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26/07/2010

ARTISTES DE MES COUILLES

 

Look at you all clutching your guitars
As if it makes a difference to who you really are
Does the picking of a string stop the ticking of the clock?
When will this curtain fall?

How did you carve that psalms?
I'm sorry but your intellect is really not that sharp
You're drowning so you plagiarize what you wish to become
A stone masquerade so cold

What's real about this story?
What's real?

Am I safe? Am I safe to be alone?
When all around are lost
Comsumed by my indifference and left to count the cost
Of all the bleeding hearts who suffered you because you told them...
You told them you were someone

What's real about this story?
What's real about this picture?

23/07/2010

IL VA NOUS FALLOIR AUTRE CHOSE

Retour sur cette histoire délicieuse:  Faucher une bagnole n'est pas un crime, neutraliser un voleur qui tente de forcer un barrage de police en est un. Voilà LEUR rationalité. "Vos lois ne sont pas les nôtres."

D'un point de vue anti-étatiste et communautariste, il n'y a là rien de vraiment contestable  au niveau des principes. Il s'est sans doute trouvé  des libertaires pour couiner au meurtre et glorifier l'acte anticapitaliste qui consiste à s'approprier ce que vante la télé des riches, etc.  Je n'ai pas l'abnégation nécessaire pour aller vérifier sur les sites de bolches. Si ça vous tente, démerdez-vous. (Au passage, tentez de leur expliquer que la destruction d'une Lamborghini serait plus compatible avec leurs analyses que sa possession usurpée, mais ne vous fatiguez pas trop, quand même, ils ne vous écouteront pas.)

En fait, une telle candeur dans l'énoncé des faits est assez sympathique, parce qu'elle contribue à clarifier encore un peu les lignes de front. Ils ne respectent pas nos lois ? Eh bien, il ne nous reste plus qu'à faire de même, puisqu'elles nous entravent sans plus nous protéger.

Pour le siècle à venir, il faut se faire très sérieusement et très pragmatiquement à l'idée d'assurer seul la défense de ses possessions et la sécurité de son clan, puisque nous ne voulons pas vivre dans une  forteresse, encadrés par des képis omniprésents. De toute manière, ils n'ont ni l'envie, ni le temps, ni les moyens de s'intéresser aux menus  larcins, bolossages et harcèlements qui nous menacent en priorité. Ils ne réagiraient qu'en cas de campagne officielle de nettoyage ethnique, avec executions sommaires et viols de masse à la clé. On ne s'improvise pas guérillero urbain, je le matraque depuis plus de dix ans, et pour qu'on soit bien clairs, je ne me fais aucune illusion sur mon potentiel en la matière.

Il va donc y avoir de la casse, beaucoup de casse, bien plus grave et répandue que les plaisanteries que nous connaissons actuellement en Europe de l'Ouest. Le sort qui attend les Européens partout dans le monde est celui des fermiers Boers depuis l'effondrement de l'Afrique du Sud, et la possession d'une Visa en platine ne sera pas forcément une garantie de tranquilité. Mais je m'égare.

Les plus cinglés et impatients des colonisateurs rêvent sans doute de tels expédients à la Tchétchène, mais la masse sent que le temps et la démographie  jouent pour elle. Les toubabs sont relativistes, xénolâtres, vieillissants, amorphes, obsédés par le confort. Quand ils font quelques enfants, ils se montrent très soucieux de leur liquéfier la colonne vertébrale dès le plus jeune âge. L'autre soir, un numéro d'Envoyé Spécial montrait un parfait exemple de cette volonté de corrompre sa progéniture dans l'oeuf, avec cette famille de blonds parcourant la planète pour "se frotter aux autres cultures", pour convertir leurs moutards au culte biodurable de Gaïa, voire en espérant qu'ils ramènent un jour de l'exotique à la maison pour bien montrer qu'ils ont retenu la leçon.

Contre un tel locataire, un squatteur avisé choisira l'attentisme vigilant plutôt que l'occupation en force. Pourquoi se lancer dans un scénario à la Yougoslave ? Le fruit est pourri, plus qu'à attendre qu'il tombe tout seul.

Ce d'autant plus que la phynance et l'intelligentsia ont imposé à l'autochtone un viager contre lequel il ne peut rien faire de légal. En attendant  qu'il claque, Krader et Ladidon doivent certes vivre dans des quartiers sales et dangereux. Mais:

1) si l'on s'en tient aux standards du Tiers-monde, ça ne semble pas les déranger plus que ça, tant qu'ils ont des blancs à tenir responsable de leurs propres sous-capacités ;

2) ils ont le droit tacite de se comporter comme des merdes, d'accumuler les appels à l'éviction du toubab et de voir leur sous-culture lumpenoïde salir jusqu'aux filles des plus riches  occidentaux.

Un coup d'oeil quotidien sur MTV, si éprouvant qu'il puisse être pour la joie de vivre, est le meilleur rappel des évidences : la guerre culturelle est terminée, les Faces-de-Craie l'ont perdue et les plus cultivés d'entre eux se réjouissent de voir leurs moutards sautiller comme des primates trépanés sur les hymnes conquérants les plus répugnants du Bronx. Le contenu des berceaux, toujours plus bistre chaque année, est là pour souligner  encore cette défaite joyeuse et rienàfoutriste.

L'arrogance confondante d'un Lies Hebbadj, se vantant de conchier les moeurs des Croisés, rejoint le festival d'excuses et d'indignation qui a  servi d'oraison funèbre à un Umut qui, jusqu'à il y a peu encore, était gratifié d'un "Sébastien" par les pisse-copie à genoux et bouche ouverte  devant l'envahisseur : ILS savent que le plus gros est fait, et dans les odes des traîtres à l'Ouverture et la Diversité, ils entendent un message limpide : Bienvenue aux suivants. "Ils sont chez eux chez nous", c'est déjà du passé. La nouvelle épitaphe du continent? Nous n'avons jamais eu de Patrie et  nous sommes heureux de crever sur LEURS terres.


*

Soyons clairs : il est ici question de moeurs bien plus que de lois. On ne conçoit pas de société sans putes, sans cambrioleurs, sans assassins. La détresse morale effarante de trop de réacs les mènent à croire qu'ils préféreraient se faire planter par un Norvégien que détrousser par un Maghrébin. Or la seule chose qui importe n'est pas de choisir entre ces deux maux. Quiconque s'installe sur notre territoire ou tente de nous planter, doit en payer le prix, c'est tout. Il se trouve que la police, le  gouvernement, la bourse et la presse n'ont jamais pu ni voulu garantir ce genre de factures. C'est boulot incombe désormais à Monsieur Moyen. Il n'en viendra pas à bout s'il reste isolé.

Et NON, tas de couillons, voter pour Freysinger/Le Pen/Fini ou organiser des conférences sur les traditions vikings dans un refuge de montagne n'est PAS une manière de briser cet isolement. Les partis légaux et les groupuscules doctrinaires ont fourni par centaines les preuves de  leur obsolescence définitive :

Il n'est pas rare que l'on croise, dans le cours d'une désaffiliation conséquente, les organisations - politiques, syndicales, humanitaires, associatives, etc. Il arrive même que l'on y croise quelques êtres sincères mais désespérés, ou enthousiastes mais roublards. L'attrait des organisations tient dans leur consistance apparente - elles ont une histoire, un siège, un nom, des moyens, un chef, une stratégie et un discours. Elles n'en restent pas moins des architectures vides, que peine à peupler le respect dû à leurs origines héroïques. En toute chose comme en chacun de leurs échelons, c'est d'abord de leur survie en tant qu'organisations qu'elles s'occupent, et de rien d'autre. Leurs trahisons répétées leur ont donc le lus souvent aliéné l'attachement de leur propre base. Et c'est pourquoi l'on y rencontre parfois quelques êtres estimables. Mais la promesse que contient la rencontre ne pourra se réaliser qu'au dehors de l'organisation et, nécessairement, contre elle.

Bien plus redoutables sont les *milieux*, avec leur texture souple, leurs ragots et leurs hiérarchies informelles. Tous les milieux sont à fuir. Chacun d'entre eux est comme préposé à la neutralisation d'une vérité. Les milieux littéraires sont là pour étouffer l'évidence des écrits. Les milieux libertaires celle de l'action directe. Les milieux scientifiques pour retenir ce que leurs recherches impliquent dès aujourd'hui pour le plus grand nombre. Les milieux  sportifs pour contenir dans leurs gymnases les différentes de vie que devraient engendrer les formes de sport. Sont tout particulièrement à fuir les milieux culturels et militants. Ils sont les deux mouroirs où viennent traditionnellement s'échouer tous les désirs de révolution.

La tâche des milieux  cultures est de repérer les intensités naissantes et de vous soustraire, en l'exposant, le sens de ce que vous faites ; la tâche des milieux  militants étendent leur maillage diffus sur la totalité du territoire français, se trouvent sur le chemin de tout devenir révolutionnaire. Ils ne sont porteurs que du nombre de leurs échecs, et de l'amertume qu'ils en conçoivent. Leur usure, comme l'excès de leur impuissance, les ont rendus inaptes à saisir les possibilités du présent. On y parle bien trop, au reste, afin de meubler une passivité malheureuse; et cela les rend peu sûrs policièrement. Comme il est vain d'espérer d'eux quelque chose, il est stupide d'être déçu de leur sclérose. Il suffit de les laisser à leur crevaison. Tous les milieux sont contre-révolutionnaires, parce que leur unique affaire est de préserver leur mauvais confort.

 

 

Il va nous falloir autre chose. Des façons d'Etre Et Durer absolument nouvelles, avec fort peu de précédents dans notre histoire en-dehors de la Sainte Vehme, des premières organisations syndicales. ou des gangs de bikers. Et ça va être moche et désagréable pour tout le monde, à commencer par ceux d'entre nous pour qui notre civilisation méritait d'être défendue pour son raffinement, et qui devront se résoudre à devenir des sauvages, pour que d'autres barbares ne finissent pas par nous imposer leurs moeurs abjectes et ridicules.

A LIRE AILLEURS

But although we are supposed to be uncomfortable to see a white actor playing Othello, we are not supposed to be uncomfortable to see a black actor playing a role we associate with whites. As long ago as 2000, when Nigerian actor David Oyelowo was selected by the Royal Shakespeare Company to play Henry VI, those who said they found this incongruous were accused of prejudice. (...) On the one hand, therefore, we are expected to be race-conscious; on the other, to be race-blind. This apparent inconsistency makes sense only when we realise that the underlying idea is that theatre should be less white and less ‘elitist’ (elitist is a near-synonym for white in this and other contexts).

 

*

 

In 1977, Roman Polanski had sex with a 13-year-old girl, and though he remained notorious, he was able to continue his work as a director virtually uninterrupted for the next 30-odd years; Hollywood’s A List has little compunction in collaborating with him. The consensus with Mel [Gibson] is that his career is kaput, making known that, according to our age’s civic totem, using the N-word is a far graver sin than pedophilia.

 

*

 

Signalé par l'indispensable Stuff Black People Don't Like, une sympathique petite vidéo. On y voit une candidate Afro-yanqui se présenter à une élection sous l'étiquette "Je ne suis PAS une pute à Blancs", (tout en portant des extensions capillaires fort peu compatibles avec l'esthétique Black Power originelle) et de vieux toubabs en costards expliquer d'une voix douce que ce n'est pas ouaciste ni scandaleux. Juste pour ceux d'entre vous qui pensent que les purs allumés des Indigents de la Répoubellique exagèrent, ou qui espèrent que leurs outrances finiront par ouvrir les yeux de leurs semblables modérés. Nous sommes loin - TRES TRES LOIN - d'avoir touché le fond en matière d'exploitation de la culpabilité blanche, les louloutes. Dans 10 ans, dans 20 ans, les bons mots d'une Houria Boutefas sur la rééducation des toubabs seront considérés comme d'inoffensives boutades en avance sur leur temps. Cul-Blanc, mon triste semblable, mon frère honteux, ton avenir est un gros gode et tu travailles dans une usine de vaseline. C'est le moment de faire du stretching et d'investir dans un bon clystère, un modèle qui te fera de l'usage sur plusieurs générations.

 

*

Encore une chose : n'oubliez pas que si vous êtes Nouâre, vous aimez Foutraque Obama. Sinon, on sera obligés de vous couper au montage.

20/07/2010

CHASSELAS 101

C'est bientôt l'heure de faire péter les topettes et d'enterrer une nouvelle semaine, causons picrate.

 

Bob Pied-Noir espérait quelques lignes sur « le vin suisse ». C'est pour l'obliger que je ponds ces  quelques lignes sur un sujet beaucoup plus restreint, à savoir quelques choses que je sais de certains pinards que l'on fait sur mes terres vaudoises, dont la beauté n'a d'inverse proportionnelle que la piètre qualité de ses habitants, mais je m'égare. Digresser en guise d'intro, ou l'art d'estourbir le plus bienveillant des lecteurs. Passons.


Un cépage y exerce une domination d'autant moins contestée qu'il est autochtone : le chasselas. On lui a inventé des origines exotiques, mises à mal par les dernières recherches en la matière. Il s'épanouit le long du bassin lémanique; pratiquement partout ailleurs, il s'acclimate si mal que beaucoup de vignerons ricanent encore à l'idée qu'on puisse en tirer un vin buvable. S'il est connu en-dehors des frontières helvètes, c'est parce qu'il sert plus volontiers d'échelle pour mesurer la maturité des autres cépages. En Valais, il se désigne sous le nom de Fendant, mais pas de gourance: c'est bien le même individu. Il y a quelques décennies, des fonctionnaires ont cru très intelligent de le baptiser du nom idiot de Dorin dans le canton de Vaud, et de Perlant à Genève. Ces pseudos humiliants ont heureusement disparu depuis.


Pas évident de le décrire à qui n'en aurait jamais bu. Au palais vaudois, il paraît constituer un archétype, une base universelle, un produit si basique qu'on ne voit pas pourquoi on lui concéderait plus de prestige que le pain ou l'eau plate. Jusqu'à une époque récente, ce tranquille mépris paysan a poussé bien des caves à fourguer des merdes sans nom au consommateur, censé ne faire de différence qu'entre le blanc et le rouge. A l'inverse, le dégustateur hexagonal qui le découvre risque d'être surpris, voire de n'y rien comprendre, comme me le confiait récemment un amateur pourtant plus éclairé que ma pomme sur la question.

 

chasselas.jpg

 

Posons quelques évidences grossières jusqu'à la caricature mais qui aideront à ce qu'on se comprenne bien.


A qualité comparable, un vin blanc français sera plus volontiers sur l'acidité, alors que le chasselas sera, lui, sec mais fruité. C'est un mélange que bien des frocards à qui je l'ai présenté  laisse durablement perplexe. Le Vaudois formé à ce mélange particulier, qui lui semble pourtant bien banal, sera retourné par la violence des blancs de France, dont les arômes citronnés lui fissureront l'émail des molaires. Cette différence fondamentale éclaire les habitudes respectives de consommation: par chez moi, on vous proposera presque fatalement du blanc à l'apéro, phénomène bien moins massif chez nos voisins tricolores. Rares sont leurs blancs qui peuvent se passer d'un plat en accompagnement; le chasselas, s'il irradie de bonheur en compagnie d'un taillé aux greubons ou de quelque salaison campagnarde, se suffit amplement à lui-même.


Si l'on se plaît à lui trouver « un goût de reviens-y », c'est avant tout parce qu'il est apprécié dans sa jeunesse: on y recherche de la fraîcheur, de la vigueur, de l'insolence. On commence à peine à réaliser, hors du cercle des spécialistes, son fabuleux potentiel de vieillissement et la complexité que lui confère le temps, même en bouteilles capsulées. Pour le populo, c'est sa rusticité, sa légèreté, qui fait tout son attrait, loin des notes riches et lourdes des grandes appellations burgondes. Comme pour souligner encore cette différence d'univers, sa délicate exubérance lui vient de ce qui est considéré comme un défaut rédhibitoire presque partout ailleurs : la présence d'un très léger gaz carbonique. Mais achtung : le millésime 2009 réservera des surprises pas forcément jouasses. J'ai déjà pu goûter certains blancs locaux si écoeurants et pesants qu'ils iront mieux en dessert qu'en apéro...


A l'image de l'Oktoberfestbier, bien que pour d'autres raisons, la raison d'être du chasselas est de pouvoir être bu sans soif, ou plus précisément sans la passer, ni couper la faim. Des vins trop riches et trop alcoolisés ont cet effet déplaisant, vous scient les jambes et vous découragent de toute goinfrerie ultérieure. Pas le chasselas bien fait : sa finale légèrement amère et minérale provoque une plaisante sensation de manque, mais sans astringence pour autant. Au contraire,  sa rondeur aérienne invite à rafoncer les godets de toute la tablée jusqu'à ce que chacun crève assez la dalle pour passer à plus sérieux.

Il se dit – je n'ai pas encore pu le vérifier – que la Côte fait des chasselas plus doux et flatteurs que Lavaux (ne dites plus Le Lavaux). Au sein de ces mêmes régions, dans un seul bled, on en trouve des qualités gravement disparates. Qu'on ne mise donc pas sur les AOC: boire « du Féchy » ou « du Saint-Saphorin », pour ne prendre que deux exemples, ne garantit en rien le plaisir de la déguste. Tout est question, bien sûr, du travail plus ou moins propre du vigneron, mais aussi du terroir. On prétend que le chasselas serait l'un des cépages traduisant le mieux les caractéristiques des terrains où il pousse. Or, la notion de terroir, si fondamentale dans la viticulture française, peine encore à percer en Suisse. On y fait encore prioritairement des vins de cépage, et l'étiquette mentionne le nom du producteur bien plus que celui de son domaine. Il se peut que ça change à l'avenir. Les vins de cépages n'ont pas une réputation très flatteuse, ne serait-ce que parce qu'ils sont la norme chez les vignerons industriels du Nouveau Monde, qui feraient pousser de la vigne sur du béton si c'était faisable et rentable.

Ceci pour dire que je ne donnerai pas de conseils de cave particulière pour ceux d'entre vous qui seraient tentés de se familiariser avec le chasselas. A éviter, toutefois, toute bouteille mentionnant des choses trop vagues. On trouve par exemple, en supermarché, des litrons de « Chasselas de Romandie », assemblages hasardeux de raisins provenant de va savoir où. Au minimum, il faut pouvoir identifier clairement le producteur et son bled, tout en sachant que l'on n'aura aucune garantie qu'il n'aille pas se fournir ailleurs, voire carrément dans un autre canton... Pour le reste, même recommandation que dans le précédent billet sur le thème : goûter souvent, plein de choses différentes, et surtout noter toutes ses observations, enthousiastes ou déçues.

13/07/2010

RIEN A EXPLIQUER A PERSONNE

Pratiquer un ethnocentrisme parfaitement assumé, et refuser dans le même temps l’enflicage de la société : un paradoxe ? Puisqu’Oncle A. demeure le symbole absolu de l’aryanisme et qu’il ne tolérait pas qu’une tête dépasse des rangs, la question semble réglée : être pro-blanc, c’est être pro-flic, comme être pro-noir passe encore pour une marque d’hostilité radicale à l’ordre établi.

 

A peine posés ces poncifs, on a déjà la nuque qui cède sous le poids d’un indicible ennui. Pourquoi s’échiner à les démolir ? L’équation « Attachement à l’identité = Mépris de la liberté » est un signe de reconnaissance bien pratique. Malbouffe ou doxa Citoyenne, c’est pareil : nous n’avons rien à dire à, et rien envie d’avoir en commun avec, ceux qui se targuent d’en croquer.

 

Démontrer le lien logique entre refus d’être encaserné et celui d’être abâtardi, ça peut paraître tentant quand on a une grande gueule et un dico de synonymes sous le coude. Mais à qui ce lien ne paraît pas naturel, le plus clair des exposés n’apportera rien. Se réconcilier avec sa famille, sa culture, sa tribu, est un acte de maturité que l’on doit accomplir seul pour qu’il ait la moindre portée. C’est une question de comportement, et pas de conviction. Si l’on se comporte en tyran avec ses parents, ses amis, ses collègues, sa femme, on peut bien braire des odes aux Droits humains : on reste un flic dans l’âme, avec ou sans t-shirt du Che.

 

Non seulement on ne peut « convaincre » personne d’avoir quelque chose à foutre de ses ancêtres et de sa lignée, mais il est encore plus vain de se lancer dans des concours de pisse avec les Vrais Croyants de l’anarchisme. L’anar sincère est contre l’Etat, donc contre les flics, donc contre le patriotisme, arnaque de l’Etat pour empêcher les travailleurs de s’unir contre les puissants. Capiche ? C’est ce que résume l’incontournable « Pas de guerre entre les peuples, pas de paix entre les classes. »

 

Là encore, on pourrait expliquer qu’en séparant les peuples on éviterait bien des bastons inutiles. Que les aspirations et les codes de la Jet-set ont balayé ceux de la classe ouvrière, qui s’est mise elle aussi à bander pour le crédit-conso, les chromes rutilants et les mœurs insanes des pires déchets de l’hyperclasse. Que l’internationalisme et le cosmopolitisme ne sont pas une seule et même chose. Que le Lumpen du Tiers-Monde ne veut pas l’autogestion, mais prendre la place du calife blanc et pouvoir piocher à volonté dans son harem. Qu’on pourra lui tailler quinze pipes par jour sans qu’il ressente autre chose que du mépris et du ressentiment.

 

Mais à quoi bon tant de blabla ? On a, ou on n’a pas, les capacités d’entendre un tel discours, de le comprendre à demi-mots, voire sans mots du tout. C’est, bis repetita, une question de comportement, pas de manuel du militant. Mon propre parcours, bordélique au possible, en est l’illustration limpide. Mais il n’est généralisable qu’au seul niveau d’un principe élémentaire : tôt ou tard, par-delà les slogans et les « schémas de pensée individuelle », vous en reviendrez à l’instinct. Et ça sera pareil pour tout le monde, qu'on ait la tripe portée sur la trahison systématique, la fidélité suicidaire ou le louvoiement d'anguille huileuse.

 

J’ai toujours cherché à ce qu’on me foute la paix, m’efforçant de la foutre également aux autres. La redécouverte de l’instinct tribal n’y a rien changé : elle ne m’a pas donné la rage de niveler la société, d’en consolider les hiérarchies, qu’elles soient « naturelles » ou pas. Il se trouve simplement que des gens, des groupes, y vivent alors qu’ils n’ont rien à y foutre. Je ne veux pas les tuer, je n’en veux pas comme esclaves, je ne veux pas les briser pour en faire des contrefaçons d’autochtones : je veux qu’ils dégagent. De leur plein gré si possible. Sans cruauté inutile si la force est nécessaire. On ne peut pas faire plus basique, plus animalement primaire, et somme toute moins politique que cela.

 

Les affaires de la Polis ne me regardent pas. Je ne veux pas participer aux rouages de la Cité, et ne me laisse à rêver de la saboter que parce qu’elle prétend m’entraîner dans sa chute. Je refuse qu’elle change de gueule juste parce qu’une poignée de dangereux timbrés pensent que celle d’Obama ferait un modèle universel très désirable. Je refuse de vivre pacifiquement dans un monde qui promet à mes gosses un dressage au putanat et à l’endettement, une honte inculquée de force de leur propre nature, une sensibilisation agressive aux pires désordres psychologiques ou sexuels, une vie falsifiée où tout n’est que symbole, fétiche et placebo.

 

Or je constate que toute la puissance des gouvernements et des marchés, du public et du privé, s’allient pour accoucher d’un tel monde. Je constate que la droite d’affaires est très friande de vidéosurveillance, de soumission aux seuls impératifs des flux de marchandise, et que sa vision du patriotisme, ce sont des rues propres et des vitrines clinquantes. Je constate que la gauche rebellocrate fait son deuil de l’ouvriérisme en tendant son cul aux cultures les plus laides, aux plèbes les plus idiotes, et se fait paisiblement à l’américanisation de la planète parce que c’est la façon la plus radicale de niveler l’humanité par le bas, ce à quoi elle aspire depuis plus de deux siècles.

 

Ce sont ces constats élémentaires qui me poussent logiquement vers un anarchisme désorganisé, antithéorique, sans la moindre prétention analytique. La prose NA disponible ici n’est pas envisagée comme un outil, parce qu’elle n’est porteuse d’aucun programme révolutionnaire applicable. Il n’est plus imaginable de croire à l’efficacité des programmes, ni ceux des partis, ni ceux activistes tous bords confondus.

 

Vous pouvez proposer tous les logiciels que vous voulez : c’est le hardware de la civilisation qui est kaput, parce que des choses aussi basiques que la Décence Commune, la famille hétéro, la loyauté à son clan, le respect de la parole donnée, le mépris des usuriers, le refus de manger de la merde et de vivre dans une poubelle, ont été balancées aux chiottes de l’histoire. Le clivage gauche-droite avait encore un peu de sens du temps où tous partageaient une vision minimale des règles de vie en société, et où seuls des poètes ratés, des marginaux flamboyants, des irresponsables reconnus comme tels se permettaient de fantasmer sur la figure du taulard, du voyou, du dégénéré salace, de tous les déviants condamnés au bannissement par la morale hypocrite des dominants d’alors.

 

Depuis, la violence gratuite de sous-hommes répugnants a trouvé ses justificateurs frottés de philosophie. Le rejet de l’obscénité publique de sodomites hallucinants est classée dans le même tiroir que la haine des homos qui ne demandent rien à personne. Conchier ses propres morts et idolâtrer ceux d’autrui passe pour un sommet de vertu et de Mémoire. Personne n’est ridiculisé en se montrant anticlérical avec les chrétiens les moins allumés, et bienveillant envers les musulmans les plus obscurantistes. On a réussi le tour de force de faire passer une anomie brute et débilitante pour une saine distanciation intellectuelle. Dans cette cacophonie dégueulasse, un avis un peu droit et assumé est une flute traversière au milieu des vuvuzelas.

 

Ca ne veut pas dire qu’il faille arrêter de jouer, mais il faut savoir qu’on ne sera pas entendu.

07/07/2010

"IL FAUT SAVOIR CE QUE L'ON AIME..."

... et mine de rien, ce n'est pas évident.

Entre 2006 et 2007, j'ai vraiment commencé à m'intéresser à ce qu'il y avait d'écrit sur les étiquettes de pinard et sur l'origine exacte de leur contenu. Auparavant, il était rare que j'approche une bouteille de rouge avec autant d'attention.

Dans notre petite équipe de déglingués, nous organisions régulièrement de grandes mangeailles pas compliquées. Nous faisions d'amples provisions de bières belges ou allemandes, je me réservais une bouteille de ouiski, et pour accompagner les saucisses ou les steaks il n'était pas rare que nous options pour un peu de rouge. Le rituel était immuable, et plutôt simple. Avec ma femelle de l'époque, nous errions dans le rayon ad hoc du premier supermarché disponible, cherchant une bouteille aguicheuse. Nos critères ? Nous n'en avions pas vraiment. Elle comme moi venions d'une famille où l'on avait le goût des bonnes choses, mais pas beaucoup de rigueur dans la dégustation. Nous savions elle et moi quelques grands noms, et cela nous suffisait. Bien des fois, nous avons opté pour tel ou tel erzats de "Châteauneuf", parce que le nom sonnait bien. Potable ou médiocre, peu importait en fin de compte : nous la finirions bien, cette fichue topette...

Avec le recul, je me demande bien quel plaisir nous pouvions retirer de ces vinasses industrielles bon marché. Il y a quinze ans, c'était le bref triomphe des produits archi-barriqués et hautement drinkable en provenance de Californie ou d'Australie. Des choses expressément conçues pour être bues sans effort ni surprise. Il faut croire que cela suffisait à notre degré de raffinement. Pourtant, nous nous pensions des esthètes et de grands gourmets. Cette arrogance m'amuse encore, beaucoup moins le décalage entre nos prétentions et les maigres moyens que nous avions de les assumer.

Dans cette routine de médiocrité, un souvenir éblouissant demeure : ces caisses d'Aloxe-Corton dégottées pour moins que rien par l'un d'entre nous, exterminées autour de l'immense table belle-familiale, débordant du salon jusque sur la terrasse, par une soirée d'été d'une exceptionnelle douceur. Je n'ai gardé aucune trace précise des arômes, parfums et sensations de ce vin ; mais quelle stupeur! Quelle révélation! Quelle merveille d'équilibre! Des lustres plus tard, j'en ai gardé une tendresse particulière pour l'appellation, même en visitant les sous-sols des très imbuvables Patriarche... Mais là encore : si je pouvais le déguster aujourd'hui, serais-je à l'abri du crève-coeur de la déception ?

Le palais, soumis à une certaine discipline de découverte, évolue à une vitesse remarquable. Aussi faut-il rester sur ses gardes : des choses qui nous paraissent indépassables à une époque toute récente se révèlent finalement bien quelconques, une fois une minuscule expérience accumulée. Il y a trois ans, je me suis pris une jolie murge à la propriété d'un vigneron, tapant systématiquement dans son haut-de-gamme, à base de Cabernet si je me souviens bien. Passe le temps, divers déménagements, je perds le bonhomme de vue, mais je n'oublie pas sa production, me jurant d'en faire des stocks une fois sorti de la mouise. Retrouvailles impromptues au début du printemps dernier. Nous faisons toute sa gamme, en gardant ledit Cabernet pour la fin. Kolossale Dezeption : c'est mou, sans tanins, l'acidité à la traîne et le fruit tristounet, un ensemble ennuyeux au possible.

On fera remarquer qu'un même produit évolue de façon surprenante d'un millésime à l'autre. Mais je crois que l'explication, beaucoup plus élémentaire, est que plus on déguste, moins l'on est facilement bluffé par des vins trop faciles d'accès. Savoir ce que l'on aime, ça suppose de ne pas s'arrêter à une première impression, et accepter de découvrir un jour qu'on avait eu des goûts de chiottes.

Pour faire un parallèle imbécile, j'avais éprouvé une tristesse semblable avec Excalibur. Sa découverte, à 10 ou 12 ans, m'avait retourné tête et tripes. Plus de dix ans plus tard, le voilà rediffusé. Je m'apprête à une délicieuse séance de nostalgie, je m'effondre devant une daube sans nom, avec un merlin à calotte d'aluminium, des fumigènes qui feraient honte à David Hamilton, un univers d'une indigence au-delà des mots. Ne me reste que le souvenir du choc esthétique originel, et le regret de ne pas l'avoir conservé intact en ne prenant jamais le risque d'une seconde vision. A l'inverse, j'ai vu plus de vingt fois Amadeus ou Apocalypse Now, avec un éternel émerveillement et je sais qu'à l'instar de certains grands pinards, je vais encore y revenir sans risque d'être lassé.