13/04/2007
TOUT LE MONDE IL EST SEXISTE
C'est ce que nous explique l'éditorial du Courrier, fer de lance des correcteurs de pensée section Romandie, dans son numéro de jeudi dernier. Point de départ de cette piqûre de rappel : les malheurs médiatiques de Marie-Ségolène, fort vilainement traitée par les pisse-copie d'ex-France. "Une candidate, donc une incompétente", estime Monsieur Moyen, suivi par les rédactions de tout le pays.
Les chacals de la presse capitalo-patriarchale ne se sont pas contentés de relever la moindre de ses erreurs de communication. Pire, ils n'ont jamais loupé une occase d' << amplifier ce postulat machiste >> qui veut que les femmes soient aussi à chier au volant d'une bagnole qu'au gouvernail d'un pays. << (...) un sentiment encore trop largement partagé >>, par l'ensemble de nos semblables, comprenez. Nous sommes tous des phallocrates.
Absolument tous. Même ceux qui les combattent :
<< Ce mal touche la France, tout comme la Suisse, où des chercheuses ont épinglé la presse locale, y compris Le Courrier, tombée dans le travers du traitement sexiste. >>
Putain ! Si même le plus bolche des quotidiens genevois est pris en flag, vous imaginez le reste de la profession. Ca doit lapider ferme de la fegniaule, dans les couloirs du Temps ou de la Tribune, pire qu'aux heures les plus sombres de Kaboul. Et les Lendemains ne sont pas près de chanter pour la Cause des frangines opprimées :
<< A coup de caricatures et de stéréotypes ressassés à l'envi, l'objectif semble doucement atteint. Si Mme Royal échoue dans son combat, ce sont toutes les femmes qui perdent la guerre. >>
De quoi filer des sueurs givrées à tout métrosexuel qui se respecte. Personne n'est à l'abri. Les bergers les plus zélés sont aussi galeux que leurs pires brebis.
Amis frouziens, il en va de la crédibilité de la Patrie des Droits de l'Homme Humains. Si la gauche ne l'emporte pas, nous devrons attendre encore des lustres pour qu'une femme puisse enfin faire la preuve par l'acte qu'elle est aussi impuissante qu'un homme à sauver la France de la merde où elle croupit. Votez utile et offrez-lui la rampe savonnée qu'elle mérite, tout autant si ce n'est plus que son challenger à talonettes.
Pensez aux lamentations déchirantes des vaginocrates quand elle sera confrontée aux mêmes échecs que ses prédécesseurs. Imaginez la saveur des excuses et des prétextes qu'ils devront s'échiner à lui trouver, d'insomnies fiévreuses en contorsions mentales pénibles. En comparaison, les ratiocinations de Jack Lang à propos de la "bravitude" auront l'air d'un brouillon de débutant. C'est un plaisir de gourmet dont il serait triste de nous priver.
12:00 Publié dans Chez les boniches de la Zone Grise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Antiségolisme primaire, presse machiste, votez pour la Cruche
12/04/2007
CA VA ETRE DUR DE FAIRE PLUS TACHE
Pour fourguer ses "sandwiches suisses" à la génération des adulescents mange-merde helvètes, l'ami Ronald a choisi de caresser leur fibre patriotique dans le sens du poil avec le personnage de Heidi. On admire la finesse de l'équipe marketing pour nous inciter à goûter au "McRösti"... Raffinement suprême, c'est la version japonaise du prétendu mythe national qui a été choisie :
Notez que ça aurait pu être pire avec une version plus locale...
22:30 Publié dans De quoi j'me merde ? | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Marketing mongolien, malbouffe locale, foutage de gueule
11/04/2007
BOUGE TES FESSES CONTRE LA HAUSSE DU THERMOMETRE
Y a pas que la chasse aux sans-papiers et la peur de la Différence, dans la vie. Y a aussi la planète qui fait une grosse poussée de fièvre et qui se fait défoncer le trou d'ozone. Ca pourrait inciter à mouiller son mouchoir, mais il y en a qui pensent, tout au contraire, que c'est une belle occasion de faire la fête. Le collectif Save Our Selves est donc fier d'annoncer la tenue prochaine du Live Earth, à Londres, mais aussi un peu partout à la surface de notre croûte commune.
Le 7 juillet, c'est parti pour vingt-quatre putain d'heures de musique d'ascenseur avec supplément d'âme, compilée par Al Gore et sponsorisé par MSN. Madonna, Genesis, les Red Hot, les Beastie Boys, Snoop Dogg et Faith Hill, tout ce beau linge nous fera grouver jusqu'au boudlanui. On aimerait dire que ça va être "hot", mais on ne peut pas. C'est pour lutter contre le réchauffement du globe, voyez-vous, alors évidemment les jeux de mots vaseux, ça risque de vous attirer une réputation de mauvais citoyen. On ne plaisante pas avec certains sujets.
C'est évidemment grotesque, mais la démarche n'est pas nouvelle, et de loin. Les crasseux de Woodstock avaient inauguré la Fiesta Bien-Pensante bien avant notre naissance. Baisez à quinze dans la boue pour la paix sur la planète. Bob Geldof avait relancé l'affaire avec son le Live Aid. Remuez des hanches pour nourrir le Sous-monde. Puis sont venus les concerts contre le racisme, contre la faim et le froid "qu'aujourd'hui on n'a plus le droit", contre tout ce qui fait de la peine à la midinette ordinaire. Et maintenant, en partenariat avec les plus gros vendeurs de soupe semi-musicale d'Occident, on pourra tortiller du fion contre l'effet de serre. Les organisateurs s'attendent déjà à une audience de deux milliards de personnes. Ca nous fera autant de trous du culs militant festivement contre celui de la couche d'ozone. Le pognon et l'énergie électrique imbécile que tout cela va mobiliser doit filer des attaques aux militants écolos sincères et bien renseignés. En même temps, ça risque pas de faire des masses de victimes...
On pourrait casser des briques pendant des lustres sur la naïveté abyssale du concept et son caractère atrocement boutiquier. Mais même ces deux aspects ne sont pas les pires. C'est l'état d'esprit sous-jacent qui craint un maximum : cette idée de concilier l'ambiance d'une partouze avec celle d'une messe de Minuit. On s'éclate mais c'est pour la bonne cause. On se prend une cuite colossale, mais en communion avec le globe qui souffre de nos 4x4 et de nos robinets mal fermés. Toujours ce besoin de se justifier moralement, de rendre la déglingue politiquement présentable, et de réciter des cantiques en se faisant déchirer la rondelle.
19:10 Publié dans Chez les boniches de la Zone Grise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Eco-arnaque, développe-moi le durable, Woodstock biodégradable
SOURIEZ, VOUS ETES EN LIBERTE SURVEILLEE
La vie ordinaire en Démocratie, c’est la Liberté Surveillée. Peu de choses sont explicitement interdites par la loi : on compte beaucoup plus sur l’autocensure et la surveillance mutuelle. Chaque citoyen est son propre censeur et le flic de son voisin.
Tout ce qu’on nous balance sur la Liberté d’expression et d’association est donc fondamentalement biaisé, comme « Tcherno » l’a bellement illustré pour le cas de l’Ex-France.
Oui, nous sommes libres de penser, dire et faire ce que nous voulons, mais la plupart des sujets vraiment importants sont tabous au point qu’ils paralysent Monsieur Moyen et que les plus agressifs du troupeaux se chargent de faire taire l’emmerdeur bien avant que la flicaille ou les avocats ne débarquent. Donc cette liberté est factice, strictement théorique. A l’inverse :
Non, nous ne vivons pas en « dictature » pour autant. La pose de martyr qu’affectionnent tous les dissidents institutionnalisés les rend par conséquent ridicules, en décalage complet avec la réalité Monsieur Moyen peut observer. Nous vivons en régime hybride, à mi-chemin entre la rigidité moraliste terrifiante d’une société ultra-orthodoxe, et entre un libéralisme de facto au bénéfice du monde de l’entreprise, mais de jure seulement pour le citoyen ordinaire.
Cette situation n’incite pas à se taire, mais beaucoup plus vicieusement à n’avoir rien à dire. C’est le nettoyage par le vide, le brouillage des têtes par le bruit blanc continu, le droit de faire autant de jogging que l’on veut mais pieds nus sur du gravier.
D’où l’importance fondamentale qu’a prise la vidéosurveillance dans notre vie quotidienne. Le culte des Droits rend impossible toute ingérence franche et brutale de l’Etat dans la société civile, sauf dans les cas présentables comme « urgents et graves ». Reste donc l’option de mettre tout le monde sous tutelle, une tutelle virtuelle, un grand Œil omniprésent qui permet de tracer tout le monde en cas de comportement déviant.
Cette surveillance a bien sûr d’autres origines. En premier lieu, il y a tout le pognon qu’on peut en retirer, en matière de vente de caméras et de location de services de sécurité privés. Mais il faut compter aussi avec les bénéfices sociopolitiques qu’en retire l’Etat lui-même et ses commanditaires.
Le grand Œil, c’est la mort du Pas-vu-pas-pris pour tout homme moyennement honnête, qui s’autolimite par peur des représailles. Pour l’enculé qui s’assume, rien de changé par contre : il se contrefout de vivre dans un Loft Story à échelle nationale puisqu’il jouit d’une impunité relative quand il est mineur, et qu’il a l’habitude du circuit policier une fois adulte, un circuit qui n’a jamais les moyens de prévenir son passage à l’acte.
De fait, une telle prévention n’aurait aucun avantage : la petite délinquance, ce harcèlement de Monsieur Moyen qu’on étiquette « Incivilité », fait précisément partie du processus de limitation de sa marge de manœuvre. Le but est de le désécuriser pour lui vendre un discours sécuritaire et lui faire accepter les outils officiels de sa mise en œuvre. Monsieur Moyen a peur de la police et du grand Œil, donc il fera gaffe à ne pas trop péter de travers. Mais Monsieur Moyen a aussi peur de la Racaille , et cette peur le mène selon sa nature à deux comportements possibles :
1) soit il croit encore que le travail de la police est de traquer les criminels, alors qu’elle ne sert qu’à discipliner les citoyens ordinaires. Dans ce cas, il accepte sans trop rechigner les restrictions qu’on pose à sa liberté, en échange d’une promesse de sécurité accrue. L’exemple le plus délirant se trouve dans les aéroports. D’un côté, une surveillance méticuleuse et vexatoire des passagers ; de l’autre, un accès pratiquement libre aux appareils et au tarmac par n’importe qui. C’est le principe du « Mauvais Médicament » : si c’est dégueulasse, c’est sûrement que c’est très efficace contre la maladie... Pour être convaincu que la police le protège sérieusement, Monsieur Moyen veut sentir les griffures du barbelé sur son gras. Sans quoi, il a l’impression qu’on ne s’occupe pas de lui.
2) soit il a compris, par expérience directe ou par l’observation, qu’il est parfaitement seul face aux pourrisseurs de vie urbaine. Il sait qu’il ne pourra, au mieux, qu’être dédommagé une fois qu’il sera trop tard. Le grand Œil ne sert pas à paralyser les criminels mais à désigner des responsables pour payer les pots cassés, à commencer par les siens propres. En ce cas, il ne lui reste plus qu’un choix : faire profil bas, raser les murs, fermer sa gueule, n’avoir d’avis sur rien, être tolérant de tout, n’être choqué que par ce qui choque le responsable local de la Fareas ou n’importe quel gauchiste dans les bons papiers de la presse régionale.
La première réaction possible pousse Monsieur Moyen à réclamer lui-même le knout policier. La seconde réaction l’amène à l’auto-flagellation ou à l’acceptation passive des coups de toute mafia politique, ethnique ou autres.
Et voilà comment on concilie en un miracle typiquement Occidental, le harcèlement de la Racaille , l’omniprésence du flic, la prospérité du marché de la sécurité et la résignation souriante de chacun face à un sort inacceptable.
08:55 Publié dans La Zone Grise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Monsieur Moyen aime le knout, régime hybride, démocrassouille, insécurité rentable
10/04/2007
FUCK
Le principal bénéfice qu'on retire d'une certaine forme d'immaturité soigneusement entretenue, c'est qu'on rigole des mêmes choses basiques et pas chères à quinze ans comme à trente. C'est sans doute un antidote sécrété par l'organisme pour contrer les excès de bile noire. La Nature est décidément bien faite.
10:50 Publié dans De quoi j'me merde ? | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ne baisez pas vos chiens
09/04/2007
EUROPE, TERRE DE POGROMS ANTINOIRS
L'Occident est un grand safari où des meutes de fafs enragés chassent le malheureux Bantou mathématicien en toute impunité. Les gouvernements en place, obsédés par la régulation de l'immigration, s'en contrefoutent. La police ne fait rien, peut-être même qu'elle arme et entraîne les assassins ? Le sang coule dans les rues. Les Heures Les Plus Sombres nous font un comeback dévastateur.
C'est pas des foutaises. C'est DIOP Cheikh Tidiane qui l'affirme dans les colonnes de SudOnline, prestigieux organe de presse de Dakar, pas plus tard que le 6 avril 2007.
Un étudiant guinéen, dont le corps a été retrouvé dimanche près d’un campus universitaire du sud de Marseille, a été « battu à mort » d’après le rapport d’autopsie, apprend-on de source judiciaire. « Les résultats de l’autopsie ont permis d’écarter la thèse accidentelle », a-t-on précisé de même source. L’autopsie a mis en évidence une « série de coups violents » portés au visage de la victime avant sa mort. Agé de 28 ans, Ibrahim Sylla étudiait les mathématiques sur le campus de Luminy, dans la banlieue sud de Marseille. Son corps a été découvert en partie brûlé dimanche par un promeneur. Le jeune homme a probablement été agressé dans la nuit de samedi à dimanche alors qu’il revenait à pied d’un restaurant où il travaillait à temps partiel comme plongeur. (...)
Dernier communiqué en date sur ce qu’il convient d’appeler désormais « la chasse aux étudiants africains ». Ces faits de plus en plus nombreux dans des villes d’Europe où sont venus étudier de jeunes Africains, nous interpellent. Pendant que l’opinion publique s’offusque des pirogues de fortune qui débarquent des corps presque sans vie de jeunes africains sur les côtes européennes, des étudiants venus légalement en Europe pour leurs études font l’objet d’assassinats ignobles. Devenus de plus en plus les cibles de ce que la presse nomme des « groupuscules d’extrême droite », les étudiants africains ne trouvent plus aucune sécurité sans parler des dures conditions de vie qui jalonnent leurs parcours universitaires.
Ce nouvel assassinat vient inscrire le nom de ce guinéen sur la longue liste des crimes crapuleux perpétrés à l’encontre de jeunes africains dans les villes insécurisées de certains pays européens. Même les campus franchisés ne sont plus épargnés par des individus qui cherchent délibérément à tuer tout ce qui s’assimile à un Africain. Par delà, les traitements intempestifs par la presse de ces faits terribles, nous nous questionnons sur ce que vaut véritablement la vie d’un Africain dans ce monde. Les jeunes africains semblent ne plus trouver leur place dans aucun endroit de ce monde.
Chassés de chez eux par des pouvoirs-gouvernants du désespoir, ils errent vers un ailleurs emmuré et devenu dangereux. Partout en Europe, l’heure est à la lutte contre l’immigration dans une logique d’amalgames conduisant à mettre tout étranger dans le même sac des individus indésirables. Des jeunes légalement entrés dans « les territoires de la peur » subissent ainsi le même sort que tout autre immigrant. Cette future élite africaine qui se bat tant bien que mal pour suivre de hautes études dans les grandes universités du monde n’est plus sûre de son réveil du lendemain dans des campus universitaires devenus pour elle, des camps retranchés.
C'est à nous, démocrates droit-de-l'hommistes, de prendre nos responsabilités et de faire passer cette information, passée sous silence par les médias faschystes. Nous devons aller au-devant de nos frères humains et les avertir des dangers qu'ils courent. Partout, un seul mot d'ordre doit déchirer le silence coupable des démocraties génocidaires :
NE VENEZ PLUS CHEZ NOUS, C'EST TROP DANGEREUX. VRAIMENT.
08/04/2007
LE SILENCE, PLUS D'OR QUE JAMAIS
On s’éviterait un maximum de malheurs si on avait la possibilité logistique et biologique de ne jamais quitter sa piaule. Qui l’affirmait, déjà ? C’était certes un bien grand bonhomme. La compagnie de nos contemporains est le ferment de la misanthropie méthodique et il suffit de se frotter à tout ce qui est humain pour qu’il vous devienne intégralement étranger.
Il y a peu d’activités aussi inutiles, coûteuses en temps, dévoreuses stériles de précieuse énergie, que de causer à nos prétendus semblables. Plus précisément, c’est débattre avec eux de quoique ce soit « d’important » ou de « sérieux » qui est éreintant, qui assèche l’âme et accouche de la plus noire des biles. On en vient alors à développer une horreur primale de toute discussion de fond avec les zombis qui titubent dans notre environnement. La bêtise assumée et la vulgarité abyssale de leurs « opinions » entraînent des crampes mentales qui se répercutent jusque dans les membres. On se croyait grande-gueule, ils nous rendent aphone.
Discuter politique, philosophie ou éducation avec n’importe quel Occidental moderne a sur l’humeur les mêmes effets que la pression sur un scaphandrier qui ne respecte pas les étapes de sa remontée des profondeurs. Ca vous paralyse, vous écrase, vous suce l’air hors des poumons. On en vient à se fracturer de l’intérieur tant les mots, mêmes hurlés, canalisent mal la rage de meurtre. La paix de l’esprit est dépendante d’une seule variable, éternelle et si pleine de bon sens qu’elle semble absurde à l’intello aveuglé par le pouvoir du verbe : le silence.
Ne rien savoir.
N’avoir aucun avis sur rien.
Se foutre du quart comme du tiers.
Si on ne peut le faire sincèrement, il importe quoiqu’il arrive de le feindre en tous lieux et tous temps, face à n’importe quel interlocuteur qui ne soit pas un camarade éprouvé.
Au Royaume des Bavards, les muets ne sont pas les Rois, mais les Sages. Or tout le monde parle en même temps, en notre glorieuse époque de médiatisation, de communication, de verbiage insane et perpétuel. A mesure que la technologie nous permet d’atteindre n’importe qui et n’importe quand sur son putain de portable, nous avons toujours moins de choses sensées à raconter, et en un vocabulaire toujours plus pauvre, plus kitch, plus créolisé.
La capacité d’écoute attentive et de compréhension sincère s’apparente à un art martial sophistiqué. Qui connaissez-vous, dans votre entourage étendu, qui soit capable de la boucler dix minutes et d’écouter sincèrement tout ce quelqu’un lui dit ? L’intolérable majorité des gens qu’on fréquente ne cherche la compagnie d’autrui que pour l’enterrer vivant sous un effrayant blabla, pour torcher leur bouche incontinente avec la première paire d’oreilles venue.
Vous croyez avoir des amis ? Voyez s’ils vous écoutent vraiment, ou s’ils ne se taisent que le temps de recharger leur canon à foutaises. Quiconque vous coupe systématiquement la parole est à classer parmi les cibles à détruire. Un ami A.O.C. est un homme en compagnie de qui vous pouvez boire une bière jusqu’au bout sans prononcer un mot, et sans que la moindre gêne ne s’installe. Mais un taiseux a mauvaise réputation. Son silence souligne grossièrement la superficialité douloureuse des amitiés de bistrot, d’études ou de boulot.
C’est ce qui rend encore plus attrayants les vides vertigineux de la montagne, la désolation des pires déserts ou la violence des mers les moins accueillantes : on n’y entend aucun de ces couinements humains, aucune de ces jérémiades d’esclave en grève, rien de la mélasse sous-humaniste des dandys castrats qui nous servent de modèles et de porte-paroles.
17:15 Publié dans Marées Noires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Vos gueules
06/04/2007
CREVER POUR LE DROIT DE SUCER DES BITES
On ne perd jamais son temps à lire du Kaczynski. Ni à le relire. Ni à l'apprendre par coeur. Ni à forcer tout bipède pas trop abruti de son entourage à faire pareil.
<< -Tout cela est affreux ! C'est immoral ! C'est du racisme, du sexisme, du spécisme, de l'homophobie et de l'exploitation de la classe ouvrière ! C'est de la discrimination ! Nous devons obtenir la justice sociale : un salaire égal pour le marin mexicain, des salaires plus élevés pour tous les marins, un dédommagement pour l'Indien, un nombre égal de couvertures pour les dames, la reconnaissance du droit à sucer des bites et plus de coups de pied au chien !
- Oui, oui ! crièrent les passagers. Oui, oui ! cria l'équipage. C'est de la discrimination ! Nous devons exiger nos droits !
Le mousse se racla la gorge :
- Hem. Vous avez tous de bonnes raisons de vous plaindre. Mais il me semble que ce qui est vraiment urgent c'est de virer de bord et de mettre le cap au sud, car si nous continuons d'aller vers le nord, nous sommes sûrs de faire naufrage tôt ou tard, et alors vos salaires, vos couvertures et votre droit à sucer des bites ne vous serviront à rien, car nous serons tous noyés. >>
<< Beaucoup de « gauchistes » s'identifient avec les groupes qui ont une image d'êtres faibles (femmes), de vaincus (Amérindiens), de victimes d'ostracisme (homosexuels) ou de toute forme d'infériorité en général. Les « gauchistes » ont eux-mêmes le sentiment que ces groupes sont inférieurs. Ils ne se l'admettront jamais, mais c'est précisément parce qu'ils ressentent ces groupes comme inférieurs qu'ils s'identifient à leurs problèmes. >>
10:10 Publié dans Marées Noires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Kaczynski au pouvoir, militantisme victimaire, gauche post-colonialiste, politique de la fellation
05/04/2007
"REVOLUTION IS OFFLINE - YOU CAN LEAVE HER A MESSAGE "
Les changements que nous espérons n’obéissent pas à une logique militante. La Révolution est un cycle historique qui mobilise des masses d’hommes et certaines élites agissantes, mais qui ne se laisse pas mobiliser par elles. Une émeute est spontanée ou alors elle n’est qu’un show, une opération paramilitaire déguisée en mouvement populaire pour lui conférer de la légitimité « démocratique ».
C’est ce qui fait notre désespoir, notre paralysie et nos échecs répétés : nous tentons d’organiser ce qui ne peut pas l’être, de préparer ce qui se fait tout seul. Le salut de l’Europe, ce n’est pas la victoire électorale d’un parti natio, ce n’est pas non plus le triomphe d’une armée identitaire de libération, ce n’est toujours pas une opération de rétablissement de l’ordre où les traîtres seraient déportés et les allogènes rapatriés manu militari. La Reconquête, si elle se produit jamais, sera un mouvement spontané, bordélique, aléatoire, de communautés apolitiques qui si ça se trouve ne nous connaissent pas et/ou n’ont pour nous aucune sympathie particulière.
Nous prions et agissons dans l’espoir d’un « réveil » de nos semblables, mais planifier ce réveil est une chimère absolue. Autant essayer d'accélérer la vitesse de l'orbite terrestre. Voilà pourquoi tous nos groupements sombrent dans la rente militante et une routine sectaire débilitante : c’est tout simplement qu’il n’y a rien d’autre à faire. Nous sommes des hyperactifs qui doivent absolument dépenser de l’énergie en croyant agir pour le plus grand nombre, mais nous sommes réduits à attendre que ce plus grand nombre agisse de lui-même – ou choisisse de mourir. Toute ingénierie sociale pseudo-révolutionnaire débouche fatalement sur la persécution massive, l’endoctrinement absurde, le bonheur collectif imposé par le tonfa et le clystère mental.
Tout ce qu’il nous reste est un pari sur le destin de notre civilisation, et le choix de nous préparer physiquement, culturellement et moralement pour être à la disposition du hasard des événements. Espérer les organiser, les faire apparaître ex nihilo ou les précipiter, c’est l’erreur fondamentale de tous les révolutionnaires. Je ne sais plus si c’est Benoist-Méchin ou Gripari qui l’a écrit, mais il est absolument correct d’affirmer qu’ils sont les avorteurs de l’Histoire, trop pressés d’exprimer leurs propres angoisses et leurs tentations de démiurges pour laisser le Temps faire son œuvre à son rythme.
Nous ne ferons pas la Révolution. Elle nous fera, nous brisera ou nous laissera sur le bas-côté, c’est tout. Même un révolutionnaire « professionnel » n’est utile à rien ni personne dans le cadre d’une société stable, avachie, confite dans sa honte, sa routine ou son impudence. C’est ce qui a fait s’envoler les bolchos les plus couillus des années septante vers l’Amérique du Sud ou l’Afrique, là où il y avait une possibilité d’action. Dans notre Grand Hospice, la seule action possible est le combat de rue mongolien ou telle forme stérile ou symbolique de terrorisme. Les bonnes vieilles conditions objectives ne sont pas présentes, et dépenser trop d’énergie durant cet interminable intervalle revient à épuiser nos forces vives, alors que la sagesse nous inciterait plutôt à les économiser pour tout ce qui n’est pas entraînement au combat à mains nues et résistance aux pressions sociales, psychologiques ou économiques.
Ce que nous voulons, ce n’est pas de prendre la tête des mécontents réacs ou sécuritaires pour assouvir une imbécile soif de pouvoir. C’est contribuer à aiguiser et canaliser au mieux une révolte populaire qui n’aura de sens et de sincérité que si elle n’est PAS provoquée par nous. Nous attendons l’Emeute Blanche, pas l’enrégimentement des antiracailles et des xénophobes. Nous sommes des éveilleurs de peuples et de conscience, pas des généraux de brigade ni des recruteurs de mercenaires. Nous ne sommes rien seuls. Or c’est ce que nous sommes actuellement : dramatiquement isolés – et aucun slogan guerrier n’y changera quelque chose.
16:40 Publié dans Autopsie de la Dissidence | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Clystère mental, avorteurs de l'Histoire, va falloir être patients
FRANCE-DENTELLES CONTRE FRANCE-POUBELLE
De passage par une grande surface de la région (pas de pub, démerdez-vous pour la reconnaître), Yours Truly est surpris d’entendre pour une fois autre chose que des bruits de jungle urbaine ou des mièvreries pop spécial pucelles. De l’accordéon, dis voir ! Et pas du manouche, du musette ! La mélodie du Ricard, du camembert, du Beaujolais, des pavés parigots…
On se serait cru en pleine caricature amerloque. Qu’ils nous fassent des cartoons ou des films, il existe pour toutes les productions yankees un même code sonore immédiatement identifiable par n’importe qui dans le monde, pour comprendre que l’action se passe en France : un air d’Yvette Horner ou de n’importe quel pianoteur à bretelles. C’est la bande-son incontournable, le complément audio obligatoire du béret, de la baguette sous l’aisselle et de la Gauloise au bec. L’équivalent, pour mon côté de la frontière, du yodel, du cor des Alpes et du mugissement du Yéti des forêts inexplorées d’Unterwald.
C’est pas le cliché qui est choquant en soi. C’est son décalage avec une réalité que tout le monde peut constater, alors que la force d’une caricature tient à sa ressemblance, même exagérée, avec le modèle représenté. Voilà un nouveau cas de Fracture Sociale, une nouvelle hernie entre Pays Légal et Pays Réel.
Le bal-musette, musique populaire française ? Couleur locale de l’Hexagone ? Et puis quoi encore ? La France populaire actuelle, c’est plus ça, c’est ça. Tout le monde le sait, tout le monde le sent, tout le monde le comprend instinctivement. Nos meilleurs journaleux nous l’expliquent, en nous rappelant que c’est un progrès, que c’est normal, que c’est inévitable, que ceux qui ne bandent pas face à cette évolution sont des nazis à garroter sur la place du marché.
Et pourtant, le cliché perdure. Comme une précieuse relique. Comme ces fausses ruines où les romantiques d’un autre siècle aimaient bichonner leur mélancolie. Comme un fétiche où se serait réfugié l’esprit de la France , celle qui n’avait pas encore la tête si profondément enfoncée dans les chiottes qu’elle savait faire la différence entre un Abd-al-merdik et un Baudelaire.
Cinéastes, publicitaires et autres pollueurs publics, pour nous plonger dans l’ambiance franchouillarde, oubliez La plus bath des java et choisissez plutôt Ma France à Moi. Ca fait moins de charme et plus d’odeurs de poubelles qui brûlent, mais au moins vous ne tricherez plus sur la marchandise.
15:15 Publié dans Marées Noires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : France-poubelle, accordéon funèbre, identité momifiée
04/04/2007
LES LEGIONS PERDUES
Un acolyte qui se reconnaîtra me fait une remarque pertinente, l’autre jour. Comment peut-on à la fois se dire patriote et afficher un dégoût brutal pour ses contemporains ? Il y a là une contradiction flagrante, qui peut cacher un engagement biaisé, voire une complète hypocrisie. Soit l’on est solidaire de son peuple, soit on lui crache à la gueule. Chauvins et apatrides se retrouvent, en toute logique, chacun dans leur tiroir et le lance-pierre dirigé vers l’autre camp.
Franchement, je donnerais cinq ans d’espérance de vie pour que les choses soient aussi simples.
La consolation des ratés
Première nuance à souligner, pour clarifier l’affaire : la différence fondamentale entre l’élitisme militant, et le dépit pur et simple.
L’élitisme militant, c’est cette attitude qui envisage tout groupe humain comme naturellement suiviste et inculte. La foule est alors perçue, toujours et partout, comme un animal collectif à la tête creuse et au ventre sans fond. En temps de guerre, elle fonce à l’abattoir comme un seul homme, heureuse de crever parce qu’on le lui ordonne ; en temps de paix, elle sourit aux mouches, le cul dans ses excréments. Elle exige d’être dominée, guidée, éduquée par une élite éclairée, dans un rapport de type berger-cheptel. Plus cette élite se croira investie d’une Connaissance supérieure, plus elle méprisera « la masse ignorante », inapte à la liberté et trop conne pour apprendre quoique ce soit par elle-même. La recette est inchangée depuis Platon et sa caverne.
Ennemis jurés les uns des autres, marxistes, libéraux et fafs se retrouvent miraculeusement unis par cette suffisance aristo et sectaire. Tous se sont crus dépositaires d’une Vérité suprême, à imposer aux masses primitives. Tous se sont sentis investis d’un devoir de faire le bonheur du peuple malgré lui, de lui faire violence pour son bien. C’est une même logique qui préside aux déportations massives et aux délocalisations d’entreprises, à l’endoctrinement de pays entiers et à la promotion des pires perversions rentables.
Il n’y a aucune passion fondant cette vision du peuple, si ce n’est celle du contrôle et de la gloriole. Elle s’adapte à la pensée de gauche, parce qu’elle fait des nations un matériau neutre, qu’on peut tripoter à volonté pour en éliminer les impuretés (racisme, chasse au profit, patriarcat). Elle s’adapte à la pensée de droite, parce qu’elle sanctifie les divisions de classes et la hiérarchie des coaches de vie. Elle réconforte tous les arrivistes aigris, tous les prophètes frustrés, qui se consolent de leur isolement en rejetant la faute sur la majorité, « trop conne pour comprendre » qu’eux seuls sont à même de lui botter le cul pour son salut.
La rage des soupirants éconduits
Si les effets sont assez semblables, les causes du dépit activiste sont bien différentes. Elles sont la conséquence non pas d’une vision ingénieriste de la société, mais au contraire d’un amour irrationnel, excessif, destructeur. La gauche n’y entend rien, parce qu’à ses yeux un allogène pauvre fait plus partie du peuple qu’un autochtone à peine moins dans la dèche. La droite s’y essaie maladroitement, en appelant patriotisme son attachement au respect de la Loi et son culte de la routine parlementaire.
Etre patriote, ce n’est pas seulement être attaché à notre coin de continent et lié aux gens qui le peuplent. C’est vouloir le meilleur pour eux, c’est aussi craindre le pire, c’est encore estimer qu’il y a des choses qui ne sont pas dignes d’eux et de l’image qu’on s’en fait. Aimer sa famille n’oblige personne à accepter l’alcoolisme de son père, les troubles obsessionnels de sa mère ou la manie qu’a son frère de couper la coke avec de la mort-aux-rats. On aime les gens pour ce qu’ils sont, pas pour ce qu’ils font. Et bien souvent malgré ce qu’ils font, comme le confirmera toute femme battue, tout mari humilié, tout enfant abusé.
Le patriote lucide agit de même, mais il fait l’impasse sur le « malgré ». Il exige beaucoup de lui-même et attend aussi beaucoup de son peuple. Trop sans doute. Normal : c’est une relation donnant-donnant. Je te protège à ma mesure parce que tu me protèges collectivement. Si je me bats pour toi et que tu n’as rien à foutre de ma gueule, non seulement je risque de l’avoir mauvaise mais en plus je ne suis pas en sécurité. Une patrie, c’est un bunker à ciel ouvert ; on ne fait pas qu’y vivre et y avoir ses marques, on s’y sent culturellement protégé. Si le bunker devient un centre d’hébergement ouvert à n’importe qui, ciao la sécurité. Si la racaille, les pollueurs, les apatrides militants y sont accueillis fraternellement, le bunker devient un champ de bataille comme les autres.
La route et le portail
Ceux qui habitent à la cambrousse ont sûrement remarqué, ici et là, des maisons de maître dont le domaine originel est désormais traversé par une route cantonale. Les hasards du terrain et les impératifs des semeurs de bitume ont parfois tranché dans le vif de ces domaines, histoire de s’épargner des virages inutiles. On croise ainsi, sur le bord du chemin, des portails massifs en pleine verdure, ne menant plus nulle part, vestiges presque surréalistes de frontières oubliées de tous. Les propriétaires les ont peut-être conservé par nostalgie, par humour, par sens artistique. Reste que cette pierre polie et ce fer forgé ne servent plus à rien. Et hop ! une belle métaphore en perspective.
Les patriotes d’Europe, ceux qui n’ont pas mis l’Etat au-dessus de la Civilisation , ni l’Ouverture sur l’Autre au-dessus de l’Amour des Nôtres, sont tous dans cette situation absurde et dérisoire. Ils sont les gardiens incorruptibles d’un domaine ouvert à tous les vents. Ils se sentent trahis par ce qui donnait un sens à leur existence. Il ne leur reste que des disciplines activistes, mais plus aucune raison valable de les entretenir. Les patriotes veulent se battre, mais les patries veulent crever.
Les anticorps au chômage
Pour le militant ordinaire, maîtriser son besoin de reconnaissance était déjà un boulot épuisant, ne serait-ce que du fait de la clandestinité relative qu’implique tout activisme radical. Il lui fallait accepter de se mobiliser sans garantie de résultats, sans manifestation claire des effets de son action dans la société civile. Or, voilà qu’en plus de l’hostilité ouverte des médiats, des mafias moralistes et des services de l’Etat, il doit se manger l’indifférence de ses compatriotes, voire leur franc mépris.
Il voit Monsieur Moyen se délecter de tout ce qu’il dénonçait, se vautrer dans la bourbe la plus vomitive, accepter stoïquement de se prosterner devant les nouveaux barbares, se couvrir la tête de cendre, maudire ses ancêtres et condamner ses descendants à mener une demi-vie d’errance entre bidonville et supermarché de luxe. Il voit sa sœur recruter le père de ses enfants dans la brousse et son frère faire son marché sexuel dans les rizières. Il voit tout ce qui insulte son identité banalisé, avalisé, officialisé par l’apathie soumise de ses semblables.
Et on voudrait qu’il reste un inconditionnel de son propre Clan ? Un soldat menant jusqu’au bout une mission de plus en plus délirante et illogique ? On espère qu’il ne songera pas à sauver son propre cul plutôt que tenter de restaurer la grandeur perdue de sa patrie et de secouer la léthargie volontaire de tant de ses semblables ? L’Europe est en pleine restructuration et elle commence le dégraissage par ceux qui s’y opposent le plus : ses anticorps. La plupart s’évanouissent dans le marécage général, reprenant un train de vie ordinaire.
Ceux qui ont réussi à se faire une place sur la scène du théâtre militant s’enkystent dans la rente militante et la défense de leurs navrants privilèges. Le reste des acteurs et des figurants se font submerger par la fureur paralysante des miliciens vendus à l’ennemi par leurs propres chefs. Ils rejoignent les rangs discrets des enfants perdus de la Zone Grise.
06:45 Publié dans Autopsie de la Dissidence | Lien permanent | Commentaires (0)
02/04/2007
INCIVILITES, MON CUL
Welcome to LavetteLand
Avec les récentes guignolades des djeunzes à la Gare du Nord, à Pawis, la délinquance des allogènes va rester au centre du discours réac et nationaliste pour encore un bout de temps. Sauf qu'elle n’est pas en cause directement dans notre principal problème, à savoir le coma profond de la civilisation européenne. Pas plus elle que la prétendue « montée » de la violence toutes ethnies confondues, qui inquiète tant de scribouillards, d’animateurs socio-inculturels ou de parents semi-absents.
Le problème, c’est que l’Europe meurt de vieillesse, d’ennui, de renoncement, comme une mégère qui a fait son temps et qui fait sous elle en se laissant abuser. Nous sommes devenus trop mous pour réagir aux problèmes graves et pour encaisser tranquillement des phénomènes sans réelle importance. Pas plus que le reste de l'échiquier politique, les fafs n’échappent pas à cette évolution. On s’offusque et on s’étrangle face à de la petite délinquance qui a toujours existé et existera toujours, et nous sommes paralysés face aux violences véritables et massives, mais qui prennent des formes autrement plus sournoises, plus tolérées par le leucoderme apprivoisé.
Une société jeune, saine et sûre de son bon droit peut tolérer les explosions d’une certaine jeunesse déboussolée, qu'elle soit d'ici ou d'ailleurs. Elle peut la laisser se faire et se passer, tout en se montrant sans pitié face à ceux qui n’en méritent aucune. Mais le continent est devenu incontinent, comme un vieux qui frissonne plus devant des punks inoffensifs que devant la racaille "hors-sol". En tant que collectivité, les incivilités nous terrorisent, mais la mort de tout civisme nous indiffère.
Qui parle encore de civisme, d’ailleurs ? Il n’est plus question que de « citoyenneté. » Encore un effort, pourrisseurs du langage ! Monsieur Moyen est prêt à accepter sans broncher des néologismes encore plus insultants de connerie. La Jacklangisation des esprits ne doit pas s’arrêter en si bon chemin. J’attends avec impatience le gauchiste qui proposera en premier de remplacer l’idée de « jeunes en rupture » par celle de « jeunes décitoyenniséEs », beaucoup plus sexy. A la réflexion, ça doit sûrement déjà exister mais je n'ai pas le courage d'éplucher la littérature collabo.
Les avortés post-partum
L’ensemble est symptomatique d’un univers d’où la jeunesse et l’agitation qui lui est propre sont bannies, parce que contre-productives, inutiles, non rentables. Tout au plus, les cyniques y verront un facteur créateur d’emploi dans les domaines de la sécurité, de l’animation socioculturelle et de l’encadrement pénitentiaire. Nous ne vivons donc pas seulement dans un Grand Hospice : il faut plutôt y voir un abominable hybride entre l’EMS, le supermarché et la prison. L’homme qui ne trouve sa place ni dans le premier ni dans le second est condamné à la troisième.
Une explication possible à ce fait ? La génération qui nous a pondu a refusé de vieillir sans pour autant renoncer à faire des gamins. Elle nous a volé notre jeunesse et nous a interdit de faire le quart des conneries qu’elle s’est permise il y a trente ans. En devenant gestionnaire de l’effondrement, elle a réalisé qu’une reproduction de ses mœurs les plus violemment organisées la réduirait à une « misère » comparable à celle de ses propres grands-parents – une régression dans l’échelle sociale qu’elle a refusé, en nous en faisant payer l’addition.
Ils sont restés Jeunes jusque dans la soixantaine, nous ont traités en partenaires économiques durant notre enfance, puis en moutards éternels une fois ados. Résultat, nous n’avons plus notre place ici-bas. Nous ne servons à rien si nous ne voulons pas d’une carrière de représentants, de parasites jet-set, de flics ou de racaillons. Notre quotidien oscille entre un besoin de révolte écrabouillé par une société qui n’a plus la force de l’encadrer (comme tant de parents « débordés » par des gosses « hyperactifs ») et une lassitude exténuée qui ne devrait être le propre que de nos vieux pondeurs.
"Kill all the white people... then we'll be free" (Type O Negative)
Eux et nous allons être balayés par les nouveaux colons, qui sont restés vigousses et qui n’acceptent pas ce formatage utilitaire. En un sens, c’est tant mieux. Si la vieillesse est un naufrage, le crépuscule des civilisations est un spectacle gerbatoire de renoncement et de reniement. Il y a des moments de honte qui ne passent pas vite du tout et qui laissent des traces profondes comme des entailles au rasoir. Si le changement de propriétaires de l’Europe est vraiment inéluctable, alors il serait préférable qu’il se fasse le plus rapidement possible, par égard pour nos siècles de gloire et de domination culturelle. On refermerait enfin le couvercle du cercueil sur les miasmes qu’il exhale depuis un demi-siècle et on passerait enfin à autre chose. Si on en croit ce que dégobille Jean-Louis Costes dans « Sous-Blanc », ça ne sera même pas forcément désagréable :
Et je m’allonge dans la boue sur les cadavres de ma famille
Et j’me laisse aller
Et j’me dis : Putain quelle détente
De plus être le chef paranoïaque !
Maintenant qu’j’suis esclave, j’suis tranquille
A eux d’se faire chier avec le pouvoir
Et à moi, putain, d’me laisser aller dans la fosse commune à rêver
A rien branler, à subir, à passer mon temps à m’plaindre et à injurier les maîtres (...)
Putain quand on était les Surhommes fallait toujours assurer
Fallait assurer comme des bêtes, merde
Fallait être les meilleurs à l’école
Fallait être les plus intelligents
Fallait être les meilleurs en karaté
Fallait faire les plus grosses bombes atomiques
Eh ben maint’nant on est tranquilles, c’est fini c’temps-là
Maintenant qu’on est des sous-hommes, des sous-blancs de merde
On est cools ! On a l’droit d’rien foutre !
On s’fout au RMI dans la banlieue nord de Paris
Et putain on branle rien d’la journée devant la télé
Et maintenant c’est aux nègres de trimer pour nous!
C’est à la petite bourgeoisie Noire de payer pour ces Rmistes Blancs !
15:35 Publié dans Autopsie de la Dissidence | Lien permanent | Commentaires (0)
30/03/2007
DJ DOUDOU feat. MC RABBI JACOB - LE MEGAMIX
Qu'est-ce qu'on se prend dans la gueule, ces jours-ci ! Un vrai régal ! Un festival de baffes, mieux que dans Astérix et les films de Bud Spencer ! Il y a quelques jours, c'était l'ami Doudou qui nous éclairait sur la "dynamique raciste" de la Suisse et "l'instrumentalisation" des peurs par l'Union Démocratique des Mangeurs d'Enfants Sans-Papier. Ce vendredi, c'est la Tribune de Kalvingrad qui nous révèle qu'un Suisse sur dix est rien moins qu'antisémite. Enfin sur 1030 sondés ça nous fait une petite centaine de mauvais citoyens, mais ne chipotons pas : marge d'erreur, méthode des quotas, tout cela est très sérieux et très scientifique. On ne s'attardera pas non plus sur le fait que "72% à penser qu'il n'y a pas d'influence juive sur les événements en Suisse", ce ne sont pas les bonnes nouvelles qui importent. La Suisse héberge des judéophobes et des anti-noirs, minoritaires ou pas, et c'est tout ce qui compte.
Pourquoi ne pas battre le fer tant qu'il rougoie encore si bellement ? Et si on se lançait dans une grande Mea CulParade ? Si on crevait enfin tous les abcès une fois pour toute ? C'est le printemps, merde ! L'époque des grands nettoyages ! Encore un effort, Helvètes de mes deux, si vous voulez être Citoyens du Monde ! J'empoigne mon baromètre social, mon meilleur stylo et je m'en vais te le sonder, moi, cet immeuble où je crêche et qui doit bien abriter au moins trois familles de gros fafs ! Résultats de mon enquête :
La Suisse est puritaine
Ma concierge avoue qu'elle aurait quelques crispations en apprenant que sa cadette se fait défoncer la rondelle par tout le quartier sur YouTube. Opinion rétrograde partagée par le quart des sondés (les trois quarts ne sont pas là l'après-midi, ne parlent pas le français ou refusent de m'ouvrir leur porte depuis qu'ils entendent du Slayer jour et nuit dans mon salon - marge d'erreur 3%), ce qui nous donne le chiffre effrayant de 25% de coincés sur le territoire national. L'industrie la plus rentable du web est menacée par cette vague de puritanisme. Sale mentalité protestante, va !
La Suisse est homophobe
Sous le couvert de l'anonymat, une écrasante majorité des sondés murmure qu'elle n'a pas protesté, le 23 février dernier, lorsque le Comité de la Lesbian & Gay Pride a décidé d'annuler ses festivités citoyennes à Fribourg l'été prochain. Le silence face à cette résignation apeurée est un aveu de complicité. A remarquer en plus que si les fenêtres se sont couvertes de drapeaux portugais, espagnols, italiens, voire suisses (le nationalisme de triste mémoire n'est jamais loin), à aucun jour de l'année un drapeau arc-en-ciel n'a été déployé chez aucun habitant. Nouvelle preuve de la haine sexuelle par omission.
La Suisse est misogyne
Le monsieur du troisième me fait goûter un marc distillé dans la région, qui déchire l'oesophage et convaincra tout mécréant que Dieu est un pochtron qui s'assume. "Un alcool d'homme", ricane l'odieux personnage en nous resservant une tournée.
14:55 Publié dans Chez les boniches de la Zone Grise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Lâchez-nous la grappe, sondeurs escrocs, Mea Culparade
29/03/2007
LA NAUSEE, MAIS PAS CELLE DE SARTRE
Le monde moderne provoque en celui qui l’observe une nausée bien différente de celle dont parlait Sartre en son temps. L’hideux stalinien résumait par ce terme l’élan frustré du militant, angoissé par le poids de sa mission historique. Celle que nous éprouvons se rapproche bien plus d’un véritable haut-le-cœur que d’un dépassement face à l’ampleur de la tâche révolutionnaire.
Conquérir notre place en ce monde et le façonner à notre image n’est plus à l’ordre du jour. La saleté, la décadence et la corruption ont atteint de tels sommets que l’évidence qui s’impose est toute autre – nous n’y avons tout simplement plus rien à y faire. La trouille paralysante qui nous envahit est celle du kamikaze confronté à l’imminence de sa propre mort, alors que ses généraux ont déjà signé l’armistice.
Tout ce que nous pouvons accomplir de salutaire pour l’Europe est tenter de saccager la décharge à ciel ouvert qu’elle est devenue. Y construire quoique ce soit n’a plus aucun sens, à moins d’accepter par avance l’échec et l’avortement. Le mot n’est pas trop fort, puisqu’il s’agit bien de nos mouflets avant tout. Donner naissance à des trisomiques ou des imbéciles irrécupérables est sans doute une bénédiction à l’heure actuelle : des enfants viables, autonomes, forts et lucides ne trouveront ici-bas que la désolation sociale, la misère spirituelle et une excellente raison par jour de boucler la ceinture d’explosifs. Nos descendants n’auront le choix qu’entre le statut de victime et celui de bombe humaine, avec la garantie qu’une atroce majorité n’aura ni le courage ni la décence de choisir la seule option honorable.
Ils vivront dans un monde où avoir deux parents vivant ensemble sera une bizarrerie, où les mères célibataires seront la norme et où avoir deux pères ou deux mères devra être considéré comme normal sous peine de poursuites. Ils seront familiers des viols en réunion avec filmage sur téléphone bien avant leur première relation consentante. Ils traverseront des rues où la jeunesse autochtone sera composée exclusivement de dread-loqueteux, d’androgynes pop-goths, de salopes revendiquant fièrement ce titre et de blaireaux à poubelles tunées. L’école leur apprendra à devenir des lopettes consuméristes et xénolâtres. Leurs ambitions se cantonneront à construire des cybercafés au Burkina, à faire une courte carrière dans la musique d’ascenseur, à revendre de la came à leurs prétendus potes ou à louer leur cul à l’empire ultralibéral.
Selon qu’ils se croiront de gauche ou de droite, ils se mettront au service des délocalisateurs d’entreprises ou des propagandistes du Lumpen. Leur univers se limitera toujours plus à des banlieues sordides, des mégapoles irrespirables, du bordel multiethnique sans âme, de la stupidité joyeusement assumée.
L’avènement de ce monde épouvantable n’est pas qu’une question de volonté, d’engagement, de résistance. Nous savons TOUS très bien que malgré tous nos efforts, c’est cette sale gueule-là que notre avenir aura. Même les plus optimistes d’entre nous, les plus hystériquement auto-endoctrinés, savent et sentent parfaitement que nous devrons ramper dans ce gigantesque collecteur d’égouts pendant des décennies. Même en admettant qu’une Révolution intégrale soit possible et qu’elle se produise durant notre courte vie, nous savons et sentons tous parfaitement que nous allons nous manger des hectolitres de chiasse avant que le moindre séisme politique et social se présente. Personne ne peut sincèrement s’en réjouir. Et pourtant il y en a pour sabler le Rimuss, déjà tout réjouis en reniflant le parfum des ruines à venir.
Ecoutez-les, ces prétendus pragmatiques, ces arrivistes refroidis, ces massacreurs encore embryonnaires, qui vous expliquent que ce n’est qu’une question de patience ! Comme quoi « quand les caddies seront vides », on va voir ce qu’on va voir. Comme quoi Monsieur Moyen se bougera le cul quand ledit cul sera si maigre que s’asseoir sur un banc lui fera mal. Comme quoi nos semblables finiront fatalement par se révolter à force de voir leurs fils rackettés, leurs filles violées une fois par semaines dans les caves du quartier, leurs parents insultés et molestés par les plus odieux bipèdes que l’enfer sous-développé ait jamais chié.
Ecoutez-les et voyez comme s’allume dans leurs yeux cette sale petite lumière sadique. Voyez leur confiance absolue dans leur capacité de survivre aux pires scenarii Mad Max, leur impatience d’arriver enfin au Grand Chaos, leurs mains qui se crispent déjà sur un fusil imaginaire. C’est que eux, n’est-ce pas, on ne la leur fait pas ! C’est qu’ils sont déjà des guerriers urbains accomplis, ma p’tite dame ! C’est que eux, ils n’auraient aucun problème à survivre à Bagdad ou à Kaboul ! Des bêtes de concours ! Des pitbulls qui marchent sur leurs pattes arrière ! Du vrai de vrai, du Viking contemporain !
Eux ne souffriront pas de tout ce merdier, que non. Ils seront bien à l’abri, indestructibles, inatteignables ! Leurs gamines ? Championnes de K1 à quatorze ans, et à l’écart de toute mauvaise fréquentation, même à l’école primaire ! Leurs parents ? Planqués à la campagne, dans un camp retranché où personne ne viendra les faire chier ! Le Grand Chaos, bien accommodant, il ne frappera que Les Autres, les lâches et les traîtres, les bobos et les bolchos, les déracinés urbains, toute la lie du peuple qui ne se sera pas rallié à leur blanc panache ! C’est comme ça, l’Histoire est magnanime, les Dieux sont avec nous, la Fortune sourit aux audacieux, et on n’aura que le boulot le plus agréable, à savoir l’épuration décontractée des saligauds miraculeusement rescapés de l’effondrement général.
Ce que de tels fantasmes traduisent, c’est une mentalité de charognards, de détrousseurs de cadavres, de profiteurs de charnier. Et ça se permet de faire la morale aux cannibales marxistes qui décimaient les populations au nom de la Liberté du Peuple. Allez vous poser des colles, après ça, sur le fait que tant de nos semblables nous considèrent comme des illuminés, porteurs d’aucun projet de société viable. Notre acharnement à leur donner d’aussi excellentes raisons de le penser a quelque chose de fascinant.
11:50 Publié dans Marées Noires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Sartre est beau, bombe humaine, parfum des ruines, fantasmes de nécrophages
28/03/2007
LE ROCK EST MORT
R&F : Y a-t-il une pensée politique derrière le livre (1)?
Benoit Sabatier : La pensée politique part de ce paradoxe : je suis pour l'avènement d'un monde rock'n'roll. Il a eu lieu mais c'est plutôt le cauchemar. On voit Nagui à la télé : "Waow ! Trop rock'n'roll, j'ai invité le dernier groupe de rock trop bien, Coldplay.". C'est une catastrophe, il y a eu dégénérescence. Il y a 25 ans, le journal Libération faisait deux pages sur Alan Vega, il consacre à présent la même place à Carla Bruni. Dans cette histoire de la culture jeune, ça m'a intéressé de montrer que la politique ne vient pas de là où on s'y attend. Un personnage apolitique comme Ray Davies a une portée infiniment plus subversive que Bertrand Cantat. Kurt Cobain avait beaucoup plus de poids que Rage Against The Machine. (...)
Personnellement je trouve que la culture jeune, aujourd'hui, l'esprit "Brice de Nice", les gens de la mode qui n'ont que le mot rock'n'roll à la bouche, les baby-boomers qui pensent être dans le coup parce qu'ils écoutent leur iPod, c'est l'apocalypse. Christopher Lasch, Serge Daney et Lester Bangs avaient raison : l'angélisme du cool, c'est un cauchemar.
Rock & Folk, mars 2007, page 22-23.
(1) Benoît Sabatier, Nous sommes jeunes, nous sommes fiers - La Culture jeune d'Elvis à Myspace, Hachette.
13:35 Publié dans Marées Noires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Rockiat in Pacem, Saint Kurt, angélisme cool
LE CANCER MILITANT - PREMIER EXTRAIT
Dans la série Deux minutes de lucidité collective par jour :
Alain Fleig, "Lutte de con et piège à classe", Penser/Stock 2, 1977
Le cancer militant, comme la bourgeoisie dont il est un avatar rationaliste et moralisateur, n’aura cesse d’avoir tout dégradé, d’avoir tout falsifié, tout détourné. Seulement, le bonheur, ça ne se contente pas de signes. Tu peux en accumuler tous les symptômes. Bernique ! Tu seras encore plus malheureux. C’est comme la peinture, tout le monde peut bien barbouiller mais il n’empêche qu’on est doué ou pas. Un certain Pascal (Blaise) appelait ça la Grâce , hé hé ! pourquoi pas et si la révolution (la vraie) c’était aussi une forme de grâce ? S’il y avait des doués pour et des pas doués ? (...) Tous ces jeunes gens qui entrent en politique avec leurs angoisses sous le bras se foutent complètement dedans en imaginant que le groupe va se charger de leurs petits problèmes et les résoudre. Les autres ne peuvent rien pour nous, il faut avoir le courage de le dire une bonne fois. Ce que peut le groupe, c’est simplement coller un masque sur ton problème. (...) Ça t’exclut de toi-même en te donnant mauvaise conscience : il y a tellement plus malheureux que toi (le malheur quantifié) ça ne peut que te renvoyer ta propre image que tu représentes très vite en rôle. Milite ! Tu oublieras tes problèmes. Tu n’auras pas le temps d’y penser, d’ailleurs c’est une certitude : la solution est au bout du combat comme le pouvoir au bout du fusil. Si tu te sens seul dans ce monde agressif, viens chez nous il y a du feu, on refera le monde autour de la table, on est bien entre nous.
C’est le genre de rapport affectif démultiplié qui sévissait au début des fronts. Ça baignait dans la pseudo-tendresse, « chouette copain, chouette copine » ; « la révolution par le fait d’amour immodéré », on est tous beaux, on est tous gentils, on porte en nous la flamme de la révolution. Debout les damnés de la terre ! Tout le monde il va s’aimer, vous allez voir ce que vous allez voir. Un bide ! La chaleur elle est en toi ou elle n’est pas. La grande famille elle est glacée comme n’importe quelle structure. Ce que tu attends des autres ne peut être qu’en toi et ce que tu peux faire de mieux pour les autres, cher petit curé, c’est ce que tu peux faire de mieux pour toi.
Un peu de lucidité et d’ironie, que diable ! Cessons de nous complaire aux images d’Epinal. Cessons de répéter sempiternellement les mêmes rôles : le militant exhibant son prétendu savoir rouillé (rouilles encagées !) sa bonne conscience de curé, son obsession du petit chef, son obsession d’agir, sa volonté de jouissance trafiquée en volonté de pouvoir (il faut bien faire semblant d’avoir sur l’extérieur le pouvoir qu’on n’a pas sur soi-même), son éternelle hantise de ne pas être à la hauteur, d’être un bizut dans la hiérarchie de la marchandise révolution (...) qui se transforme en une frime quotidienne, frime du langage, frime du roulage d’épaule, frime de la défonce, chacun son petit personnage.
La volonté de paraître reflète le vide de l’existence. Survivre dans une peau d’emprunt parce qu’on n’arrive pas à vivre dans la sienne, c’est l’expropriation suprême. L’homme image, l’homme marxisé c’est l’individu exproprié de lui-même.
Vivre en squatter sur un groupe, ou une idéologie, se rassurer d’imaginaire, tout cela n’est qu’image de la consommation de rapports humains, consommation de sollicitude et de chaleur, signes extérieurs de la non-solitude, de la reconnaissance par les autres de ton petit personnage, de ta petite place dans le système, c’est au bout du compte subir le despotisme le plus violent, celui de l’anéantissement volontaire de l’individu, la terreur intériorisée.
Il n’y a rien à attendre de personne, flic, député, groupe, parti, famille, robot, idéologie, rien ne peut prendre en main ton destin à ta place. La seule aide qu’on puisse apporter aux autres, c’est d’être soi-même un individu responsable (de soi) et lucide, de refuser les recours et les rôles, les valeurs et les limites. Aucun groupe, aucun « isme » ne détient la « vérité », puisque chaque « isme » est représentation. (...)
L’activité militante ça a pour fonction sociale d’user l’énergie du désir refoulé, de la faire dépenser sans risque pour l’ordre établi, l’ordre de l’imaginaire. En ce sens le militantisme est le stade suprême de l’aliénation, un attrape-con génial qui retourne contre toi ta propre force, ta propre remise en question. Tu t’imagines prendre la parole alors qu’il s’agit en réalité de la confiscation de ta révolte et de ton cri par l’économie politique puisque celui qui résiste ne sait en fait contre quoi il résiste, celui qui conteste ne sais réellement contre quoi il conteste, bien qu’il soit évidemment persuadé du contraire par le discours scientifique, le code auquel il adhère aveuglément. Code d’autant plus efficace qu’il se nourrit de ce qu’il y a de plus authentique en chacun de nous : notre révolte.
Le militant est détenteur de la parole aliénée il est détenteur du « savoir absolu », il sait ce qu’il fait il sait où il va. Tout refus, tout instinct populaire, toute révolte si elle n’est nommée, si quelqu’un ne lui fixe pas un but, n’est qu’une chanson. Si dans ta révolte présente ça n’est pas l’ordre futur, l’Etat à venir qui parle tu es traître à ta classe, tu n’est qu’anarchiste, ou petit-bourgeois, l’ennemi à abattre. Le but seul importe : la prise de pouvoir. Rien au fond n’a changé depuis les jésuites, ça continue à fonctionner exactement sur le même mode : dans l’autorité du savoir, l’important c’est l’autorité, c’est l’efficacité du discours.
00:45 Publié dans Autopsie de la Dissidence | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Thérapie militante, engagez-vous qu'ils disaient, malheur quantifié
27/03/2007
VA FALLOIR QU'ON M'EXPLIQUE
Il paraît que cette banderole, déployée lors d'une partie de balle-au-pied entre mercenaires hexagonaux et joueurs lithuaniens, est "raciste". Brèves De Foot confirme que le terme est justifié. Ca choque beaucoup de monde. On murmure même que ne pas être choqué pourrait être un signe extérieur de complicité avec... euh ?
...les terroristes ? Non, pas de bombes.
...les agresseurs ? Non, pas de victimes.
...les militants du Front National ? Non, pas de slogans politiques. Merde. Ca se complique.
... enfin disons de complicité avec les mauvais citoyens responsables de cet acte pas très black-friendly. Voilà.
Peindre l'Afrique aux couleurs de la République Française ? Je sais pas, mais étant donné que le français est parlé dans vingt-cinq pays de ce continent, ça pourrait être pris comme un hommage légitime. De nombreux pays africains sont également des Démocraties, ce qui fait une deuxième raison de les lier ainsi à la Patrie des Droits de l'Homme (amis machistes, dites "Droits Humains", vous marquerez des points avec les féminystériques.) Mais laissons ces broutilles et reportons-nous à ce monument de littérature populaire bien connu : le programme télé de la semaine.
On y lit que ce soir mardi 27 mars, nous aurons droit à un Théma spécial : "2030, le big band démographique." Au menu :
Dans 25 ans, la planète abritera huit milliards d'êtres humains. Cette explosion démographique va bouleverser la carte du monde : les migrants du sud et d'Asie pourraient devenir essentiels à la survie d'une Europe vieillissante. Experts et reportages brossent un état des lieux de la situation.
Les chenapans à l'origine de ce happening pictural n'avaient donc aucune mauvaise intention derrière la tête. Bien au contraire, ils ont compris que la Vieille Europe, crevant sous le poids de ses riches, gras et cyniques Seniors, ne pourra pas se passer de l'apport du sang neuf, vigoureux et créatif de l'autre bord de la Méditerranée. Cette banderole était leur manière candide, innocente et touchante, de déclarer que tous ceux qui ne sont pas encore "chez nous" y sont déjà considérés comme "chez eux." C'est noble, courageux, progressiste.
Liutauras Varanvicius, Président de la fédération lituanienne, a promis des sanctions exemplaires. Amis démocrates et footeux, vous DEVEZ intervenir et lui expliquer qu'il y a un horrible malentendu. Bien loin de devoir être punis, les supporters facétieux devraient tous recevoir gratuitement un bracelet Stand Up Speak Up. Tant il est vrai qu'effectivement, contrairement à d'autres, ils se sont levés et ont ouvert leur gueule pour saluer le brillant avenir qui nous attend.
19:05 Publié dans Marées Noires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Les hooligans sont des vilains, Bienvenue en Europe, tragique méprise
DJ DOUDOU REPREZENT EN FORCE
La police suisse est fasciste. Les Africains de Suisse ont peur. L’UDC propage des idées racistes. Le gouvernement helvète traite le problème avec négligence. Il faut agir, et vite, parce que c’est un problème très grave. Comment ? En lançant un débat démocratique, en construisant un véritable multiculturalisme et en passant des lois strictes.
Celui qui dit cela n’est pas un obscur délégué de classe de second cycle. Ce n’est pas non plus un conseiller communal de centre-gauche après un coup de blanc superflu. C’est un « expert indépendant », payé par l’Organisation des Nations Unies, et qui s’est longuement baladé en Suisse avant de pondre vingt pauvres pages d’un rapport sur le sujet. Avec le paragraphe ci-dessus, vous vous épargnez bien vingt minutes de lecture fastidieuse, de verbiage insane et de réinvention de l’eau froide. C’est tout ça de plus à consacrer à des activités plus intelligentes et constructives, comme s’épiler les orteils ou compter les trains.
Monsieur Doudou Diène (on ne ricane pas, c’est vraiment son nom) n’a pourtant pas l’air d’être un farceur. Est-ce son fort élégant costume ? Sa calvitie raffinée de basketteur professionnel ? Quelque chose en lui inspire un respect instinctif, un peu comme on fait attention à ne pas marcher sur les pieds d’un aveugle ou à ne pas trop bousculer un vieux cardiaque. Seulement, quand il ouvre la bouche, ça ne va plus du tout. La façade de respectabilité s’effondre et, là où on croyait avoir un successeur de Senghor plein de dignité, on trouve un figurant pour clip de la Compagnie Créole.
Monsieur Diène ne se contente pas d’exposer la honte du régime d’Apartheid suisse. Il nous offre en plus plein de belles recommandations, qui se déclinent en de multiples « axes ». Et comme il colle aux tendances les plus hot, il nous les propose en slam, pas moins ! Pensez à installer RealPlayer pour savourer ce moment intense de poésie de la rue (cliquez sur "Les recommandations de Doudou Diène", dans la rubrique Audio à droite ; le lien direct ne fonctionne évidemment pas).
Evidemment, le numéro n’est pas encore tout à fait au point. Le stand-up est intéressant mais trop imprécis, trop brouillon ; il y a par exemple un gros effort à faire au niveau de l’articulation (on prononce « société », pas « sosté » ou « socié »). Et puis le sketch part un peu dans tous les sens. Pas sûr que ça cartonne au Chamelle Qu’on Médit Club.
On ne peut pas savoir tout faire. A la limite, DJ Doudou pourrait se contenter d’écrire les textes et les faire interpréter par d’autres ? Une carrière moins éclatante, loin des feux de la rampe et des adolescentes hystériques qui réclament des autographes sur le bas-ventre, certes… Mais bon, certains chanteurs n’ont été grands que parce qu’ils avaient d’excellents paroliers, et bien des dessinateurs n’auraient jamais percé sans un scénariste talentueux. L’art a ainsi besoin d’ouvriers de l’ombre, patients, méticuleux et désintéressés.
Aussi, nous recommandons à monsieur le Rapporteur spécial de continuer à nous amuser par son verbe déstructuré et ses trouvailles dadaïstes, mais de faire dorénavant déclamer ses productions par Michel Leeb ou par la doublure francophone d’Eddy Murphy. Leur diction est plus assurée, leur expérience plus grande et leur caricature de l’indigène beaucoup plus drôle que votre rôle de composition.
Comique, c’est un métier qui ne s’improvise pas.
01:20 Publié dans Chez les boniches de la Zone Grise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Doudou tais-toi, ONU grotesque, humoir noir
26/03/2007
DEDICACE CELINIENNE AUX NOCTAMBULES
<< L'insomnie légère ou tenace des intellectuels, l'insomnie essentielle, ne se présente pas tout à fait comme celle des autres sujets, des "manuels" par exemple. Le plus souvent, les intellectuels semblent prendre un certain goût pervers pour leur insomnie, il entre dans leur cas une forte participation de masochisme, de narcissisme... et pour tout dire de littérature consciente ou inconsciente. Ils finissent par n'aimer point qu'on leur reprenne leur insomnie. Ils veulent bien la soigner, certes, mais ils ne veulent pas tout à fait en guérir. D'ailleurs, en général, et moins que tout autre, l'intellectuel ne veut perdre la moindre chose de ce qui est lui-même, de sa chère signature, de son nom chéri, sa merveilleuse personnalité, et même son affreuse insomnie !
Ne point croire cependant que la souffrance de ne pas dormir est dans son cas feinte ou dérisoire! Nullement ! Mais il est ainsi fait l'intellectuel, ce malheureux, que tout ce qui lui arrive est l'occasion d'une rumination mentale plus ou moins formidable. Il n'en sort plus et ce qui est plus grave, il préfère, atrocement, n'en pas sortir ! Le voilà donc gentil et bien équipé par ces insomnies que nous voyons, devenues entièrement angoisses et terriblement conscientes, durer parfois toute une vie !...
A ce moment plus on l'imbibera d'hypnotiques, plus il s'acharnera à rechercher son insomnie à travers l'Hypnotique pour la préserver, "abominable et merveilleuse torture", de toute atténuation. Triomphal, il vous arrivera le lendemain du cachet, blème, tiré, suicidaire : "J'en ai pris deux, Docteur, et je n'ai pu fermer l'oeil! " C'est qu'il a vaincu l'Hypnotique ! Il a sauvé sa torture ! C'est un vicieux d'angoisse. Intellectuel = masochiste. Ne lui donnez pas de raison d'être malheureux en le traitant par des Hypnotiques ordinaires. Il les aime trop ses malheurs. Il les préfère en vérité à tout le reste de sa vie. L'intellectuel s'entraîne aux insomnies à coup d'Hypnotiques. Il arrive à la fin à retrouver son insomnie à travers n'importe quel barbiturique. (...) >>
Louis-Ferdinand Destouches, manuscrit inédit de février 1932, Hors-Série n°4 de Magazine Littéraire, 2002, page 51.
02:40 Publié dans Marées Noires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Céline a tout compris, insomnies masochistes, enfermez les intellos
DISCRIMINATION SANS FRONTIERES
La démocratie, c'est quand même une bien belle chose. C'est le régime anti-privilèges par excellence. Egalitarisme à tous les étages ! Chacun a droit à la même portion de soupe ! Finis les prérogatives de classe, les rôles obligatoires, les rangs à tenir, les fonctions et avantages réservés à certaines élites méprisantes ! Tout se "démocratise" - même la Bête Immonde.
Eh ouais, ce n'est plus seulement un truc de Blancs. Pas de raison qu'on garde ça pour nous autres Occidentaux égoïstes, après tout ! On savait déjà, depuis Dieudonné, qu'il existe des antisémites Africains. On savait aussi, avec Ahmadinejad, qu'il existe des "nazislamistes" qui veulent balancer des missiles sur Israël et qui ne rient pas aux sketches d'Elie Semoun. Tandis que le racisme pur jus, la bonne grosse Peur-de-la-Différence, c'est, comment dire ? Différent, justement. On pensait quand même que les Visages Pâles avaient quelques longueurs d'avance en la matière, sans concurrents sérieux face à des siècles d'expérience dans le domaine. On s'est gourrés. C'est le Bondy Blog qui nous dévoile ce scoop le 23 mars dernier:
[Comment des personnes d’origine étrangère peuvent-elles être racistes envers d’autres sur le territoire français ? Il est vrai qu’avec la France, les Chinois, ou plus généralement les asiatiques, ont une histoire moins importante que les Algériens, les noirs Africains, les juifs… C’est peut-être pour cela qu’ils se donnent le droit de se moquer de nous. Seulement, moi, quand je vois à la télévision des gens d’origine africaine se plaindre de racisme, je voudrais leur dire ceci : « Arrêtez de vous plaindre, si déjà vous arrêtiez de rire de nous, d’être racistes envers nous, et essayiez de nous respecter pour ce que nous sommes, alors peut-être que votre colère serait plus légitime »]
Purée de merde ! C'en est pas une, ça, de belle preuve d'intégration ? Les Nouveaux Français sont tellement Français qu'ils se comportent comme le Beauf' de Cabu ! Superbe assimilation ! On est presque au niveau du mimétisme ! Encore un effort et Zebda sortira une version raï de Maréchal Nous Voilà ! Ah, voir Jamel Debbouze crâne rasé en train de tendre le bras, quel fantasme ! Quel aboutissement ! Quelle communion nationale !
C'est sans doute un peu vache de railler comme ça l'innocence perdue de notre pauvre bondyblogueuse. Ca doit faire un choc, quand on se rend compte que la solidarité entre Victimes du Racisme Européen est, elle aussi, largement sous-développée. Ca doit angoisser pour l'avenir. Lutter contre l'extrême droite et l'intolérance, c'était une putain de bonne idée Citoyenne, quand même. Trouvez-moi une plus belle façon de dépasser les différences et de synergiser les cultures du monde ! Tous unis contre la sarkolepenblocherhaiderisation des esprits ! On aurait pu continuer comme ça pendant des lustres et recycler ad aeternam le sublime mot d'ordre de Jean-Sol Partre : "abattre un Européen, c’est faire d’une pierre deux coups, supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé : restent un homme mort et un homme libre." La cible était claire, nette, indubitable. Un rêve de sniper paresseux.
Mais voilà, le Ventre Fécond nous a encore pondu un oeuf, et en plein dans les rangs de ses ennemis en plus, la garce ! On ne sait toujours pas comment, mais la Bête a trouvé le moyen de donner la haine des Etrangers... aux Etrangers eux-mêmes ! Plus sournois tu crèves ! Le facho n'est plus seulement flic, pilier de bistrot ou blanchette ordinaire : il est partout, sous les traits les plus inattendus. Personne n'est à l'abri.
Et paf ! un privilège de moins ! L'extrême prudence du langage, le soin maniaque des attitudes vis-à-vis de l'Autre, l'obsession de la justification antiraciste, toutes ces prérogatives des Faces-de-Craie sont en voie de démocratisation totale ! Voici venir la grande fraternité mondiale, où chacun est lié à son voisin par la peur de le choquer et qu'il nous foute un procès au cul. Un nouvel ordre mondial sous l'égide de l'Organisation des Angoisses Unies !
Oh bien sûr la donne ne changera pas de suite. Les habitudes ont la vie dure et l'épouvantail du bonehead à batte cloutée est loin d'être passé de mode. Mais il commence à flotter dans l'air un ravissant parfum de corruption, de désagrégation, d'effritement des évidences et des clichés pratiques. La bonne humeur United Colours et le joyeux Touche pas à mon Pote ont pris un sacré coup de vieux. Non seulement ledit Pote est peut-être un abominable salopard qui se gausse des Chinois, mais en plus vous avez déjà essayé de mélanger toutes les couleurs sur une palette ? Ca donne un brun qui rappelle certaines chemises de triste mémoire.
Ca doit être un signe.
02:10 Publié dans Chez les boniches de la Zone Grise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Egalitarisme de mes couilles, racisme démocratisé, Blondy Bogs