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27/11/2007

SUR L'AIR DE "THEY BREED - WE SLEEP"

Piqûre de rappel dans les Quartiers d’ex-France. La mort d’un petit con infoutu de conduire correctement un pocket-bike est un crime raciste d’Etat. En guise de répétition de cet axiome fondateur de l’Etat de droit moderne, nous avons droit à une nouvelle Staracailledémy dans un bled pourri dont personne n’avait jusqu’ici rien à foutre. Pas trop envie de me la jouer Madame Irma, mais je me parie une tournée de gentiane (Chapelle-des-Bois mon amour) que tout ça ne mettra pas des semaines à retomber. Et puis, malgré tout, par ennui, par dégoût, par stupidité occupationnelle, je regarde ce qu’on en dit dans la boîte-à-cons. Je regarde souvent les conneries à Yves Calvi. Son numéro de ce soir (27 novembre, comme le temps passe) aura été assez chiant, avec quelques pointes dont se rappeler, pour dans trente ans, si nous vivons encore et que fouiller dans les annales de notre mort collective nous amuse encore.

 

Une sorte de Grand-Frère-Educateur-de-Rue avec un prénom très Nouvelle France qui t’explique que tout ça c’est pas de l’Emeute mais de la Révolte. Un maire socialiste qui estime que nier l’existence du ouacisme antiblancs équivaudrait à un mensonge. Un Xavier Raufer qui parle cash et réplique aux lieux communs du Néofrançais avec un sourire parfaitement délicieux. Des gens qui parlent tous en même temps, impatients de déblatérer leur laïus, s’époumonant comme si on les avait menacés de castration sans anesthésie s’ils ne faisaient pas assez de bruit. Un débat de société, quoi. Le truc à regarder périodiquement pour se remettre en mémoire les raisons qui vous poussent à haïr tout groupe d’humains supérieur à deux personnes. Ça sert, parfois. Il y a des gens qui vous demandent pourquoi vous "faites semblant d’être misanthrope". C’est toujours utile d’avoir un argumentaire organisé sous le coude.

 

Quand on éteint le poste et qu’on retourne à sa non-existence citoyenne, on en tire quelques constats simples, exactement les mêmes qu’en 2005. Il n’y a pas de guerre civile ethnique. Il n’y a pas d’insécurité croissante. Il n’y a pas de symptômes d’un effondrement de la société capitaliste démocratique sécuritaire. Il y a tout simplement des événements festifs et bordéliques pour réitérer encore et encore l’affirmation d’un fait : nous ne faisons pas partie du même monde. Ces gens nous disent : « J’ai les mêmes papiers que toi – ou je les aurai bientôt – mais je ne veux pas de tes devoirs, de tes croyances, de tes références, de tes ancêtres. Tout ce qui est ‘toi’ est une oppression des ‘miens’. »

 

Economiquement, politiquement et socialement, rien de tout cela n’est grave ni dangereux, ni à court ni à long terme. Ce n’est pas non plus un problème qui concerne la police en particulier ni l’Etat en général. C’est une simple Sécession tranquille. Eh oui, « tranquille ». Ça peut paraître dur à avaler cet adjectif quand on voit son deuxième leasing partir en volutes noires sur le parking d’en-face de sa cage à lapins. Mais : pas de centaines de morts et de blessés ? Pas de prises d’otages ? Pas de barricades façon nouvelle Commune ? Pas d’insurrection structurée par un discours socioéconomique clair et révolutionnaire ? Alors c’est de la GNOGNOTTE.

 

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Ce que nous « disent » de tels événements, c’est simplement que la bonne vieille Fracture Sociale est accomplie, que rien ne la rebouchera, qu’elle a toujours existé mais qu’elle était soigneusement maquillée en vague malaise de la jeunesse par le matraquage masochiste des rentiers de l’immigration massive. Et ce maquillage est craquelé comme le fond de teint d’une salope trop vieille pour refuser de négocier le prix de la passe. « Ils » ne sont pas « Nous ». Ils n’ont jamais voulu l’être, rares sont ceux d’entre eux qui ont réussi à faire illusion en gagnant assez de fric et en gravissant assez d’échelons dans la hiérarchie des Régulateurs et des spéculateurs.

 

Ce sont des choses que Monsieur Moyen mettra encore du temps à réaliser pleinement. Il finira par gober toute la pilule, un jour ou l’autre. Mais il sera trop tard. Et au moment de la dernière pénible déglutition, il se rendra compte aussi qu’avec la pilule, c’est un hameçon qu’il aura avalé en même temps. Un hameçon relié à des communautés dont il ne pourra plus se défaire. Elles auront la même « nationalité » que lui, c'est-à-dire des titres de séjour et des fiches de paie qui paralyseront toute intervention de l’Etat à leur encontre, quand bien même elles sortiraient les lance-roquettes pour officialiser pleinement leur autonomie territoriale.

 

Cette paralysie administrative mène d’ores et déjà à des paralysies analytiques auprès des instances officielles qui en ont la charge. Le choix du groupe d’appartenance culturelle, la définition d’un « Nous Autres » selon le taux de mélanine, ce sont des choses qu’aucune directive gouvernementale ni aucun lavage de cerveau lobbyesque ne peut éradiquer. Ça s’éteint naturellement chez les plèbes cacochymes et ça résiste à tout chez les peuples à l’épreuve du temps.

 

Vous aurez beau les enterrer sous leurs Certificat d’Européanitude reconnu par Bruxelles, encenser les bienfaits qu’ils représentent pour nos rentes AVS, nos besoin en main-d’œuvre et nos taux de fécondité honteux à se flinguer, RIEN n’y fera. Vous resterez toujours des Toubabs, des Faces de Craie, des exploiteurs, des descendants d’esclavagistes, les membres d’une race de racistes congénitaux, contre qui aucune insulte n’est assez vache ni aucun coup suffisamment dur.

 

Seulement, une séparation, c’est quand même une histoire de couple. Si l’un veut s’en aller mais que l’autre l’en empêche, il n’y a pas de divorce possible.

 

« Eux », ils ont déjà choisi. Ils veulent conserver la bagnole, la maison et la garde des enfants, mais ils nous laissent généreusement les factures, la pension alimentaire et le Devoir de Remord. En clair, ils nous foutent dehors – avec évidemment un droit de visite régulier pour nos filles et frangines prêtes à leur transmettre nos excuses en nature.

 

« Nous », c’est autre chose. D’abord parce que « Nous » n’existons pas. Monsieur Moyen adore ergoter sur les différences de marque de t-shirt, sur les disparités de revenus, sur l’inégalité des classes sociales, sur les engueulades clochemerlesques. Tout ce qui lui permet de fracturer sa communauté culturelle lui donne des frissons d’émancipation pour pas cher. Il ignore rigoureusement ce que signifie se serrer les coudes entre semblables. C’est peut-être héréditaire. Des lustres qu’on s’étripe entre voisins. Trop de peuplades, de traditions et de langues différentes sur un coin de continent aussi minuscule, ça ne peut que péter. D’où cette obsession immémoriale d’aller piquer le territoire à d’autres. La colonisation. L’exploration des océans. La fièvre des horizons lointains. Cette garantie implicite d’avoir enfin de grands espaces à ravager. Est-on sûr qu’Alexandre ait vraiment pleuré à l’idée qu’il ne lui restait plus de royaumes ennemis à conquérir ? C’est égal : l’image symbolise à elle seule les trois quarts de notre histoire collective.

 

Reste que malgré – ou à cause de, qui sait – ces antécédents de pillage et d’expropriation, nous avons en moins d’un siècle perdu le Feu sacré. Les meilleures choses ont une fin. Nous avons enculé la planète. La planète se venge et nous envoie la bite de tout le Tiers-Monde dans le cul, centimètre par centimètre, on va se la manger jusqu’à ce qu’elle nous brise la mâchoire de l’intérieur. La plupart d’entre « Nous » l’accepte. Ecrasée sous ce cheptel soumis, une poignée de sociopathes, de ratés, de poètes à plume tordue et de hooligans lettrés se répètent depuis cinquante ans que non, décidément, ce n’est pas un avenir acceptable. Mais ils ne sont que des grumeaux perdus dans la soupe et un demi-siècle d’agitation n’y a rien fait : la soupe ne s’est pas solidifiée autour d’eux. Il n’y a pas de Choc des Civilisations parce qu’ « Eux » n’en ont jamais vraiment eu une, et parce que « Nous » avons sabordé consciencieusement la nôtre. Arrière-Grand-Papa a commencé le boulot en bandes molletières. Grand-Papa l’a achevé à coups d’Etoile Rouge et de Stars and Stripes. Papa, qui n’a rien compris au film, a assuré les finitions avec trois pavés, deux manifestes pro-partouze et une éducation de ses gamins qui ressemblait à une longue IVG post-partum.

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Oui, c’est mal barré. Non, ce n’est pas irréversible. Profite que je sois vaguement optimiste pendant deux secondes, toi le malheureux surfeur qui m’accorde ton attention par pitié ou curiosité anthropologique.

 

Entre « Eux » et « Nous », un obstacle jusqu’ici insurmontable : nos Zélus et nos Fournisseurs-d’Emplois. Voilà une belle paire de cochons pour qui ce deal invraisemblable mérite toute notre attention. Ils nous le font assez comprendre : Touche Pas A Mon Client/Electeur. C’est votre avenir, ces Jeunes révoltés, qu’ils nous serinent. Acceptez-les au plus vite. Baissez les yeux, c’est mieux que de vous les faire crever. Et puis pensez aux avantages, à ces hordes d’hommes vigoureux et de femmes sensuelles, tous prêts à vous échanger fraternellement un peu de chaleur humaine contre le gîte, le couvert et la naturalisation. L’économie de marché, ça se passe aussi dans la chambre à coucher. Soyons terre-à-terre. C’est pas du cynisme, c’est du réalisme, de la maturité, le courage de se comporter en adulte dans un monde qui ne badine pas avec la marchandise. Vous trouverez bien une raison. Démerdez-vous. Comme si vous aviez le choix de toute manière.

 

Il n’y aura pas de solution à ce problème tant que ces putain de Frères Siamois interviendront dans nos affaires. Ou plus justement, tant que nous les laisserons analyser, circonscrire, gérer et rentabiliser en duo des problèmes sociaux auxquels ils ne devraient jamais pouvoir toucher sans y perdre au moins une main. Bulletin de vote, vidéosurveillance, budgets prévention, crédits répression, séminaires de sociologie urbaine, gadgets d’autodéfense semi-légaux, durcissement ou débandade des « lois-muselières » - KIF-KIF TOUT ÇA.

 

Pour en avoir une énième confirmation, tendez une oreille attentive à « Leur » discours, corroboré par toutes les chiennes et les mercenaires qui se précipitent pour élever le moindre de leur étron au statut d’œuvre d’art militant. Vous n’entendrez parler que de mise à l’écart, de discrimination, de mauvaise insertion, de désintégration sociale, de ghettoïsation, de manque de représentativité, et pourquoi pas de ségrégation statocapitaliste s’il y a un bourdieusien à peu près clean qui traîne dans le bistrot. Autant d’explications rationnelles à des comportements d’hostilité systématique, réflexive pour ainsi dire.

 

Excuses à deux balles le charter. Mais pas que ça : ce sont autant d’obstacles qui ne Les ont pas empêchés de retrouver/maintenir/inventer une solidarité instinctive contre l’Ennemi, le Blanchouille, le Riche, le Patron, le Raciste, le Souchien.

 

Ils ont sauté par-dessus tout ça comme un 110 mètres haies, comme une course à sac de gamins. Ils sont censés être en marge, désorganisés, pas écoutés, méprisés, sans débouchés, réduits à la misère et à l’aliénation, et BAM ! Le moindre accident mongolien et c’est toute la té-ci qui part en feu de Bengale. Ils se sont joyeusement passés de tout l’arsenal associatif, métapo et militant que le dernier carré Réac agite désespérément comme ses seuls moyens de coaguler une opinion publique partagée entre je-m’en-foutisme et dhimmitude.

 

Il y a là comme une putain de leçon à tirer.

24/11/2007

A - PO - LI - TI - QUES

Nous n'avons jamais été "politisés" et nous ne serons jamais concernés par la "politique", par rien de ce qui préoccupe les Régulateurs des égouts de la Polis. (Je dis "nous" plus par politesse que par prétention).

 

Un UDC de plus ou de moins au Conseil Fédéral ?

 

La naturalisation automatique ou éreintante des allogènes ?

 

Plus de flics ou plus d'éducateurs dans les rues?

 

Moins d'impôts pour les riches ou plus d'allocs pour les pauvres ?

 

RIEN A BATTRE.

 

Mais alors absolument rien.

 

Sincèrement. Un constat sans exagération aucune.

 

Nous n'avons jamais voulu de strapontin au club des gestionnaires du désastre.

 

On a dû se gourrer dans l'heure, se tromper dans la saison, pour en venir à donner des avis constructifs sur telle ou telle partie de la tuyauterie souterraine de la démocratie. Tout ceci ne nous concerne pas. Rien n'en affecte nos existences dans des proportions que l'on puisse remarquer.

 

En tant qu'individu, peut-être bien que je peux avoir à secouer qu'on me propose 10% de plus ou 10% de moins sur mes factures d'assurances. Au moment de remplir une ou deux étagères du frigo, c'est sûr que la notion de "pouvoir d'achat" devient quelque peu palpable. En faire un idéal ? Un cri de guerre ? Une "philosophie-de-vie" comme on dit chez les blaireaux ? Autant faire pousser des fleurs sous les rayons d'un néon d'une ampoule à basse consommation, pardon. Un comateux peut vivre avec une perf' de glucose, une sonde anale permanente et un bon traitement contre les escarres. Est-ce que sa vie lui sert encore à quelque chose ? Qu'on se pose aussi la question à l'échelle de toute une civilisation qui ne vit plus que pour écouler ses marchandises, soutenir ses flux financiers et inventer du boulot pour des millions de gens qui, s'ils ne bossaient pas, n'entraîneraient pas l'effondrement du Système puisqu'il n'a pas besoin d'eux.

 

Le "tissu social" ne se détricote pas seulement parce que nos voisins n'ont ni la même gueule ni la même langue que nous. Ca aide foutrement mais ce n'est pas suffisant. Si nous vivons de plus en plus comme des autistes entassés dans des bétaillères à air conditionné, c'est aussi et surtout parce que nous ne croyons plus à que dalle. La dernière religion de l'Europe sous sa forme originelle, c'est de se prosterner devant les sectes les plus grotesques et les idéaux de microcéphales du moment qu'on a la garantie qu'ils sont "Différents". Tout tolérer sauf l'Intolérance. Ne rien choisir sauf ceux qui choisissent de choisir (on appelle ça de la Discrimination). Ne s'intéresser absolument à rien de métaphysique, de philosophique, et envisager tout groupe humain comme une vache à lait, qu'il faut nourrir, traire, et vacciner contre les infections qui ferait baisser son rendement.

 

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La "politique" officielle traite nos existences de la même manière que la médecine envisage nos anatomies. L'hygiénisme social est pratiquement passé dans les moeurs et toutes les déviances de la norme ont désormais le statut de maladies à traiter. Quant au troupeau qui ne va pas trop mal, paie ses impôts et n'empêche pas la police de faire son travail n'est-ce pas, elle n'est qu'une grande machinerie à la Tinguely, qu'il faut huiler et nettoyer de temps à autres, mais dont plus personne ne sait exactement à quoi elle sert. L'Occident n'a plus d'avenir et choisit la dilution culturelle parce qu'il a renié une à une toutes les missions historiques qu'il avait accepté jusqu'alors. Sûr, elles n'étaient ni plus belles ni moins absurdes que les croyances des dernières civilisations amérindiennes. Aller foutre le souk à Jérusalem sous prétexte de libérer le tombeau du Christ était une mauvaise idée en soi, et sans doute un pillage organisé déguisé en acte de foi collectif. Et puis ?

 

Nous savons encore moins ce qui a motivé les populations qui ont érigé les monolithes de Stonehenge. Nous considérons avec un ahurissement rationaliste les pyramides de Gizeh, en nous demandant comment des générations d'Egyptions ont pu dépenser une telle énergie pour une simple tombe royale. Les verdâtres nous racontent l'histoire présumée de Rapa Nui, parabole d'un peuple qui a coupé tous ses arbres pour dresser des statues à la gloire d'on ne sait quelle divinité anonyme. L'esprit du temps ne veut y voir que des élans absurdes, des entreprises délirantes ou criminelles. Et pourtant nos tripes, sourdes à ces arguties de boutiquier, se tordent encore des millénaires plus tard face à ce spectacle, ces stigmates témoins des fièvres créatrices qui dépassent et ridiculisent nos pauvres aspirations. Ces populaces immenses n'agissaient pas pour des pourcentages de salaires, des conventions collectives,  "Rêveries de branleur", ricane quiconque doit faire croûter sa famille. Et il aura raison de se foutre de ma gueule. Je l'accepte d'avance. Et je maintiens que l'Europe est morte parce que ses derniers poètes n'étaient capables que de rêver à des termitières humaines. A Porto Allegre comme à Davos, c'est un même idéal de cyborg qu'on bricole entre illuminés, unis par une nausée d'envergure cosmique pour tout ce qui rattache un peuple au coin de terre sur lequel il marche et qu'il fertilisera moins d'un siècle après y être né.

 

Avoir un organisme en relative bonne forme m'intéresse, oui. Je fais ce que je peux pour le maintenir en l'état et pour en améliorer les éléments les plus défaillants. Mais je ne consulte pas un toubib trois fois par semaine. L'influence de l'alcool ou des nourritures grasses sur ma santé ne me réveille pas au milieu de la nuit. Les séquelles à long terme de mes accidents de bécane ne constituent pas ma seule source de préoccupation. Si je traîne quelque virus ou fracture, je ferai ce qu'il faudra pour m'y soustraire. Mais une fois de retour à la normale, putain de merde, j'ai mieux à faire de ma vie que de compter les fruits-et-légumes-par-jour que j'avale. Ce qui est valable pour mon système digestif vaut aussi pour le corps social dans son ensemble. Les questions économiques ressemblent foutrement à l'ordinaire d'un entérologue : vérifier que les transits vont dans le bon sens, que les flux sont maintenus, qu'on consomme et produit suffisamment de matériaux divers. En fait, c'est tout notre édifice social qui est devenu un gigantesque intestin, une machine à bouffer, à digérer, à chier, et à reconsommer sa propre merde.

 

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La couleur de ces excréments, leur odeur, leur poids, leur répartition plus ou moins égale entre hommes et femmes ou entre nationaux et sans-papiers ? MAIS RIEN A FOUTRE ! Nous nous contrefoutons des questions de "fondements", seules nous intéressent les questions de fond. Et personne, jamais, nulle part, ne pose ces questions. Libéraux, conservateurs, socialistes, capitalistes, centristes, sécuritaires, tous se réfèrent systématiquement au même système de valeurs indiscutables et incontournables qui postule respectivement que :

 

- la Démocratie est le seul régime politique digne de ce nom ;

 

- les Droits de l'Homme sont à la fois naturels et nécessaires, une question de bon sens et l'aboutissement de la pensée humaine ;

 

- les gesticulations les plus clownesques et les plus new-age sont acceptables du moment qu'elles rendent hommage à Saint-Climat ;

 

Etat ou Marché, peu importe l'Autorité Suprême dont on est invité à sucer les orteils. Tout ce que leurs adorateurs respectifs lui demandent, c'est d'assurer le maintien des surplus de mangeaille, le respect des horaires des transports en commun, la stabilité du PIB, la continuité de la Croassance. On fait d'excellentes entreprises avec cette recette. On ne fait pas une société ni une civilisation, sauf à penser qu'un élevage de porcs ou de poulets est un modèle universel.

 

Tortillez tant que vous voudrez, vous retomberez toujours sur ces mêmes saletés. Y a-t-il encore qui que ce soit qui parle de Liberté, et de ce qu'on peut faire avec ? Oui : Reporters Sans Frontières, chaque année, au moment de vendre leur album officiel. Pour toutes les autres officines médiatiques, qu'elles se réclament d'un parti ou d'une église, toute liberté qui n'est pas celle de la presse uniquement n'a pas d'intérêt. Nous "vivons" dans un pays libre. J'ai le "droit" de choisir en mon âme et conscience entre döner et bigmac. Je suis "libre" de zapper la Starac' ou de couper le son pendant la pub. Je ne suis pas "obligé" de faire exactement le même boulot que mon père. C'est supposé me suffire. Rechigner là-contre est le propre des gosses de riches, des enfants gâtés, des immatures, des inadaptés. Ta cage est chauffée, on change la paille tous les jours, c'est quoi ton problème, ducon ?

 

Alors d'accord pour fermer ma gueule. Aucun problème. Je finirai bien par le faire, comme tout le monde. Parce qu'on ne peut pas passer sa vie à gueuler. Ca ne paie pas les factures. Ca ne remplit pas le frigo. Ca ne permet pas d'échapper aux impôts et aux impératifs d'une vie en société qu'on n'a pas les couilles de quitter ou de dynamiter. Mais qu'on ne me demande pas d'aimer ça ni de faire semblant d'aimer ça.

21/11/2007

EN ATTENDANT LE RETOUR DU BOOMERANG

Ils veulent nous « niquer », de préférence « jusqu’à ce qu’on les aime. » Ils nous le répètent assez. C’est entendu.

 

Est-ce une incitation au meurtre et une apologie du terrorisme, si je dis que la seule réponse proportionnée d’aller défier leurs petits cocktails Molotov avec en bandoulière des jerrycans agrémentés de clous ? De répondre à l’occupation du terrain par la politique de la terre brûlée jusqu’en profondeur ?

 

Sans doute, oui.

Evidemment.

Suis-je distrait.

Ça crève les yeux.

Alors je ne le dis pas.

 

Je ne le pense même pas. Arrière, fantasmes malsains ! Je vous dénonce avec une indignation vibrante et Citoyenne. Opprobre et camisole de force à ceux qui concevraient de pareilles horreurs. Délires irresponsables de puceau frustré, gavé de shoot-em-up, de porno SM et d’alcopops au point d’en oublier jusqu’à la notion même de décence.

 

Précaution bien inutile, cependant. Parce que des kamikazes blanchouilles, on n’en verra pas des masses durant ce siècle. Ce n’est de toute façon pas le style de l’ex-forteresse Europe. Il faut pour cela une foi indestructible, une abnégation presque inhumaine, la conviction que Gott est avec uns, autant de choses aussi rares en Europe que des boules de geisha dans un paquet de pop-corn. (Plus rares que ça en fait : le sex-toy est en train de devenir si tendance qu’à terme, il sera plus facile de se balader avec un gode dans le cul qu’avec une clope au bec.)853a40580c810fbc258f4108e91260ce.jpg

 

Gott a depuis longtemps estimé que uns étions un ramassis de sous-merdes, mûres pour la dilution et l’arrachage des souches pourries. Gott doit être jardinier, à ses heures. Et dans son infinie sagesse, il a vu que l’arbre occidental perdait ses feuilles, que sa sève s’était retirée de ses racines, que ses fruits étaient rares et immangeables, qu’ils poussaient même sans graines ni écorce, d’atroces fruits mous réduits en confiture à peine la fleur fanée.

 

Alors Gott s’est dit qu’une greffe pourrait lui faire du bien, à ce continent qui sent le désinfectant de morgue. Une greffe massive de branches et de bourgeons piochés dans des espèces exotiques, plus vigoureuses, plus résistantes. A ce jour, les greffons les plus absurdes et les plus comiques sont très bien tolérés par la plante. Faut dire qu’elle est tellement déboussolée… c’en est au point qu’elle fait sa photosynthèse avec la lumière des néons et les flashs des radars autoroutiers.

 

Tour de force divin : c’est parmi ceux qui gerbent Son nom qu’Il trouve une profusion de petites mains vertes, toutes disposées à faciliter l’opération. Pas plus collabo qu’un cureton. Et pas plus cul-bénit qu’un agnostique qui milite pour un monde moins blanc plus juste. Nos interminables funérailles ont réconcilié Don Camillo et Pépone, qui se relaient pour nous balancer des poignées de glaise sur le coin du cercueil. Voilà bien la seule chose qui rend comestible l'obsession anticléricale des paganos et leurs tirades sur la "religion pour les faibles". N'empêche qu'elle a sacrément sapé vos antiques sanctuaires, cette prétendue jérémiade-du-désert !

 

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Evidemment, le résultat donnera un hybride cocasse, sans plus rien de commun avec ce qui était prévu à la base. Mais quoi ? D’ici quelques saisons, la récolte des nouveaux fruits bâtards n’aura plus rien d’exceptionnel. Il faudra même donner un nom à cette nouvelle variété, qui finira par s’imposer comme une évidence, un nouveau classique, effaçant jusqu’à la mémoire de l’original. Il avait fait son temps, de toute manière. Qui regrette, à part des sensuels illuminés, les centaines de sortes de tomates éliminées du marché, qu’ils n’ont jamais connues ni goûtées ?

 

 

Faut-il être con et doctrinaire pour cultiver la nostalgie de ce qui est mort avant qu’on naisse. Nostra maxima culpa.

 

 

Il faudra plus, bien plus qu'un retour à l'Amour des Nôtres pour être à nouveau maîtres sur nos terres. Il faudra suivre l'exemple de ceux qui veulent nous remplacer et nous approprier intégralement cette rage automatique, ce réflexe d'hostilité animale face à l'ennemi. Eux ne s'embarrassent pas de longs débats sur la nature de cet ennemi, sur les alliés possibles, sur le flou des frontières. Ils ne calquent pas sur la définition de leur "Nous" les mêmes arguties qu'un Soral opposait à Desouche dans son récent interviou. Leur propre diversité ne les prévient pas vraiment de faire bloc contre le Cul-Blanc conçu lui aussi comme un bloc homogène, secrètement ouaciste, hypocritement humanitaire, clandestinement colonialiste, qui discrimine comme il respire. Réfléchir et agir en cro-magnons ne leur pose pas de graves problèmes existentiels. Dragouiller 0,1% d'électeurs-fantômes ne fait pas partie de leurs objectifs. La cohérence doctrinaire, rien à battre. Pousser Cul-Blanc dehors, un slogan amplement suffisant et éloquent. 

 

 

Suffit de jeter un oeil aux émeutiers d'Occident depuis un bon quart de siècle pour mesurer l'ampleur du décalage et comprendre en un instant qui est condamné à perdre. Beaucoup de bruit, quelques flammes, un peu de fumée, une poignée de vitrines cassées, wow. Et pour une poignée d'agitateurs prêts à se frotter quelque peu à la flicaille (ce qui doit bien évidemment terroriser le pouvoir en place), des hordes hirsutes qui chantent, qui sautillent, qui promènent leur colère souriante le long des parcours balisés. La spontanéité d'une fête du Travail à Pyongyang, et le potentiel révolutionnaire à peu près égal.  

 

 

 

De fait, les dieux n'ont jamais eu de Peuple Elu. Ceux qui s'en sont réclamés ont toujours fourni eux-mêmes les prophètes pour entendre et lire ce qu'ils voulaient. Les dieux n'aiment que la Colère et ils accorderont leurs faveurs à celui qui bouffera le plus la gueule à l'autre. Les Athéniens le savaient aussi bien que les Normands. Le mythe du Berserker illustre à merveille le caractère sacré de la fureur de vaincre l'ennemi. Et l'ex-Européen moderne a, plus que toute autre chose, perdu sa capacité à se foutre en rogne. Il crève avant tout de cette carence qu'aucun complément alimentaire ne compense.

14/11/2007

CA Y EST... C'EST TOI LE VIEUX MAINTENANT

6f550c1a570f64f58e0c96543288051b.jpgCours d'anglais, lundi soir. La gamine doit avoir quatorze ans, guère plus. Du métal plein les gencives, pas très dégourdie mais gentille. Un retard conséquent à rattraper. Déjà qu'en français c'est pas jojo... Une peine à retenir des mots simples, des tournures de phrases élémentaires.

 

Je tente de proposer des trucs mnémotechniques qui me semblent simples et universels. Yesterday, par exemple, ça ne veut pas rentrer. Je suggère de penser au Beatles et à la chanson du même nom. On m'a amplement fait chier avec ça en classe, ça ne doit pas avoir beaucoup changé depuis. Eh bien si, ça a changé, la môme ne voit même pas de quoi je veux parler. En même temps, combien de mes contemporains connaissent vraiment ? Passons.

 

La différence entre to, two, et too, là aussi c'est pas évident à faire comprendre. Peut-être qu'une référence à Bono et sa bande de bouffeurs de patates ? U2, ça lui dit quelque chose ? Non. Point connoistre.

 

C'est officiel. Je suis déjà un vieux con. L'avantage, c'est que j'ai pris le coup de râler en permanence depuis quelques années. Je peux continuer comme ça sans surprendre l'entourage. Ca fait penser à Brel... "Quand je serai vieux, je serai insupportable..."

 

Faudra que je lui parle de Brel, à la gosse. Ca lui donnera l'impression de bosser ses cours de préhistoire.

13/11/2007

MOZLEM BAD, JEW GOOD

Oui, on peut être sioniste, islamophobe, impérialiste yanqui - et relativement rigolo. Dans des milieux d'ordinaire sinistres à crever, c'est suffisamment rare pour être noté. (Merci à Tyler l'Ancien pour le lien).

 

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10/11/2007

AMIS IMAGINAIRES

09b50115dc1d0eb1f7f4d5f1d4ffbf1d.gifDes offres d’emploi à poster. Je ne vote plus depuis dix ans, je n’entre que dans les églises qui méritent la visite point de vue architectural, mais je continue à jouer au boomerang avec mon CV. Espoir, quand tu nous tiens… L'averse a en plus fait tomber une bonne cargaison de feuilles. Le bitume trempé plus ça, bonjour la cassée de gueule si j'y vais en vélo ou en bécane. Nous marcherons donc.

 

En chemin je croise moult amis imaginaires.

 

Il y a d'abord cette blonde à cheveux courts, coupe vaguement sixties, qui me contemple vautrée sur un comptoir. L'affiche me dit que son point commun avec moi, c'est « la passion pour notre métier. » Voyez-vous c’la. Cri de guerre de l’entreprise, en-bas à droite en tout petit : « ça crée des liens ».Ca met en confiance. C’est doux et chaud. Je sens qu’on aurait pu super bien s’entendre, elle et moi. Mais je dois poursuivre ma route. Tant pis pour toi, la belle. Dans une autre vie, peut-être ?

 

Pas d’autres clients à part moi dans la salle. Pas besoin de se faire chier à contempler, vaguement incrédule, les montagnes d’objets qui n’ont rien à foutre dans une poste. Bédés sous-humoristiques, guides astrologiques, soudokous, arsenal de plumier, recettes de cuisine spécial ventre concave, jouets… Il y a aussi un endroit à louer. Peut-être un mètre carré. Un panneau nous illustre l’affaire. On y voit une brunette accorte, qui propose du fromage d’alpage aux clients jeunes et dynamiques d’un quartier qu’on imagine riant, ouvert, multiculturel et si proche des traditions paysannes pourtant. Personne n’occupe ces quelques dalles. Dommage, un bout de gommeux aurait été bienvenu.

 

En sortant, un autre panneau, frappé d’un grand cœur rouge. Un message de mon amie la Poste , pour me dire qu’elle se casse le fion pour que je me sente bien chez elle. Je suis important. Je suis spécial. Je suis la raison pour laquelle elle se lève plein d’entrain le matin, toute empressée de tremper ses petits bras dans de larges bassines de missives à destination de n’importe où. Alors elle me dit « Merci de tout ». C’est touchant, cette syntaxe qui sent bon la campagne zurichoise typique. Je vais fondre, vraiment.

 

Plus tard. Des courses à faire. Il faut s’arrêter pour faire le plein. Encore des amis imaginaires, par flopées, qui montrent l’exemple d’une existence comblée, joyeuse, pacifiée. « C’est bon de s’arrêter », proclame une bourgeoise empoignant un sandouitche comme une bourgeoise examine un gode à billes. « Régalez-vous ! », exhorte une maigrichonne au regard vide, la bouche pleine d’un machin qu’on présume chocolaté. « Bienvenue », me souhaite une blonde avec un vague air de Jennifer Aniston de parking, en uniforme rouge. Une autre encore, peut-être la goinfre de tout à l’heure, me rappelle qu’on n’est « jamais trop prudents », façon de m’inciter à vérifier mon niveau d’huile.

 

Ça fout le vertige, tant d’attention et de délicatesse. On a l’impression de barboter délicieusement dans une pataugeoire pleine de sirop de grenadine.

VOLONTE ET CAPACITE DE NUISANCE

Dans la série "On ne se trompe pas d'ennemi prioritaire", on lira avec profit une analyse lapidaire autant que salutaire du dénommé Pan, compatriote inconnu, comme quoi on n'est pas un si petit pays que ça.

 

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08/11/2007

GENERATION NUCLEAIRE

Suite à la fusillade de Tuusula, L'American Underground Nihilist Society (Elu Meilleur Acronyme de l'Année par des consomm'acteurs) publie une petite analyse dans une perspective, eh bien, nihiliste. Un texte volontiers outrancier, avec des simplifications à la pioche, où la provoc’ pure valse avec un bel amoralisme. Dans l’ensemble, ça ne pisse pas très loin et c’est pratiquement une apologie de la violence eugéniste. Le texte a toutefois le mérite de poser quelques questions sociologiques auxquelles l’Occident aurait dû répondre, ce dernier quart de siècle, s’il avait eu quelque chose à foutre de survivre en tant que civilisation. J'en publie une trado perso, que les curieux trouveront en bas de ce post.

 

 

Le slogan « C’est la faute à la société » a été systématiquement été braillé par les défenseurs des parasites auxquels s’en prend l’auteur, qui fonde pourtant son argumentation sur ce même argument. Les réjouissances des Banlieues Coloniales d’Ex-France en 2005 en avaient donné moult illustrations et c’est la même rengaine à chaque « pétage de plombs » d’un Citoyen-Différent-Mais-Egal : si les jeunes sont violents, c’est parce que le capitalisme est violent, c’est un modeste retour de manivelle, peut-être spectaculaire mais infiniment moins ravageur que les politiques économiques et sociales décidées par nos Propriétaires Démocratiques.

 

 

Rengaine archiconnue ; elle fait partie des nombreuses tactiques de désarmement moral, qui visent à prévenir Monsieur Moyen de toute révolte contre certaines populations chouchoutées par les journalistes et les mafias moralistes. Pourtant, on remarquera que cette mélopée n’est pas reprise par les pleureuses assermentées à chaque explosion de violence.

 

 

Les Territoires Occupés qui flambent et crachent leur haine de l’Europe ? Un symptôme d’un grave mal-être, un appel au secours déchirant, le cri d’alarme des nouveaux enfants d’Occident à leurs parents adoptifs négligents.

 

 

Les fusillades de Columbine ou de Virginia Tech ? La faute aux armes à feu, aux jeux vidéos, à la fascination pathologique pour la violence de timbrés cryptonazis s’ils sont pâles ou « mal intégrés » s’ils le sont moins.

 

 

Evidemment, deux objections pertinentes pointent leur groin.

 

 

D’abord, la différence qualitative entre une émeute racaillesque et une exécution en règle de dizaines d’étudiants. A elle seule elle pourrait justifier toute variation de ton, d’analyse, de révolte ou de réaction du corps social. C’est pas les mêmes pilules pour toute une ville enrhumée ou un seul immeuble grouillant d’anthrax.

 

 

Ensuite, politicards, assistantes sociales et pisse-copie n’ont pas leurs fiches complètes pour tous les déviants en activité. Ils savent comment réagir face à un exotique qui agite sa casquette, ses baskettes et ses exigences de pognon facile ou de discrimination positive à l’embauche. La population est bien ciblée, les sociologues nous ont sensibilisés depuis des lustres à ses abominables souffrances héréditaires, la population ne met pas des plombes à dégainer ses mouchoirs, ses pénitences et son chéquier. Les Orcs qui lui crachent à la gueule parlent un langage qu’elle a appris à maîtriser ; son lexique pivote sur les notions de démocratie, de tolérance, de réussite sociale, de droit aux gadgets technologiques, d’argent-qui-facilite-le-bonheur, de représentation équitable – tout ce que le Citoyen Démocrate reconnaît comme ses propres centres d’intérêts sur cette Terre.

 

 

6445c4641048bcc145f39857d9211cf8.jpgGrosse différence avec ces gamins, Petits Blancs pour la plupart, qui sortent les flingues pour d’autres raisons que des histoires de territoire urbain, de came, de harcèlement policier ou de frustration consommatrice. Ils ne brûlent pas des bagnoles parce qu’on les prive d’une partie de leurs privilèges. Ils tuent parce qu’ils trouvent que l'Occident ne va nulle part et qu'il y va mal, qu’ils y mènent une vie gerbatoire, parce qu’ils y sont condamnés à un avenir de pompiste, de représentants en parfums, d’arrière-petits-fils d’esclavagistes et de génocidaires, d’aspirants-bolossés, de pères semi-castrés, de sex-toys sans piles.

 

 

Ils flinguent parce que leur rage n’a pas d’autre exutoire que Second Life, des parties de paintball et une place hypothétique sur le podium des prédateurs économiques ou des mercenaires-saltimbanques de la musique d’ascenseur. Ils exterminent et s’éliminent parce que la Vieille Europe et l'Amérique précocement sénile n’ont plus de place pour les fous, les rêveurs, les agités, les possédés, sauf à un comptoir de pharmacie ou aux urgences psychiatriques. Ils se défont de leur vernis d’humanité parce que contrairement à leurs parents, profs et supérieurs, ils n’arrivent plus à s’identifier à leur costume d’homme-sandwich.

 

 

Et c’est un refus catégorique que le monde post-soixante-huitard n’a pas les moyens de comprendre, ni de prévenir, ni de guérir. Ce malaise viscéral, qui dégueulasse toute une génération, ne sera pas dissipé par des Contrats Première Embauche, des centres de loisirs, des cours de hip-hop gratuits ou la légalisation du cannabis.

 

 

Les conducteurs de notre bétaillère pourront se payer encore longtemps le luxe de s’en contrefoutre parce ce qu’ils risquent peu de chose sur le moyen terme : ce cancer est très peu contagieux, il consume de l’intérieur et ne provoque que ça et là des effusions de sang, vite jugulées par les haut-parleurs de la presse et de nos maîtres à-ne-pas-penser. Dans leur écrasante majorité, la génération des malades actuels se laissera tranquillement crever ou recycler dans la machine à malaxer les peuples.

 

 

Mais leurs successeurs, qui se forment en ce moment dans les universités, les hautes-écoles d’administration et les camps d’entraînement pour managers, auraient tort de négliger le problème. Il est des colères sourdes qui se transmettent par le sang autant que par l’éducation, et en 2030 une nouvelle génération pourrait apparaître, qui aura encore moins à perdre que nous autres.

 

 

 

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Une partie d’elle aura été élevée dans la méfiance de toutes les institutions, dans le mépris de la faiblesse et des excuses bidon, dans l’acceptation de formes de cruauté nécessaires envers soi-même et les autres. Elle aura été confrontée, chaque fois qu’elle aura dû sortir du cadre familial, à la brutalité des codes de la rue, à l’arrogance humiliante de l’aristocratie cosmopolite, au décalage obscène entre discours multiculti et réalité des concurrences interculturelles, au vide spirituel abyssal du relativisme moral, à la conjuration de tous les ressentiments envers l’ancienne communauté autochtone, au constat atroce qu’un taux trop bas de mélanine fait de vous une cible pour les insulteurs, les margoulins, les faux prophètes, les chacals de caniveau et les pourrisseurs de conscience.

 

 

Toute bombe à retardement peut être désamorcée, détruite sans dégâts, interceptée à temps. Mais un déchet radioactif irradie pendant des millénaires, se foutant bien des gouvernements qui passent, des modes qui virevoltent, des sectes qui s’élèvent et s’effondrent, des empires qui naissent et s’évaporent.

 

 

Nous sommes les milliers d’enfants de la Zone Grise qui ne pourront jamais laisser leur colère éclater à la face d’un monde trop vieux et trop absurde. Nous avons été trop bien programmés à retourner contre nous-même la démence que votre idéal socioéconomique provoque en tout être un peu sensible. Nous ne flinguerons pas nos collègues de bureau, nos camarades d’amphis, nos codétenus anonymes dans les cages à loyer modérés. Nous ne foutrons pas le feu aux beaux quartiers. Nous ne prendrons pas de traders, ni d’éditorialiste, ni de spéculateurs en otage.

 

 

Nous continuerons d’avancer lentement dans la file d’attente de l’Assommoir pour recevoir notre coup de grâce personnalisé sous emballage hygiénique. Mais dans vingt ans, dans cinquante ans, nos descendants feront encore hurler vos compteurs Geiger et si les chances d’une explosion atomique en plein dans vos sales gueules est encore incertaine, tant que nous aurons la force de nous maintenir plus ou moins en vie, vous ne serez jamais complètement en sécurité.

 

 

 

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05/11/2007

"LE SOUS-TITRE EST UN CONCEPT DEVIANT"

Des grossièretés, des questions philosophiques profondes (Tolstoï est-il un con ?), des slogans révolutionnaires bien sentis (Viens, on va acheter de la bière !) et des articulets qui claquent sans en avoir l'air. Je n'ai pas compris grand-chose mais dans l'ensemble, ça m'a beaucoup plu. Si vous allez lui dire bonjour, ne lui dites pas que vous venez de ma part : tout auteur qui se respecte préfère être haï par un public intelligent qu'apprécié par un lectorat mongolien.

 

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03/11/2007

PAS PIRE QU'HIER

Il y a d’excellentes raisons de dégueuler ses semblables à toutes les époques. Il faut,  paradoxalement, une bonne dose d’optimisme pour penser que celle où l’on vit est pire que les autres, qu’il s’y passe des abominations inédites de nos ancêtres ou qu’on y bat résolument des records en saloperie humaine.

 

Où il y a de l'humain, et plus particulièrement quand il s'entasse par milliers dans des villes toujours plus irrespirables, il y a de la crasse. Et rien ne nous permet vraiment de penser que la nôtre ait réellement atteint un summum en la matière, même si ça soulage de le hurler. Hélas, du moment qu'on a été engagé ne serait-ce qu'un jour dans sa vie, tirer ce constat tout bête mobilise une énergie démentielle. Je profite d'un de ces éclairs d'extra-lucidité pour pondre ceci, avant d'en renier des morceaux ça et là par habitude, par sectarisme, par épuisement moral ou par goût de la provoc' cheap.

 

On ne peut même pas faire confiance à l’explication par le facteur Décadence. La stabilité, la récurrence, l’obstination même dont font preuve les générations successives dans la misère culturelle et toutes les formes de bassesses imaginables, tout cela donne à penser qu’il y a quelque chose de pourri au royaume humain tout entier, dès les origines. D’où la puissance du concept de Péché Originel chez les cathos. D’où, plus largement, l’idée d’une race intemporelle de révolutionnaires qui naissent avec le dégoût des autres chevillé à l’âme, sans raison objective. Chaque rejeton de cette lignée vorace s’arrime aux travers propres à son temps pour exprimer avec cohérence cette rage de chamboulement et de destruction. 

 

Et tous auraient alors pareillement, systématiquement tort.

 

 

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Pourtant, la misanthropie semble aller à l’encontre de tout idéal, surtout s’il se base sur la culture native, son amour et sa défense. Vomir l’humanité et haïr en même temps ceux qui sapent telle ou telle civilisation ? Autant insulter le malpropre qui chie dans un égout, c’est pas plus contradictoire.

 

Il y a peut-être un impératif insoupçonné dans cette conviction que « tout va de pire en pire », qui suit les rebelles de l’Histoire comme la vermine colle aux basques des bâtisseurs de ville. C’est la condition sine qua non d’une rupture, d’un Grand Nettoyage, la peur qui donne les ailes indispensables à sauter des murs trop lisses pour être escaladés.

 

Mais les faits viennent toujours contredire cet espoir : rien ne se crée, surtout pas les vraies Révolutions. On peut, au mieux, s’y préparer, mais pas les construire, ni les contrôler, ni les faire arriver plus tôt que prévu.

 

Ce qui nous fait frémir d’horreur ici et maintenant n’est jamais qu’une rediffusion d’un succès éternel : la Comédie Humaine au premier sens du terme. Une farce jouée par des hommes, mettant en scène leur propre caricature mongolienne sans même forcer le trait. Hier comme aujourd’hui, les rengaines et les modes se basent sur les mêmes ingrédients. On veut à toute force les croire spécifiquement contemporains, parce que ça légitime notre opposition, et toute action entreprise à leur encontre. Bref, ça nous structure, ça nous raidit face à l’adversité molle et étouffante. Mais c’est du flan.

 

L’histoire de la Chute et du Péché Originel, c’est une tentative semi-réussie de donner un sens à cette dégueulasserie primordiale. C’est le seul mythe explicatif qui semble acceptable d’ailleurs. Mais le monde a toujours été dégueulasse, depuis le commencement.

 

Pour notre malheur, avec les moyens de communications modernes et l’avancement constant des connaissances, on peut s’en rendre compte plus vite que nos anciens. Il fallait une vie entière aux plus clairvoyants d’entre eux pour en prendre conscience. Et dans l’intervalle, ils pouvaient aussi développer la sagesse et le recul suffisants pour ne plus en avoir rien à secouer. Pour le reste des abrutis, une lucidité réduite par les impératifs de la survie et par la contagion remarquable de la connerie les mettait à l’abri des réalités ; ils pouvaient, comme le peuvent encore beaucoup de nos contemporains, diviser le monde en catégories sympathiques ou abjectes, entretenir des croyances, des espoirs, des idéaux.

 

Pour nous autres modernes, c’est pratiquement impossible. On ne retourne à la passion que par distraction, soumis à l’impératif biologique de survie qui a recours jusqu’au rêve éveillé pour maintenir la machine en état de marche. On n’y croit plus que parce qu’on éprouve un suprême instinct qui nous y force – parce que nous sommes conscients que le deal c’est « Rêve ou crève ». Et il se peut bien que cette brève période entre le cynisme tranquille de l’enfance et la désillusion fatiguée de l’âge avancé, ce temps où on trouve une énergie surprenante pour lancer mille projets imbéciles et s’engager dans des croisades ineptes, ne soit justement qu’un interminable rêve. Un tunnel qu’on emprunte entre deux éblouissantes lumières, celle de l’innocence précédant celle de la libération du corps.

 

 

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Un gosse survit aux pires tortures ; un ancien vit sa routine malgré le poids de crimes inexpiables ; il n’y a que l’adulte qui soit véritablement fragile, faillible. C’est parce que toute sa vie se déroule le long de ce tunnel irréel, où on s’amuse à croire que les ombres sont la vraie vie. Percer leur mensonge à jour ne fait que rajouter à l’horreur de notre sort, sans nous permettre d’y échapper et sans en alléger le poids que par flashes irréguliers, cuite d’un soir, amour inattendu, victoire improbable et divines surprises en tous genres.

 

Tant de choses qui semblent des maux propres à notre époque ne sont donc finalement que des remakes vaguement au goût du jour. Ça ne les rend pas moins insupportables mais on a de suite moins d’énergie à leur consacrer. C’est que, pour combattre quelque chose, il faut hélas avoir le sentiment que la menace est à la fois extraordinaire et inédite, que l’affront dépasse les bornes, que nos limites les plus élémentaires sont violées.

 

L’ennui, c’est qu’il est parfaitement banal d’être confronté à des choses inadmissibles, au cours d’une vie ordinaire. Ça fait partie du cahier des charges qu’on reçoit tous à la naissance. On en est donc réduit, la moitié du temps, à mentir pour se permettre d’agir, et le reste du temps à tomber dans la lâcheté pour respecter la vérité. Il doit pourtant bien y avoir une possibilité de moyen terme. Elle consiste sans doute à se prendre délibérément au jeu, tout en sachant que ce n’est qu’un jeu, justement.