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31/10/2009

ATHLETISME TETRAPLEGIQUE

 J’avais loupé ce morceau de bravoure, que dis-je ? d’héroïtude, paru il y a quelques semaines dans le Courrier kalvingradois, indispensable répertoire de tout ce qui peut mériter mépris, dégoût ou détestation à la surface du globe. QUATRE putain de pages A4 pour expliquer que, non, le féminisme ne sert pas à que dalle, contrairement à l’amoncellement des apparences. Ces braves dames, institutionnalisées par l’Etat et dépassées par le marché, ont encore le culot magnifique de pavoiser.  Le ton désespérément volontariste évoque un discours d’encouragement au kolkhoze, deux heures après une invasion de sauterelles.

 

Parmi les perles, on notera : 

 

° La notion d’ « entrée en conjugalité » (ne dites plus « mariage », c’est partiarcapitaliste) ;

 

° La présentation de la récupération totale et de l’immobilisme définitif comme « un assagissement logique », parce que maintenant, n’est-ce pas, il faut « gérer les acquis reconnus » (en clair : conserver ses privilèges et ses entrées auprès des décideurs qu’on gerbait il y a trente ans) ;

 

° La nécessité de parler de féminismeS au pluriel, parce que « utiliser le singulier est presque injurieux pour un mouvement vivant. »

 

 

Et quelle vivacité, camarades ! Voyez comme elle digère bien tout ce que le tube lui envoie dans l’estomac ! Et comme le pouls est admirablement constant ! Et la gravité militante qui se reflète dans ces yeux fixes et vitreux ! Et comme les escarres cicatrisent bien quand on les soigne à temps ! Encore quelques années de rééducation et elle pourra peut-être cligner des yeux pour nous parler de la Lutte contre les Zinégalité(e)s !

 

Sans le financement de l’Etat et l’obligeance dévouée des derniers journaleux qui ne font pas de la presse pipeau-le, le féminisme serait une carcasse nettoyée de toute fibre viandeuse par les asticots. Le capital a sponsorisé ses soldates et en a fait les eunuques de son harem.

 

Je sais pas pour vous, mais l’idée du féminisme en tant que mouvement qui a perdu ses couilles me met d’humeur particulièrement frétillante.

 

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In hoc signo dans l'cul

 

29/10/2009

TAPER DU CUL SUR LA TABLE

L’aplaventrisme, spécialité helvète.

 

Ne loupez pas, tant qu’elle est en ligne, cette savoureuse collection de platitudes et de salamalecs au plein sens du terme. Dire qu’on a étrillé ce pauvre Hans-Ruedy pour sa déculotée… Quelle traitement méritent alors, en comparaison, ces flagorneurs bouffis de moraline démocrasseuse et d’obséquiosité ? La fine limite entre diplomatie et taillage de pipe est explosée à coups de maillets.

 

« Bien cher Colonel ! Glorieux Bédouin ! Grand Babu qui sent l’eau d’Cologne ! Si vous pouviez nous rendre nos otages ! Que ça serait magnanime et bien digne de votre noble et belle personne ! Contemplez les abysses d’avilissement où nous nous vautrons pour vous attendrir ! Le spectacle est gratuit mais pensez au chapeau à la sortie du chapiteau ! Allah et Muhammad (Mille jonquilles fleurissent leur beaux orteils!) vous le rendront ! »

 

 

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La lettre de Levrat ? De la prose de pasteur ivre de piquette bénie ! Celle de Savary ? Un ton de stagiaire de jardin d’enfants avant son premier café ! Celle de Perrin ?  Une dissertation de gymnasien distrait ! Il n’y a qu’avec Romain qu’on se réveille un peu et encore ! Il sauve l’honneur en s’abstenant de toute formule de politesse alambiquée mais on rêverait que sa bafouille vite torchée soit au contraire la plus mesurée de toutes ! Quant à Warluzel, il s’écoute tellement écrire qu’il en oublie d’adresser un message clair, qui aurait dû se résumer à : Va te mettre un chameau, maquereau pouilleux des dunes.

 

Pour un joyeux contraste, pensez à jeter un œil aux réactions des lecteurs, dont on présume que les plus virulentes ont passé à la trappe – à moins que, là aussi, l’obsession bien chuiche de ne jamais se fâcher avec personne l’ait emporté une fois de plus.

 

Ce n'est pas tous les jours qu'on tombe sur une salope prête à subir les pires outrages avec le sourire, alors il faut en profiter jusqu'au bout, au-delà du raisonnable. J'espère donc que Kouillafi lit effectivement notre misérable presse, et qu'il va se payer dans tous les grand quotidiens un encart publicitaire montrant son cul torché sur le drapeau national.

27/10/2009

GROGNEMENTS DE FOND DE BISTROT, VOL. 54

alcoholism.jpgTchac !
On remarquera qu'il est possible de proposer sereinement de couper les couilles à un violeur compulsif, mais que personne de "respectable" ne semble suggérer le rétablissement de la peine de mort pour des fils de pute manifestement incurables. Il y a une certaine cohérence là-dedans. Laisser vivre des gosses affligés dès la naissance de malformations immondes ou de maladies effarantes. Maintenir sous perf' ad aeternam des vieillards ou des gens légumisés par un accident qui ne demandent qu'à ce qu'on tire la prise. Nourrir le Tiers-Monde (avé des cochonneries manipulées génétiquement, de préférence) pour faire prospérer des nouvelles générations qui, elles non plus, n'auront pas les moyens de bouffer toutes seules. Et bien sûr, castrer plutôt qu'exécuter. La vie avant tout, sans considétaion de la valeur que lui accordent les principaux concernés, des chances d'atteindre l'âge adulte sans changer de continent, ou d'actes ayant entraîné l'exclusion définitive de la société. Tout ce qui pense et décide en Occident nous oriente systématiquement vers plus de bassesse, de renoncement et de mutilation.
 
Concision
Lizzy L. se fend d'un assez long papier sur l'expulsion de trois Afghans. Un mot par tête de pipe aurait largement suffi : Ouste ! Au suivant !  

MARCHE ET CREVE

J’aime l’Occident. Malgré ses vices et ses crimes. J’aime la vision des prophètes et la grâce du Parthénon, j’aime l’ordre romain et les cathédrales, j’aime la raison et la passion de la liberté, j’aime la perfection de ses campagnes, la mesure de ses produits et la grandeur de son projet, j’aime l’Occident… Je sais, je sais, les mines du Laurion et les crucifixion d’esclaves, je sais les massacres des Aztèques et les bûchers de l’Inquisition, mais malgré tout, le crime n’est pas l’histoire de l’Occident, et ce qu’il a porté dans le monde dépasse infiniment ce qu’il a fait contre des sociétés ou des individus.

 

Mais il est vain de parler. Et ce livre une fois de plus me donne le sentiment de l’acte parfaitement inutile, car personne ne pourra l’accueillir, personne ne peut plus dans ce monde occidental croire à cette vocation ni à cette grandeur. Nous sommes pris dans une sorte de fatalité que rien, semble-t-il, ne peut plus dénouer, puisque les adeptes du Christ eux-mêmes se ruent dans la fatalité de cette destruction. Seule la négation de tout ce qui est occidental, de tout ce que l’Occident a produit peut aujourd’hui satisfaire les hommes de ce même Occident. Nous assistons dans toute l’Europe et l’Amérique à une sorte de mystère, nous sommes pris dans une procession gigantesque de flagellants qui se déchirent mutuellement, et eux-mêmes, avec les pires fouets.

 

Nous nous sommes déguisés, pour que personne ne puisse reconnaître ce que furent les vertus des hommes de notre monde, nous nous sommes barbouillés de peinture et de sang pour manifester notre mépris envers tout ce qui a fait la grandeur qui nous a faits. Nous assistons avec joie, enthousiasme uniquement à ce qui nie, détruit, dénature, ce qui fut l’œuvre de l’Occident. Nous trépignons sur son corps et crachons à son visage. Si le XIXe siècle a trahi par la conne conscience (ce qui ne fut jamais la vérité de l’Occident), nous, nous trahissons par la mauvaise conscience, qui devient à la limite pur délire. Quand on voit le cinéma des vingt dernières années, on est confondu de se rendre compte que seuls les films qui ont diffusé le mépris, l’ordure, la flagellation ont réussi. Et nul argument ne peut servir en face de ces évidences, de ces lieux communs totalement acceptés (…)

 

Je vois l’Europe marcher à grands pas vers sa fin. Non pour des raisons économiques ni techniques ni politiques, non qu’elle soit submergée par un tiers monde, en réalité impuissant, non qu’elle soit aussi mise en question par la Chine, mais parce qu’elle est partie pour son suicide. Toutes les conduites (je dis bien toutes) des Techniciens, des Bureaucrates, des Politiciens, et en plein accord fondamental, malgré la contradiction apparente, les discours des philosophes, des cinéastes, des scientifiques sont toutes des conduites suicidaires. Tout facteur positif qui peut apparaître est aussitôt retourné, déformé, inverti, pour devenir un nouveau chef d’accusation ou un moyen de destruction. La Gauche a triomphalement rejoint la Droite dans cette course à la mort, et le christianisme célèbre ses noces avec le marxisme pour procéder à la mise à mort de la vieille carne impuissante qui fut la gloire du monde.

 

Jacques Ellul, Trahison de l’Occident, 1975.

26/10/2009

DEMANDEZ A VOS VIOLEURS SI VOUS ETES DES VICTIMES

Pendant que les flicocentristes de Chuiche se demandent si l'on va se laisser islamiser avec ou sans muezzins, la drouate d’ex-Hagone en remet une couche avec l’identité nationale. C’était déjà gros la première fois, ça devient carrément soporifique. On ne peut même pas soupirer que l’Histoire se répète : elle est finie, l’Histoire, et on l’a remplacée par un vaudeville qui tourne en boucle. Aux républicains de centre dur qui veulent un peu plus de Marseillaise répondront les républicains de centre mou qui en voudraient un chouïa moins. Mixocrates et archéobolches brailleront à la résurrection de Saint Maréchal, sans l’invocation perpétuelle duquel plus personne ne sauraient même qui ils sont.

 

Ca va peut-être donner lieu à un, deux télébastringues où les noms d’oiseau voleront au-dessus de la stratosphère, parce qu’on sera entre gens bien éduqués. Entre gens qui ont tous participé, depuis un demi-siècle, à l’assassinat de la nation et qui se disputent son cuir devant un parterre de crevards qui vont aux urnes comme d’autres à la soupe populaire. Quant aux Huns, ils ne brûleront pas dix bagnoles de plus que d’habitude : la manière dont les toubabs organisent leurs funérailles les intéressent assez moyennement, je présume. 

 

 

Ceux qui en ont un peu sous la capuche doivent même franchement se marrer. Est-ce que vous imaginez un seul Néofrankaoui se demander une seule seconde qui il est, et ce qu'est sa Nation ou sa Patrie ? Demander à ses caïds, imams et grossistes en viande de singe de faire des conférences sur le sujet, des fois qu'on puisse y intégrer des souchards, du moment qu'ils savent correctement chanter le raï ?

 

Qui suis-je, où vais-je en Mobilité Douce, dans quelle étagère de la morgue ? Comment peut-on même consentir à haïr virilement un peuple qui descend si bas dans le relativisme et l'écrabouillement volontaire de ses instincts les plus basiques ? Les blanchouilles ne méritent vraiment que le mépris et l'ignorance.

  

Mais on trouvera malgré tout des réacs qui votent pour se satisfaire de cette goutte de vaseline, si contents qu’on leur vole une fois de plus leur discours qu’ils en oublieront qu’ils se sont faits emmancher jusqu’au crâne. Ceux qui bloguent y verront l’espoir de faire grimper leurs stats ou de pousser un paquet de tract supplémentaire, pas même heurtés par le fait que ledit débat n’aura lieu qu’entre « parlementaires, députés et sénateurs », ce que 99% d’entre eux ne sont pas.

 

A ce jour, je n’avais pas compris l’allusion d’Abelikov au « susucre à chercher du côté de l’UMP » ; à présent, elle est limpide. La droite a éviscéré et momifié l’extrême droite et l’a déposée dans un sarkophage qui défiera les siècles. Etre post-faf, c’était déjà être naturellement porté au culte des morts ; désormais, même les grandes gueules et les représentants de la fafitude sont traités comme des cadavres.

 

Si se suspendre à une poutre ou se diluer dans le cognac vous paraît une réaction insuffisante, le seul choix décent qu’il vous reste, poteaux Gaulois désireux de faire entendre votre voix dans ce cirque dégradant, est de dépoussiérer vos cagoules et de rejoindre les éventuels Black Blocks qui iront festivandaliser les rues quand le vomi collecté des débatteurs sera distribué au bétail citoyen.

25/10/2009

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CAU

De cette résignation à ce qui n’est que possible, nos sociétés sont en train de mourir. Le Maître et le Héros sont devenus, à nos yeux, des hommes dangereux et nous souhaitons, par bassesse et démission, être des esclaves endormis aux traits singuliers effacés par une générale ressemblance. Qu’un Maître apparaisse et il serait celui par qui le scandale de nos lâchetés arriverait. Et nous le lapiderions. Et nous l’accuserions de nous déranger parce que nous préférons, tassés au fond de la caverne, nous mélanger confusément et perdre tout souvenir de la lumière de la vie. L’Occident ne comprend ni son angoisse ni sa décadence et bredouille des milliards d’explications. Il n’en est qu’une : le triomphe de la moralité de l’esclave sans maître. Refuser d’entendre cela, c’est se boucher les oreilles en croyant que le tonnerre ne gronde plus dans le ciel.

 

-          La foudre vous détruira !

-          Non, je n’entends pas le tonnerre !

-          Si seulement vous étiez sourds !

 

Hélas, c’est plus méprisable : vous avez peur.

 

Cau, dans Le Temps des esclaves, décrit avec consternation ce qu’il voit advenir ; nous, qui sommes nés bien après l’Effondrement et n’avons connu que des décombres de culture, n’avons pas le luxe de cette consternation. Dès notre enfance, nous avons été stupéfaits ; nous nous sommes frottés un cuir encore souple à des immondices qui nous ont dégueulassés, et faits grandir tordus sans espoir de redressement. Cau appelait à une réaction de dernière minute ; notre existence est la preuve atroce et quotidienne qu’il n’a pas été entendu. C’est pour empêcher l’avènement de notre génération que des hommes tels que lui ont gueulé une vie durant, pour éviter que l’Occident devienne ce que nous sommes. Bien essayé, perdu.

 

On voudrait trouver quelque réconfort cathartique dans ces crachats qui sonnent déjà si vieux. Mais c’est une caféine légère pour nos besoins d’électrochocs. Le ton est cinglant, mais quand on voit ce qui le motive, tout l’avilissement de notre condition nous saute à la gueule avec une rage renouvelée. L’homme s’efface en se conchiant, écrivait Cau il y a quarante ans, parce que la Bombe rend la guerre impossible. Pour nous aussi elle semble impossible, mais nous n’avons même plus de nucléocauste à redouter pour nous justifier. Nous fonctionnons sans cette menace originelle; nous l'avons assimilée.

 

Cette Peur et cette Raison dont les vapeurs amollissaient les contemporains de Cau, nous les avons respirées dès la naissance à nous en faire péter les poumons.  Ses prophéties frénétiques se voulaient peut-être des baffes dans la gueule des indécis ; elles sont notre banalité, des choses auxquelles plus personne ne fait vraiment attention :

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Demain, la race. Il y a eu la horde, le clan, la tribu, la province, le royaume, la patrie, la nation, l’Etat. Demain, la race. Blancs contre Jaunes. Noirs contre Blancs. Imaginons le Blanc vaincu et, à son tour, devenant « homme de couleur » ! Après tout, le blanc en est une. (…) Nous avons vu monter les tolérances. Nous voyons chaque jour que nos sociétés reculent un peu plus la cote d’alerte. Faute de guerre qui lancerait un appel au secours aux valeurs. Du coup, la notion d’opprimé s’élargit à tout : hier aux prolétaires ou aux colonisés ; aujourd’hui aux noirs, aux femmes, aux enfants, aux étudiants, aux prêtres (qui se disent opprimés par l’Eglise !). Demain à la condition humaine, toute entière. « Nous sommes hommes ; donc opprimés ! » Mais par qui ? Par Dieu ! soit, liquidons-le. Alors par qui ? Par les « tabous » ! soit liquidons-les ! Et demain la société parfaite. L’Eden. On mesure l’étendue proprement folle de cette sottise. Ses thuriféraires la croient universalisable et ignorent que, comme la « liquidation des tabous » ne sera pas générale, ce seront les mainteneurs de tabou (les Chinois, par exemple, ou n’importe qui) qui dès lors seront les maîtres.

 

Les utopistes sont condamnés à être opprimés.

Les chantres de la liberté absolue sont condamnés à la servitude.

23/10/2009

DEVENIR DES HOMMES

Quand je veux un fix de mauvaise conscience quant à cet avachissement qui me suffoque depuis quelques mois, je remâte des documentaires sur telles ou telles forces spéciales. C'est de la bonne télé-poubelle utile, qui peut parfois provoquer des sursauts salutaires (je confesse sans honte avoir cessé de me goinfrer comme un porc après avoir fauché l'écoeurant, stupide et malhonnête Supersize Me sur la mule, on se motive comme on peut).

Cette fois-ci, c'était l'archiconnu Les Recrues de la Dernière Chance. Quelques exemples appréciables de détermination et de mépris du corps. Mais ce n'est pas ce qui frappe le plus violemment. Il y a ce jeune type, durant les premières séquences, au moment de la sélection.

Elocution boîteuse, cet accent "arabanlieusard" qui donne à chaque syllabe des accents de mol aboiement. Mais le ton est à la fois servile et déchirant, tremblant d'un espoir fragile de sortir la gueule de l'égout. Les quelques secondes de sa présence à l'écran donnent tout son sens à cette notion de dernière chance - le képi blanc pour quelques ans ou la merde noire à vie. Derrière cet amer quitte ou double, on sent la puanteur aigre d'une existence qui fonce dans les parpaings avant d'avoir vraiment commencé.

Si vous faites de moi un homme... je vous jure que, etc. L'appel au secours fait mal aux tripes. Le gars sent obscurément qu'il lui manque quelque chose pour être debout et droit. Il aura beau faire le caïd pour se tailler un bout de trottoir, c'est dans la vie même qu'il ne trouve pas sa place. Il peut surjouer le babouin Alpha, écraser les chacals concurrents, collectionner les pouffiasses au ventre sec, se prendre un lumbago à force de niquer trop puissamment le Toubabland tout entier, rien n'y fera. Mâle de naissance, mais pas homme parce que personne ne l'a adoubé.

Voilà un point commun aux hordes à capuches et aux groupuscules à poils ras : n'ayant pas pu avoir de respect ni d'admiration pour la génération de leurs pères (écrasés par leurs femmes ou esclaves invisibles des Trente Glorieuses), ils ont dû s'inventer une masculinité qui ne tient que par des bouts de scotchs. Leurs transgressions systématiques ne leur permettent pas de se positionner au sein de leur clan, ni même d'en risquer l'exclusion : ils y ont toujours vécu dans les marges, invités surprises dans des familles qui tenaient ensemble grâce aux horaires des plateaux-repas et des émissions de Sabatier. Tous ont grandi sans rites de passages, sans épreuves reconnues clairement par leurs aînés. Ce qui leur en a tenu lieu étaient les examens d'entrée ou de sortie des abattoirs spirituels scolaires, les entretiens d'embauche devenus si rares qu'ils en sont devenus autant de ternes petits Graals, et la chasse aux objets de luxe à crédit.

Des papiers, des breloques, et des horloges pointeuses. Voilà les professeurs qui nous enseignent l'art de devenir des pères dont leurs fils n'auront pas honte.

21/10/2009

FAIRE NAÎTRE UNE GENERATION D'EGORGEURS

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La mémoire associative, ça fonctionne un peu comme ça veut. Tu piétines peinard ton coin ordinaire de bitume et un étron de clebs te rappelle ta propre digestion difficile, et la nature du repas qui en fut la cause – et voilà comment on en vient à penser bouffe en mâtant de la merde.

 

Ceci pour dire (n’importe quel sacrifice pour placer une allusion scato) que je ne me sais plus ce qui m’a rappelé cette phrase de l’ami LBDD : « Nous ne voulons plus mourir ». N’empêche : c’est un bon échauffement synaptique matinal.

 

J’objecterai donc, tardivement certes, deux ou trois choses. Pur soliloque qui n’intéresse que moi. Vous avez l’habitude.

 

D’abord, une bonne grosse platitude : qu’on le veuille ou pas, hein… S’ajoute à ça qu’avec tout le gras et le picrate qu’on s’enfourne quotidiennement, on est plus faits pour la course de vitesse que pour le marathon. Bien entendu, ceux qui parlent de mourir jeunes sont toujours ceux qui enterrent les optimistes ; on en reparle dans un demi-siècle.

 

Ensuite, pour jouer sur les mots : crever n’est pas un problème, c’est disparaître que nous ne voulons pas. Et c’est précisément cela qui nous a fait vaincre l’horreur originelle qu’on ressentait à l’idée de pondre des mouflets à notre tour. C’est parce que nous n’avons plus rien à foutre de crever (et que certaines nuits trop longues, on en vient à s'en réjouir comme d'autres rêvent de la retraite ou de l'Euromillion) que nous voulons ainsi laisser sur le globe la seule marque à notre portée. Construire des cathédrales n’est plus de saison, écrire des livres bouillonnants de rage n’a plus aucun impact, notre ultime mission est donc de fabriquer les soldats des micro-conflits à venir.

 

Sur un plan collectif, historique, les coups ne se donnent et ne se rendent que chaque génération à son tour. La plupart d’entre nous prendra sous terre avec lui sa parfaite lucidité quant aux objectifs à atteindre, mais sans avoir rien accompli de décisif. Nous n’avons pas les moyens de nos ambitions, c’est tout simple. Nous avons été à la fois trop longtemps protégés contre la Marée Noire qui submerge tranquillement le continent, et amputés avant l’âge de ces réflexes animaux qui seuls auraient pu nous aider à y résister tous ensemble. Pères effacés, mères castratrices, potes déglingués, profs corrupteurs, médias pourrisseurs, cette conjuration universelle de lâches, de fous, de traîtres et de dégueulasses nous ont coupés bras et couilles, sans nous crever les yeux ni les oreilles. Nous voilà politiquement et culturellement tétraplégiques, éventrés par la honte de nos manquements et de notre trouille de passer à l’acte.

 

Si jamais nous franchissons le pas, ce sera seul, de manière erratique et plus façon drive-by-shooting que snipers bien organisés. Ce qui nous tient lieu d’espoir et qui nous fait nous traîner chaque jour un mètre de plus, c’est la pensée que la vague suivante sera plus forte que la nôtre et qu’en s’écrasant contre la muraille, elle arrivera à lui en arracher quelques moellons.

 

L’autre soir, en pratiquant ma séance de zapping quotidien, je tombe sur quelques secondes d’un reportage effectué par deux journaleux Divers au Britanistan, en train de se prendre des mandales par des toubabs ouacistes (oh le vilain pléonasme). Une image qui reste : celle de ce minuscule blondinet en train de menacer de sa navaja deux adultes pesant huit fois son poids.

 

Je crois que je vais m’abstenir de mentionner à mon entourage le sourire maladif que son attitude m’a scotché sur la gueule.

20/10/2009

LA DEMOCRATIE EST UNE CHOSE ASSEZ CONNE POUR QU'ON LA CONFIE A DES DEMOCRATES

Face au mépris affiché du premier adjoint au maire, qui déclare que l’insécurité locale  « fait doucement sourire le préfet », un habitant excédé répond de manière cinglante : « Les électeurs victimes des incivilités apprécieront le sens de la relativité de leur élu. (…)

 

Eh bien non, justement, ils « n’apprécieront » pas. Ils continueront d’aller voter, encore et toujours, tantôt pour des lopes de droite, tantôt pour des forts en gueule de gauche. « Peuple, troupeau, femme, pharisien, électeur », merci Frédo de nous rappeler constamment ces quelques évidentes similitudes. Notons que, sur ces z’entrefaits, les Zids se lancent eux aussi dans le racolage des suffragets et suffragettes, façon Front National 2.0, comme le dit un commentateur. Si ça peut achever le Front 1.0, pourquoi pas ? Ca fait depuis 2002 qu’il ne fait plus marrer personne, ni peur à grand-monde.

 

*

 

Nos zélus à nous, en Chuiche, s’envoient des boulettes de papier à la figure pour savoir s’il faut rénover la force de frappe aérienne de suite ou un chouïa plus tard. Au TJ, un ancien pilote lourdement galonné explique que c’est nécessaire pour faire la police parmi le trafic aérien civil (le plus dense de ce coin de planète, ma bonne dame), exactement comme la flicaille se permet de faire des contrôles sur la route pour traquer les ceintures mal bouclées ou l’irrespect des zones 30 par les nazis de la route. J’ai zappé à ce moment de sa démonstration, j’ignore donc s’il y a des arguments encore plus cons, ou s’il a proposé au contraire d’utiliser les futurs avions de chasse pour aller bombarder Tripoli.

 

*

 

En Chuiche toujours, ça discutaille ferme autour de l’inepte initiative visant à permettre aux mosquées de proliférer en échange de leur renoncement solennel à leurs clochers à cloche humaine. Les coincés du cul moralistes tentent de faire interdire l’affiche bouffonne des initiants, lesquels s’emballent la bite dans le linceul de la Liberté de Parole Bafouée. L’islam religion-sympa contre l’islam religion-méchante-mais-si-les-intégristes-font-un-effort-y-a-pas-de-lézard. Voilà où nous en sommes, voilà le brutal clivage idéologique du moment.

 

 

L’initiative, bien sûr, finira aux cagoinces, avec une participation légèrement au-dessus de la moyenne (c’est pas tous les jours que Monsieur Bolomey va voter sur un truc plus pimenté qu’un nouvel arrêté d’imposition), et sur un score négatif à quelques poils de cul près. Grâce à ces quelques pourcents, nos journachiennes pourront présenter le résultat du scrutin comme « une gifle pour l’UDC », celle qu’ils n’auraient jamais les couilles de balancer à la gueule d’un électeur réac pesant plus de quarante kilos.

 

 

Tout cela est d’un ennui si écrabouillant que même picoler à l’Amarone ne suffit pas à combattre l’écoeurement. Ne demeure que l’envie d’un éternel coma, dont on ne voudrait se réveiller qu’au bruit d’immeubles qui s’effondrent. Ca tombe bien, l’hiver approche. Depuis que les températures ont changé, je subis la rage d’une fringale furieuse, instincts fouettés du plantigrade inquiet de s’empiffrer un maximum avant d’aller se rouler en boule au fond d’une grotte.

 

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