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28/01/2010

L'ENFER, C'EST LA MODERATION

Quand on vous dit que la castration du langage vise avant tout les modérés ou les personnalités bien placées dans l’appareil, pas les tarés franchement ouacistes comme nous autres…

 

Baste sur le philosémitisme souvent affiché du bonhomme ; il n’inspire aucune envie de prendre sa défense. Et puis la malhonnêteté foudroyante de ses accusateurs est très divertissante : des vautours qui s’arrachent les plumes pour une tranche de charogne électorale, c’est à la fois délassant et riche d’enseignement sur les mœurs démocrates.

 

D’ailleurs il n’a besoin d’aucune sympathie, Jabba-the-Hut. Ces attaques drolatiques ne lui feront pas de mal à et elles renforceront l’image de clowns déprimants de ses dégobilleurs. Et que j’en rajoute une couche d’ « inadmissible », de « relents nauséabonds », de « Le Pen » ! Tant de clichés, tellement usés qu’en comparaison Jeanne Moreau a l’air baisable, ça ne peut pas être sérieux, ils font exprès ! A croire que ce sont des figures imposées, comme au patinage artistique.. C’était ridicule hier, c’est pathétique aujourd’hui, demain ce sera un « classique » de l’humour, l’équivalent moderne du spectacle de pétomane…  Le code moral du néopuritain fonctionne ainsi, par automatismes, s’agit de produire certains sons dans certaines circonstances, sans y réfléchir, comme on dit bonjour quand on entre chez quelqu’un.

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Engagement Citoyen (Europe de l'Ouest, 21è siècle)

 

A la réflexion, on est plus dans la superstition que dans la politesse : l’Intolérance est au moderne ce que l’hérésie était aux bondieusards antiques. Les bruits de bouche qu’ils produisent sont leurs signes de croix quand ils croisent le Mal.

 

« Il faut faire bien attention et adopter une conduite qui correspond au message porté par Martine Aubry qui est que le PS a changé », dixit un député. Tout est là : il faut faire bien attention, c’est clair. Consacrer son existence à faire bien attention. Bien serrer son corset avant de sortir dans le grand monde. Mesurer chaque syllabe, souffler chaque jour dans le ballon du fachotest pour voir si on est à moins de 0,5 ‰, le zéro absolu étant bien sûr préférable… Quelle vie de merde !

 

C’est pas qu’être un gros faf soit plus agréable, notez. Pouvoir dire des énormités, en échange du renoncement à toute ambition professionnelle et à une bonne partie d’intégration sociale, ça se défend, niveau inconfort. Mais comment dire ? Une fois le bannissement moral prononcé, une fois le certificat d’Infréquentable en poche, on est quand même plus détendu. On n’a qu’à s’abstenir de blesser délibérément certaines âmes sensibles, ce qui n’est pas très difficile, puisque leurs crispations ne restent pas amusantes très longtemps. Et puis les gens en viennent à vous considérer comme un type qui a chopé volontairement le syndrome de Tourette, ils savent que vous avez votre rôle de dégueulasse ordurier à tenir, ça les fait presque sourire et si vous ne leur donnez pas de raison très concrète de vous haïr, ils vous charrient même volontiers sur les sujets scabreux, entre deux coups de blanc.

 

Dissonance cognitive oblige, faut croire. Comment un type presque normal, pas trop con ni trop désagréable, avec qui on peut vider des bouteilles et improviser des ripailles jusqu’à point d’heures, comment un type pareil pourrait-il être en même temps un nazimmondice ? Les nazis n’aiment pas la vie, ne savent pas recevoir, n’ont ni goût ni distinction ni empathie, ne rient qu’aux blagues sur Birkenau (ou Port-au-Prince, depuis début janvier), et ne sont bons que morts. Y a donc confusion, maldonne, provocation.

 

Le puritain retombe sur ses pattes, naturellement doué pour occulter la réalité. L’apéro peut continuer dans une étrange ambiance de fraternité avinée, avec, tout au fond de la conscience, un petit picotement, qui te susurre qu’en temps de crise, celui avec qui tu trinques viendra brûler ta maison au nom de l’Ouverture sur l’Autre.

23/01/2010

DEMOCRATIQUEMENT, VOUS ÊTES QUOI, AU JUSTE ?

Je m'apprêtais à ouvrir la fenêtre pour pousser un vibrant << Ah putain ! pour une fois qu'ils pratiquent les abominations qu'ils prêchent, ces emmanchés à tablier ! >>

(signalé il y a peu par Baudricourt)

Et puis je me suis ravisé en lisant la citation :

Pour nous, même si elle est juridiquement devenue femme, il a été initié comme frère et reste génétiquement un homme", répond Pierre Lambicchi, grand maître du GO.

Et je me demande ce qu'un démocrate devrait en penser.

Il me semblait que, quand Mouloud devient Lolita, il est homophobe de le considérer encore comme ce qu'il était avant la séance de charcuterie ludique.

Or, en acceptant stoïquement leur, disons, Frère, les francs-maquereaux ont fait la preuve de toute la conséquence de leur féminisme, stigmatisant ainsi les tarlouzes au nom de l'émancipation des pouffiasses. Reste à savoir si l'on est vraiment un militant de l'égalité des sexes quand on légitime la triche chirurgicale pour passer de l'un à l'autre.

Est-ce à dire dire que si je me tartine la peau au feutre indélébile et que je fous mon immeuble en l'air, j'ai mes chances d'être soutenu par le Grand Orient pour me faire adopter en France ?

Bon. Quand je dis que je me pose la question sous l'angle démocrate, je taquine. Un vrai démocrate ne s'inflige pas ce genre de colles. Il est inaccessible au doute qui provient de contradictions morales. Le vrai démocrate, quand il est confronté à ce genre d'anecdotes, sait que tout ce qui compte, c'est de surveiller l'estremdrouate des fois qu'elle se gausse du courage qu'il faut pour se couper la bite et s'en retourner la peau comme une chaussette à l'intérieur du ventre. Mieux encore : le vrai démocrate se flagellerait plutôt que d'émettre un quelconque jugement sur l'affaire, et retrouve la paix de l'âme en se disant qu'elle va bien faire chier les réacs et les facheaux. Le jour où Freysinger critiquera la coprophagie, on verra des pouilleux à badges et tambours se rassembler dans la rue pour chier dans des assiettes compostables.

On croit trop volontiers qu'avec toutes les souillures à prôner et tous les désaxés antiblancs à soutenir, la vie d'un Citoyen-citoyen est sacrément compliquée. En fait, elle est dirigée par un principe élémentaire, valable toujours et partout : si tu penses que ça peut faire chier un faf, même si c'est con ou laid à tuer, fais-le.

La belle vie, quoi.

MONSIEUR BACCHUS EST DEMANDE A L'ACCUEIL

Il est rarement question ici des choses qui me tiennent à cœur. En bientôt trois ans d’exécration publique, j’ai plus causé de nausée que de bonne digestion. Or avoir la gerbe le ventre creux est particulièrement pénible, un cancéreux vous le confirmera volontiers. J’étalerai donc aujourd’hui, avec la même indécence égocentrique que d’habitude, quelques choses qui rendent mon existence moins absurde et plus soutenable. Si vous zonez en ces lieux pour un fix de négativité ou de potacherie nazipunk, revenez plus tard, je suis pas d’humeur. 

 

* * *

 

Notre vie évoque une demeure dont il faudrait des lustres pour explorer chaque pièce. J’ignore à qui je fauche cette image mais elle devient lumineuse aux époques de grande lucidité sur nous-même, et plus encore lorsqu’on se découvre un penchant qui n’est pas qu’une toquade. C’est s’hasarder dans une pièce où tout, odeur, couleurs, agencement, est nouveau, surprenant, séduisant, chaque détail se détachant avec une netteté surréelle.

 

Mon premier sanctuaire clandestin aura été la musique, en un mélange bâtard de classicisme austère et de blues-rock, mes deux parents se partageant l’apport de cet étrange double héritage. La découverte de Wagner, Mozart ou Tchaïkovski a eu un impact sur mon quotidien aussi considérable que celle d’Alvin Lee, Hendrix ou Brian May. J’aurai passé les trois quarts de ma courte vie avec un instrument dans les pattes, contraint et ennuyé avec le piano, survolté jusqu’à l’autisme avec la guitare, l’un préparant l’oreille et les doigts à l’autre. Il est des disques que j’ai écoutés avec une ferveur mystique qui interdisait toute autre activité, et faisait un violeur de tout intrus dans cet univers éphémère. Maintenant encore, j’éprouve une reconnaissance émue pour ma blondinette, lorsqu’elle sent qu’il faut absolument fermer sa gueule pendant un Requiem, et je ne suis là pour personne quand j’empoigne ma vieille gratte.

 

Les bouquins d’histoire sont une autre pièce de ma baraque intérieure, où je m’enferme à chaque fois que fréquenter de l’humain est dispensable. Je dois avoir lu les neuf dixième de l’œuvre de Benoist-Méchin, et la musicalité de ses pavés, la clarté perçante de ses analyses, la précision maniaque de sa documentation, m’ont à chaque fois arraché la tête du corps ; je ne sais comment décrire autrement cette sensation de détachement physique à la lecture de cette réincarnation d’Homère. Voilà un homme qui vous impose une attention hypnotique quel que soit le sujet qu’il traite, de l’Antiquité au monde arabe en passant par la Guerre Civile Européenne, dont il aura côtoyé ses plus importants protagonistes – du côté des vaincus, s’entend… Ces temps-ci, je relis A destins rompus, en gardant le chapitre sur Tamerlan pour le dessert. J’en publierai des extraits pour les navrants ploucs qui seraient passés à côté.

 

Quand je sors de cette bibliothèque, désormais, c’est pour aller me planquer des heures durant dans le caveau.

 

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Peu avant Noël passé, j’ai pris conscience d’une nouvelle pièce dans l’appart’ bordélique et mal éclairé de ma minuscule existence. De même que la musique, c’est un environnement où j’ai toujours vécu sans en prendre pleinement conscience. Cette nouvelle épiphanie a eu lieu dans une librairie, où je traquais une poignée de cadeaux (je n’offre que de la lecture ou, en l’occurrence des choses qui se mangent ou boivent). J’avise un gros bouquin parlant d’oenologie et l’embarque pour mon père ; c’est en le payant que je réalise que c’est à moi-même que j’aurais dû l’offrir.  

 

Dans ma famille, d’un côté comme de l’autre, le vin a joué un rôle capital. Pas mal d’ancêtres en ont vécu, comme artisans ou intermédiaires – j’ignore combien en sont morts. En bon bourrin, je lui ai longtemps préféré la bière, avec une préférence immodérée des trappistes belges et des spécialités allemandes. C’est aux anniversaires que je me laissais tenter par un grand rouge, croyant tout d’abord préférer les vins fruités, légers et peu tanniques. C’est un muscle, le palais, qui exige du travail pour se développer. C’est à mon père, sans conteste, que je dois mes premiers entraînements.

 

Pas de pudeur affectée : la suite de ce papilles-building a été une histoire d’ivrognerie avant tout. Nous étions une bande de désaxés dilettantes, qui cherchions avant tout l’ivresse poétique, en prétendant ne pas se farcir n’importe quelle merde. Nous débarquions dans une vingtaine électrique et grave au moment où les sucreries du Nouveau Monde investissaient le marché. Nous raffolions de ces topettes clinquantes et pas chères, qui accompagnaient n’importe quel casse-dalle sans nous arracher la gueule ni nous chahuter l’entendement ; c’était simple, rond, facile à boire presqu’autant qu’à dégueuler, nous n’en demandions pas plus. Parfois, pour une mangeaille à deux, l’on se faisait buveurs d’étiquette, se fiant aveuglément au prestige usurpé de grandes AOC de supermarché.

 

Les trouvailles remarquables et les déceptions amères finissaient dans le même tiroir de nos mémoires, celui où se rangent les échos des cuites héroïques et des mondes refaits cent fois avant l’aube et ses effondrements. Visiter une cave ? Conserver une étiquette ? Savoir de quoi était fait ce dont nous nous cassions le crâne ? Rien à battre. Nous nous voulions raffinés, nous étions surtout décadents.

 

De ces temps loufoques, outre un amour réel de l’ivresse qui finira par me tuer ou me transformer en loque, je conserve une nostalgie certaine, sans me pardonner vraiment d’avoir été si con, si peu curieux et méthodique. Il m’arrive de charogner contre ma sociopathie originelle, qui m’a prévenu d’en faire mon boulot ; pas que j’eusse été plus doué qu’un autre, mais putain ! gagner sa croûte en débouchant des bouteilles, étourdissante perspective… Presque quinze ans plus tard, je note tout, tout le temps, aiguillonné par une rage boulimique de comprendre, de retenir et de retrouver. Aucun détail, pas la moindre précision aride qui puisse m’emmerder, alors que je n’ai rien d’un scientifique.

 

Ajoutez à cela, ce qui ne gâte rien, le caractère si profondément identitaire du produit, pour qui le terroir est si capital. Un même petit domaine peut héberger des sols disparates, voire des microclimats qui feront l’unicité absolue de ses vins. Partout où l’homme a planté de la vigne, il l’a fait pour signifier sa volonté de s’établir pour de bon sur un territoire. Dans une bouteille, on trouve le résumé gustatif du temps qu’il a fait pendant un an sur un microscopique coin du globe. On boit son ensoleillement, sa terre, sa pluie, ses variations de températures, l’endurance et le savoir de ses autochtones. Le pinard est à une région ce que son foutre est à l’homme.

 

Le passionné de picrate et le motard toute-saison éprouvent le même vertige avide quand ils pensent aux routes ou aux vignobles de la planète. Ils savent qu’ils n’auront pas assez d’une vie pour tout parcourir. Mais ils trouvent du réconfort dans la certitude que, dans un univers dont ils n’atteindront pas les limites, il ne tiendra qu’à eux d’être éternellement à l’abri de la routine et de l’ennui.

17/01/2010

LE PROVERBE HAÏTIEN DU JOUR

<< Ambiance de la brousse ? Attention les secousses.>>

(Attribué à Léopold Sédar Senghor, ou Franz Fanon, je ne sais plus.)

14/01/2010

LA DEMISSION, C'EST LA LIBERTE

Dans le régime parlementaire le peuple n'exerce pas le pouvoir. Il ne fait plus de lois, il ne gouverne plus, il ne juge plus. Mais il dépose un bulletin dans l'urne, sorte d'opération magique par laquelle il s'assure d'une liberté qui n'est plus dans ses actes quotidiens. C'est sous la forme de la démission que se manifeste la vie politique : démission du peuple entre les mains de ses représentants, démission de la majorité parlementaire entre les mains de son gouvernement, démission du gouvernement devant la nécessité politique incarnée par les grands commis de l'administration. En régime parlementaire, l'abdication de la volonté populaire se fait en détail et pour un temps limité entre les mains de quelques-unes. Dans le régime totalitaire, elle se fait d'un seul coup entre les mains d'un seul. [...] Ce qu'il y a de grave ce n'est pas l'acte de céder à l'État qui est inévitable, mais de tout lui abandonner en appelant cette aliénation Liberté. [...]

 

Le progrès le plus important accompli par l'État au XIXe siècle, le plus lourd de conséquences pour l'avenir, c'est sa main mise sur l'enseignement. Jusque-là, dans la société occidentale l'enseignement était laissé à l'initiative des individus ou des groupes. Le roi protégeait ou surveillait, mais même quand il fondait le collège de France, il ne lui venait pas à l'idée d'instruire. Aujourd'hui, de cette indépendance de la fonction enseignante, à peu près rien ne reste en France, sauf quelques privilèges désuets dans la discipline intérieure des facultés, par exemple le droit pour les doyens de refuser l'entrée des bâtiments universitaires à la police. [...]

 

Peut-on dire, au vu de ses résultats, que l'extension de l'instruction publique ait réellement aidé l'homme à devenir meilleur ? S'est-elle préoccupée de forger son caractère et sa volonté ? A-t-elle éveillé en lui un sens plus vif des fondements de son existence ? En lui apprenant à lire et à écrire, lui a-t-elle appris à penser par lui-même ? Ces questions sont stupides et ne comportent pas de réponse, car elles n'ont même pas été posées. Pour le XIXe siècle, il était bien évident que le progrès humain devait nécessairement aller de pair avec celui de l'instruction et des connaissances. Et il a ainsi préparé un nouveau type d'analphabète, la brute au cerveau bourré de mots, bloqué par l'imprimé. Le lecteur du journal, l'intoxiqué de la propagande.

 

Oubliez qu'il y a Delacroix en couverture et lisez le reste des extraits ici.

08/01/2010

CHAUD-FROID DE BANALITES SUR SON LIT DE BILE

° Le monde de Festivus est une garderie à ciel ouvert. Tout y est conçu pour infantiliser. Médias, penseurs et décideurs nous bombardent de messages sirupeux sur notre santé, parce qu'ils ne nous pensent pas capable d'en prendre soin nous-mêmes. La nourriture industrielle pour adultes se calque sur les penchants instinctifs des moutards pour les aliments mous, sucrés et gras nécessaires à leur développement. La bouffe autoproclamée haut-de-gamme n'est plus qu'une branlette pour les yeux et les papilles, où l'on bouffe de l'azote, de la crème de rien parfumé à l'eau plate, présentée sur des assiettes vides où serpentent de ridicules arabesques de sauce décorative. Les formes des bagnoles s'arrondissent, se transforment en gigantesques jouets. Le langage est méthodiquement simplifié, bêtifié, expurgé de ses complexités, afin que les déficients comprennent la même chose que les plus avancés. L'individu est déresponsabilisé, encadré, coaché, surveillé, corrigé, rééduqué, on va même jusqu'à lui expliquer qu'il ne pense pas vraiment ce qu'il pense si ça n'est pas présentable en public. Comme la totoche fait taire le gosse qui hurle, le tsunami de marchandise à crédit est utilisé pour réduire au silence les masses vagissantes, dont les catégories les plus agitées ne savent d'ailleurs pas s'exprimer avec plus de cinquante clichés et une poignée de formules creuses. Comme dans un jardin d'enfants, toute autorité emballe des ordres non-négociables dans un langage sirupeux, des sourires à l'emporte-pièce, le ton condescendant qu'on emploie avec un mouflet récalcitrant et un peu con. Et malgré ce tir de barrage quotidien contre ce qui nous reste de droiture, nous parvenons encore à ressentir, ça et là, cet étrange sentiment d'inachevé, cette honte sourde d'échouer à nous rapprocher d'un idéal grotesque d'âge adulte et de pleine réalisation de notre potentiel.

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° La plupart des avancées technologiques censées nous faciliter la vie en accélérant le temps perdu à des tâches secondaires, n'a fait qu'accélérer le rythme d'une vie toujours plus absurde, sans que l'on y gagne la moindre compensation. Les machines supposées abattre du boulot pour l'homme et lui permettre de jouir de  plus de temps libre, lui ont imposé leur propre logique et leur propre rythme. Nous pourrions passer deux jours sur trois à ne rien foutre pendant que des automates se chargent des tâches abrutissantes ; mais l'espèce humaine a trop la trouille du temps libre, tout particulièrement le toubab. Il a encore et toujours le culte du Bosseur, il croit toujours que tout fonctionne au mérite, il estime que se flinguer la santé physique et mentale pour un DRH est pleinement justifié, et que le véritable réconfort pour tant d'efforts consiste à se goinfrer de gadgets, à se carboniser le cuir près d'un palmier et à masturber le chrome de voitures de courses qui ne verront jamais le goudron d'une piste. Et il faudrait considérer ça normal. Il faudrait ne pas devenir résolument marteau en pensant qu'il n'y a pas de moyens d'échapper seul à ce fast forward collectif parce qu'on ne peut compter sur personne. Il faudrait s'y faire parce que ceux qui le refusent sont des parasites sociaux, des glandouilleurs, des immatures et des idéologues de souk. Il faudrait renoncer à gueuler que nous crevons tous dans une bétaillère, parce qu'à chaque fois, il se trouve dix connards satisfaits et cyniques pour vous défier de survivre dehors. Et il n'y a rien à leur répondre parce que l'on sait parfaitement le nombre de jours que l'on pourrait tenir loin du Grand Hospice Occidental. Au dégoût de  l'impuissance à l'intérieur s'ajoute la certitude mortifiante de n'avoir pas d'autre avenir que celui d'une ouvrière dispensable au sein de la ruche. Alors, pendant quelques secondes, on se relâche et on écoute un instantla mélopée des sirènes soraliennes, en se disant que les crouilles, aux moins, ont al-qaeda pour les seconder dans une ultime oeuvre d'autodestruction inutile mais flamboyante. 

04/01/2010

TOUT LE MONDE IL EST OCCIDENTAL et autres belles histoires du téléjournal

Par moments, souvent sur le coup de 4h du mat, je me dis qu'on ne peut pas rester éternellement furax. La colère doit fonctionner comme un muscle et à force de trop tirer dessus, ça finira par claquer. C'est assez angoissant, cette perspective de se ramollir émotionnellement, surtout quand on se doute que c'est tout ce qu'il nous restera, avec le temps qui passe, la viance qui s'avachit, les habitudes qui corrompent, les addictions qui forcent à relativiser pour ne pas être trop ridicule... Heureusement, les égoûts de la modernité s'ingénient à vomir des monstres toujours plus révoltants, ce qui fait qu'on est toujours surpris. Tant qu'on trouvera pire que la veille, la haine du lendemain a toutes ses chances de se réveiller intacte, prête à la moindre opportunité.

Il y a le "globalement positif" "relativement calme" de Libération pour qualifier les dix bagnoles crâmées en moins par rapport à 2009...

Il y a évidemment cette belle histoire de vieux papillon qui redevient une aberrante chrysalide, sous les hourras de la presse et la claque timide de la famille...

Il y a ce phallus géométrique, cet immondice rutilant inauguré chez les pétrocrouilles du Golf, bouclé grâce à un crédit de 10 milliards et dont les ouvriers ne seront peut-être jamais payés...

Et puis il y a l'acuité visuelle des journaleuses de la TSR, qui viennent foutre des thermomètres dans le rectum de la santé phynancière dubaïote... et qui expliquent que même des Occidentaux ont des soucis, à l'image du délicieux Canadien dénommé Raad Raad...  Toujours plus loin dans le confusionnisme et le vocabulaire ravalé à une palette de bruits de bouche, à utiliser comme on veut...

Tout va bien. Je croyais m'être stupidement épuisé en cuites, goinfreries, conduite en semi-coma et engueulades stériles du réveille-cons, mais le nouveau millésime m'apporte déjà tout ce qu'il faut en matière d'égratignures pour conserver à mes ulcères leur jolie teinte rose.

Post-blogum : j'oubliais ! étourdi ! le canton du Jura et sa volonté d'accueillir deux enguatanamés... deux frangins qui ne veulent pas être séparés et dont l'un souffrirait de graves problèmes psychologiques...  Des volontaires pour leur donner une chance de s'intégrer par le travail ? Artificiers, armuriers et pilotes d'avion bienvenus.

PUTAIN 26 ANS