15/03/2013
LES ENFANTS D'UN SOLEIL
Nous parlions, en des lieux peu fréquentables, avec des gens ne l'étant guère plus, de l'impact de l'optimisme sur la santé. Toujours vivant, pas très vaillant mais sur deux pattes néanmoins, je répondais ceci à Unetelle, me prédisant un long avenir pour cause de pessimisme :
Voltaire, qui ne s'est pas trompé sur tout, affirmait l'exact contraire. J'aurais tendance à lui faire confiance sur ce point.
De fait, les gens qui nous impressionnent le plus, dont on veut être le pote, dont la simple présence physique vous réchauffe et vous motive, sont ces êtres presque irréels sur qui la noirceur et la bêtise du monde semble n'avoir aucune prise. Ils ont toujours la banane, la patate, le mot pour rire, la tournée spontanée. Je hais cette mélancolie qui me colle au cul depuis ma naissance, et j'envie plus que tout ces hommes et ces femmes comme nés d'un soleil, irradiant autour d'eux.
Deux de ces créatures hors-normes - surtout l'un d'entre elles, Lui, l'Indispensable, l'Incontournable, mon Pote, mon Frangin depuis vingt ans - seront là ce soir. La boustifaille en leur honneur frémit déjà dans les casseroles. Ils auront droit au meilleur picrate, aux gnôles les plus soigneusement sélectionnées, et j'irai même leur chercher à pied des croissants après une dévastatrice nuit blanche s'ils daignent rester toute la nuit ici-même, ce dont je doute.
Lui est un cas particulier. Des pépins de santé indescriptibles auraient pu le soustraire à notre affection - que dis-je ? notre quasi-idolâtrie - depuis des lustres déjà. Et il s'acharne encore, le putain de bestiau ! Toujours parmi nous, toujours le Premier, toujours en avance sur tout le monde de plusieurs coudées, l'air, en plus ! de ne pas y toucher, de faire dans le modeste et le discret, le salopard !
Souvenirs des immondes années 99-2000, si froides, si laides, si solitaires. Passons les détails : ayant fait fuir par stupidité et égoïsme une feniaule de compétition, je pataugeais jour et nuit dans l'ineptie, ne respirant pleinement à nouveau qu'en la présence de ce grand taborniau, dévasté à chaque fois qu'il me ramenait chez moi, au petit matin. Treize ans plus tard, est toujours là, inchangé, inchangeable, irradiant plus fort que dix Tchernobyls, si radicalement aimable qu'il vous ferait presque prendre l'hétérosexualité à la légère.
16:14 | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Il doit être heureux, très heureux, votre ami pour être l'objet d'une si sincère, enjouée et pudique affection.
C'est écrit avec une telle splendeur que ça fait chaud au coeur.
Écrit par : Eve Kendall | 27/03/2013
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