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30/06/2008

PASSAGE A L'ACTE

 

Pour ceux qui n'auraient pas tout suivi, il s'agit de ces délicats jeunes gens.

 

RIEN A RAJOUTER

<< Le moteur de la croissance, c’est la consommation. Et la consommation engendre la croissance. La consommation, c’est l’accumulation. L’accumulation, ce sont les déchets, des montagnes de déchets, des montagnes de merde. La croissance c’est la catastrophe exponentielle. La croissance c’est le pourrissement, c’est la laideur. >>

 

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25/06/2008

INFORMATION JEUNE ET FUN

Le pain gonfle et bronze tranquillement au four. Il a levé bien quatre heures, la levure shootée à l'eau chaude additionnée de mélasse. Ca aura de la gueule, mais qu'en est-il du coût exact par rapport à un kilo de pain dans le commerce ? Avec les matières premières qui prennent le monte-charge pour la potence, difficile à savoir. En bon cybercitoyen, je ne sors pas demander à mon boulanger - qui de toute façon n'est qu'un revendeur d'éponges salées qui sèchent trois heures après achat - mais je demande à Gougueule. O surprise, c'est le site d'un torchon local gratuit qui me répond :

 

Combien coûte le pain, le lait ? Selon une étude, une majorité des Suisses ne le sait pas. (...) Sur 500 consommateurs, seuls 4% peuvent dire le prix exact d’un article de consommation courante, selon un sondage. (...) Comment expliquer cette méconnaissance? La qualité des produits et la proximité du lieu d’achat jouent un rôle plus important que le prix dans la décision d’achat, à en croire une étude (...)

 

Finalement, je crois que je vais aller demander au revendeur d'éponges.  

 

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24/06/2008

DANSE DES MORTS CITOYENNE

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Pour la dernière fresque Piotriote, toi y en a cliquer sur la ng'image.

 

A contempler sur l'air d' Halloween in Heaven, bien sûr.

 

The dead they got that morbid beat
It goes Deo Deo
They dance upon decaying feet
With their black toes, oh no
Heaven, limbo, and hell
Purgatory oh well, oh well

23/06/2008

VALEURS

Dimanche. Soirée foot. Nous sommes quinze et je dois bien être le seul à n'en avoir rien à foutre. Espagnols et Italiens échangent les bières, les pronostics et les insultes. Un des invités trouverait amusant que la Russie soit championne d'Europe ; il affecte très ostensiblement par contre, de ne rien trouver à redire concernant une possible victoire de la Turquie.

 

Je mange dans un coin et observe la scène comme un anthropologue raté, en buvant très modérément pour cause de grosse cuite la veille. Ca permet de s'attarder sur certains détails révélateurs. Ainsi, on peut lire divers messages sur le bord du terrain. Principalement des gens qui nous veulent du bien, qui savent que nous aimons les chaussures, les voitures, les boissons sucrées et les cartes de crédit indispensables à leur consommation. Mais il n'y a pas que ça : il y a aussi des petits rappels de ce qu'un bon Supporter-Citoyen doit dire et croire pour ne pas se faire expulser du stade. D'où des rencontres assez amusantes, comme des cadavres-exquis involontaires.

 

Mastercard - Respect - Coca-cola - No to Racism.

 

Et après ça, on ose se foutre de la propagande maoïste.

 

Allez, encore une semaine à tenir.  

 

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20/06/2008

REVERIES DU TELESPECTATEUR SOLITAIRE

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... La Suisse, qui ne fait pas partie de l'Union Européenne, a été battue à l'Euro 2008 par la Turquie, qui n'a rien à y foutre. Quand vous dites ça aux gens normaux et bien intégrés socialement, il y a comme un vide qui se forme dans leur regard, pendant quelques secondes. Ils peinent aussi à comprendre qu'un patriote forcené n'ait rien à secouer la Nââtii et insulte les gens qui ne sortent leurs drapeaux que quand des mercenaires de luxe en shorts se font filmer en train de labourer une pelouse à coups de crampons. Pour aggraver durablement votre cas à leurs yeux, pensez à leur dire que la défaite de l'équipe de France face à l'Italie vous a plutôt contenté, et que vos potes français partagent votre satisfaction ; le Vaudois qui peut pas puer les Frouzes, c'est un cliché qu'on comprend encore, mais le Frouze qui siffle sa propre équipe, c'est déjà plus complexe. Il vous faudra alors aborder de pénibles questions de composition des équipes et de nationalité de papier - si avec ça vous ne vous fâchez pas pour de bon avec vos interlocuteurs, il faudra envisager de vomir sur leurs pieds. ....

 

 ... Fin de l'atroce dilemme pour les gauchistes américains, qui n'ont plus à choisir entre militer pour une femme ou un métis. Ca doit soulager, j'imagine même pas. Ceci dit, les journaleux d'Europe avaient choisi depuis longtemps. En soi, ce n'est ni une bonne ni une mauvaise nouvelle, ça ou le classement de la Nouvelle Star, somme toute, c'est pareil. Mais quel bonheur que d'observer le frétillement des journaleux, si empressés de saluer comme une grande avancée le moindre rot émis par un mélanoderme, si snob et friqué qu'il puisse être. Un sommet de servilité racialiste a été frôlé l'autre soir, avec Delahousse, je crois. Question adressée à Will Smith, venu faire la promo de sa prochaine série Z surbudgetée. En gros, ça donnait : "Un superhéros Noir, un candidat Noir, est-ce un tournant décisif aux Etats-Unis ?" Le Smith a rigolé et a répondu n'importe quoi. A sa place, j'aurais fait exactement pareil. ...

 

... En Espagne, la police escorte des camions citernes. Du coup, le discours de La Décroissance sur notre "civilisation de la bagnole" devient moins caricatural. Il y a un mouvement qu'il serait intéressant d'analyser, et sur lequel poignée d'économistes moins cons que la moyenne est peut-être en train de plancher : se déplacer devient un luxe, le riz et les pâtes bientôt aussi abordables que du béluga, l'expérience ET les études indispensables pour dégotter des boulots de bas étage, impossible de trouver un logement si on en a vraiment besoin, alors qu'un proprio se fait ouvrir toutes les portes fastoche, tout ça devient assez intéressant. Le plus intéressant, c'est surtout l'apathie générale que provoque chez l'Occidental moyen cette accumulation de foutage de gueule. A croire qu'il aime ça. Existe-t-il un seuil de saturation collective, au-delà duquel les peuples se laissent sodomiser en remerciant leurs violeurs ? Il n'est plus possible de croire sincèrement à un "déclic", un trop-plein, un crachat vraiment trop glaireux qui mettrait enfin le feu aux poudres. Même un 11-Septembre par jour dans chaque pays d'Europe ne secouerait pas cette léthargie. On va en venir au baril à 600 dollars, à la fellation obligatoire du gérant pour obtenir un deux pièces sans chiottes, aux stages non-rémunérés qu'il faudra payer pour n'être formé à que dalle, et tout ce que ça entraînera sera l'inscription de chaque Blanchouille sur Second Life.  ...

 

...  L'Irlande a voté pas-comme-il-faut. Un doigt d'honneur sympathique et sans doute sans portée. Dans les heures qui ont suivi le résultat du scrutin, on évoquait déjà la possibilité de revoter, de donner une deuxième chance à ces foutus bouffeurs de patates de répondre correctement à la question posée. D'un point de vue optimiste, on pourrait espérer qu'un tel mépris de nos cornacs pour la Démocrassie qu'ils invoquent cinq fois fois par jour ouvrira les yeux des démocrates sincères et sensés. (Un intrus s'est glissé dans cette expression, sauras-tu le reconnaître ?) ...

 

... Long reportage sur le Japon, tard l'autre soir, sur l'air poussif et tâcheron de "tradition et modernité". Malgré cela, des images frappantes et un ton relativement supportable. Quelques perles à retenir : tout d'abord, l'interviou d'une chanteuse moitié européenne, qui admet en rigolant "qu'il y a beaucoup de Japonais au Japon" - ah ben voui c'est sûr. L'aimable idiote répondait aux inquiétudes du reporter sur le manque très peu Citoyen de gaijins sur cette île pourtant si portée sur les dernières tendances. Et la thématique reviendra plusieurs fois ; le commentateur nous apprend que le taux de reproduction est incroyablement bas et que le pays perd X milliers de citoyens par année. Vu la surpopulation cauchemardesque de ses mégapoles, on aurait tendance à y voir une bonne nouvelle, mais ce n'est pas, là non plus, une réponse correcte - la Croassance, vous voyez ? Ce genre de choses. Alors ça gamberge ferme pour trouver des solutions. On s'attend gros comme un camion à la suggestion de l'analyste d'ex-France, et c'est la surprise : il faudrait que les Japonaises fassent plus d'enfants et que l'Etat ait une politique nataliste. Rien que ça ! Mais heureusement la maladresse est vite rattrapée : le Japon pourrait - devrait - sera bien obligé un jour putain - d'ouvrir les vannes de l'immigration, comme le fait l'Europe avec le succès et les profits que l'on observe chaque jour, s'pas. A l'appui de cette brillante suggestion, un bien beau portrait d'un grand Blaque, calvitie luisante, élégant costard, chemise ouverte, sourire Hollywoodien comme un croissant de lune sur un ciel de novembre. Une image vaut mille mots. ...

 

17/06/2008

SLAVE POWER

Le porno pour filles, c'est pas la charcuterie intello d'Ovidie, c'est plus la Collection Arlequin, c'est la téléréalité. Le spécimen de femelle que j'ai à la maison consomme ce qu'il se fait de pire en la matière. Je ne vois rien mais j'entends tout, la boîte-à-cons étant juste dans mon dos. J'en connais un putain de rayon, à force.

 

La première chose qui frappe, c'est le mélange de sensiblerie façon maman-de-Bambi-qui-meurt et d'exaltation de l'esprit de compétition le plus ignoble. Tout le monde est superpote avec tout le monde dans une course où les coups bas sont encouragés. Il arrive toujours un moment où telle ou telle médiocre ordure confie à la caméra que l'amitié c'est bien choli, mais qu'elle est là pour gagner et que ça justifie bien un coup de pute, une trahison, une dégueulasserie étalée devant toute une nation de cadavres à zappette. Mais ces guerres civiles en laboratoire sont noyées dans de l'easy listening, du sirop sentimental, tout un lexique si caricatural qu'il évoque le rituel d'une secte. Il faut être "généreux" ; il faut "donner tout ce qu'on a" ; il faut "aller jusqu'au bout de l'aventure" parce que c'en est une, et une belle. Chacun parle "avec son coeur", personne ne "triche", tous sont "sincères". On est "ému", "scotché", on dirait bien que ça nous "troue le cul" mais la grossièreté du vocabulaire est mal vue, contrairement à la vulgarité abyssale du comportement. Je te déchire la gueule pour trois francs mais je t'offre le mercurochrome emballé dans du strass. On touche là au fond répugnant de la féminité dégénérée, cocktail de cannibalisme et de mièvrerie, où la survacherie est tolérée du moment que les bonnes manières sont respectées.

 

white slave.jpgLa seconde chose qui marque, c'est l'impression de téléguidage rectiligne de ces observations de la vie ordinaire, par essence bordélique. Voilà pourquoi on picole, provoque des bastons, drague en boîte, s'endette pour des vacances, quémande des antidépresseurs à son médecin ou se jette sous un train quand rien n'a fonctionné comme prévu. Faire péter les stats d'audimat avec cette horreur ? Alors que tout le monde zappe sans pitié les documentaires animaliers ? Impensable ! La téléréalité n'a de réel que son étiquette, elle est à l'existence ce que le label Bio est à la nourriture naturelle. Son but n'est pas de nous immerger façon safari dans la vie de conneaux ordinaires, ce qui n'est jamais qu'une incidence. Ce qu'elle cherche avant tout, c'est à créer du faux avec du vrai. Parce que tout, absolument tout sonne horriblement faux chez ces acteurs amateurs de leur propre coma existentiel.

 

Il y a aussi toute la mise en scène saccadée, hystérique, "clipesque" qu'on impose à cette chair à audience. Un plan sur une altercation prise sur le vif est suivi sans transition d'un témoignage des protagonistes, puis on revient sur la scène originelle commentée par un narrateur omniscient, repassée au ralenti, zoomée, analysée, répétée jusqu'à l'écoeurement en nous soulignant bien les mots importants, les choses à retenir, comme les "principaux titres" que nous rappelle gentiment le saucissonneur de news du Vingt Heures. Dans les sommets de crasse que nous propose MTV, lesdits témoignages sont clairement surjoués, résumés en phrases-choc aussi spontanées qu'une allocution présidentielle. La connasse ordinaire et le blaireau moyen, censés être filmés dans leurs banales habitudes, singent les professionnels du spectacle en faisant de leurs pauvres vies un show millimétré, où tout ce qui pourrait déranger est nivellé. "Merde", "foutre" et "chier" se transforment magiquement en "bips" plus ou moins longs, assourdissant tout, aussi brutaux que des paragraphes caviardés dans un document déclassifié.

 

La vraie vie, c'est un truc long, chiant, monotone, où il ne se passe rien d'extraordinaire neuf fois sur dix. Il est suffisamment pénible de supporter la sienne et celle de notre entourage, pour ne pas encore s'infliger la dissection du quotidien d'exhibitionnistes habillés. Leur routine est donc savamment découpée, remixée, concentrée, pour n'offrir aux voyeurs que ses morceaux les moins fades. Et pour que la sauce ait un goût plus abject que notre propre quotidien, pour nous aider justement à en supporter la médiocrité et l'aspect cul-de-sac, on nous propose des visions de cohabitations démentielles, des rencontres improbables, qui garantissent des clashes et des coups bas qui sublimeront les petits crachats et les entorses que nous échangeons discrètement au quotidien.

 

C'est ainsi qu'on rentabilise le syndrome de Stockholm et la lutte pour le territoire. C'est uniquement ici que la réalité reprend  ses droits : glorification de la compète, tout est business, tactique, alliances stratégiques, calculs sordides - toutes les valeurs de la démocratie marchande discrètement enseignées, banalisées.

 

Tout ce qui rend notre vie pénible ou mièvre est distillé pour en augmenter la force et tartiné avec outrance. Car ce sont bien les histoires de cul ou les prises de tête qui passionnent cette immense part du public trop vieille ou trop cultivée pour se passionner au premier degré pour ces obscénités désinfectées. La cruauté et la tension sensuelle sont ce qu'avouent rechercher les accros honteux, comme pour se justifier de supporter les pitoyables prétextes musicaux ou artistiques qui sous-tendent ces nouvelles expériences de Milgram. La misère affective, la stupidité congénitale, la rêverie de midinette pas gâtée par la nature, toutes ces petites afflictions sont exploitées, violées, bafouées, pour captiver un public de larves rassurées sur leur propre sort en voyant pire ailleurs.

 

Dans ces univers parallèles s'étale ouvertement l'obsession de la staritude, d'être vu, d'être adulé, qui a toujours titillé les saltimbanques mais qui était encore camouflée jusqu'à récemment. "Faites du bruit pour..." l'abruti numéro 364, braille le maître de cérémonie. La télépoubelle concasse les rêves lyophilisés de paumés qu'elle a patiemment élevés pour ne rien pouvoir envisager d'autre. Le paradis est une plage des Caraïbes, une Merco flambant neuve, une bluette vomie en direct devant un parterre de pucelles, une poignée de billets qui iront combler une partie des dettes qui nous étranglent. Pour ces nirvanas Tupperware, on est prêt à montrer son cul, à s'y tatouer un logo, à foutre une honte éternelle à toute sa famille, même à l'embrigader publiquement dans un délire de grandeur emballé sous vide, à n'être qu'une capote humaine pour la bite des médias - enfilée, remplie, jetée, recyclée.

 

Ce matériau humain n'existe pas qu'à la télévision. Nous croisons tous chaque jour des gens encore jeunes qui n'ont comme imaginaire que ce qu'elle leur a appris. Il est compréhensible de gerber ces esclaves complaisants de la Boîte-à-cons, mais ce sont nos restes de pitié qu'ils mériteraient bien plus que des pains sur le groin. La fafosphère, il y a quelques temps déjà, s'est délectée du spectacle de "Clément le No-Life", dont la vidéo a été vue ici ou là sans autres commentaires que des insultes méprisantes. Alors oui ce jeune trouduc inspire un dégoût bestial dès les premières secondes, mais est-il pleinement responsable de ce qu'il est ? Il constitue un exemple parfait de cette génération élevée tout exprès pour les besoins du Bastringue Citoyen et tout en lui est représentation, show, artifice. Une dégaine de rock-star pour un gamin sans renommée ; des doigts qui s'agitent autour d'une guitare imaginaire ; des gonzesses virtuelles draguées sur Messenger, enfermé dans une piaule sans âme ; une langue à piercing farfouillant une vulve absente.

 

Délire. Autisme. Hallucination permanente.  

 

Pour un seul d'entre nous chez qui tout ceci distille et raffine la haine la plus pure, combien en qui cette dégradation volontaire sape, tout au contraire, les réflexes de sainte colère ? Parce que c'est bien ça, le but implicite de cette industrie de l'ordure pailletée : relever toujours plus le seuil de douleur et de nausée. Rendre banal l'inacceptable. Désensibiliser face à la déchéance et la perte de toute dignité basique. Rendre malléable - flexible, cette qualité suprême chez le domestique moderne qu'est l'employé du tertiaire. Rien de tout cela n'est une mode passagère ou un phénomène isolé, c'est au contraire un concentré du Zeitgeist, un manuel d'anthropologie pour comprendre ce qu'auront été les dernières heures de l'Occident, transformé en lupanar tropical aux murs couverts de slogans soviétiques.