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26/07/2009

" TU VEUX LA VOIR, MA MORALE ? "

25/07/2009

WANDER LUST

Do you still walk the streets at night?
With the wandlust you fight
Back to the corner where we went our
seperate ways

Flogging Molly

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Il n'est pas tard, mais chacun semble avoir sommeil, beaucoup ont quelques centaines de kilomètres dans les pattes. Payer l'addition, sécher les verres, se saluer. Je rejoins ma bécane, m'équipe, me mets en route. Le trajet pourrait être court mais il faudrait pour cela une certaine envie de retrouver les pénates, qui à ce moment fait défaut. Rester sur place et enchaîner les tournées d'absolument n'importe quoi, voilà la seule solution de continuité acceptable, rejetée par le départ de chacun.

Je pourrais continuer ailleurs mais je sens déjà que, quel que soit l'endroit et quoi que j'y commande, tout sera inadéquat, comme hors de propos, lassant avant même de commencer. Et puis, sur le chemin, quelle adresse est-ce que je connais vraiment ? Une solution serait de passer à l'appart, d'embarquer des munitions et d'aller les liquider dans un coin à l'abri du vent - et pourquoi pas embarquer de quoi faire du feu, aussi, tiens ? Le soufflé retombe à peine sorti du four : pas l'énergie. Pour faire quelque chose ou ne rien faire du tout. Pas le choix : il faut continuer à rouler. Je dépasse mon bled en n'en prenant conscience que trop tard, de toute manière.

La route est vide. Le soleil, disparu depuis deux heures, décore encore les sommets d'un ravissant halo bleu néon. De gros insectes croisent parfois ma trajectoire comme des balles traçantes saoules. C'est à peine si j'entends encore le bruit du moteur. Au moment de partir, sur la terrasse, il faisait presque trop frais ; en selle, veste fermée, c'est encore juste agréable. Ca remet les idées en place. Passe un village, puis un autre. Pas évident de se maintenir en-dessous de 100, je ne sais pas trop pourquoi je cherche à le faire d'ailleurs, ce coin-là ne m'a jamais semblé très fliqué. Je tente quelques longueurs toutes lumières coupées, mais il ne fait pas assez clair ; la lune dessine un croissant qui semble immense mais encore trop maigre. Inutile d'en faire des tonnes dans le genre, non plus. Rallumer, adopter une vitesse régulière. Je rote un mélange d'huile pimentée, de café et de grappa - servie glacée, détail remarquable. Je dois avoir le foie qui fatigue.

Je me souviens d'un temps, pas si éloigné, où c'est à pinces que je sacrifiais à l'obligation d'endormir ce mal nocturne particulier, arraché du plumard par un élan plus impérieux que l'insomnie ordinaire. Cette garce-là se contente, et c'est déjà suffisant, de te faire jouer à la broche humaine, en trempant méthodiquement chaque recoin de draps, en patientant le temps que s'étouffe le bourdonnement d'entre les tympans. Rien à voir avec cet appel de la nuit, qui exige que tu viennes lui rendre visite sans n'avoir rien à lui dire. Je trinquais avec elle au whisky, en général, dans la lumière orange des lampadaires, écrivant parfois à la craie sur le bitume aux heures où l'on pouvait se coucher sans crainte en travers de la route. Ca pouvait durer des heures, avec le privilège de rentrer à la fois vidé et comblé. Et puis ça n'a plus suffi. Le passage à l'acte seul apportait une certaine satisfaction : une fois dehors, pas plus de sérénité. La nuit devenait aussi étroite que la piaule. Ce soir, c'est un peu pareil, sauf qu'il est encore possible de s'enivrer de vitesse. Une entrée d'autoroute se présente justement.

Ce n'est pas que je traîne, mais un sale con me talonne sur la voie d'accélération. Je suis à peine à 120 que ce rectum en 4X4 me dépasse, bien à 160. Je le laisse tracer. Il y a du monde, ce qui force à se concentrer un peu. Slalomer entre les pas pressés, dégager la voie pour ceux qui sont à la bourre. Ne pas louper la bonne sortie. L'air hurle dans le casque en tonalités suraiguës. Encore deux minutes et nous serons en un lieu qui, désormais, constitue le point d'arrivée et de départ de toute journée ordinaire. Est-ce parce que c'est encore trop neuf que je ne veux pas y rentrer ? L'odeur de peinture, en tous cas, s'est atténuée, ou alors je ne la sens plus. Un effort, putain : parquer la bête, trouver la serrure dans le noir, fermer derrière soi. Ici non plus, rien de ce que je pourrais me servir ne m'inspire. C'est pourtant pas la variété qui manque. Un truc très frais, pas trop sucré, ni trop lourd, voilà qui ferait l'affaire. Si j'avais su que je rentrerais dans de telles dispositions, j'aurais foutu la bouteille de gentiane au frigo, ou j'aurais fait des glaçons pour n'importe quel cocktail, il me reste justement du citron vert. Tant pis, ça sera du thé.

Sur fond de silence : soufflerie du pécé, vibration des tuyaux dans les murs, tremblements épileptiques du frigo, va-et-vient des locataires dans les couloirs, et ce scintillement continu, acidulé, qui vient combler ces vides qui suivent abruptement les longues périodes de boucan. Toujours pas installé de quoi écouter décemment de la musique ; les sons qui sortent de cette machine sont atroces, pas de basses, pas de mediums, tout zozote et grince comme un transistor dans un bunker, Antimatter ou Disfear sonnent presque pareil.

Aucune chance de roupiller avant des plombes. La bonne nouvelle, c'est que je n'ai plus la bougeotte. Il sera peut-être possible d'aller se tuer la tête et les yeux devant la téloche. En fin de compte, c'est par ça qu'il aurait fallu commencer.

"PUBLIER CE LIVRE ETAIT NECESSAIRE"

Ca cause de Saint Théo ici.

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23/07/2009

HUILE LAÏQUE SUR FEU ETHNIQUE

Suivi de loin les rebondissements mous du procès de Youssouf Foufouna. On comprendra, je pense, le peu d'intérêt que représente cette affaire, dont les différents (très différents) protagonistes me sont aussi proches que des personnages de sitcom turque. Un malheureux quidam se fait abominablement dessouder parce que des mongoliens le croient friqué; cashers et hallals se déchirent une nouvelle fois la gueule sur la question; judéomanes crispants et islamophiles glaireux fournissent les munitions idéologiques et poussent leurs plus beaux pets sur les braises. Routine soporifique.

Ce qui met de relativement bonne humeur, c'est l'intervention de l'Etat Hexagonal. Procès bouclé, verdict rendu, sentences prononcées - mais ça n'a pas l'air de convenir à certains. Alors hop! nouveau procès, please. Cette sale petite mélodie évoque celle qui a suivi le NON irlandais au Traité de Lisbonne : mauvaise réponse, même joueur joue encore... La nuance, c'est qu'ici un gouvernement prend ouvertement fait et cause pour une famille de victime qui ne se définit pas prioritairement par son amour du scrabble ou sa carte de membre des Boulistes Parigots. Il y a reconnaissance explicite de la valeur ajoutée d'une certaine souffrance, d'une certaine catégorie de victimes.

On voudrait contribuer à monter une communauté contre une autre qu'on ne s'y prendrait pas autrement. Je tombe sur un article de Le Point (il faut dire "du Point"?), daté du 16 juillet dernier et signé Sylvie-Pierre Brossolette, dont ce paragraphe résume joliment la garantie d'échec de ce pauvre bis:

Le second jugement concernant les 14 complices de Fofana, quel que soit son degré de sévérité, ne contentera en effet sans doute personne. S'il est plus dur, comme c'est l'objectif de l'appel, on dira que la justice s'est laissé influencer par le politique ou, pis, par les lobbys juifs. S'il est plus indulgent encore, la colère saisira à nouveau les défenseurs d'une communauté meurtrie. S'il est semblable au précédent, on s'interrogera: tout cela pour en arriver là?

Bref, quoiqu'il arrive, on peut s'attendre à plus de tensions, de rancoeurs, de parano, et d'une fracture qu'on aura de plus en plus de mal à maquiller en "sociale". Ca ne fait guère avancer notre schmilblick, nous sommes d'accord là-dessus: pendant ces batailles de chiffonniers de la Douleur Collective AOC, nous mangeons toujours de la merde industrielle, sommes abrutis de propagande mondialiste, disparaissons des cours d'école et des quartiers populaires, acceptons l'enflicage intégral de nos existences et fortifions notre accoutumance à une vie qui ressemble à un interminable suicide par l'ennui et le dégoût. Mais pour tous ceux qui perdent le sommeil à rêver de vengeances hors de leurs humiliants petits moyens, le son des couteaux qui s'affûtent est décidément une bien jolie berceuse, quand bien même ce sont ceux des autres, moins dégénérés que nous, moins oublieux des manières dont on taille une belle boutonnière, et surtout des circonstances où on a moralemement le droit de le faire.

Ce d'autant plus que, pour une fois, nous autres Culs Blancs Fauchés ne sommes pas pris entre le marteau et l'enclume. Le Sarko Krew, sur ce coup-là, ne va pas pouvoir ménager républicainement chèvre à babouches et chou à papillotes : l'un va se faire bouffer ou crever d'indigestion, un de ces quatre. Au point où nous en sommes, savoir que nous aurons toujours un heureux événement à fêter du fond de notre fosse commune est un modeste mais puissant réconfort.

22/07/2009

IT'S ALIVE ! IT'S ALIVE !

° Il y a une blonde narquoise, dans le fond, là, qui ricane qu'on habite chez crétin.fr. Comme souvent (ah! les ancêtres paysans...), elle marque un point. Mais je méprise. Oui, il y a des fils partout et je finirai par m'y prendre les rangeos, mais je ne suis plus obligé de jouer au gitan du web - ou du moins, j'ai un peu plus de place pour garer ma roulotte. Encore quelques kilomètres de fils et je pourrai même écouter de la musique autrement que dans ma tête.

 

° Dans mon nouveau quartier, c'est encore plus cosmopolite que dans l'ancien, mais deux choses méritent d'être notées. D'abord, tout le monde se dit bonjour, et en français. Ensuite, il y a des spécialités de gnôle étonnantes chez la plupart des habitants, très heureux de les faire découvrir en plus. Continuer de passer pour xénophobe et aigri va devenir foutrement difficile. Mais on n'a pas le droit de décevoir les gens qui vous font une réputation détestable, ce sont les seuls sur l'engagement desquels l'on peut compter sur le long terme.

 

° Coupé du net pendant presque trois mois et ne lisant guère les journeaux, je ne suis bien évidemment plus au courant de que dalle. Je n'ai donc, en ce frais matin déjà pluvieux - chier - d'avis stupéfiant à donner sur rien du tout. D'ailleurs, ça a commencé un peu avant mon déménagement : le bordel estudiantin en Iran, par exemple, me soufflait sur l'une sans décoiffer l'autre. Eh bien je vous l'affirme : c'est très reposant. Et ça fera aussi du bien à l'entourage, avec qui je fais une grosse boustifaille ce soir, et qui ne m'entendra pérorer sur aucun sujet politique, social, médiatique, rien. Je ferai la popote, je surveillerai le niveau des verres, je glisserai peut-être ça et là une connerie pour pimenter la conversation d'autrui (mon persil de balcon ne pousse pas, est-ce la faute aux judéonazis ou aux nazislamistes?), et basta. Ceci dit, je rassure les gerbophiles qui ne me lisaient que pour dégueuler par procuration : avec l'isolation de cet immeuble pourrissant, je suis au courant du moindre mouvement gastrique de mes voisins, et ce qui se chuchote dans les couloirs donne l'impression d'être hurlé en direct de mes cagoinces. Je dors donc aussi mal que d'habitude et j'ai les nerfs en petites pelotes bien serrées. Je devrais donc retrouver mes compulsions d'écriture automatique sous peu. Tenez, rien que de pondre une phrase pareille me donne la sensation d'être la proprio d'un blog girly où l'on s'échange des bons plans soquettes et spidedétingue. C'est humiliant. Ca fout en rogne. Je vais finir par me réveiller un jour avec une inscription sur facebouque dont je n'aurai aucun souvenir précis.

 

Enfin bref.  

19/07/2009

FERMER SA GUEULE ET SE CONCENTRER SUR L'ESSENTIEL

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Moins je peux écrire, moins je comprends ce qui a pu me motiver à le faire si longtemps.

 

La littérature sent la stratégie d'évitement, la procrastination. Remettre toujours à plus tard les choses qui importent vraiment, qui garantissent telle ou telle forme d'indépendance réelle, l'avènement de la relève de la guerre culturelle que nous sommes en train de perdre, la confrontation radicale avec ces limites et ces manquements qu'on se plaît à exhiber, comme pour se racheter une conscience, si mauvaise qu'elle soit. Deux mois à gamberger sans pouvoir en distiller la moindre ligne, et somme toute quel résultat ? La même rage froide et constante, pas plus, pas moins, à croire qu'elle a quelque chose de congénital, d'absolument imperméable aux échecs ou aux réussites qu'on ose s'attribuer.

 

 

Ai-je vraiment cru que bavasser m'apportait le moindre soulagement ? Ou se vautre-t-on dans la prose comme d'autres dans le zapping, histoire de meubler, parce qu'on ne sait, ne veut, ne peut rien faire d'autre ? Parce qu'une trouille cataclysmique de prendre enfin les devants nous paralyse moralement ?

 

 

Bilan provisoire :

 

- la relève n'est pas en route, mais elle est un projet bien arrêté, et partagé par la principale intéressée; évidemment, il y a de grosses divergences sur le chapitre "valeurs à transmettre", mais si je lui causais de ce que je veux vraiment, ça serait pire, alors positivons - Larvatus Procréo;

 

- si j'arrête de tout faire pour me foutre en l'air la viande, les os et la caboche tous les trimestres, l'apprentissage du combat pourrait finir par porter quelques fruits, malgré les morceaux qui ne pourront pas se recoller tous seuls. Conserver sur le long terme un boulot presque honnête facilite bien tout ça - "Pas d'or, pas de révolution", résumait vous savez qui;

 

- la cabane dans le Montana et l'atelier de bombes artisanales, par contre, c'est au point mort et les rêveries les plus optimistes à ce sujet débouchent toujours sur un pronostic ricanant. Mener à bien les deux points précédents pourrait s'en ressentir positivement, toutefois, ce qui semble indiquer qu'il faudra bien finir par choisir sérieusement entre Eros et Thanatos. Ne faire que se frotter à l'un et l'autre sans se décider, y a pas : c'est un comportement de salope qui n'assume pas. Mieux vaut faire, ou ne pas faire du tout, les choses en entier. Ce sont des choses qu'on sait toujours plus ou moins implicitement, mais être forcé de se recentrer sur soi-même, pour causer niouedge, aide pas mal à en tirer les conséquences concrètes;

 

- quant aux tiraillements diurnes ou nocturnes sur l'air de "Je-veux-pondre-une-encyclopédie-terroriste-qui-marquera-la-fin-de-l'Histoire", ils sont toujours là, hélas, mais ils se laissent apprivoiser, et n'exigent plus qu'on leur consacre des heures de bidouillages verbeux indigestes même pour les estomacs les plus indulgents. Le priapisme, même sous sa forme littéraire, c'est épuisant et ça ne mène pas à grand-chose concret si on n'ambitionne pas de faire carrière dans le porno. A la réflexion, ce blog n'est pas vraiment autre chose qu'une forme de pornographie sous-métapo.

 

 

L'incapacité de se soustraire à l'ennui par le biais de certaines technologies modernes semble avoir un effet assagissant. On m'assure même que j'ai l'air "d'aller mieux", pour autant que ça veuille dire quelque chose.

 

On en recause peut-être quand mon putain d'appart' aura autre chose que des prises pour rasoir dans les chambres. Que la centaine d'égarés qui s'acharnent à venir ici depuis deux mois pour que dalle trouvent ici, malgré tout, la marque de ma reconnaissance, pour ce qu'elle vaut.

 

08/07/2009

BREVE SORTIE DE COMA

Vivre dans un immeuble qui n'a pratiquement pas bougé depuis les années cinquante peut avoir son charme, mais la technologie d'un demi-siècle plus tard exige des travaux hallucinants et en conséquence des tractations éreintantes avec les ennemis du genre humain que sont les régies immobilières. Ce n'est donc pas demain la veille que je pourrai reprendre le cours de mes éructations ici. L'avantage, c'est que cette situation agaçante permet de conserver intacte une tendance naturelle à la rogne. Absence totale d'insonorisation, travaux de rénovation dont le bâclage confine au foutage de gueule punkoïde, étanchéité toute relative des fenêtres, tout ceci s'additionne à la fatigue d'un déménagement hâtif et à un sommeil de qualité toujours médiocre - tout va comme d'hab, je suis absolument furax, avec quelques ennemis personnels de plus. Si je ne claque pas de rage avant que je puisse sortir de ses cartons ce putain de pécé qui prend la poussière (et avec lui tout le stock de musique volée sans qui il est difficile de zapper la planète quelques instants), je devrais pouvoir alimenter ce bleaugue sans me fouler pendant quelques mois. La simple pensée que cela ne dépend que de la mauvaise volonté d'un voleur légalisé par l'Etat et sanctifié par le marché est une source puissante d'humiliation, de rancoeur, et donc d'inspiration. S'il y en a encore quelques-uns qui s'attardent en ces lignes, qu'ils sachent que je n'ai pas la cosse, ni rencontré Le Prophète, ni fracassé ma gueule sur un bitume hostile aux bécanes, c'est juste que je ne peux pas vraiment faire autrement que, pour une fois, fermer ma gueule. Avec mes saluts aux affreux du Bistrot.