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30/05/2008

CE DIMANCHE, C'EST SIESTE ET GUEULE DE BOIS

Pourquoi je n’irai pas voter sur l’initiative pour des naturalisations démocratiques (pas que ça intéresse quelqu’un mais c’est mon blog et je mets dedans ce qui me chante):

 

 

 

 

- parce que je ne vote jamais pour rien, ce qui serait une raison suffisante en soi. J’aimerais dire que c’est une question de principe, d’opposition viscérale à la démocratie, de boycott des urnes, ce genre de choses. Mais c’est surtout une question de flemme et d’habitude prise depuis fort longtemps. L’isoloir ou le confessionnal, en fait, c’est un peu pareil. Il faut y aller quand on y croit très fort, et si l’on n’y croit pas du tout, il suffit de passer devant sans s’arrêter, et surtout sans expliquer aux passants pourquoi on ne s’attarde pas. Les sectaires, surtout laïcs, ne sont pas des gens avec qui il est agréable de causer.

 

 

 

 

- parce que l’initiative ne propose pas une révision complète du code de la nationalité, qui seule pourrait mériter qu’on se déplace au bureau de vote (mais qui impliquerait plus vraisemblablement un trajet vers un stock de fusils). Elle ne se préoccupe pas plus des questions identitaires que la Constitution elle-même, qui définit le citoyen helvétique comme « toute personne qui possède un droit de cité communal et le droit de cité du canton. » (Art. 37 al. 1) Etre Suisse n’est donc qu’une question de paperasse (et de secret bancaire, comme Angela Merkel l’a aimablement rappelé lors de sa dernière visite), je ne me sens pas concerné.

 

 

 

 

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- parce qu’elle ne vise qu’à empêcher l’obtention des droits cités plus haut à « des personnes acceptant la tradition des "meurtres par honneur", des personnes qui estiment avoir le droit d'infliger des châtiments corporels à leur épouse, qui soutiennent des lapidations et autres punitions basées sur la sharia (...) » Le tour de la question est fait : sont expressément visés les artificiers du Prophète et cette minorité ethnique pour qui, il y a dix ans, porter un training Adidas et un perfecto en PVC constituait un sommet d’élégance urbaine. L’intérêt d’un passeport suisse pour des membres de l’UCK ou d’Al-Qaeda est un débat est si con qu’il n’est même pas drôle. Et quand bien même il les ferait saliver, ce n’est pas leur statut légal mais leur simple présence sur nos anciennes terres qui constitue un véritable problème. Les initiants en ont-ils quelque chose à secouer ? Possible mais rien n’en transparaît dans leur projet actuel. Prière de ne pas augmenter mes doses de L Dopa tant que ça sera le cas.

 

 

 

 

-  parce que l’argumentaire formidablement khon des initiants spécifie que : « La conviction selon laquelle le monopole de la violence appartient à l'Etat en Suisse est partagée par tous les groupements, tous les partis et, sans doute, aussi par l'immense majorité des citoyennes et des citoyens. Ce consensus interdit expressément dans notre pays toute idée de vendetta et de violence résultant d'une revanche personnelle. Les citoyens de ce pays ont donc le droit fondamental de refuser le droit de citoyenneté à des personnes individuelles ou des membres de groupes ethniques pour lesquels le principe de la vengeance personnelle en réponse à une injustice subie – qu'elle soit réelle ou imaginaire – va de soi. Celles et ceux qui qualifient un tel refus d'arbitraire ignorent tout de l'essence même de la nation suisse – ou cherchent délibérément à la détruire. »  Etre Suisse selon les critères de l’UDC, c’est avant tout respecter les règlements,  laisser la police s’occuper des gens qui vous pourrissent l’existence et tâcher de rapporter un maximum de pognon. Les critères d’admission de ce qu’on appelle en bon vaudois une trappe-à-cul.

 

 

 

 

Mais bon. De la part de gens qui voulaient aussi permettre la construction de mosquées tant qu'elles n'avaient pas de minaret, vous vous attendiez à quoi ?

22/05/2008

VOD

 

They say it's time to die.
They say you better try.
Others make their connections.
Some people want to fight.
Some people wanna get by.
Others stuck with addiction.

Vision of Disorder, Southbound

19/05/2008

FAMILLES, JE VOUS MERDE

Le sinistre individu qui sévit dans l'oundergraounde métafaf sous le nom de "Landru" a pondu ce qui suit récemment. Comme ça m'a beaucoup plu, je publie. Je n'en suis pas sûr, mais il se peut qu'il vienne hanter ces pages d'une nuit sans lune à l'autre, alors insultez-le directement dans les commentaires s'il y lieu de le faire, et foutez-moi la paix, merci.

 

*  *  *

 

De toutes façons la famille est une source d' emmerdements, je ne parle pas de l'entourage immédiat, de filiation ou de fratrie, dont il faut bien s' accommoder et où le lien biologique l'emporte sur tout, mais de l'oncle du Poitou, du cousin inspecteur des Impots à Mont de Marsan ou de la belle fille de la tante de Jules, cousin par alliance de la grand-mère de la premier épouse de l'oncle Albert.

 

Des gens dont vous n'avez rien à faire, dont les gueules ne vous reviennent pas, au point qu'on est vexé d'avoir du sang commun, s'immiscent du jour au lendemain dans votre vie à la faveur d'un enterrement ou d'un mariage et, particulièrement s'ils vous ont vu tout nu à trois mois, s'autorisent à vous donner des conseils pour rater votre vie aussi bien qu'ils ont raté la leur. Sachez qu'ils n'hésiteront pas à vous taper si vous avez gagné au Loto, à vous squatter s'ils apprennent que vous avez un cabanon en Provence et qu'en contrepartie ils ne vous donneront jamais autre chose que leur bulletin de santé.

 

Il est rarissime que ce genre de débarquement soit une bonne surprise, une fois par hasard tous les vingt ou trentes connards, pimbêches, vieilles demoiselles aigries et autres passionnés d'automobile, vous découvrez le cousin par alliance ex-Capitaine de la Marine Marchande, bourlingueur plein d'histoires de bordels exotiques, franc buveur et érudit , qui vous mitonne un civet de lièvre en trois coups de cuiller à pot.  Mais, la plupart du temps, il faut se taper la meute des chiards hurleurs, tous plus morveux, laids et sournois les uns que les autres, les mamans surmenées qui parlent entre elles régimes et césariennes et un tas d'imbéciles mâles qui se croient obligés de vous entretenir de leurs médiocres trajectoires sociales tout en n'écoutant absolument pas vos réponses à leur questions stupides.

 

Evidemment si on ne connait rien en sport, pas grand chose en mécanique, que l'on est pas chasseur, qu'on déteste les supporters de Lens ou l'équipe de hockey de Bratislava, qu'on a déjà été en Grèce et pas en autocar, que les difficultés de l' exercice de la profession de pharmacien à Huelgoat vous nifle et qu'on n'a pas d'attraction particulière pour les histoires d'assureurs, les complaintes dermatolgiques, le parcours médical de l'agonique de service, les aventures de jeunes crétins embauchés tout frais dans une Mafia quelconque, de la finance ou de l'immobilier, et qui se la jouent petit soldat des grands prédateurs en vous toisant de haut comme le marginal que vous êtes, si tout ce zoo humain vous est indifférent, donc, eh bien il reste peu de sujets de conversation.

 

Une fois épuisées les variables météorologiques des dernières semaines, une fois qu'on a entendu la stupéfiante révélation qu'il faisait beau temps en Grèce quand il pleuvait à Huelgoat, il ne reste guère que la politique, du moins avec les mâles, car une discussion sur ce thème avec une femme est le moyen le plus sûr de devenir homosexuel en dix minutes et même de militer pour le dévelopement extra utérin du foetus.

 

Ce qui est marrant dans ce type de discussions de fin de banquet, c'est que tous les hommes présents sont d'accord sur les prémices. Tant qu'on en est au stade du constat général, à savoir que tout va mal, que le malade est malade et que ça ne peut plus durer, il y a consensus. Mais dès le diagnostic, les avis divergent profondément ; pour l'un tout les problemes de la France viennent du mauvais remboursement des médicaments contre l'eczéma, vérité finale qui vous est révélée entre deux grattages. L'autre vous assène que le seul obstacle à l'épanouissement du Pays est le régime fiscal des pharmaciens, spécialement ceux de Huelgoat, tandis qu'un autre maudissant les écologistes parisiens et les technocrates de Bruxelles, martèle que les dates d'ouverture de la tourterelle condamnent la Nation à un sort détestable .

 

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De l'autre coté de la table, une alliance se dessine entre les assureurs, furieux contre une clientèle qui se croit, sous l'influence des feuilletons américains, autorisée à prétendre à quelque indemnité après un sinistre de hasard, alors qu'elle devrait etre honorée de cotiser à un établissement aussi prestigieux que la Prudence Savoyarde en l' échange de beaux prospectus, et le groupe des jeunes cons de la finance bientot rejoint par le supporter de Lens.

 

A ce stade, toute tentative d' élever le débat vers des considérations moins corporatistes ne peut que se terminer par votre lynchage collectif , vous aurez la satisfaction de faire l'unanimité, ce qui est un exploit même si c'est contre vous et vous serez définitivement classé dans la catégorie des intellectuels dangereux plus ou moins fanatiques .

 

Si par hasard, toutefois, appuyé par le cousin de la Royale, qui lui est normal dans sa tête, vous arrivez à en placer une pour signifier que tout ce gentil monde de gaulois querelleurs va prendre le ciel sur la tête à l' échéance d'une génération faute d'etre capable de jeter leurs regards de myopes sur des aspects de la réalité autrement plus porteurs de nuées, tels que la démographie, la dette, le Sud ou la mondialisation, on vous regardera comme un oiseau de mauvais augure. Toutefois, il se peut qu'un barbu en forme de controleur de l'URSSAFF et deux binoclards que l'on avait pas entendus jusque là se joignent alors à la conversation. Craignez le pire, cette armée de réserve, c'est l'Ultra Gauche, aussi niaise que prompte à l'anathème, aussi encline à l'ostracisme que moralisante et vous êtes assis sur le fragile tabouret du malentendu.

 

Dès que l'on va s' apercevoir que votre évocation de la marée humaine qui guette à nos portes n'est pas de l'ordre de l'empathie sidérée par le tam-tam et de la fascination pour une punition collective bien méritée, vous serez civilement mort. Même le cousin marin ne vous suivra pas dans l'affrontement qui va suivre, trop agé, trop désabusé ou simplement peu soucieux de s'embarrasser d'une brouille pour les six mois qu'il lui restent à vivre.

 

C'est pourquoi je vous conseille de faire ce genre de coming-out complétement bourré. Vous n'en serez pas plus mal vu, si ce n'est par la partie féminine de l'assemblée qui sait de façon intuitive qu'un poivrot vaut moins cher encore sur le marché qu'un réactionnaire fasciste et raciste de surcroit.

 

Le lendemain, ne vous souvenant pas de tout, si ce n'est d'avoir traité le pharmacien de vieil enculé sarkozyste et d'avoir gerbé sur l'épouse du flic de l'URSSAFF, vous méditerez sous la couette sur les vertus de l' érémetisme, en attendant le café que votre nana ne vous fera pas, car elle n'est pas contente du tout que vous ayez pourri son tonton et dégueulé sur sa copine Jeanine.

 

Ca lui passera, comme votre mal de tete .

17/05/2008

NAPOLEON, GROS CON

Ce n'est qu'au XIXème siècle que la fameuse croix blanche sur fond rouge est devenue l'écusson national des Suisses. Auparavant il s'agissait uniquement d'un signe de ralliement des soldats Confédérés, bien pratique sur des champs de bataille où il était parfois difficile de s'y retrouver dans la mêlée des corps et des armes.

Tout commença en 1339 à la bataille de Laupen. Pour se différencier des autres combattants, les soldats suisses ont eu l'idée de coudre une croix blanche sur leur cote de maille. Peu à peu, on ajouta également une petite croix blanche sur les drapeaux des cantons. Lorsqu'il fallut créer une bannière militaire commune, notamment pour l'occupation des bailliages communs, c'est évidemment la croix blanche qui s'imposa. Quant au fond rouge, il a probablement été inspiré par l'ancienne bannière bernoise, elle-même constituée de cette couleur.

Au cours de la République helvétique (1798-1803), Napoléon Bonaparte interdit aux Suisses de porter la croix blanche, symbole d'Ancien-Régime. Il tenta d'imposer au pays une cocarde tricolore, verte, rouge et jaune. Ce fut le premier drapeau national de la Suisse. Mais avec la chute de l'Helvétique, il fut aussitôt abandonné.

 

Putain... On a failli avoir le drapeau du Bénin...

 

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15/05/2008

A MORT LE CINEMA SUISSE

Malheureux compatriotes, si vous étiez en plein apéro au moment du 19:30 de la TSR d'hier soir, 14 mai, vous avez loupé un immense moment de honte nationale. Sur l'idée de va savoir quel brillant esprit télévisuel, la chose a été intégralement réalisée par des cinéastes helvètes ou prétendus tels. Un genre de happening en l'honneur des soixante ans du Festival de Cannes, expliquait-on. Ca promettait d'être croustillant, les gourmets n'auront pas été déçus. Pour encore quelques heures, on doit pouvoir encore trouver le corps du délit ici. Si ça venait à disparaître prématurément, petit best-of :

 

- Jakob Berger nous explique qu'avant le tremblement de terre en République Olympique de Chine, il était de bon ton de trouver le pays fort méchant, mais que maintenant c'est plus possible avec tous ces morts et toute cette souffrance. "Le Sichuan est entré dans nos vies" et nos âmes humanitaires en sont toutes retournées, honteuses d'avoir tant critiqué ce noble peuple, magnifié par sa douleur. Et alors voilà, là nous voyons une femme chinoise qui pleure et qu'un policier veut stopper mais c'est elle qui le repousse parce que son chagrin ne peut être stoppé, comprenez ? Dommage que ça soit pas un Tsounami, parce qu'on aurait pu parler du réchauffement climatique et ça l'aurait vachement bien fait.

 

- En Autriche, où décidément ça ne rigole pas dans toutes les caves, un homme surendetté a passé toute sa famille par le fil de la hache. Patricia Plattner se pose de profondes questions sur ce qui arrive à ce pauvre pays et estime que c'est à cause du passé nazi du pays, du devoar de mémoare pas fait. C'est absolument lumineux. Adolf n'était-il pas autrichien, d'ailleurs ? Vous voyez bien que tout se tient. Pisse-copie, prenez-en de la graine.  

 

- Vient le tour de Francis Reusser de nous parler des sanspapiers et sanspapières d'ex-France. Enfin, "nous parler", c'est beaucoup dire. Il a fort bien tenu la caméra et laissé s'exprimer ces gens qui sont Français parce qu'ils travaillent et paient des impôts. Privilégier le choc des images toutes nues, sans commentaire superflu, une démarche minimaliste qui interpelle au niveau du vécu. Ou alors il a foiré son affaire au montage et la bande-son a disparu, on n'est pas vraiment sûrs.

 

- Lionel Baier, avec plus un seul cheveu blanc, était supposé couvrir la conférence de presse du Conseil fédéral, c'est ce qui est spécifié dans le programme. Il a trouvé plus pertinent de filmer la banque nationale et de rappeler aux oublieux que nous sommes qu'il y a eu de l'or des nazis dedans - décidément ils sont partout ces jours-ci. En voilà un qui n'a pas peur de taper où ça fait mal et de coller au plus près de l'actu. Un vrai putain de rebelle septimartesque.

 

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- Barthélémy Grossmann, lui, a eu la chance d'aller faire le saltimbanque à Cannes même. C'est l'aspect bâtard de l'endroit, entre "rêve américain" et réalisateurs anonymes, qui le fait "kiffer." Il kiffe tellement qu'il se filme en caleçon de bain, avant de nous offrir un désopilant numéro de lion en cage, grâce à un usage judicieux de quelques vaubans superposés. Charitable, il s'interrompt après quatre ou cinq feulements en suggérant au caméraman de couper, parce que sinon "ils vont avoir peur". Il est vrai qu'un certain malaise commençait à nous envahir.

 

- Ursula Meier, réalisatrice de "Home" nous parle de son film. Enfin je crois, je n'ai pas très bien suivi ; j'avoue avoir été distrait par son incapacité à regarder la caméra plus d'une seconde, son regard déviant systématiquement vers la droite. Penser à lui suggérer de garder ses notes en main, ça fera moins godiche, et puis le côté débutante qui s'assume ça pourrait avoir son charme si elle s'arrange un peu.

 

- Final apocalyptique avec le très contournable Jean-Luc Godard, dont l'oeuvre donne envie de se faire tout un week-end à mâter La Soupe Aux Choux en boucle en se dopant à la vodka-pomme. La "Vision du monde" qu'il nous offre, très "poétique" dixit Mémère Bachi. La poésie, c'est une succession d'écrans noirs parfois mouchetés de photos ou de fragments de mots. C'est aussi deux minutes de grognements d'un vieillard asthmatique, qui nous explique que le temps du cinoche et le temps de l'actu c'est juste pas pareil (y en a un mieux que l'autre, devinez lequel), puis trois minutes de voix féminine ânonnant un mantra auquel on ne comprend heureusement rien, tant il est noyé dans une triple réverb'. La principale différence avec Jean-Claude Van Damme, c'est que lui semble capable de ne pas prendre ses conneries au sérieux. Et puis les pubs avec Jean-Claude Van Damme, y a des gonzesses et des ananas découpés à coups de pied, c'est quand même plus abouti, artistiquement parlant.

 


 

 

A part ça, il n'y a qu'un film suisse à Cannes. C'est incompréhensible.

14/05/2008

" EN TEMPS DE PAIX, L'HOMME BELLIQUEUX SE FAIT LA GUERRE A LUI-MÊME "

Il n’y a pas chez nous de fascination pour la guerre et la violence en tant que telles. Combien de guerriers de comptoir qui ne sauraient pas se servir correctement d’une pétoire ou seraient tétanisés au moment de choisir entre leur peau et celle d’un autre ?

 

 

Passé un certain stade de rage, de frustration et de dégoût, la lassitude finit par l’emporter sur les élans d’explosion. Tournent encore sous le crâne des images floues de massacre, mais c’est à peine si l’insulte parvient encore à remonter jusqu’aux lèvres. Tout s’est figé, comme ces cristaux insoupçonnés qu’abritent parfois les pierres des montagnes où personne ne vient marcher.

 

 

Ce qu’il reste en nous d’attrait malsain et infantile pour l’univers martial, nous vient très simplement d’une complète absence de véritables rites de passage et d’occasions de prouver notre valeur. Il ne s’agit même pas de courir après le triomphe des obstacles et le vertige de la domination totale : c’est la recherche du crash-test, l’épreuve de force au premier sens du terme, voir si l’on sera brisé ou encore en un seul morceau. Or rien de tel autour de nous. Rien qu’une interminable succession d’intégrations foireuses à des chapelles sans âme.

 

 

Baigner dans l’aigreur d’une famille médiocrement dysfonctionnelle en tentant de préserver un peu d’innocence solide, histoire d’avoir quelque chose de beau à transmettre. Le formatage du malaxeur scolaire, où s’enseigne le désamour de tout effort et de toute connaissance. La rééducation permanente du monde de l’entreprise, où il faut rentrer comme d’autres s’échappent de prison, en creusant son tunnel à la petite cuillère, sans garantie de déboucher ailleurs que dans les égouts. Aligner les CDD affectifs fades qui assèchent votre capacité d’aimer, jusqu’à ce que l’un de ces contrats se transforme, sans trop qu’on sache comment, en un de ces ersatz de « foyer », exactement du type qu’on s’était juré de ne jamais reproduire.

 

 

Tout ça pour quoi ? Pour le droit de recommencer, et de dire merci, et d’assurer tout son entourage que rien ne pourrait aller mieux, qu’on s’est pleinement réalisé dans ce marigot poisseux. Des centaines de grammes de Valium, d’heures d’analyse, de kilomètres de jogging sur bitume pour meubler ces abysses où la Machine n’exige plus rien de nous, et où l’on se prend en pleine gueule la vacuité de nos heures de veille.

 

 

 

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Dans le travail à la chaîne abrutissant que sont devenues nos vies, même l’alternance entre souffrance et ennui est lente, molle, feutrée. Pas moyen de se réveiller en cognant les murs avec la tête : tout est capitonné et désinfecté. Nous moisissons sur pied, en attendant des choses auxquelles nous ne croyons même plus vraiment. Trouver un *bon* job *stable*, faire enfin des mouflets, vivre ailleurs que dans un clapier irrespirable ne fera pas passer ce goût de cendres dans la bouche, comme une salissure définitive.

 

 

Voilà comment le « Il vous faudrait une bonne guerre », tant raillé par les Jouisseurs Désentravés, fait son retour clandestin parmi nous. Il n’y a pas que le désir tout-puissant d’éparpiller à tous les vents la montagne de fumier qu’est cet Occident dégénéré, victimolâtre, enterré vivant sous les Wii-fit et les Iphone. Il y a aussi et surtout le terrible besoin d’être évalué sur d’autres critères que la rentabilité, par d’autres maîtres que des agences de placement, à travers d’autres épreuves que la résistance au sentiment d’inutilité et d’absurdité. En acceptant d’avance tout jugement : la délivrance de l’échec ultime à survivre aussi bien que l’écrabouillage orgasmique de n’importe quel ennemi officiel. Bouffer ou être bouffé. Mais pas continuer à moisir pour que dalle, en se shootant au désespoir pour oublier qu’il n’y a que la grisaille et un coma sans fin à espérer.

 

 

Alors il faut picoler, chercher la castagne avec les supporters d’en face, finir la nuit au poste, se fritter avec la flicaille aux grand-messes mondialistes, harceler les baleiniers, foutre le feu à des parkings, prêcher le jihad ou la guerre raciale – n’importe quoi pour retrouver quelques sensations animales pures et pour secouer les sens émoussés par le viol médiatique et idéologique permanent.

 

 

Automutilations de singes en cage.

L'ABIME AUSSI REGARDE EN TOI

Voilà des semaines que je triture quelques lignes sur l'ami Kaczynski. Il doit y avoir dix ans que j'ai lu son manifeste et que, pour le grand bonheur rigolard des analystes sourcilleux et des esthètes distingués, je ne m'en suis toujours pas remis. Je l'ai relu plusieurs fois, à diverses époques, dans un silence que seul venait troubler le fracas des barrières mentales s'effondrant dans ma navrante caboche.

 

Ca méritait bien un petit hommage, façonné manière art brut. J'aurais volontiers fait une sculpture en pâte à modeler, par exemple, si j'étais déjà interné. Ca aurait pu avoir une certaine gueule, et la maladresse même de l'oeuvre aurait dégagà l'aura malsaine de rigueur. Et puis voilà, je suis toujours libre de mes mouvements et ce putain de texte n'avance pas. C'est d'autant plus navrant que Frater Piotr, répondant avec sa célérité coutumière, m'avait mitonné l'indispensable complément pictural pour aller avec - et qui prend les acariens dans mes dossiers depuis des semaines. Une pitié.

 

En attendant, et pour contribuer à la propagation de la gloire dudit Piotr, je place ici, toute nue, une autre de ses oeuvres récentes autant qu'exclusives, qui malgré cette laborieuse intro n'exige aucun commentaire particulier (à part que quand tu cliques sur l'image, toi y en a l'avoir plus grande ailleurs, la routine). Spéciale cace-dédi à mes rares amis et/ou camarades d'ex-Hagone. All hail the new French !

 

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10/05/2008

REPREZENTZ LA CRATIE DES MOTS

Applaudimètre en folie quand un Harry Roselmack obtient le droit de nous servir la soupe d’infotainment. Vertiges extatiques des commentateurs sur le beau symbole d’un Obama présidentiable. Empressement de toutes les instances officielles à battre le record de Diversité, histoire que le sommet du panier soit plus « représentatif » des pommes qui pourrissent au fond. A quoi ressemblerait le cirque funèbre des Démocrates sans les rites amoureux autour de la Représentation ?

 

Plus de pouffiasses dans les coulisses du pouvoir ! Plus de mélanine chez les gratte-papiers ! Plus de percussions afro-cubaines dans les quatuors à cordes ! Voilà le tocsin du Vieux Monde, cette cacophonie qu’on nous prie d’applaudir comme à un délicieux carillon !

 

Vous crevez, blanchouilles, vous vous étouffez dans votre interminable Near Death Experience qu’est l’existence moderne, et vous en redemandez ! Vous trouvez ça « juste », « légitime », « équitable » !

 

La Différence d’En-Bas a le droit de se sentir représentée aux plus hauts étages ! Dépassé, le poussiéreux « Un homme, un vote » : on est passé au plus prosaïque « Une minorité, un prime-time », chacun attendant son tour de temps d’antenne pour dire exactement les mêmes conneries que les autres. Pas grave ! Rien à palucher du contenu ! L’essentiel, l’indépassable, l’obligatoire, c’est que chacun se sente représenté, que le dernier membre de la plus petite secte ait son délégué officiel au grand pince-fesse des faux culs.

 

La représentation, ça n’a pas l’air comme ça, mais c’est un truc vachement balaise. On n’est pas assez raffinés pour comprendre, nous autres blogoréacoïstes. C’est à la politique ce que le français est au langage : une collection d’exceptions à la règle, codifiée par des vieillards qui se prennent extrêmement au sérieux.

 

Un ou deux exemples, pour souligner la complexité de l’affaire.

 

Hommes et femmes sont égaux. Si Julie veut faire camionneurE, gardE du corpEs ou présidentE des EtatEs-UniEs, y a pas à tortiller, c’est son droit et elle en a intrinsèquement les capacités au même titre que n’importe quel mec (plus que n’importe quel mec, s’entend, mais ne se dit pas pour éviter de pousser la caricature MLF). Mais quoiqu’il en soit c’est une ambition normale en même temps qu’un symbole fort.

 

Quelque chose d’ordinaire pour les hommes et d’extraordinaire pour les femmes.

 

Autre chose. La couleur de la peau : broutille. Caprice irrationnel de la Nature. Révélateur de rien du tout. En tenir compte dans l’évaluation d’un individu n’est pas seulement illégal, c’est surtout un crime doublé d'une grave faute de goût. Et pourtant, un Pape noir, un Pwésident dans la Maison Blanche, quelle belle perspective ! On ovationnera ce signe de progressisme s’ils se produit, on dénoncera le wacisme latent des institutions s’il se fait attendre.

 

Dans le même ordre d’idée : Robert Duschmoll, Blanc hétérosexuel mâle, se retrouve à la tête de va savoir quel pays. Si vous êtes quoique ce soit d’autre que leucoderme, pas pédé et pas gonzesse, la Loi de la Représentativité Absolue et Relative postule que vous ne vous sentirez pas vraiment concerné par son action. Limpide : vous ne vaquez pas aux mêmes culs, vous ne gérez pas les coups de soleil de la même manière, vous pissez du sang une fois par lune, autant de différences qui vous rendent étranger à cet homme-là. Il ne peut pas défendre efficacement vos intérêts parce qu’il ne vous comprend pas vraiment, et il ne vous comprend pas vraiment parce qu’il ne vous ressemble pas.

 

Porquè no, finalement ? Sauf que ce n’est pas vrai pour tout le monde. Ainsi, pour peu que vous ressembliez beaucoup à Robert Duschmoll, son teint et ses érections ne vous concernent absolument pas. Tout ce qu’il compte, c’est qu’il soit compétent, honnête, en accord avec vos opinions politiques. Sa blanchitude est un détail gênant ; il n’est pas obligé de s’en excuser publiquement, mais s’il fait un geste en faveur de la négritude, de la jaunitude, de la gaytude, de la météquitude, il aura en quelque sorte « racheté » sa carence en mélanine, dont l’Histoire nous démontre si bien le potentiel criminogène et génocidaire.

 

En clair, plus il se fera le représentant de gens qui ne se sentent pas représentés par lui, plus vite il gagnera ses galons de Nouveau Juste. Notons que l’homologue tiers-mondesque de Robert Duschmoll serait malvenu de lubrifier une telle Ouverture sur l’Autre ; l’étiquette exige de lui une dignité ombrageuse de descendant d’esclave ou de coolie, sans laquelle on devient un colonisé, un Oncle Tom, un Bounty. 

 

Rester cohérent au milieu d’un tel bordel idéologique et sémantique, est-ce possible sans LSD ?

 

L’astuce semble être précisément de d’appliquer ce contre quoi la Représentation veut précisément lutter : l’inégalité de traitement selon la tronche de l’électeur-client. Oh on s’entend : à dose homéopathique, avec parcimonie et discrétion. Robert Duschmoll s’appliquera donc à ne pas représenter du tout ses semblables en tant que tels. Ce sera selon qu’ils soient de « gauche » ou de « droite », fonctionnaires ou indépendants, syndiqués ou non, roulant en poubelle ou en Lexus – qu’importent les catégories, l’essentiel est de créer autant de factions que possible et d’en faire des marchés captifs.

 

Au sein de chacune de ces filières, ne restera plus qu’à mitiger tant que possible toute forme d’homogénéité trop prononcée. Prôner la Mixité sous ses formes les plus délirantes. Donner des gages d’ouverture et de tolérance. Faire des appels du pied très appuyés aux Minorités. Bien insister sur le fait que « rester entre soi » nuit à la paix sociale, à la prospérité économique, à la santé de la Démocratie. 

 

« Rassembler », en un mot.

 

C’est si imparable que même les éventuels contradicteurs en viendront à surenchérir dans le même registre, à adopter la même rhétorique, à se polir jusqu’à la transparence, à se réclamer des Drouadloms pour lutter contre le droit-de-l’hommisme. Le chant d’un vieux cygne imitant le plus laids des canards. L’ultime humiliation arriviste avant le recyclage dans le compost de l’Histoire.

06/05/2008

A GIRL'S BEST FRIENDS

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04/05/2008

CROIRE, CONSOMMER, OBEIR

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