Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

23/02/2012

STEREOTYPONS DANS LA JOIE

... en allant nous fournir en globish chez la mauvaise personne alimentant Unamusement Park

(Si je suis moins flemme et que je trouve le me rappelle du moyen de faire des pédés-heffe, je vous la fais en french une prochaine)

blackstereotype.jpg

19/10/2011

POGOTER EN SLIP

 

29/05/2010

ZONE D'EXPRESSION VRAIMENT POPULAIRE

Conchiez de tous vos sphincters la pitoyable copie bolcho-crouillolâtre et acclamez la flamboyance de l'original houblono-enracinée :

25/05/2010

BIEN RELIRE

Un homme tué à La Courneuve, les élus s'alarment.

Evidemment, j'ai d'abord lu "s'arment". Mais bon. Va falloir attendre encore un petit siècle, je crois.

De toute manière, d'ici à ce que ça soit imaginable, il faut espérer que nous aurons déjà fusillé la plupart desdits zélus.

50-cal-aspirin.jpg

21/05/2010

RIONS AVEC LES PHOBES

La Fraternité Saint-Pie-X

met à l'index les homosexuels

pour lutter contre la pédophilie

 

Humour cathophobe: Ca les changera de doigter des gosses !

Humour pédéphobe: Sûr qu'ils auraient préféré le poing entier !

 

Sur ces paroles raffinées et nécessaires, je me casse, c'est deux jours de caves ouvertes dans le canton.

D'ailleurs, un de ces quatre, va falloir que j'arrête d'exécrer les métèques cinq minutes pour vous causer picrate.

Silly Face.jpg

Cherchez pas...

11/05/2010

C'EST QUAND MÊME PLUS FORT QUE L'HUMANISME

21/04/2010

"KOUILLES KRUES"

Gougoule, notre ami, ne fait pas que nous proposer tout plein de chouettes liens vers des sites de fesse ou de la musique gratosse. Il réfléchit aussi à notre place, devance nos pensées, nous permet de ne pas user nos gros doigts boudinés sur le clavier. Vous étiez horripilés par le "correcteur automatique" du téléphone portable ? Gougoule vous fait le même coup pour vos recherches sur son moteur du même nom. C'est rageant dans un premier temps, et puis ça devient rigolo quand on voit ce qu'on nous propose.

Si, j'avais effectivement autre chose à foutre aujourd'hui, mais pas l'envie.

Kouilles crues est mon préféré pour l'instant, mais il y en a bien d'autres, comme broute minou à palm springs, ou la savoureuse crotte de chien incroyable talent. Si vous tapez « bite », on vous en propose de toute nature : bites de footballeur, des animaux, en actions, extras larges, ou encore senior. Avec « pine », vous en obtiendrez d'huitre, d'ours, de pin (?), de lenoir (?), de barbezieux, de serin.

Avec le verbe « faire », c'est aussi très varié. Des gens se sont donc renseignés sur la meilleure manière de faire l'amour, faire caca, aussi connu dans sa version gore faire caca du sang, voire sous la forme plus ludique de caca jeux. D'ailleurs, si vous avez des questions, même très bizarres, il ne faut pas vous gêner, tout est prévu. On vous enseignera donc :

comment embrasser, devenir riche, draguer, tomber enceinte, se maquiller, faire un noeud de cravate, créer un groupe sur facebook, faire l'amour à un homme ou à une femme, faire pousser les cheveux plus vite, faire un cv, un bébé, une lettre de motivation, un site internet, une bibliographie, des crepes, des scoubidous, des abdos, des dreads, des coeurs sur facebook (le romantisme n'est pas mort), du shite, de la beuh, de la levitation, de la barbe a papa sans machine.

 

at_geek.jpg

 

 

Si vous avez des ambitions mais des doutes sur les moyens, demandez donc comment devenir anorexique, un vampire, un vampire en vrai (parce qu'il ne faut pas se foutre de ma gueule), mannequin, emo, indépendant en suisse, maman de jour, dj, musclé, gothique, gros, gérant d'un camping, gigolo, guerisseur, skinhead, lesbienne, lieutenant de police. Si vous vous trouvez à chier, pas d'inquiétude :on vous apprendra à devenir belle, voire carrément la plus belle, belle quand on est moche (car la science peut tout), ou plus modestement quelqu'un de bien, quelqu'un d'intéressant, et puis finalement quelqu'un d'autre si votre cas est désespéré.

Envie de faire de l'argent facilement ? Apprenez comment devenir riche rapidement, riche sans argent, riche en partant de rien, en peu de temps, sans travailler, sans rien faire (autant être franc), sans gagner à la loterie ("Moïse, achète d'abord un billet!"), gratuitement dans les sims 2, sur internet, sur habbo, sur wow, sur flyff, sur ma bimbo (c'est c'là, voui).

Pas foutu d'argumenter ? Des experts vous expliqueront l'art et la manière de convaincre ma copine de faire l'amour, ma copine d'avaler, de se marier, mes parents d'avoir un chien, mes parents d'avoir un cheval, ses parents d'avoir un piercing, le voleur de partir dans heavy rain, et n'importe qui de se convertir (ne pas oublier de traduire les pages  proposées en arabe). Plus simplement, on peut aussi convaincre les autres, y a même des moyens de convaincre la timidité, le stress, la peur !

 

On vous montrera ensuite où et comment trouver le point g, le centre de rotation, le sommeil, le bonheur, l'amour, toutes les plumes dans assassin's creed 2 (la vie est une question de priorités), du travail à domicile, des morilles, des truffes sans chien (et non pas l'inverse, tas de pervers), des bénévoles, des clients, de la motivation, de la drogue, de la beuh, et après tout ça, parce que vous en aurez bien besoin, de la vitamine d.

Et puis si vous êtes philosophe de zinc, vous pourrez gamberger avec vos semblables et multiplier les pourquois : pourquoi les schtroumpfs sont bleus et les simpsons sont jaunes, pourquoi les saisons existent, pourquoi les hommes adorent les chieuses, pourquoi les musulmans ne mangent pas de porc, pourquoi le ciel est bleu, pourquoi les femmes aiment les noirs, pourquoi les femmes ne peuvent se mettre du mascara la bouche fermée, pourquoi les femmes aiment les bad boys, ont toujours froid, sont chiantes, ne savent pas lire les cartes routières, sont compliquées, se prennent la tête.

Et les hommes, hein? Pourquoi les hommes sont infidèles, sont laches, se grattent les testicules, sifflent mieux que les femmes, sont distants, sont compliqués, pourquoi les hommes blancs aiment les femmes noires, bandent mou ?

13/04/2010

JE CROIS QUE JE VAIS LA GARDER

J'ai bien vérifié plusieurs fois: pas de nouilles dans mon slibard. Pourtant mon cul devrait en être bordé, si j'en crois les récentes conversations avec les mâles-heureux qui m'entourent.

Prenons Merlin, par exemple. Ca faisait longtemps que ça battait de l'aile. Je débarque grossièrement dans la conversation, comprends qu'il a été largué par sa pouffe. L'entends gloser sur ses copines connes à chier, leurs soirées Schmock and the City, leurs loisirs ineptes, tout un univers femelle d'où il est exclu, très officiellement cette fois. La souris avait l'air du genre pénible. Le type ne semble pas plus soulagé que ça, soucis de colocation je suppute.

Il y a aussi Donatien, qui fait chambre à part depuis des lustres et parle occasionnellement de sa "future-ex-femme", des rares fois où il peut voir sa gamine. Il trouve les femmes compliquées. J'explique qu'à mon sens, nos contemporaines ont été broyées par la libération sexuelle, la psychanalyse-pour-les-nulles, le féminisme, sans compter la tendance des mecs modernes à ne pas savoir ce qu'ils se veulent ni jamais aller au bout de rien. Il semble n'avoir jamais réfléchi en termes généraux. Nous en venons à causer des collègues femelles, de l'impossibilité de bosser décontracté avec elles, de leur carence en humour, de l'éventualité que la Nature ait crée l'espèce exprès pour qu'elle soit chiante et rabat-joie, sans qu'on sache trop pourquoi.

Et puis il y a tous les autres, dont le couple bat d'une aile déplumée, qui n'arrivent pas à se caser plus de quelques semaines, qui ont des exigences délirantes ou qui s'abonnent aux pires histoires foireuses, qui éprouvent comme un besoin consternant de s'engueuler une fois par semaine, sans compter mes vieux, qui ne se comprennent plus depuis que je les connais, au bas mot.

Pendant l'entraînement de ce soir, je réalise que chez moi, y en a une sympa, mignonne, pas chiante, incapable de bouder plus de dix minutes, solidement réac, fine gastronome, guerrière de l'apéro et  comme si ça ne suffisait pas, sensible aux formes d'humour les plus vaches, même quand elle est la cible des vannes.

Je devrais me plaindre que je ne saurais pas quoi évoquer de sérieux. Ca m'a fait l'impression d'ouvrir un oeil au pays d'aveugles pleurant après leur canne. Du coup, toute la fureur accumulée aujourd'hui par mille tracasseries imbéciles en prend méchant dans le groin. J'essaie de soigner mon pessimisme de luxe en me rappelant qu'un jour, fatalement, elle finira par ressembler à sa mère, mais ça marche moyen.

Je me demande si je suis pas un peu sentimental sur les bords.

nazi_carebear.jpg

23/02/2010

404 NOT FOUND

Je présente mes excuses aux malheureux qui ont débarqué ici en tapant :

scato sordides=photos

soldates black encules

C'est sûr qu'il y a ici tout plein de trucs nauséabonds, cradoques et de nature à révulser un Citoyen, mais ce n'est sans doute pas ce que vous cherchiez.

 

loose.jpg

404 NOT FOUND

Je présente mes excuses aux malheureux qui ont débarqué ici en tapant :

scato sordides=photos

soldates black encules

C'est sûr qu'il y a ici tout plein de trucs nauséabonds, cradoques et de nature à révulser un Citoyen, mais ce n'est sans doute pas ce que vous cherchiez.

 

loose.jpg

15/02/2010

JURISPRUDENCE YEYE

- Quand même, les séries policières françaises... Ils ont essayé de copier Les Experts mais ça ne fonctionne pas très bien... Je sais pas pourquoi... (dixit un parfait inconnu entendu aujourd'hui.)

Une réponse allégorique en deux images simples :

elvis.jpg
chaussettes.jpg

 

 

23/01/2010

MONSIEUR BACCHUS EST DEMANDE A L'ACCUEIL

Il est rarement question ici des choses qui me tiennent à cœur. En bientôt trois ans d’exécration publique, j’ai plus causé de nausée que de bonne digestion. Or avoir la gerbe le ventre creux est particulièrement pénible, un cancéreux vous le confirmera volontiers. J’étalerai donc aujourd’hui, avec la même indécence égocentrique que d’habitude, quelques choses qui rendent mon existence moins absurde et plus soutenable. Si vous zonez en ces lieux pour un fix de négativité ou de potacherie nazipunk, revenez plus tard, je suis pas d’humeur. 

 

* * *

 

Notre vie évoque une demeure dont il faudrait des lustres pour explorer chaque pièce. J’ignore à qui je fauche cette image mais elle devient lumineuse aux époques de grande lucidité sur nous-même, et plus encore lorsqu’on se découvre un penchant qui n’est pas qu’une toquade. C’est s’hasarder dans une pièce où tout, odeur, couleurs, agencement, est nouveau, surprenant, séduisant, chaque détail se détachant avec une netteté surréelle.

 

Mon premier sanctuaire clandestin aura été la musique, en un mélange bâtard de classicisme austère et de blues-rock, mes deux parents se partageant l’apport de cet étrange double héritage. La découverte de Wagner, Mozart ou Tchaïkovski a eu un impact sur mon quotidien aussi considérable que celle d’Alvin Lee, Hendrix ou Brian May. J’aurai passé les trois quarts de ma courte vie avec un instrument dans les pattes, contraint et ennuyé avec le piano, survolté jusqu’à l’autisme avec la guitare, l’un préparant l’oreille et les doigts à l’autre. Il est des disques que j’ai écoutés avec une ferveur mystique qui interdisait toute autre activité, et faisait un violeur de tout intrus dans cet univers éphémère. Maintenant encore, j’éprouve une reconnaissance émue pour ma blondinette, lorsqu’elle sent qu’il faut absolument fermer sa gueule pendant un Requiem, et je ne suis là pour personne quand j’empoigne ma vieille gratte.

 

Les bouquins d’histoire sont une autre pièce de ma baraque intérieure, où je m’enferme à chaque fois que fréquenter de l’humain est dispensable. Je dois avoir lu les neuf dixième de l’œuvre de Benoist-Méchin, et la musicalité de ses pavés, la clarté perçante de ses analyses, la précision maniaque de sa documentation, m’ont à chaque fois arraché la tête du corps ; je ne sais comment décrire autrement cette sensation de détachement physique à la lecture de cette réincarnation d’Homère. Voilà un homme qui vous impose une attention hypnotique quel que soit le sujet qu’il traite, de l’Antiquité au monde arabe en passant par la Guerre Civile Européenne, dont il aura côtoyé ses plus importants protagonistes – du côté des vaincus, s’entend… Ces temps-ci, je relis A destins rompus, en gardant le chapitre sur Tamerlan pour le dessert. J’en publierai des extraits pour les navrants ploucs qui seraient passés à côté.

 

Quand je sors de cette bibliothèque, désormais, c’est pour aller me planquer des heures durant dans le caveau.

 

Wine_cellar.jpg

 

Peu avant Noël passé, j’ai pris conscience d’une nouvelle pièce dans l’appart’ bordélique et mal éclairé de ma minuscule existence. De même que la musique, c’est un environnement où j’ai toujours vécu sans en prendre pleinement conscience. Cette nouvelle épiphanie a eu lieu dans une librairie, où je traquais une poignée de cadeaux (je n’offre que de la lecture ou, en l’occurrence des choses qui se mangent ou boivent). J’avise un gros bouquin parlant d’oenologie et l’embarque pour mon père ; c’est en le payant que je réalise que c’est à moi-même que j’aurais dû l’offrir.  

 

Dans ma famille, d’un côté comme de l’autre, le vin a joué un rôle capital. Pas mal d’ancêtres en ont vécu, comme artisans ou intermédiaires – j’ignore combien en sont morts. En bon bourrin, je lui ai longtemps préféré la bière, avec une préférence immodérée des trappistes belges et des spécialités allemandes. C’est aux anniversaires que je me laissais tenter par un grand rouge, croyant tout d’abord préférer les vins fruités, légers et peu tanniques. C’est un muscle, le palais, qui exige du travail pour se développer. C’est à mon père, sans conteste, que je dois mes premiers entraînements.

 

Pas de pudeur affectée : la suite de ce papilles-building a été une histoire d’ivrognerie avant tout. Nous étions une bande de désaxés dilettantes, qui cherchions avant tout l’ivresse poétique, en prétendant ne pas se farcir n’importe quelle merde. Nous débarquions dans une vingtaine électrique et grave au moment où les sucreries du Nouveau Monde investissaient le marché. Nous raffolions de ces topettes clinquantes et pas chères, qui accompagnaient n’importe quel casse-dalle sans nous arracher la gueule ni nous chahuter l’entendement ; c’était simple, rond, facile à boire presqu’autant qu’à dégueuler, nous n’en demandions pas plus. Parfois, pour une mangeaille à deux, l’on se faisait buveurs d’étiquette, se fiant aveuglément au prestige usurpé de grandes AOC de supermarché.

 

Les trouvailles remarquables et les déceptions amères finissaient dans le même tiroir de nos mémoires, celui où se rangent les échos des cuites héroïques et des mondes refaits cent fois avant l’aube et ses effondrements. Visiter une cave ? Conserver une étiquette ? Savoir de quoi était fait ce dont nous nous cassions le crâne ? Rien à battre. Nous nous voulions raffinés, nous étions surtout décadents.

 

De ces temps loufoques, outre un amour réel de l’ivresse qui finira par me tuer ou me transformer en loque, je conserve une nostalgie certaine, sans me pardonner vraiment d’avoir été si con, si peu curieux et méthodique. Il m’arrive de charogner contre ma sociopathie originelle, qui m’a prévenu d’en faire mon boulot ; pas que j’eusse été plus doué qu’un autre, mais putain ! gagner sa croûte en débouchant des bouteilles, étourdissante perspective… Presque quinze ans plus tard, je note tout, tout le temps, aiguillonné par une rage boulimique de comprendre, de retenir et de retrouver. Aucun détail, pas la moindre précision aride qui puisse m’emmerder, alors que je n’ai rien d’un scientifique.

 

Ajoutez à cela, ce qui ne gâte rien, le caractère si profondément identitaire du produit, pour qui le terroir est si capital. Un même petit domaine peut héberger des sols disparates, voire des microclimats qui feront l’unicité absolue de ses vins. Partout où l’homme a planté de la vigne, il l’a fait pour signifier sa volonté de s’établir pour de bon sur un territoire. Dans une bouteille, on trouve le résumé gustatif du temps qu’il a fait pendant un an sur un microscopique coin du globe. On boit son ensoleillement, sa terre, sa pluie, ses variations de températures, l’endurance et le savoir de ses autochtones. Le pinard est à une région ce que son foutre est à l’homme.

 

Le passionné de picrate et le motard toute-saison éprouvent le même vertige avide quand ils pensent aux routes ou aux vignobles de la planète. Ils savent qu’ils n’auront pas assez d’une vie pour tout parcourir. Mais ils trouvent du réconfort dans la certitude que, dans un univers dont ils n’atteindront pas les limites, il ne tiendra qu’à eux d’être éternellement à l’abri de la routine et de l’ennui.

11/10/2009

MERCENAIRE

Notre vie n’est pas toute dans ce que j’ai écrit (il y a des choses que le moins honteux ne peut répéter de sang-froid) ; mais ce que j’ai écrit fut dans notre vie, fait de notre vie. Plaise à Dieu que les hommes ayant lu cette histoire n’aillent pas, par amour de l’étrange et de son flamboiement, prostituer au service d’une autre race leurs talents et leur être même.

L’homme qui accepte d’être possédé par des étrangers mène la pire vie d’esclave parce qu’il a vendu son âme à une brute. Lui-même n’est pas l’un de ces étrangers. Il peut donc s’opposer à eux, croire à sa mission, tordre et forger cette matière humaine, lui donner une forme qu’elle n’eût jamais prise seule : dans ce cas il se sert des forces de son propre milieu naturel pour faire sortir du leur ces étrangers. Ou bien il peut, comme je l’ai fait, les imiter si bien qu’à leur tour ils l’imitent. L’homme qui agit ainsi abandonne son propre milieu : il prétend à celui d’autrui ; et les prétentions sont vaines. Mais ni dans un cas ni dans un autre il ne fait quelque chose de lui-même ; il ne crée pas non plus une œuvre assez nette pour être sienne (sans souci de conversion), laissant l’étranger agir ou réagir à son gré devant cet exemple silencieux.

Dans mon cas particulier, un effort, prolongé pendant des années, pour vivre dans le costume des Arabes et me plier à leur moule mental m’a dépouillé de ma personnalité anglaise : j’ai pu ainsi considérer l’Occident et ses conventions avec des yeux neufs – en fait, cesser d’y croire. Mais comment se faire une peau d’Arabe ? Ce fut, de ma part, affectation pure. Il est aisé de faire perdre sa foi à un homme, mais il est difficile, ensuite, de le convertir à une autre. Ayant dépouillé une forme sans en acquérir de nouvelle, j’étais devenu semblable au légendaire cercueil de Mohammed. Le résultat devait être un sentiment d’intense solitude accompagné de mépris non pour les autres, mais pour tout ce qu’ils font.

Epuisé par un effort physique et un isolement également prolongés, un homme a connu ce détachement suprême. Pendant que son corps avançait comme une machine, son esprit raisonnable l’abandonnait pour jeter sur lui un regard critique en demandant le but et la raison d’un tel fatras. Parfois même ces personnages engageaient une conversation dans le vide : la folie, alors, était proche. Elle est proche, je crois, de tout homme qui peut voir simultanément l’univers à travers les voiles de deux coutumes, de deux éducations, de deux milieux.

T.T. Lawrence, Les sept piliers de la sagesse, p. 42-43

16/08/2009

TOUT CE QUE VOUS POUVEZ

Elle était belle, comme peuvent l'être ces femmes que l'on aime déraisonnablement. Tout en elle exhalait la Mère Porteuse, sa façon de se tenir en société, son amour avoué de cette sensation particulière d'être entourée d'une petite cour. Elle excellait dans l'art difficile de sublimer sa beauté brute par une mise en scène minimale et contrastée, en noir et blanc. Je crois avoir compris qu'elle a pondu récemment. En son temps, elle avait parié qu'en cas de séparation, elle me croiserait au guidon d'une poussette bien avant elle. J'aurais dû parier une caisse d'armagnac.

Elle venait me voir en bus, aussi piétonne que moi, bien que pour d'autres raisons plus honorables. J'avais pris l'habitude de la ramener au bus, prétextant d'absurdes raisons sécuritaires pour déguiser sous des atours virilement présentables un besoin pathologique de conserver son contact aussi longtemps que possible.

Je l'abandonne un dimance soir à cet arrêt de la zone semi-industrielle, où le turc était la langue naturelle avant que ne le remplacent les borborygmes organisés de nos doux amis kossovars. Je ne sais de ce qui a suivi que ce qu'elle me raconta plus tard, mais pourquoi aurait-elle menti ?

Un couple de retraités patiente aussi sur le banc. La conversation se noue, car elle était aussi sociable que je m'efforçais de ne pas l'être. Au moment des adieux, l'homme aurait eu ces mots :

"Mademoiselle, la vie est une garce. Il faut lui voler tout ce que vous pouvez."

28/02/2009

FOU-RIRE SOLITAIRE DU SAMEDI

 

Ce n'est pas ma faute. Plus c'est con, plus ça me fait marrer.

 

 

Spéciale dédicace à nos amis punks turcs.

23/12/2008

ETRE PRIS AU SERIEUX

Je bosse depuis trois ou quatre jours sur un texte assez épais, sans doute l'un de mes plus mauvais et brouillons, qui donne dans le proudhonisme adulescent et la sociologie de carnotzet. L'effet Comité Invisible, je conjecture. Ca ne servira à rien, mais pour le même prix ça sera pénible à lire. Je le balancerai en pdf, comme ça ne s'y risqueront que ceux qui le voudront vraiment.

 

Je relis plusieurs fois la longue esquisse du truc et, grand classique, après l'ivresse originelle d'avoir pu mettre en forme des intuitions animales, c'est l'attaque radicale de lassitude, la déception, l'envie de tout foutre aux cagoinces. J'ai le dégoût qui fertilise la gamberge, comme bien des grands malades. Débarquent des considérations sur la rage d'être entendu, compris, légitimé dans ce qu'on dit, pense ou fait, si maladroit et inabouti que ce soit.

 

Etre pris au sérieux. Drôle de besoin, tout de même. J’entends : être pris au sérieux par quiconque condescend à nous lire ou nous écouter. Comme si on respectait tous les gens que l’on croise dans une journée ! Mépriser tout individu a priori, et s’attendre à ce qu’il prête attention à nos délires, qu’il en savoure les raffinements, qu’il en reconnaisse la cohérence ou la pertinence ? {X est un clown, X ne comprend rien à rien, X n’a aucune idée de quoi il cause} – ça devrait être vexant ?  Si on commençait par bosser un peu sur nos carences en matière de reconnaissance, pour voir si, des fois, l’essentiel de notre sociopathie ne commençait pas par là ?

 

Bander pour le vedettariat, s’échiner à être un poète-maudit, et même se complaire dans sa propre abjection, autant de postures qui relèvent du même pipeau. Notice me !, pour la chanter comme Justin Sullivan. C’est navrant tant que ce n’est pas pleinement assumé. En pleine connaissance de cause, c’est juste insignifiant. Et c’est très bien, l’insignifiance, c’est l’essence même de la condition humaine, tout particulièrement sous nos actuelles latitudes.  Et d’autant plus, ô combien plus, quand on est un toubab à grande gueule et qui n’a pas envie de trinquer à la disparition de son espèce. Passe encore, vois-tu, si on la jouait tabula rasa, terre brûlée, après nous le déluge. Mais il n’y a pas qu’auto-génocide, il y a substitution et müeslification. Va pour crever sans laisser de trace. Se transformer en doqueginéco, par contre, c’est tout simplement insupportable, comme perspective.

 

 

shame.jpg

 

 

Vous vous rappelez Highlander ? Le Kurgan ? « Il vaut mieux mourir que disparaître » ? Voilà de quoi méditer pendant d’interminables insomnies, les petits gars. Ca a encore plus d’impact en VO : « It’s better to burn out than to fade away » (on me chuchote que Neil Young a chansonné sur le même thème, ce qui fait quand même moins vulgaire comme référence littéraire). J’en causais récemment avec un cryptobolcho, pour qui le suicide kamikaze relevait immanquablement du désespoir absolu. J’estime pour ma part qu’on est désespéré quand on accepte l’indignité, quand se débattre en pleine merde paraît pire qu’épuisant : vain, creux, voire ridicule. Se foutre en l’air peut être l’ultime acte noble d’un homme qui a perdu toute estime de soi. Et ce paragraphe n’a rien à voir avec ce qui précède.

 

Etre pris au sérieux, donc. Vouloir à toute force être compris, bien plus que soutenu. Quelle erreur. C’est de soutien, et de rien d’autre, dont on a besoin. Un soutien inconditionnel, aveugle, primitif, et surtout pas de compréhension.

 

Un bon début pour l’obtenir, c’est peut-être de ne pas se prendre soi-même au sérieux. Parler gravement de sujets gravissimes, mais ne s’accorder que l’importance que l’on mérite quand on n’est ni chef de guerre, ni patriarche, en un temps d'implosion culturelle qui exigerait que l'on soit l'un, l'autre, ou rien du tout. Si je claque cette nuit, ça sera rien du tout. Il est urgent que je mette des moutards en route, nom de dieu. Ou que j'aille saboter des rails. Ca doit être presque aussi agréable, c'est plus vite fait, et quand les emmerdes se pointent, au moins, on n'est pas trop surpris.

04/09/2008

ALESIA VALEWNKOV TOI-MÊME

Chère Alesia Valewnkov,

 

Merci beaucoup pour vos deux mails ; un seul aurait suffi et j'ose espérer votre pardon pour mon unique réponse.

 

Vous me dites que votre « époux est décédé dans le désastre de Tsunami en Thaïlande.(sic) » Le pauvre homme vous a néanmoins laissé quelques 4.500.000 dollars américains, ce qui devrait vous assurer une provision de gigolos (gigoli ?) bien au-delà de votre ménopause. Mais votre belle-famille, m’assurez-vous, vous fait « quelques difficultés », si avide qu’elle est de « mettre la main sur certains biens. »

 

En femme prudente que vous êtes, vous avez soustrait ce joli tas de pognon à la rapacité de vos beaux-frères-sœurs-parents et planqué le tout « dans une mallette métallique (...) au sein d’une compagnie de Sécurité des biens » de votre beau pays, dont le gouvernement fait bien des misères à la chouette démocratie géorgienne si j’en crois mes journalopes préférées. Redoublant de prudence face à vos trouducs par alliance, vous avez carrément « insisté auprès de la compagnie de sécurité pour que [votre] mallette soit gardée avec un maximum. (sic) »

 

L’engin se trouve actuellement sous bonne garde chez « une compagnie de garderie (sic) de bien en Angleterre » et, bien entendu, vous comptez sur mon aide pour la récupérer. Je sèche discrètement une larme en pensant à vos malheurs, vous dont la belle-famille « ont (sic) à plusieurs reprises tenté deporté (sic) atteinte à [votre] vie pensant qu’à [votre] mort tous les documents légaux des bien (sic) que possédaient (sic) [votre] mari leur reviendraient de plein droit (sic ad nauseam). » Il y aurait un pourcentage pour moi en récompense de mon dévouement, ce qui paraît tout de même la moindre des choses.

 

La délicatesse élémentaire voudrait que je vous communique tout d’abord mes sincères condoléances. Or je suis un rustre - pas un homme sans manières ni éducation, mais volontiers grossier et brutal, selon la définition de Robert Petit, édition 2007 (un cadeau de mon papa, il faudra que je vous parle de lui dans une prochaine lettre.) Vous comprendrez donc que je me permette de ricaner bêtement à l’annonce de votre veuvage. Est-ce ma faute à moi si feu votre mari était un queutard, écumant les bouges de Pattaya pour se fournir en mia noi

 

Vous n’aviez qu’à lui faire les cochonneries qu’il demandait et à y convier la petite du troisième chez qui il allait systématiquement demander des sparadraps ou du sucre en poudre. Qui sait les miracles qu’un peu de piment polygame aurait pu produire sur votre libido, avec toutes les conséquences heureuses sur votre mariage et donc les projets de voyage insensés de votre vieux salingue ? Mais je m’égare, comme d’habitude.

 

N’allez pas croire que je choisisse de vous laisser dans votre dèche par pure méchanceté de gros fafanar frustré. Simplement, je ne peux pas être présent sur tous les fronts de la lutte contre l’injustice et l'exploitation. Je suis déjà en affaire avec Désiré-Trésor N’gol-Diop, dont vous avez sans doute entendu parler.  Il s’agit de l’unique survivant de la famille régnante du Bonzanzo Ex-République Populaire du Koukounia Oriental, massacrée en février dernier par les rebelles séparatistes du Front de Libération Démocratique Progressiste de l’Avenir Développé (FLDPAD).  Lui aussi – Ô ironie amère ! – se trouve dans la situation fort déplaisante d’un milliardaire SDF, obligé de sucer des pines à la chaîne pour se payer une heure de connexion dans un cybercafé de la brousse et rentrer en contact avec de généreux Occidentaux comme ma pomme.

 

 

Notez que lui, plus commerçant (l’école de la misère causée par des millénaires d’esclavage leucoderme, que voulez-vous), m’avait demandé une grosse avance pour récupérer son fric, contre promesse d’une récompense à la hauteur de ma générosité humanitaire. A choisir, votre offre eût été plus raisonnable, puisque vous ne me demandez qu’une réponse gratosse avant d’entamer les négociations proprement dites. Mais voilà, je n’ai qu’une parole et je suis déjà en affaires avec machin, là.

 

Je me vois donc contraint de vous refuser le secours que vous espériez, tant il est vrai que ma bonté est connue jusqu’aux confins du monde slave. N’étant toutefois pas un salopard intégral, je vous transmets ma bénédiction, ainsi que quelques conseils. La Vieille Europe ne manque pas de célibataires laids, incultes, cons mais aisément manipulables, et qui ont de la peine à se contenter d’un coup rapide tous les troisièmes vendredis du mois avec des prostituées tropicales (on peut être sexuellement misérable et ne pas perdre toute dignité, vous le comprendrez). Aussi vous enjoins-je à (de ? je ne sais jamais) faire bénéficier vos filles de votre temps de connexion pour vendre leurs charmes rousskis par le même moyen qui nous a permis d’initier une correspondance qui s’annonce, j’en suis sûr, longue et riche.

 

En vous souhaitant plein de courage face aux épreuves que Dieu a choisi de mettre en travers de votre route.

03/09/2008

EPICURISME

Chaleur lourde, humide. Départ pour le lac, histoire de nager quelques longueurs. C'est moins crade qu'une piscine et on n'y croise que de rares barboteurs, restant prudemment près du bord. Mais le lac est agité, pas quarante mètres de parcouru, balloté dans tous les sens, envoyé contre les rochers, je renonce, fait chier, le retour se fera à pied. En sortant de la flotte, je croise un pêcheur, rondouillard et visiblement très optimiste quant à ses chances de bouffer du brochet ce soir.

 

- Alors ? On attrape quelque chose avec des vagues pareilles ?

 

L'homme se fend la poire et répond, avec un accent indéfinissable :

 

- Non !... C'est juste pour passer le temps...

01/09/2008

185 MILLIONS

Une manchette d'un torche-oeil gratuit me demande ce que je ferais avec 185 millions. J'adore les questions idiotes. Je présume que ledit baveux propose une page ouaibe où l'on peut poster ses plus beaux fantasmes, histoire de publier un sondage entre deux pubs pour des usuriers spécialisés dans l'écran plasma. Mais je garde ça pour moi et les trois désaxés qui s'aventurent ici.

En tout premier lieu, j'arrêterais de chercher du travail, ou de faire des efforts pour en garder un. Mais comme je ne suis pas spécialement gourmand, je conserverais mon train de vie actuel. Je m'arrangerais pour avoir des intérêts de 4000 balles par mois, histoire de couvrir les assurances, le loyer, la bouffe et les séances de binge-drinking. Un abonnement aux CFF pour voyager dans le pays. Et puis un gros cadeau à mon garagiste pour qu'il fasse en sorte que ma putain de 125 roule encore dix ans, et atteigne enfin les 120 km/h que promet fallacieusement le compteur.

Ensuite, j'embaucherais régulièrement des assassins. Des gens sérieux, discrets, avec de l'expérience, capables de se procurer des armes chimiques ou bactériologiques. L'idéal serait, bien sûr, de provoquer une guerre civile, en montant les communautés les unes contre les autres. Appliquer le plan anti-capitaliste de Kaczyinski avec la pointe de la technologie moderne. Accélérer le processus d'effondrement social, sans plus attendre de Grand Soir, ni de Petit Matin, pour le simple plaisir du Grand Nettoyage. Transformer les banlieues occupées en brasiers permanents et les beaux quartiers en bunkers frigorifiés par la trouille. Du présent faire table rase, et de la table faire un immense bûcher funèbre.

Je crois qu'un film décrivait un scénario un peu dans ce style. Pour ce que je m'en rappelle, c'était une histoire de terroristes nazis, moins drôle et plus con que Piège de Cristal. Je n'ai vu que cinq minutes, jusqu'à la première croix gammée ou au premier speech adolfien. Ca partait d'un bon sentiment. Mais je crois que ça se finit "bien". Les films avec des psychopathes nazebroques finissent toujours "bien".

Et puis, pour mon seul plaisir, un grand stock de Bas-Armagnac et une B.C. Rich neuve et un gros Marshall. Avec tout ça, il serait enfin possible d'attendre les métastases avec toute la sérénité désirable. J'ai des goûts très simples, somme toute.

Le seul bémol, c'est que je ne pense pas que 185 millions suffisent. Et puis de toute façon je ne joue pas au loto.

 

urban war.jpg

14/08/2008

AMITIE ENTRE LES PEUPLES

J'apprends avec une pointe de tristesse que le sieur Nas, causeur rythmique de la Nouvelle York, ne pourra pas intituler son prochain album "Nigger". La confusion lexicale prend de l'ampleur. On avait compris que c'était un mot nazi dans la bouche d'un toubab, et un titre de revendication bravache toute empreinte de dignité post-esclavagiste dans celle d'un lecteur d'Aimé Césaire. Ca paraissait simple, logique. C'est foutu. Il est désormais admis qu'un Noir puisse offenser les Noirs en tournant en dérision une insulte négrophobe. Si ce sont des Blancs antiracistes qui le disent, c'est sûrement vrai.

 

D'autre part, plus personne ne peut ignorer que la Bête Immonde étend ses tentacules jusqu'à l'Empire du Milieu, puisque les méchants ticheurtes antisémites ont été vendus par une boutique tenue par deux Chinoises. Déjà que ces salauds ont interdit à une grosse de chanter pendant la cérémonie des J.O. et qu'ils ont tripatouillé les images des feux d'artifices... Mais où l'horreur s'arrêtera-t-elle ?

 

buddha.jpg

 Les lobes pendants sont un signe bien connu de fourberie