les 1100 précédentes (on va dire que l'histoire "allemande" commence au Traité de Verdun).
Il faut tout prendre dans l'histoire, car de toute façon on ne nous demande pas notre avis.
Tout comme vous (je crois ?) j'exècre ce que nous sommes devenus, mais c'est bel et bien notre destin. Si nous avions dû résister à l'époque, cela aurait été déjà fait et nous ne serions pas en train de le déplorer puisque nous aurions été autre chose.
Quant aux nordistes "universalistes", je ne sais pas trop d'où vous tenez cette assertion. N'oubliez pas ceci, par exemple :
http://en.wikipedia.org/wiki/Chicago_Race_Riot_of_1919
En outre, au sud, c'est à dire au Texas, au Nouveau-Mexique et en Californie les Blancs sont minoritaires alors que, au nord justement, le Wisconsin, le Dakota du Nord et le Dakota du Sud sont majoritairement peuplés d'Allemands.
Écrit par : GAG | 09/09/2011
L'histoire est largement contingente. La Révolution française, comme la bolchevique d'ailleurs, aurait très bien pu échouer.
« Quant aux nordistes "universalistes", je ne sais pas trop d'où vous tenez cette assertion. N'oubliez pas ceci, par exemple : »
Universalisme et racialisme ne s'excluent pas. L'histoire de l'Empire britannique illustre bien, je pense,leur compatibilité.
« En outre, au sud, c'est à dire au Texas, au Nouveau-Mexique et en Californie les Blancs sont minoritaires alors que, au nord justement, le Wisconsin, le Dakota du Nord et le Dakota du Sud sont majoritairement peuplés d'Allemands. »
Je parlais du Sud originel, c'est-à-dire du Sud-Est des États-Unis. Quant au Midwest dont vous parlez, il réunit justement ces contrées qui pourraient, à terme, s'opposer au pouvoir fédéral, du fait du pillage des États fédérés par Washington et les États situés le long des deux océans.
C'est sous-jacent dans le Tea Party, même si ses leaders font tout (en vain...) pour ne pas déplaire à l'establishment.
Écrit par : Criticus | 09/09/2011
"La Révolution française, comme la bolchevique d'ailleurs, aurait très bien pu échouer."
Mais elles n'ont pas échoué :)
Tout est là, cher Criticus.
Écrit par : GAG | 09/09/2011
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