28/03/2009
LA DEBANDANCE
On commence à voir un peu trop de reportages sur les Décroissants aux heures de grande audience. C'est pas que ça m'inquiète personnellement, mais si j'étais dans les sandalettes d'un militant de Casseurs de Pub, je l'aurais mauvaise. Voir ces gros bourges en guenilles de luxe vanter leur engagement pour Laplanette et Lanvironman en allant acheter leur limonade chez un épicier bio, ou entasser des panneaux solaires sur leur gigantesque villa, ça doit foutre en rogne ceux qui croient sincèrement qu'il faut crever la baudruche du développement pour faire crever la société industrielle. Bienvenue au royaume du Larbinat, voilà votre carte de membre, votre petit tablier et vos gants blancs.
Somme toute c'est bien fait pour leurs gueules. Si le mouvement a attiré tant de sociodémocrates et d'obamaniaques pâlichons, c'est parce qu'il s'est laissé infiltrer par les boniches de la Zone, puis réduire à une succursale anecdotique de l'entreprise de crouillification du continent. Pour qui s'est donné la peine de le lire sur le long terme, le journal La Décroissance offre un merveilleux exemple de dégénérescence bobocompatible. Parce que voui, Kamarade post-nazebroque désorienté et fou de haine, fut un temps où c'était une lecture acceptable, voire profitable. Ca n'a pas toujours été une manière détournée de prôner un retour à la morale parpaillotte du genre "Endettez-vous plus pour vous serrer la ceinture un cran de plus." On pouvait trouver bien des pépites dans cette décharge à présent pacifiée et recyclée.
L’emblème du journal, il y a peu, était encore un genre de clown hirsute au sourire de requin sous pilule thaï. Laid mais pas plus dérangeant que ça, et il était permis d’y voir un hommage à l’esthétique d’Hara-Kiri plus qu’une autocaricature de néo-hippie mangeur de graines. Le voilà remplacé par une Marianne stylisée, avec phrygien et cocarde, et un sourire évoquant Béatrice Dalle ou Belladonna, selon les références cinoches qu’on ose avoir.
La ligne éditoriale a bien entendu suivi le même dévaloir à linge sale. Et que nous sommes parfaitement démocrates ! Et que nous sommes républicains jusqu’à la dernière pellicule du dreadlock ! Et que ma tolérance est plus grosse que ton antiracisme, mon fwèwe ! ! Et que les fâchysses conduisent des hummers, et réciproquement ! Et que je collectionne les Points Godwin à en remplir des centaines de cahiers Panini ! Et que la pub et la destruction des villes comme des campagnes c'est mal, mais quand même moins mal que de serrer la pince à un type qui n'a pas d'ami exotique ou de mignons petits bâtards.
Toujours
La
Même
Merde
Ils doivent faire exprès.
On n’en sort pas.
Tout ça bande mou et triste, ça sent le patchouli de combat, le tam-tam cogné à peine plus fort que les comparses, Le pouvoir des fleurs de Voulzy en version thrash-metal durable. Alors que la base du discours, putain, relevait d'un bon sens si solide que les préférences en matière de couleur de chemise devenaient ENFIN secondaires.
Vivre et bosser au pays ? Bouffer local et naturel ? Foutre le camp loin du béton, des webcams de surveillance mutuelle, du harcèlement publicitaire et de la folie sourde des entassements en clapiers pour humains? Passer à la concasseuse tout ce qui est Iphone, Facebook, tuning, cabines à UV, téloche et crédit-conso ? Noyer le frère siamois de droite dans la pisse de celui de gauche ? Mais comment donc ! Plutôt quatorze fois qu’une ! On signe ! En fermant les yeux !
Mais non. Ça doit sentir trop faf à leurs yeux. Ou alors ils se rendent compte qu’on est beaucoup à avoir méchamment accroché au message, sans pour autant bander à l'idée d'un kolkhoze mondial métissé et citoyennofestif. C’est qu’on n’est pas fréquentables, nous autres. Alors on met le discours de base de côté, on nous ressort les gousses d’ail, l’eau laïque, la décoction d’Heures les plus Sombres, pour bien expliquer que les plus exclus des métabarjots modernes sont à nos portes pour, à leur tour, exclure à tour de bras tendus.
C’est vrai : on est si nombreux ! si friqués ! si violemment soutenus par les médias ! si bien financés en douce par l’industrie pétrolière et nucléaire ! Moi d’ailleurs, c’est bien simple : je passe mes ouiquèndes le fessier rivé au siège-baquet de mon 4x4 : les jours pairs, dérapages contrôlés dans des cimetières juifs, les jours impairs, du tout-terrain dans des réserves naturelles. Je ne vis que pour ça. Aujourd’hui, à l’heure où les nouveaux mormons de supérette éteindront leurs lumières pour lubrifier le cul de Gaïa, moi je brancherai tous mes appareils électriques à la fois, en hurlant des hymnes pornographiques à la gloire de la bite à George Bush, ou Kill the poor, ça dépendra de l’humeur.
Enfin bref.
Pour ceux d’entre vous qui ne se sentent PAS obligés de manger de la merde si ça semble flanquer la nausée à un gauchiste, lisez toujours ceci, qui date d’un temps pas si lointain où La Décroissance était hautement lisible.
10:30 Publié dans Chez les boniches de la Zone Grise | Lien permanent | Commentaires (2)
25/03/2009
A BICYCLETTE
La bien-pensance découvre que la jurisprudence Starac' ne mène finalement pas à tout. La vie sociale, politique et culturelle d'Occident a beau ne plus être qu'une question d'image, de communication, de sondages et d'audimat, on ne gagne pas (encore) son visa en faisant du cinéma amateur, tout collabo pro-yanqui qu'on soit. La Chuiche expulse Vélo K. ("Fahrrad" en allemand, gnyark, gnyark) vers la Suède, pays nazi bien connu pour son irrespect fondamental des droits du pas-toubab. C'est un sérieux couac dans le scénario des intermittents de la politique-spectacle.
Tout avait pourtant si bien commencé. Un héros exotique, un exil loin de la guerre, un engagement en faveur de la Liberté Démocratique imposée par bombardements, une décision inhumaine d'un méchant gouvernement de quasi-droite, une mobilisation journalistique suite à la diffusion d'une bluette immigrationniste, ne restait plus qu'à trouver un collectif apapelophile bien structuré et capable de fédérer les masses citoyennes pour que qu'une régularisation soit vite ficelée.
Et puis tiens, tant qu'on y est, on aurait pu mettre en scène un quelconque amant autochtone transi de passion après trois longues semaines de vie commune et blam ! le coeur de Josiane fondait devant son écran, les pétitions débordaient de signatures, Vehikulh K. était porté en triomphe sur la Place Fédérale, affaire classée, épisode suivant please !
Et puis non. Coupez. On va pas la refaire. On a perdu le personnage-clé du clip et la bande originale n'est pas en vente. Quelle déception.
Ca rappelle ce documentaire tourné par Terry Gilliam sur le tournage de son Don Quichotte avorté. Un beau rêve multicolore qui s'effondre avant terme et dont il ne reste que des beaux souvenirs à ceux qui y ont participé.
Je n'ai pas l'oeil humide en vous racontant ça, mais c'est pas parce que je suis un ignoble petit dégueulasse sans coeur, c'est que j'ai plus de collyre.
21:37 Publié dans Chez les boniches de la Zone Grise | Lien permanent | Commentaires (1)
ON PROGRESSE
Bonne nouvelle pour les droitards, et plus largement tous ceux pour qui l'immigration n'est à envisager que sous l'angle de la sécurité. Le 24Heures du 25 mars, p.27, annonce qu'à Lausanne, une escouade de commerçants se mobilisent contre les nuisances provoquées par le trafic de came, dont nous savons tous très bien qui sont les principaux acteurs (clin d'oeil entendu, sourire égrillard, petit frisson de provocation filtrant entre les omoplates). Enfin des citoyens qui prennent les devants et qui ne s'en laissent plus compter par la passivité et l'incompétence des élus et de la police ! L'ère des milices d'autodéfense n'est pas loin! Aux armes etc. !
Pour info, lesdits commerçants répondent aux doux prénoms de Thinh, Ibrahim, Jacques, Amaravathy, Pardeep, Ahmed, et Ali.
Attention, il y a un intrus, soyez attentifs.
Sinon, ça n'a presque rien à voir, mais il semblerait que le nouveau cri de guerre des joueurs du Lausanne Hockey Club soit "Yes we can".
17:41 Publié dans La Zone Grise | Lien permanent | Commentaires (0)
22/03/2009
BOUMBOUMBOUMBOUMBOUMBOUMYEAHYEAH
15:58 Publié dans Survie musicale zonarde | Lien permanent | Commentaires (2)
21/03/2009
FOLIE - DROGUE - TRAHISON
Nous avons tous sous le coude des excuses béton et des prétextes créatinés pour justifier nos manquements et nos petits arrangements gerbeux. C'est un mécanisme de compensation tout bête, qui permet de rétablir l'équilibre indispensable à notre survie. La mauvaise foi, si elle est inconsciente ou cyniquement assumée, est une alliée de choix pour s'accorder quelques mois de vie supplémentaires.
Le grand classique est bien entendu La Société, ou Le Système, mais ça commence à être un peu démodé - et puis ce n'est plus très propre depuis que les bas-fonds de nos Territoires Occupés s'en servent sur fond de beatbox. Une alternative plus solide, mais aussi plus intimiste et donc paradoxalement plus risquée, c'est L'Education ; un peu bidon dans la mesure où l'on a une certaine marge de manoeuvre dans le choix de ce qu'on en conserve. Reste alors L'Hérédité, qui implique de se faire plus fataliste qu'on ne l'est vraiment.
Mais en fin de compte, tout cela n'est que paravent fragile. You know you fucked up, what will you do, citera le connaisseur de noise rock qui ne s'embarrasse pas de références littéraires clinquantes. En termes plus classiques, on juge l'arbre à ses fruits et point barre.
Ce pénible préambule pour présenter ce qui suit, à savoir un fruit immangeable et que je n'offre ici qu'à titre de curiosité verbeuse. A considérer comme un exercice particulièrement indécent de désespoir post-militant. C'est le résultat de trois ans de cogitation morbide, puis d'environ un an de rédaction par bribes. Un gaspillage de temps et d'énergie que j'espère assez colossal pour être au moins comique. Nul doute qu'il aurait mieux valu ne jamais le faire lire à personne. Mon excuse : c'est la faute à James Ellroy. Sans Destination Morgue, cela n'aurait pas jamais filtré. C'est un bouquin qui désinhibe vachement, presque mieux que l'abus de vin rouge.
J'ai décidé de publier ça en Acrobat, parce que c'est long - environ onze pages A4 bien aérées pour limiter l'inconfort de lecture. Il y a une majorité de choses que j'ai déjà dites ailleurs. Vieux travers du propagandiste, dont le travail ne consiste après tout qu'à ressasser toujours les mêmes conneries aux mêmes oreilles. Pour ceux que ça fatigue d'avance, et que je comprends absolument puisque je ne lis pratiquement plus rien moi-même, je résume en une phrase, qui s'adresse à, disons, dix ou quinze personnes maxi : Nous devenons tous cinglés et c'est normal.
J'aime penser que dans un autre monde, d'autres Possédés plus forts et plus soudés auraient pu partir d'un tel constat pour foutre le feu aux poudres.
07:36 Publié dans Autopsie de la Dissidence | Lien permanent | Commentaires (6)
13/03/2009
LES YEUX SALES
Il peut y avoir certaines compensations sociologiques à se faire imposer l’obscénité insoutenable de la Nouvelle Tare par une belle-famille unanime et délectée. Avant toutes choses, il faut se convaincre que, vu qu’on n’est pas chez soi pour la soirée, faire une esclandre minoritaire pour exiger qu’on brise l’écran à coups de coques serait exagéré. Une fois adoptée cette attitude lâchement passive, on peut se concentrer sur le véritable spectacle, qui ne se déroule pas dans le téléviseur mais sur le canapé.
Passons sur le fait que des gens sains et raisonnables d’apparence aient besoin de se justifier, sur l’air de « On regarde pour se moquer ». C’est l’alibi d’une terrible majorité, et le principe même de ce type d’émission, qui joue plus sur le manque d’assurance du spectateur que sur son besoin de voyeurisme : y a pire ailleurs, ça rassure, moi j’oserais jamais, ah la conne qu’oublie les paroles, etc.
Ce qui est plus intéressant, c’est de voir ces mêmes gens sains et raisonnables piétiner avec tant d’entrain les voies balisées que leur désignent les marchands d’ordure. Ca se croit distant, méprisant, pas dupe, et ça galope comme un seul troupeau de méchouis au nom du cynisme à usage unique.
Ce qui est véritablement gerbeux, ce n’est pas que des handicapés artistiques aient les burnes de se ridiculiser publiquement. C’est qu’on ait voulu faire croire aux gens qu'être saltimbanque est un rêve fou à la portée de quiconque maîtrise les rudiments de la Méthoude Coué (ze veux zêtre santeur).
Ce qui crève les yeux et le cœur, ce ne sont pas les déhanchements saccadés et les vagissements des futures vedettes jetables. C’est qu’on ait pu penser à organiser l'humiliation systématique du putanat des cordes vocales, pour régaler les sales cons qui se croient finauds parce qu'ils contemplent le massacre à l'abri.
Ce qui a violé les cendres de la musique populaire, ce n’est pas la succession des morts-chantants blafards, recalés au mètre cube par de vieilles gloires décaties de la musique d’ascenseur ou de la journaloperie en perfecto d’ado androgyne. C’est que parmi ce vomi humanoïde on puisse encore piocher une élite de la bassesse pour en faire des demi-dieux de la scène, barbouillés de superlatifs et de talent à crédit.
Comment voulez-vous, après avoir entrevu une séance de cette boucherie, utiliser encore les mots « aventure », « rêve » ou « générosité », sans avoir la sensation d’avoir du purin au coin des lèvres ? Comment, surtout, peut-on SE DETENDRE d’une journée inepte dans un job où l’on vous prend pour un con ou un rouage surnuméraire, en retrouvant les mêmes méthodes de mobbing, la même jouissance de marcher sur des têtes toutes empressées de fouiller le sol avec le groin ?
Mais ces évidences survolent de trop haut la casquette de l’audimat condescendant, qui ne voit pas lui jaillir au visage les éclaboussures de la merde où pataugent les Lumpen des feux de la rampe. Ca s’esclaffe sur commande, ça admire la médiocrité quand elle est soulignée par un commentaire élogieux, ca se prend de passion pour la compétition entre morbaques en pariant qui encaissera prochaine vanne minable sans broncher, qui fera une crise de nerfs en premier, qui offrira à l’écran le suicide social le plus révoltant. Et ces gens sont vos amis, votre famille, vos alliés, la moitié de vos gamins. Enfilés jusqu’au trognon, mais sûrs de leur immunité parce que, « au moins » disent-ils, ils en sont conscients, alors que « les autres » prennent ça « au premier degré. »
Comme si une cloque était plus grave qu’une brûlure profonde.
17:42 | Lien permanent | Commentaires (3)
11/03/2009
UNE AUTRE RATION DE PARASITES, S'IL VOUS PLAÎT
Ces socialauds, quand même, quelle phénoménale gonflitude.
Eux qui depuis un siècle au moins conchient soigneusement toute forme de tradition véritable, écoutez-les promouvoir la submersion ethnique au nom de La-Suisse-Terre-d'Accueil ! 20 à 30 millions pour "se montrer solidaires"...
On a beau avoir été soi-même gôchisse pendant longtemps, et avec la plus grande sincérité du monde, il vient un moment où l'on s'écrase le groin contre la logique des traîtres et des collabos.
Militer pour que l'on régularise des envahisseurs déjà présents sur le territoire, et qui peuvent justifier d'un vague sous-job indigne et dégradant, je veux bien. Enfin je ne "veux" pas, mais je comprends la démarche humaniste : nous y en a tous paweils, nous y en a tous dwoit au bonheur et à l'écran plasma, l'intégration c'est avoir un CDD et le même vocabulaire qu'un recalé de la Nouvelle Star, la chose est entendue.
A la limite, c'est une attitude pragmatique, qui veut faire avec la situation et les gens qui squattent, puisque les dégager manu militari n'est pas démocratique et que ne pas se préoccuper de leur sort serait pour le moins irresponsable. Mais en faire venir ? Estimer UTILE, JUSTIFIABLE, DESIRABLE d'alimenter la pompe à colons ? Et justifier ça au nom de la tradition ? Quelle différence profonde avec l'excision ou les mariages forcés, qui sont tout aussi "utiles" et "traditionnels" ? Peut-il y avoir la moindre honnêteté dans de telles recommandations ? La plus petite parcelle de conscience de leurs implications, ne serait-ce qu'en matière d'hostilité et d'éloignement entre les peuples ? Les plus lucides de ces enflés de gauchistes ont-ils seulement le courage d'admettre qu'ils poursuivent une politique de soin du mal par le mal ? Ou est-ce juste le poids des habitudes et des crampes mentales face aux problèmes démographiques ? Je n'en sais vraiment rien. Il faudrait peut-être aller leur demander directement.
En même temps, on a beau savoir que la coprophilie canine existe chez des humains d'apparence normale, et en comprendre assez mal les motivations psychologiques, ça ne donne pas envie d'aller boire une bière avec ses adeptes pour creuser la question. C'est la limite de la common dececy : les questions s'arrêtent là où commence l'apprentissage humble, long, ingrat et indispensable de la violence organisée.
"On a, ou on n'a pas, le sens de la hiérarchie des valeurs, et on ne discute pas avec ceux qui le nient.". E. von Salomon.
10:17 Publié dans Chez les boniches de la Zone Grise | Lien permanent | Commentaires (0)
09/03/2009
SUR NOS BANQUES QUAND LE SOLEIL
A en croire le tailaijouwnal fwancé de l'autre soir (Fwance 2, je crois) le Chitoyen Chuiche vit fort mal les attaques des Loques Amères et de Blingözy contre le secret bancaire. C'est que ça fait partie de nos traditions, voire de notre identité nationale, voyez ? Un truc balaise, fondateur, qui nous structure des poils pubiens aux synapses. On ne déconne pas avec des trucs pareils.
Si le Frouze a une mentalité d’esclave (le récent carnaval guadeloupéen n’est jamais qu’une exagération de la routine gréviste hexagonale), le Chuiche, lui, a plutôt une âme de larbin. Sa santé, son bonheur, son équilibre, son indépendance, tout cela lui importe beaucoup moins que le respect des bonnes manières, des instances gouvernementales et des richissimes entreprises. Le Chuiche ne s’indigne pas qu’on puisse juger la réussite d’une vie à la possession d’une Rolex : ce qui le choque, c’est qu’on puisse refuser d’aider son patron à orner son poignet d’un tel galon cliquetant.
La substitution ethnique ? Le concassage culturel scolaire ? La généralisation de l’endettement de consommation ? Tout cela lui en souffle une sans décoiffer l’autre. Tout peut être sacrifié à la courtoisie, à l’obsession de ne se fâcher avec personne, et à la défense du pouvoir des usuriers et de ces intermittents du Spectacle que l’on nomme, par pudeur et délicatesse, Nos Représentants.
Je dois avoir du sang bantou, c’est pas possible d’expliquer autrement l’indifférence que m’inspirent ces événements.
Quand vous regardez Planète et que vous tombez sur un documentaire animalier qui montre un buffle aux prises avec un alligator, ça vous fout de bonne humeur ou ça vous titille la lacrymale ? Normalement, ni l’un ni l’autre : vous regardez les deux monstres s’entredéchirer cuir et écailles, et quand la baston est terminée vous rejouez de la zapette pour voir s’il n’y a pas un clip d’Alizée sans le son ou un match de catch sur un autre canal.
Et il en serait autrement dans la vie non-cathodique ? Si vous êtes banquier yanqui ou banquier chuiche, la réponse peut être oui. Pour tous les autres cas de figure professionnels, it’s zapette-time.
Les choses n’ont guère changé depuis la dernière rigolade du genre, concernant les fonds chouifs. Hululements amerloques contre l’antisémitisme vénal des zales kollabos helvètes, collectionnant les dents molaires dorées expédiées par la poste allemande depuis les camps de la mort (qui tue). Hennissements chauvins des droitards autochtones contre cette lâche et misérable tentative de « déstabiliser la place phynancière seuche » à coups d’antinazisme anachronique. Dans ce concert bestial, nous étions déjà quelques-uns à nous dire que tout le pognon en jeu ne nous reviendrait de toute façons pas, à nous autres qui n’étions ni spéculateurs ashkénazes ni aristocrates zurichois. Cette mémoire suisse bafouée n’était pas la nôtre et qu’on nous fasse passer pour des petits-fils de fiduciaire d’Adolf gâchait relativement peu nos apéros. C’est dire notre honte de vivre dans un Paradis Fiscal où notre avenir se résume à un aller-retour permanent entre shop de station-essence et Office Régional de Placement.
C’est dire, surtout, notre relatif amusement de voir des journaleux dénoncer le déculottage du Conseil Fédéral, eux qui ne rampent jamais assez bas devant tout ce qui peut miner, insulter, salir ou massacrer le peu d’identité collective qu’il reste à cette triste Confédération.
Le secret bancaire ? Cassez-le, on s’en fout. Cassez aussi la place phynancière suisse, on sablera l’ambroisie. Forcez le Conseil Fédéral et National à parader dans les rues de Berne avec des aubergines texanes dans l’anus, on viendra prendre des photos. Envoyez les bombardiers de l’OTAN ramener tout le putain de pays à l’âge de pierre, on passera les restes au lance-flammes.
17:07 Publié dans La Zone Grise | Lien permanent | Commentaires (4)
08/03/2009
NOSTALGAY
Grosse promo autour d'un flim avec le pur collabo Chone Paine, racontant l'activisme d'un yanqui porté sur les culs poilus dans les années septante, martyr de la cause et casher en plus histoire de cumuler les qualités. S'il avait été dézingué par un militant du kouklouxe, j'imagine à peine les Râles extatiques des critiques. Oublions ça. Et non, je ne fais pas une fixette sur les homos : leur activisme roule sur les mêmes rails que les féministes, les arrière-petits-enfants-d'esclaves, ou les historiens pour qui tout commence et tout finit à Birkenau. Démonstration.
Le point commun entre ce flim qui va faire pleurer dans les chaumières inverties, les punitions interminables de Claude Lanzmann, les soap qui reviennent sur les exploits des suffragettes ou les hagiographies de Martin Luther Klong, c'est un état d'esprit qui peut se résumer par "Qu'est-ce qu'on en a chié pour gagner" (ou "It's a long way to the top", pour la faire plus rock. J'espère qu'on peut être homo sans être obligé d'écouter les Village People ? )
Le Devoir de Mémoire a contaminé tout le petit panthéon laïc de la démocrassouille. Le progressisme est un polythéisme qui grouille de démons domestiques, de dizaines de démiurges à qui les curetons assignent une fonction spécifique. Grand protecteur des gays, des vaginistes, des bâtards, des Commissaires du Peuple Courageux Résistants du Font de l'Est... Et chacune de ces divinités a droit à sa version cinoche ou télé de l'Imitation de Jésus-Christ : il faut s'en souvenir pour s'en inspirer, étudier sa vie et son oeuvre, ressasser la moindre de ses turpitudes et y voir des signes annonciateurs de notre temps. Comme dans un porno ou un "zombies", il y a les figures imposées et on sait d'avance comment ça se finit. Histoire mon cul : autocélébration, oui ! Pignole communautaire mal assumée, à laquelle on convie ceux que ça ne fait pas spécialement bander...
Tout ça est insondablement triste parce que ça sent la fin de l'aventure, la nostalgie mélancolique d'un temps où il fallait se battre pour avoir ce qu'on obtient à présent sans effort, la conquête bouclée, la colleque de trophées qui prennent la poussière, le musée mal aéré qu'on ne visite jamais sauf pendant une sortie de classe. Les victoires décisives ont été remportées, le blanchouille hétéro a été mis en cage, et si tout n'est pas encore parfait dans le plus Moderne des mondes, il faut bien l'admettre : les soldats ont laissé leur place aux gestionnaires, aux ingénieurs et aux concierges. On peut encore s'indigner qu'il existe des "résistances", des "réfractaires", des vieux réflexes réacs d'un autre temps. Mais piquer une rogne cataclysmique parce que tout est vérouillé dans l'indifférence hostile des machos-fachos, c'est ter-mi-né. Et ça, les militants et les activistes de toutes les spécialités dermiques et sexuelles, ça les rend malades, parce que leur inutilité leur revient en pleine gueule. Le récent article du Temps est symptomatique :
(...) il fut un temps, pas si lointain, où l’homosexualité était non seulement mal vue, mais carrément hors la loi et réprimée. Où les rafles et l’opprobre public entretenaient un sentiment de honte à se sentir «anormal» plutôt que simplement minoritaire.
Il fut un temps, oui - mais ce temps est révolu en Occident. Bien sûr, ça n'est pas pour si peu qu'ils vont arrêter de pétitionner, de gaypridiser, de dénoncer, d'outer, de casser les couilles à tout le monde et d'accuser d'homocide mental tous ceux qui ne s'intéressent pas spécialement à leurs histoires de cul. "Une cause jamais vraiment gagnée", dixit Norbert Creutz. C'est plus confortable et plus rentable que les causes perdues d'avance, c'est sûr.
Ils engueulent la droite et la droite les applaudit. Ils maudissent les nazebroques et les nazebroques ne répondent que sur internet. Ils vomissent la société et la société leur tresse des lauriers dorés. Non seulement ce mélange de colère et de nausée dont ils cherchaient à se débarrasser en écrasant l'ennemi ne les a pas quittés, mais en plus ils réalisent qu'ils ne peuvent pas affronter la vie sans lui, et que la dictature du sourire et de la complaisance dilue plus que tout cet indispensable carburant. Ils ont triomphé - ou plutôt nous avons tous capitulé face à eux - et ils s'ennuient. Ils s'ennuient à crever. Ils sont devenus bourgeois après des lustres à bousculer la bourgeoisie, qui n'a jamais autant joui que sous leurs cravaches.
Allogènes, tordues, misandres, ils se sont trop accoutumés à la haine et au mépris : les standing ovation leur sape le moral. Il ne leur reste que le théâtre, le reenactment, notre version contemporaine des Miracles qui agitaient naguère les parvis des Eglises. Leur agitation doctrinaire ne ressemble plus à rien sauf à une crêche vivante. Alors on les voit se réfugier dans leur glorieux passé collectifs, comme les fafs qui s'enivrent de rites païens bricolés de toute pièce et de militaria falsifiée, comme les bolchos qui invoquent l'Octobre Rouge avec les yeux humides, comme tous ceux qui ne vivaient que par la rogne et à qui le bonheur et la stabilité file des envies de balle dans la tempe.
14:43 Publié dans Chez les boniches de la Zone Grise | Lien permanent | Commentaires (1)
04/03/2009
INCURABLE CANDEUR
La naïveté, c'est un truc incurable. Tu nais avec et tu te bats contre toute ta vie, sans espoir de guérison.
A. traîne souvent au bistrot, comme quelques autres souris appétissantes. Une grande jigue, avec des bras fins comme des baguettes, une maigreur qui pourrait être assez effrayante si elle ne se cachait pas derrière une impressionnante rage de vivre. C'est surtout dans son regard qu'elle apparaît, comme une famine perpétuelle. Son sourire est un rictus de carnassier, prêt à déchirer tout ce qu'elle rencontre, bon ou mauvais. La fragilité de sa stature n'est apparente. Qui se rapproche un peu sent très vite cette radiation vorace, qui semble prête à lui craquer la peau dès qu'elle parle de cinéma, de musique, de bastringue. Elle exhale une sensualité d'ado, toute de candeur et de brutalité mal contenue, pas contenue du tout en fait.
C'est à la fois rafraîchissant et choquant, parce qu'on ne rencontre guère tant de passion chez une jeunette, une telle force vitale frémissante et assumée. Ca redonne de l'espoir en la capacité de nos semblables de tenir la mer en pleine tempête et on la quitte toujours avec un peu de bonne humeur en plus.
En fait, j'apprends hier que c'est la coke qui lui fait ça.
17:47 Publié dans La Zone Grise | Lien permanent | Commentaires (3)