31/05/2007
LA HONTE DES FUTURS ARCHEOLOGUES - PT. 3
L’Occidental et la Cité
Un même régime est en vigueur sur tout le territoire Occidental, au-delà des frontières culturelles ou linguistiques. On le connaît sous le nom de « Démocratie », une oligarchie où règne une élite de grands boutiquiers et d’actionnaires, appuyée par de larges corporations de scribes.
Les affaires officielles de la Cité sont déléguées à des « représentants » élus, mais qui ne doivent rendre de compte qu’à cette élite économique, qui fonctionne strictement sur le mode de la cooptation. Cette structure totalitaire pyramidale n’est pourtant pas contestée par la majorité des sans-pouvoirs ; bien au contraire, l’Occidental estime ce système juste et équitable, chaque Citoyen étant considéré comme Souverain en titre – à défaut de l’être en droit et en pratique.
Le soin maniaque porté à l’apparence physique rejoint ici le respect doctrinaire des conventions sociales : les droits théoriques importent plus que leur exercice concret et l’illusion d’une liberté collective permet à chacun de supporter les vexations et l’arbitraire des dirigeants. L'usage étendu de diverses drogues par les classes laborieuses permet de maintenir un semblant d'ordre social et les violences collectives sont remarquablement rares ; on observe des explosions de colère cycliques auprès des Néo-citoyens en provenance de la périphérie mondiale mais à mesure qu'il vieillit et qu'il se féminise, l'autochtone préfère lancer des bulletins dans une urne que des pavés dans les gueules.
Périodiquement, des cérémonies populaires ont lieu pour que l’aristocratie politique s’échange les portefeuilles et les ministères. Le citoyen Occidental secoue alors sa torpeur pour endosser le rôle de prêtre populaire. Il devient, pendant quelques semaines, un « électeur » dont le « suffrage » devra sanctionner les choix préalables de l’élite économique et redistribuer les compétences parmi les mêmes membres de l’élite politique.
On reste perplexe quant à bien des aspects de cette abdication générale de l'autonomie des citoyens. Ainsi, on constate que l'homme de la rue s'estime plus ou moins libre selon le degré de contrôle qu'il délègue intégralement à ses maîtres, sans possibilité de recours ou de confiscation des pouvoirs en cas d'abus flagrants. Les "affaires" se succèdent sans qu'elles nuisent sensiblement à un cursus honorum classique, en-dehors de cas exceptionnels de molestation d'enfants ou d'assassinat ; le détournement de fonds, le parjure flagrant, le mépris le plus affiché de la "volonté populaire" sont considérés comme autant de prérogatives légitimes des castes dirigeantes, ne mettant jamais en péril l'essence du régime qui les facilite pourtant outrageusement.
La caste des scribes connaît une grande agitation durant les périodes qui précèdent ces cérémonies. Quelle que soit la nouvelle répartition des tâches, ses prérogatives ne sont pas menacées, car son train de vie est assurée indépendamment des résultats du plébiscite. Il dépend toutefois du déboussolement permanent de sa clientèle, qu'il faut alors maintenir dans un état de fièvre perpétuelle, quitte à donner une importance démesurée à des événements dérisoires. L'électeur doit pouvoir discerner toutes les nuances du gris et du tiède pour que s'effectue en bon ordre le coup de sac de la lotterie politique.
Le tâcheron médiatique devient alors le relais complaisant des militants les plus fanatiques, et un formidable exhausteur de la saveur de l'actu. Sous sa plume, les platitudes se transforment en "messages forts", le non-choix mollasson est rien moins qu'une "troisième voie", les tristes ravalements de façade explosent en "véritables révolutions". Il faut bien cette magie des grandes phrases pour que la transe électorale secoue l'apathie où l'on maintient Monsieur Moyen tout le reste du cycle solaire.
Le citoyen en question se plaint parfois de cette stagnation, mais il n’entreprend jamais aucune action collective pour modifier la donne ; il accepte les règles fixées par ses élites et participe toujours en nombre suffisant aux cérémonies de renouvellement pour que celles-ci puissent se prévaloir de son indispensable sanction – vox populi, vox dei. Rarement depuis les balbutiements de la théologie chrétienne, les Dieux ne se seront aussi mal exprimés.
Une forme de désordre permanent règne dans les plus basses couches de la population. L’incivisme et le maraudage rendent difficile la vie des quartiers populaires ; toutefois, comme les meurtres et les atteintes à la propriété des riches y sont exceptionnels, les gendarmes se montrent très cléments envers les déviants. Leur marge de manœuvre dépend officiellement des Représentants du Peuple, mais leur passivité ne fâche pas l’homme de la rue – c’est au contraire son prétendu zèle qui indigne volontiers le Lumpenproletariat allogène, dès que ses activités économiques illégales sont quelque peu perturbées. L’arrestation ou la mort de l’un des leurs provoque régulièrement des émeutes, où les dégâts sont avant tout matériels et les victimes humaines rares et accidentelles. Demeure donc, dans les quartiers les moins fortunés, un climat malsain de haine et d'anxiété, dont ont beau jeu de démontrer les faibles bases factuelles tous ceux qui ont intérêt à soutenir l'impunité des emmerdeurs.
Malgré une stabilité sociale sans précédent depuis l'ère des chasseurs-cueilleurs, l'Occidental fin-de-race estime vivre dans un climat permanent "d'insécurité" ; il accueille donc avec soulagement tout ce qui pourra limiter sa marge de manoeuvre et la vertigineuse angoisse qui accompagne toute liberté tangible. Son temps voit l'éclosion d'une myriade de milices privées, parfois auxiliaires des pouvoirs en place, parfois en concurrence directe avec le Prince, dont le boulot consiste à maintenir la populace sous pression. Lobbyistes altersexuels, communautaristes exotiques, vigiles de la Correction, épurateurs du langage, écorcheurs de vieilles plaies cicatrisées et pornographes mémoriels se succèdent en un ballet continu pour pressurer les glandes lacrymales, les bourses et les excuses d'être trop normal.
(A suivre, peut-être...)
13:40 Publié dans Marées Noires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Les représentants se représentent, vox merdi, servitude souriante
CHASSEZ LE NATUREL...
... et il vous revient dans la gueule. Et voilà les traces qu'il y laisse.
Téléjournal d'Ex-France 2, hier soir. Je regarde distraitement Pupu faire des sons suaves entre deux séries d'images plus ou moins ineptes. Ca cause de va savoir quelle catastrophe, je n'ai pas suivi. Je retiens simplement qu'au moment de parler de "corridor", il s'en est fallu de très peu pour que le journaliste (fatigue? éclair d'humour noir inespéré ?) se laisse aller à articuler "courant d'air humanitaire".
Je note soigneusement l'expression.
13:00 Publié dans De quoi j'me merde ? | Lien permanent | Commentaires (0)
26/05/2007
LE REICH DES GRANDS-MERES
La sagesse clocharde stipule qu'on trouve souvent des choses comestibles dans des poubelles répugnantes. Suivant ce principe, on ne voit pas ce qui empêcherait Fukuyama d'écrire des lignes aussi lumineuses que prophétiques. Démonstration :
Les pays développés vont aussi devoir affronter d'autres problèmes pour faire usage de cette même force. Les anciens - et surtout les femmes - ne sont pas les premiers à être appelés à servir dans les armées, de sorte que les réserves de personnel militaire vont fondre. Ajoutons que, dans ce type de société, les gens supporteront de moins en moins de voir des jeunes tomber dans une bataille.
Nicholas Eberstadt a calculé que, compte tenu des tendances du taux de natalité, l'Italie serait, en 2050, une société dans laquelle seulement 5% des enfants auraient des collatéraux d'âge comparables (c'est-à-dire des frères, des soeurs, des cousins, des cousines, etc.) Les individus seront essentiellement en relation avec les représentants des générations antérieures et avec leur propre descendance. Cette faiblesse des générations risque d'accroître le refus d'aller à la guerre et d'accepter le risque de mourir au combat.
Le monde pourrait ainsi se diviser entre un Nord dont le ton politique serait donné par les femmes âgées, et un Sud qui serait mû par ce que Thomas Friedman appelle des "jeunes hommes en colère doté de super-pouvoirs" : c'est manifestement un groupe relevant de cette seconde catégorie qui a mené les attaques du 11 septembre 2001 sur New York et Washington.
La Fin de l'Homme. Les conséquences de la révolution biotechnique, La Table Ronde, 2004 - cité par Maris, Antimanuel t.2
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25/05/2007
LE PIRE, C'EST DE PARTICIPER
Toutes les études récentes sur le travail témoignent de son changement de nature. Alors que le travailleur des années 1960 connaît un ennemi, le patron, sur lequel il peut tranquillement cristalliser sa haine ou son envie (tranquillement, parce qu'au fond, il sait bien qu'il n'arrivera jamais à le détrôner), le nouveau travailleur a pour pire ennemi son voisin de bureau. Concurrence signifie "courir ensemble". Regardez-les courir tous ensemble pour offrir leur travail et leur sueur à celui qui n'est plus leur ennemi mais leur bienfaiteur ! Compétition signifie "quémander ensemble". Eh bien, ils quémandent tous, une émission supplémentaire, une heure supplémentaire, un euro supplémentaire, une minute de passage à la télé supplémentaire. Ils sont dans la division et la dispute. Autrement dit, ils sont dans l'Enfer, car la "division" (diabolos) et la "dispute" sont les apanages du Diable. Les travailleurs doivent s'impliquer, coopérer, on leur demande leur avis et on leur cède même une action ou deux pour leur donner l'illusion d'être propriétaires.
Certes, ils produisent. Mais quoi ? Des nuisances essentiellement. L'activité économique est devenue une immense accumulation de nuisances et le monde, un vaste dépotoir. Mais ce n'est même plus un combat pour quelque chose, c'est le combat pour le combat. Le combat lui-même est devenu marchandise et spectacle : peu importe ce que racontent les hommes politiques, mais vivement qu'ils s'étripent sous nos yeux, pour n'importe quelle raison, vraie ou fausse.(...) Qu'importe le vin, pourvu qu'on ait le flacon : et chacun de se précipiter sur la bouteille. Et pour trinquer, ils trinquent, les pauvres ! Bien entendu, les nantis, les protégés, ceux qui sont hors concurrence, les barons des médias et les chefs d'entreprise en appellent à lutter contre les privilèges du travail et la mise en concurrence de ce qui ne l'était pas. La guerre est belle pour ceux qui ne la font pas.
"La concurrence est le moteur d'une histoire dépourvue de sens", ajoute Philippe Thureau-Dangin, qui reprend à son compte la phrase de Pierre de Coubertin : "L'essentiel est de participer". Non : le pire est de participer. L'essentiel, c'est de ne pas participer, de ne pas se faire cannibaliser, de ne pas courir avec les autres petits hamsters dans la roue qui tourne sans avancer. Nous courons tous, mais nous ne savons pas où nous allons, et la justification de notre course est simplement de courir.
Bernard Maris, Antimanuel d'Economie, tome 2 : Les Cigales, Editions Bréal, 2006
16:50 Publié dans La Zone Grise | Lien permanent | Commentaires (0)
UNE AUTRE BETE IMMONDE EST POSSIBLE
16:10 Publié dans De quoi j'me merde ? | Lien permanent | Commentaires (0)
24/05/2007
MOSQUEES
L'UDC s'attaque aux minarets en Suisse et vise rien moins que la Constitution pour rendre leur érection impossible. On passe un degré en-dessous de la politique-spectacle pour patauger dans la politique-bromure. En démocratie, vous vous attendiez à quelque chose de bandant, de toute manière ?
Evidemment, l'initiative est absurde, hypocrite et contre-productive. L'Europe est en train de clamser avec un gode maso-humaniste dans le cul et nos braves réacs se sentent confusément obligés de faire quelque chose pour limiter la casse. Louable en soi. Mais ça n'est pas dans leurs habitudes de parler franchement des problèmes de société ni de proposer des solutions radicales. C'est donc parti pour une énième initiative strictement cosmétique, plus cosmétique que jamais en fait.
On est exclusivement dans le maquillage, pour une raison plus que basique. C'est de la construction de minarets dont il est question, pas de celle des mosquées - et encore moins de la simple présence de larges communautés mahométanes sur des terres autrefois soumises aux curetons. Même la simple idée de laisser le populo choisir qui il veut et qui il ne veut pas pour compatriote (Emmen, ça vous rappelle quelque chose ?) est considéré comme { choquant et totalement anachronique face à l'évolution du concept de nationalité en Suisse comme en Europe } par le Conseil des Etats. Alors dicter aux autres religions ce qu'elles ont le droit de faire en matière d'aménagement des lieux de culte ? Dérisoire. Et révélateur de la marge de manoeuvre de nos prétendus représentants. Mais continuez à voter, hein ?
Les bidouilleurs du projet battent un record de grand écart argumentatif dans ce passage particulier, où le développement n'a rien à voir avec la phrase de conclusion :
{ La proportion d'étrangers vivant en Suisse ne cesse d'augmenter. De plus en plus de cultures étrangères s'installent dans notre pays. Ce développement pose des problèmes croissants - surtout avec des personnes appartenant à l'islam. (...) Pour renforcer notre culture chrétienne et occidentale et sauvegarder la paix religieuse, nous devons freiner la propagation de l'islam. Une interdiction des minarets est indispensable. }
Sûr, les gars ! Pas de clochers aux Eglises des barbus et hop ! C'est le début du grand recul du nazislamisme qui vous flanque tant de cauchemars, à défaut d'oser rêver à des choses autrement plus réelles et plus inquiétantes. Ca doit être relaxant de vivre dans votre monde : les problèmes semblent s'y régler avec une aisance déconcertante. " J'adore qu'un plan se déroule sans accrocs ", un cigare allumé au bec, les Héros ont gagné sans trop suer, générique de fin.
En fait, tout ce qu'on nous propose, c'est de sauvegarder les ultimes apparences de notre domination territoriale. Les quartiers "populaires" des grands centres urbains qui se transforment en Cour des Miracles ou en bistrot de Star Wars ? Des cours de hip-hop, de djembé et de capoeira intégrés dans le programme scolaire, en plus des séances de repentance collective ? La Correction qui coud les gueules, excise les gonades et délave les cerveaux ? Tous ces innombrables petits symptômes du joyeux suicide de la grande Famille Blanchouille, collaborant passivement à sa propre expropriation ? Broutilles ! Ce qui compte, c'est que le remplacement de population se passe dans le calme, la démocratude, et le respect des circulaires officielles. C'est qu'on ADORE ça, nous autres Helvètes, la paperasse, les formulaires et les étiquettes.
Le dépliant de l'initiative insiste amplement sur le côté gri-gri et gadget de l'initiative :
(...) l'initiative pour l'interdiction des minarets (...) veut interdire un symbole de pouvoir politico-religieux qui exclut la tolérance afin de garantir la liberté religieuse pour tous.
D'abord, quand on veut bien accueillir tout le surplus du Tiers-Monde chez soi mais en lui imposant un train de vie en troisième classe et le droit de bosser en fermant sa gueule ("immigration choisie", comme dirait l'autre), on est malvenu de causer de "Tolérance". L'Hopital et la Charité, tout ça : question de cohérence. Question de simple dignité, aussi : y a comme ça un certain vocabulaire qu'il vaut mieux laisser aux Collabos si on ne veut pas sombrer dans le ridicule et étaler une hypocrisie King Size.
Ensuite, il faut marteler, asséner, mitrailler encore et toujours que l'islam n'est PAS le principal problème de l'Occident. Tout le monde sait et sent très bien que si les mosquées étaient fréquentées par une majorité de post-ados norvégiennes en shorty, nous ne serions confrontés qu'à un strict problème de bondieuseries, pas de politique ou d'incompatibilités culturelles. Et puis, aussi, du moment que l'Européen de base ne croit plus à rien, qu'il accepte que ses cathédrales ne servent plus que de gare de triage pour sans-papiers, qu'il se laisse séduire par les sectes new-age les plus connes et les plus niaises, pourquoi ne pas finalement préférer une secte vigousse et conquérante à une vieille doctrine si poussive que même ses prosélytes ne font plus que s'excuser d'exister ?
Si un minaret symbolise quoique ce soit en-dehors de ses fonctions officielles, c'est sans doute que l'Européen n'est plus tout-à-fait chez lui, qu'il doit se pousser pour faire de la place aux Nouveaux Locataires, et que plus il se fera discret mieux ça vaudra pour ses miches. C'est surtout ça qui sous-tend toute l'affaire : ça souligne douloureusement que notre bail touche à sa fin sur ce continent.
Mais putain, si vous avez besoin de contempler ce genre de bâtiments dans votre quartier pour comprendre que Monsieur Moyen a perdu depuis longtemps cette partie d'Ôte-toi-de-là-que-j'my-mette, et qu'il n'a aucune envie de jouer un match-retour, c'est que vous sortez à peine d'un coma qui a duré un bon demi-siècle. Perdre son temps, son énergie et sa crédibilité avec ce pitoyable ravalement de façade n'y changera que dalle. Aucune loi, aucune pétition, aucune tracasserie papelardière ne nous sortira de la merde. Ceux qui le prétendent sont des arnaqueurs et ceux qui les croient, des couillons finis, qui somme toute ne méritent rien d'autre que la dhimmitude qui les obsède.
14:20 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Bondieuseries, minarrête ton char, vous avez rien de mieux à foutre ?
22/05/2007
QUEL SIECLE ON EST, DEJA ?
{Bientôt vous allez enfin connaitre les joies du métissage obligatoire et de la guerre civile de basse intensité permanente, comme ici en Europe.} - lire le reste du commentaire concernant les mégalorégularisations de sans-papiers américains chez les toujours élégants Ilysiens.
Ah moi y en a sorry, Sahib, mais ça fait un FOUTU bout de temps qu'ils se la font mettre multiculturellement, nos amis yanquis.
Déclaration de l'inconstitutionnalité de la ségrégation : mai 1954. Mise en place de la discrimination positive : juillet 1964. Introduction du "busing", qui touille allègrement Blanchouilles et Frères-Humains dans les écoles : 1973. Alors je crois qu'ils connaissent ça depuis un moment, et à un niveau plus monstrueusement balaise qu'ici. La seule nuance, peut-être, c'est que les obèses du Klan peuvent légalement organiser des petites White Thrash Pride dans la rue, avec les brillants résultats que l'on voit tous les jours, n'est-ce pas.
Quant aux émeutes que c'est censé provoquer "bientôt", là aussi, y a comme une mise à jour historique brutale à faire. On parle même pas des émeutes politisées des Black Panthers ou de Martin Luther King-Kong. On saute directement aux alentours de la première Guerre du Golfe : Los Angeles 1992, ça vous dit rien comme cuvée ? Un dealer Opprimé-par-l'esclavage-de-son-arrière-arrière-grand-père qui force un barrage de police en bagnole et se prend des coups de matraques dans la chetron. Retour de manivelle: une insurrection ethnique à une échelle qui ramène les foirinettes banlieusardes d'ex-France cuvée 2005 à leur niveau réel : à savoir une potacherie bien maîtrisée, un jeu de Chat Perché sans victimes par dizaines, un brouillon anecdotique. (Slayer et Ice-T ont produit un appréciable duo sur le sujet, à l'époque, en reprenant bourrinement un vieux titre de The Exploited, mais je digresse).
Et il y en a eu pour s'étonner sincèrement du succès de la pêche aux voix fafs de Sarkoflic. Ce n'est pas seulement Monsieur Moyen qui range les questions d'immigration dans le tiroir Boulot pour la police - c'est que nous sommes très loin, mais alors très foutrement loin, d'avoir touché le fond en matière de " métissage obligatoire et la guerre civile de basse intensité. " On n'a encore rien vu. Autant vous faire rapidement à cette idée, les cocottes : on est parti pour plusieurs décennies à la sentir toujours plus dure, toujours plus profonde et toujours plus multiculti, sans aucune réaction populaire d'aucune sorte.
Sauf si vous êtes assez à bout nerveusement pour coller cette belle étiquette sur le cirque de rue façon dreadlocks-djembe-jonglage ou sur le vote massif pour la même vieille droite molle que depuis un demi-siècle, évidemment. Il est vrai qu'on a les manifs spontanées qu'on peut. Dans un hospice de vieux, quand les gens se lâchent, ça sent plus la pisse que les pneus brûlés, que voulez-vous.
Post-scriptum : Question incitation à l'immigration massive, les ricains sont aussi largement en avance sur nous autres Vieux-Européens. Sarko parlait d'hexagonifier toute gonzesse maltraitée à la surface du globe, c'est encore loin du niveau de leur Green Card Lottery et du très éloquent Diversity Immigrant Visa Program...
12:50 Publié dans La Zone Grise | Lien permanent | Commentaires (0)
21/05/2007
QUAND LE CERVEAU SE MET AU VERT
Moritz Leuenberger, notre frétillant Ministre des Transports et de l'Energie, a de bien belles idées pour refroidir le climat de la planète à partir du territoire helvète. On ne manquera pas de lire sa prose parfois francophone sur son blog perso, dont on doit pouvoir trouver l'adresse quelque part ici. Paraît qu'on y cause dans les commentaires. Je n'ai pas été voir, pas parce que je n'ai pas le temps ou parce que j'ai d'autres choses à foutre, mais basiquement parce que ça a l'air chiant.
Bien évidemment, en tant que Premier Chef de Gare de la Nation, l'aimable socialiste biennois trouve que prendre les transports en commun, das is sehr super. Ben oui mais ça coûte cher. Suffit pas que poser ses fesses dans un seconde classe coûte abominablement plus cher qu'en France (sur le trajet Lausanne-Paris, une bonne moitié du billet est amortie avant même de sortir des frontières), faut encore trouver plus de blé pour inciter les bagnolistes à laisser leur Tueurs d'Ozone au garage. Souissinfo nous informe récemment qu'un des moyens de renflouer les caisses des Chemins de Fer Fédéraux serait d'imposer le "Road Pricing", gerbatoire néoanglicisme qui décore une réalité bien simple : le péage routier, du genre que les Londoniens se prennent dans la gueule depuis 2003, je crois.
Le truc du "pollueur-payeur", c'est pas nouveau, et qu'on aime ou pas, ça peut sembler logique. Tu casses Mère Nature avec ton 4x4 ? Tu passes à la caisse, mon cochon. Même principe que pour la clope, somme toute : pas question d'interdire ouvertement, on va juste augmenter les prix régulièrement, en prétendant qu'à force les accrocs du clou de cercueil seront dégoûtés de leur tétine cancérogène parce que ça coûte trop cher. C'est notamment comme ça qu'on finance l'AVS dans notre belle démocratie directe, en faisant investir ceux qui vont mourir jeune dans l'avenir de ceux qui vivront vieux.
Même logique bouffonne dans le présent cas de figure, avec peut-être un chouilla plus de gonflitude : s'agit pas seulement de forcer Monsieur Moyen à prendre le train plutôt que la caisse, on compte en plus sur ceux qui s'accrocheront à leur volant pour payer les InterCity des malheureux piétons et/ou des Ecocitoyens responsables. On compte donc sur une bonne majorité de conducteurs acharnés pour rentabiliser les nouvelles douanes urbaines, supposées remplir les trams jusqu'à la gueule et réoxygéner notre pov' planète asphyxiée.
On vit quand même dans un putain de chouette pays. Pas étonnant, comme le répète monsieur le Ministre des Taxes Hulotières, que la Suisse soit vantée mondialement comme un modèle en matière de bidouillages pseudo-écolos.
18:10 Publié dans De quoi j'me merde ? | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ecoarnaque, ton destin c'est le train, pollueur-bonne-pomme
LA HONTE DES FUTURS ARCHEOLOGUES pt. II
La foi en la Croissance se comprend mieux si l’on garde en tête que le dernier Occidental est avant tout un boutiquier. Il voue à l’agriculture un mépris ardent, la confinant aux populations extra-européennes et chargeant ses élites de détruire toute possibilité d’autosuffisance alimentaire continentale. Il méprise également l’ouvrier et l’artisan, jugés trop instables et trop coûteux par rapport à la machine.
La dégradation conséquente de la qualité des produits semble l’indifférer complètement et sa passivité face aux délocalisations et aux fusions des entreprises peut être considérée comme une acceptation des décisions économiques prises par l’aristocratie. De même, l’absence de toute jacquerie démontre la résignation, sinon l’acceptation de la paysannerie face à sa condamnation. Ses rares mobilisations tournent autour des aides que lui concède le Souverain pour adoucir son trépas et achever de réduire la tradition en une industrie aussi déshumanisée, cradingue et polluante que les autres.
L’accumulation de signes extérieurs de richesse s’est étendue à l’ensemble de la société, y compris aux classes laborieuses ; ces dernières, tout en entretenant un sourd ressentiment à l’égard des nantis, ne méprisent pas leurs symboles et les affichent fort volontiers. Vivre comme un bourgeois tout en crachant sur le Bourgeois n'est pas une contradiction, même chez le Bourgeois lui-même ; l'époque est de toute manière au reniement de soi et toutes les formes de masochisme sont auréolées d'un relatif prestige.
Les couches les plus basses de la société, vivant de rapine et de chantage affectif, échappent encore moins que les autres à la fascination pour l’or et les verroteries. Seules d’antiques civilisations sud-américaines les surpassent dans leur amour des ornements massifs et inconfortables. Tout en entretenant une sous-culture d’opposition factice aux classes dirigeantes, elles sont les fidèles les plus fanatiques du Veau d’Or.
Encore perçu comme humiliant quelques générations plus tôt, l’endettement s’est généralisé à l’ensemble du corps social. Il est banal pour un citoyen de vivre au-dessus de ses moyens et la figure de l’usurier a intégralement perdu son caractère négatif, devenant l’une des professions les plus rentables et les plus respectables du système économique.
Certains auteurs contemporains parlent même d’une « financiarisation » de l’économie, les fortunes les plus colossales ne dépendant plus de la qualité des produits ni de l’ampleur des domaines terriens. La démocratisation de la carte de crédit remplace peu à peu le papier-monnaie, faisant dépendre la richesse concrète de chaque personne de la stabilité et du bon vouloir des banquiers, un monopole perçu comme naturel et légitime.
Contrairement aux siècles précédents, le financier ne se contente plus de faire et défaire les monarques : il les remplace carrément au sommet de la hiérarchie sociale et si la Bourse ne remplace pas officiellement le Parlement, c'est sans doute plus par paresse que par manque d'intérêt pour la chose publique ou par démocratisme pointilleux. L'idée est répandue que la politique est une affaire suffisamment idiote pour être confiée à des professionnels du mandat et de la commission d'enquête.
(A suivre, encore...)
11:50 Publié dans Marées Noires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Archéomonculisme, chantage affectif et rapine, usure is good for you
17/05/2007
DEUXIEME RATION DE MATOS NATIO-ANAR
Ca fait bien un an que je bosse sur cette tradoche. Le document pèse bien ses 317 ko et fait environ cinquante pages. J'en suis à la moitié, environ. Je vais le publier par chapitre. Ca permettra aux plus curieux et aux plus flemmes d'entre vous d'y jeter un oeil sans vous plomber la cafetière avec un volume entier d'un seul coup. En ce jeudi parfaitement dégueulasse météorologiquement, voici l'intro et le premier chapitre de <L'anarchisme philosophique et la mort de l'Empire, écrit par Keith Preston, publié originellement ici et franchouillé par mes humbles soins avec son aimable autorisation.
C'est un texte extrêmement ambitieux, qui tente "d'appliquer la théorie anarchiste traditionnelle à la situation mondiale que nous connaissons", pas une mince affaire donc. C'est l'oeuvre d'un type bien documenté, sans doute autodidacte et foutrement isolé au sein de la mouvance anar, comme on l'imagine. Autant le dire cash : c'est souvent un peu rébarbatif. J'en suis sans doute le premier responsable, la simplicité lapidaire de l'anglais s'adaptant mal aux circonvolutions bâtardes du français, qui aime à compliquer les phrases jusqu'à l'absurde. Le second responsable, c'est monsieur Preston lui-même, qui empile les exemples et les digressions au risque d'épuiser son lecteur.
Reste que ça demeure un remarquable travail de réflexion, malgré les prédictions hasardeuses et, comme toujours, la maigreur relative des propositions concrètes. C'est ce que les rosbifs et les yanquis appellent du Food For Thought, ou ce qu'on pourrait décrire comme du viagra pour matière grise : ça ne donne pas beaucoup de réponses mais ça soulève un maximum de questions, que vous êtes sans doute assez grands pour triturer tous seuls. C'est déjà pas mal, étant donné la pauvreté égale de la littérature anarchiste et nationaliste contemporaine. Bref, imprimez ces dix premières pages tranquillement et dégustez au calme. Le reste suivra durant les semaines à venir, si les dieux le veulent.
14:45 Publié dans National-Anarchisme | Lien permanent | Commentaires (0)