14/11/2007
CA Y EST... C'EST TOI LE VIEUX MAINTENANT
Cours d'anglais, lundi soir. La gamine doit avoir quatorze ans, guère plus. Du métal plein les gencives, pas très dégourdie mais gentille. Un retard conséquent à rattraper. Déjà qu'en français c'est pas jojo... Une peine à retenir des mots simples, des tournures de phrases élémentaires.
Je tente de proposer des trucs mnémotechniques qui me semblent simples et universels. Yesterday, par exemple, ça ne veut pas rentrer. Je suggère de penser au Beatles et à la chanson du même nom. On m'a amplement fait chier avec ça en classe, ça ne doit pas avoir beaucoup changé depuis. Eh bien si, ça a changé, la môme ne voit même pas de quoi je veux parler. En même temps, combien de mes contemporains connaissent vraiment ? Passons.
La différence entre to, two, et too, là aussi c'est pas évident à faire comprendre. Peut-être qu'une référence à Bono et sa bande de bouffeurs de patates ? U2, ça lui dit quelque chose ? Non. Point connoistre.
C'est officiel. Je suis déjà un vieux con. L'avantage, c'est que j'ai pris le coup de râler en permanence depuis quelques années. Je peux continuer comme ça sans surprendre l'entourage. Ca fait penser à Brel... "Quand je serai vieux, je serai insupportable..."
Faudra que je lui parle de Brel, à la gosse. Ca lui donnera l'impression de bosser ses cours de préhistoire.
18:09 Publié dans De quoi j'me merde ? | Lien permanent | Commentaires (2)
13/11/2007
MOZLEM BAD, JEW GOOD
Oui, on peut être sioniste, islamophobe, impérialiste yanqui - et relativement rigolo. Dans des milieux d'ordinaire sinistres à crever, c'est suffisamment rare pour être noté. (Merci à Tyler l'Ancien pour le lien).
17:13 Publié dans De quoi j'me merde ? | Lien permanent | Commentaires (0)
10/11/2007
AMIS IMAGINAIRES
Des offres d’emploi à poster. Je ne vote plus depuis dix ans, je n’entre que dans les églises qui méritent la visite point de vue architectural, mais je continue à jouer au boomerang avec mon CV. Espoir, quand tu nous tiens… L'averse a en plus fait tomber une bonne cargaison de feuilles. Le bitume trempé plus ça, bonjour la cassée de gueule si j'y vais en vélo ou en bécane. Nous marcherons donc.
En chemin je croise moult amis imaginaires.
Il y a d'abord cette blonde à cheveux courts, coupe vaguement sixties, qui me contemple vautrée sur un comptoir. L'affiche me dit que son point commun avec moi, c'est « la passion pour notre métier. » Voyez-vous c’la. Cri de guerre de l’entreprise, en-bas à droite en tout petit : « ça crée des liens ».Ca met en confiance. C’est doux et chaud. Je sens qu’on aurait pu super bien s’entendre, elle et moi. Mais je dois poursuivre ma route. Tant pis pour toi, la belle. Dans une autre vie, peut-être ?
Pas d’autres clients à part moi dans la salle. Pas besoin de se faire chier à contempler, vaguement incrédule, les montagnes d’objets qui n’ont rien à foutre dans une poste. Bédés sous-humoristiques, guides astrologiques, soudokous, arsenal de plumier, recettes de cuisine spécial ventre concave, jouets… Il y a aussi un endroit à louer. Peut-être un mètre carré. Un panneau nous illustre l’affaire. On y voit une brunette accorte, qui propose du fromage d’alpage aux clients jeunes et dynamiques d’un quartier qu’on imagine riant, ouvert, multiculturel et si proche des traditions paysannes pourtant. Personne n’occupe ces quelques dalles. Dommage, un bout de gommeux aurait été bienvenu.
En sortant, un autre panneau, frappé d’un grand cœur rouge. Un message de mon amie la Poste , pour me dire qu’elle se casse le fion pour que je me sente bien chez elle. Je suis important. Je suis spécial. Je suis la raison pour laquelle elle se lève plein d’entrain le matin, toute empressée de tremper ses petits bras dans de larges bassines de missives à destination de n’importe où. Alors elle me dit « Merci de tout ». C’est touchant, cette syntaxe qui sent bon la campagne zurichoise typique. Je vais fondre, vraiment.
Plus tard. Des courses à faire. Il faut s’arrêter pour faire le plein. Encore des amis imaginaires, par flopées, qui montrent l’exemple d’une existence comblée, joyeuse, pacifiée. « C’est bon de s’arrêter », proclame une bourgeoise empoignant un sandouitche comme une bourgeoise examine un gode à billes. « Régalez-vous ! », exhorte une maigrichonne au regard vide, la bouche pleine d’un machin qu’on présume chocolaté. « Bienvenue », me souhaite une blonde avec un vague air de Jennifer Aniston de parking, en uniforme rouge. Une autre encore, peut-être la goinfre de tout à l’heure, me rappelle qu’on n’est « jamais trop prudents », façon de m’inciter à vérifier mon niveau d’huile.
Ça fout le vertige, tant d’attention et de délicatesse. On a l’impression de barboter délicieusement dans une pataugeoire pleine de sirop de grenadine.
15:45 Publié dans La Zone Grise | Lien permanent | Commentaires (2)
VOLONTE ET CAPACITE DE NUISANCE
Dans la série "On ne se trompe pas d'ennemi prioritaire", on lira avec profit une analyse lapidaire autant que salutaire du dénommé Pan, compatriote inconnu, comme quoi on n'est pas un si petit pays que ça.
00:10 | Lien permanent | Commentaires (1)
08/11/2007
GENERATION NUCLEAIRE
Suite à la fusillade de Tuusula, L'American Underground Nihilist Society (Elu Meilleur Acronyme de l'Année par des consomm'acteurs) publie une petite analyse dans une perspective, eh bien, nihiliste. Un texte volontiers outrancier, avec des simplifications à la pioche, où la provoc’ pure valse avec un bel amoralisme. Dans l’ensemble, ça ne pisse pas très loin et c’est pratiquement une apologie de la violence eugéniste. Le texte a toutefois le mérite de poser quelques questions sociologiques auxquelles l’Occident aurait dû répondre, ce dernier quart de siècle, s’il avait eu quelque chose à foutre de survivre en tant que civilisation. J'en publie une trado perso, que les curieux trouveront en bas de ce post.
Le slogan « C’est la faute à la société » a été systématiquement été braillé par les défenseurs des parasites auxquels s’en prend l’auteur, qui fonde pourtant son argumentation sur ce même argument. Les réjouissances des Banlieues Coloniales d’Ex-France en 2005 en avaient donné moult illustrations et c’est la même rengaine à chaque « pétage de plombs » d’un Citoyen-Différent-Mais-Egal : si les jeunes sont violents, c’est parce que le capitalisme est violent, c’est un modeste retour de manivelle, peut-être spectaculaire mais infiniment moins ravageur que les politiques économiques et sociales décidées par nos Propriétaires Démocratiques.
Rengaine archiconnue ; elle fait partie des nombreuses tactiques de désarmement moral, qui visent à prévenir Monsieur Moyen de toute révolte contre certaines populations chouchoutées par les journalistes et les mafias moralistes. Pourtant, on remarquera que cette mélopée n’est pas reprise par les pleureuses assermentées à chaque explosion de violence.
Les Territoires Occupés qui flambent et crachent leur haine de l’Europe ? Un symptôme d’un grave mal-être, un appel au secours déchirant, le cri d’alarme des nouveaux enfants d’Occident à leurs parents adoptifs négligents.
Les fusillades de Columbine ou de Virginia Tech ? La faute aux armes à feu, aux jeux vidéos, à la fascination pathologique pour la violence de timbrés cryptonazis s’ils sont pâles ou « mal intégrés » s’ils le sont moins.
Evidemment, deux objections pertinentes pointent leur groin.
D’abord, la différence qualitative entre une émeute racaillesque et une exécution en règle de dizaines d’étudiants. A elle seule elle pourrait justifier toute variation de ton, d’analyse, de révolte ou de réaction du corps social. C’est pas les mêmes pilules pour toute une ville enrhumée ou un seul immeuble grouillant d’anthrax.
Ensuite, politicards, assistantes sociales et pisse-copie n’ont pas leurs fiches complètes pour tous les déviants en activité. Ils savent comment réagir face à un exotique qui agite sa casquette, ses baskettes et ses exigences de pognon facile ou de discrimination positive à l’embauche. La population est bien ciblée, les sociologues nous ont sensibilisés depuis des lustres à ses abominables souffrances héréditaires, la population ne met pas des plombes à dégainer ses mouchoirs, ses pénitences et son chéquier. Les Orcs qui lui crachent à la gueule parlent un langage qu’elle a appris à maîtriser ; son lexique pivote sur les notions de démocratie, de tolérance, de réussite sociale, de droit aux gadgets technologiques, d’argent-qui-facilite-le-bonheur, de représentation équitable – tout ce que le Citoyen Démocrate reconnaît comme ses propres centres d’intérêts sur cette Terre.
Grosse différence avec ces gamins, Petits Blancs pour la plupart, qui sortent les flingues pour d’autres raisons que des histoires de territoire urbain, de came, de harcèlement policier ou de frustration consommatrice. Ils ne brûlent pas des bagnoles parce qu’on les prive d’une partie de leurs privilèges. Ils tuent parce qu’ils trouvent que l'Occident ne va nulle part et qu'il y va mal, qu’ils y mènent une vie gerbatoire, parce qu’ils y sont condamnés à un avenir de pompiste, de représentants en parfums, d’arrière-petits-fils d’esclavagistes et de génocidaires, d’aspirants-bolossés, de pères semi-castrés, de sex-toys sans piles.
Ils flinguent parce que leur rage n’a pas d’autre exutoire que Second Life, des parties de paintball et une place hypothétique sur le podium des prédateurs économiques ou des mercenaires-saltimbanques de la musique d’ascenseur. Ils exterminent et s’éliminent parce que la Vieille Europe et l'Amérique précocement sénile n’ont plus de place pour les fous, les rêveurs, les agités, les possédés, sauf à un comptoir de pharmacie ou aux urgences psychiatriques. Ils se défont de leur vernis d’humanité parce que contrairement à leurs parents, profs et supérieurs, ils n’arrivent plus à s’identifier à leur costume d’homme-sandwich.
Et c’est un refus catégorique que le monde post-soixante-huitard n’a pas les moyens de comprendre, ni de prévenir, ni de guérir. Ce malaise viscéral, qui dégueulasse toute une génération, ne sera pas dissipé par des Contrats Première Embauche, des centres de loisirs, des cours de hip-hop gratuits ou la légalisation du cannabis.
Les conducteurs de notre bétaillère pourront se payer encore longtemps le luxe de s’en contrefoutre parce ce qu’ils risquent peu de chose sur le moyen terme : ce cancer est très peu contagieux, il consume de l’intérieur et ne provoque que ça et là des effusions de sang, vite jugulées par les haut-parleurs de la presse et de nos maîtres à-ne-pas-penser. Dans leur écrasante majorité, la génération des malades actuels se laissera tranquillement crever ou recycler dans la machine à malaxer les peuples.
Mais leurs successeurs, qui se forment en ce moment dans les universités, les hautes-écoles d’administration et les camps d’entraînement pour managers, auraient tort de négliger le problème. Il est des colères sourdes qui se transmettent par le sang autant que par l’éducation, et en 2030 une nouvelle génération pourrait apparaître, qui aura encore moins à perdre que nous autres.
Une partie d’elle aura été élevée dans la méfiance de toutes les institutions, dans le mépris de la faiblesse et des excuses bidon, dans l’acceptation de formes de cruauté nécessaires envers soi-même et les autres. Elle aura été confrontée, chaque fois qu’elle aura dû sortir du cadre familial, à la brutalité des codes de la rue, à l’arrogance humiliante de l’aristocratie cosmopolite, au décalage obscène entre discours multiculti et réalité des concurrences interculturelles, au vide spirituel abyssal du relativisme moral, à la conjuration de tous les ressentiments envers l’ancienne communauté autochtone, au constat atroce qu’un taux trop bas de mélanine fait de vous une cible pour les insulteurs, les margoulins, les faux prophètes, les chacals de caniveau et les pourrisseurs de conscience.
Toute bombe à retardement peut être désamorcée, détruite sans dégâts, interceptée à temps. Mais un déchet radioactif irradie pendant des millénaires, se foutant bien des gouvernements qui passent, des modes qui virevoltent, des sectes qui s’élèvent et s’effondrent, des empires qui naissent et s’évaporent.
Nous sommes les milliers d’enfants de la Zone Grise qui ne pourront jamais laisser leur colère éclater à la face d’un monde trop vieux et trop absurde. Nous avons été trop bien programmés à retourner contre nous-même la démence que votre idéal socioéconomique provoque en tout être un peu sensible. Nous ne flinguerons pas nos collègues de bureau, nos camarades d’amphis, nos codétenus anonymes dans les cages à loyer modérés. Nous ne foutrons pas le feu aux beaux quartiers. Nous ne prendrons pas de traders, ni d’éditorialiste, ni de spéculateurs en otage.
Nous continuerons d’avancer lentement dans la file d’attente de l’Assommoir pour recevoir notre coup de grâce personnalisé sous emballage hygiénique. Mais dans vingt ans, dans cinquante ans, nos descendants feront encore hurler vos compteurs Geiger et si les chances d’une explosion atomique en plein dans vos sales gueules est encore incertaine, tant que nous aurons la force de nous maintenir plus ou moins en vie, vous ne serez jamais complètement en sécurité.
11:25 Publié dans La Zone Grise | Lien permanent | Commentaires (12)
05/11/2007
"LE SOUS-TITRE EST UN CONCEPT DEVIANT"
Des grossièretés, des questions philosophiques profondes (Tolstoï est-il un con ?), des slogans révolutionnaires bien sentis (Viens, on va acheter de la bière !) et des articulets qui claquent sans en avoir l'air. Je n'ai pas compris grand-chose mais dans l'ensemble, ça m'a beaucoup plu. Si vous allez lui dire bonjour, ne lui dites pas que vous venez de ma part : tout auteur qui se respecte préfère être haï par un public intelligent qu'apprécié par un lectorat mongolien.
21:01 | Lien permanent | Commentaires (6)
03/11/2007
PAS PIRE QU'HIER
Il y a d’excellentes raisons de dégueuler ses semblables à toutes les époques. Il faut, paradoxalement, une bonne dose d’optimisme pour penser que celle où l’on vit est pire que les autres, qu’il s’y passe des abominations inédites de nos ancêtres ou qu’on y bat résolument des records en saloperie humaine.
Où il y a de l'humain, et plus particulièrement quand il s'entasse par milliers dans des villes toujours plus irrespirables, il y a de la crasse. Et rien ne nous permet vraiment de penser que la nôtre ait réellement atteint un summum en la matière, même si ça soulage de le hurler. Hélas, du moment qu'on a été engagé ne serait-ce qu'un jour dans sa vie, tirer ce constat tout bête mobilise une énergie démentielle. Je profite d'un de ces éclairs d'extra-lucidité pour pondre ceci, avant d'en renier des morceaux ça et là par habitude, par sectarisme, par épuisement moral ou par goût de la provoc' cheap.
On ne peut même pas faire confiance à l’explication par le facteur Décadence. La stabilité, la récurrence, l’obstination même dont font preuve les générations successives dans la misère culturelle et toutes les formes de bassesses imaginables, tout cela donne à penser qu’il y a quelque chose de pourri au royaume humain tout entier, dès les origines. D’où la puissance du concept de Péché Originel chez les cathos. D’où, plus largement, l’idée d’une race intemporelle de révolutionnaires qui naissent avec le dégoût des autres chevillé à l’âme, sans raison objective. Chaque rejeton de cette lignée vorace s’arrime aux travers propres à son temps pour exprimer avec cohérence cette rage de chamboulement et de destruction.
Et tous auraient alors pareillement, systématiquement tort.
Pourtant, la misanthropie semble aller à l’encontre de tout idéal, surtout s’il se base sur la culture native, son amour et sa défense. Vomir l’humanité et haïr en même temps ceux qui sapent telle ou telle civilisation ? Autant insulter le malpropre qui chie dans un égout, c’est pas plus contradictoire.
Il y a peut-être un impératif insoupçonné dans cette conviction que « tout va de pire en pire », qui suit les rebelles de l’Histoire comme la vermine colle aux basques des bâtisseurs de ville. C’est la condition sine qua non d’une rupture, d’un Grand Nettoyage, la peur qui donne les ailes indispensables à sauter des murs trop lisses pour être escaladés.
Mais les faits viennent toujours contredire cet espoir : rien ne se crée, surtout pas les vraies Révolutions. On peut, au mieux, s’y préparer, mais pas les construire, ni les contrôler, ni les faire arriver plus tôt que prévu.
Ce qui nous fait frémir d’horreur ici et maintenant n’est jamais qu’une rediffusion d’un succès éternel : la Comédie Humaine au premier sens du terme. Une farce jouée par des hommes, mettant en scène leur propre caricature mongolienne sans même forcer le trait. Hier comme aujourd’hui, les rengaines et les modes se basent sur les mêmes ingrédients. On veut à toute force les croire spécifiquement contemporains, parce que ça légitime notre opposition, et toute action entreprise à leur encontre. Bref, ça nous structure, ça nous raidit face à l’adversité molle et étouffante. Mais c’est du flan.
L’histoire de la Chute et du Péché Originel, c’est une tentative semi-réussie de donner un sens à cette dégueulasserie primordiale. C’est le seul mythe explicatif qui semble acceptable d’ailleurs. Mais le monde a toujours été dégueulasse, depuis le commencement.
Pour notre malheur, avec les moyens de communications modernes et l’avancement constant des connaissances, on peut s’en rendre compte plus vite que nos anciens. Il fallait une vie entière aux plus clairvoyants d’entre eux pour en prendre conscience. Et dans l’intervalle, ils pouvaient aussi développer la sagesse et le recul suffisants pour ne plus en avoir rien à secouer. Pour le reste des abrutis, une lucidité réduite par les impératifs de la survie et par la contagion remarquable de la connerie les mettait à l’abri des réalités ; ils pouvaient, comme le peuvent encore beaucoup de nos contemporains, diviser le monde en catégories sympathiques ou abjectes, entretenir des croyances, des espoirs, des idéaux.
Pour nous autres modernes, c’est pratiquement impossible. On ne retourne à la passion que par distraction, soumis à l’impératif biologique de survie qui a recours jusqu’au rêve éveillé pour maintenir la machine en état de marche. On n’y croit plus que parce qu’on éprouve un suprême instinct qui nous y force – parce que nous sommes conscients que le deal c’est « Rêve ou crève ». Et il se peut bien que cette brève période entre le cynisme tranquille de l’enfance et la désillusion fatiguée de l’âge avancé, ce temps où on trouve une énergie surprenante pour lancer mille projets imbéciles et s’engager dans des croisades ineptes, ne soit justement qu’un interminable rêve. Un tunnel qu’on emprunte entre deux éblouissantes lumières, celle de l’innocence précédant celle de la libération du corps.
Un gosse survit aux pires tortures ; un ancien vit sa routine malgré le poids de crimes inexpiables ; il n’y a que l’adulte qui soit véritablement fragile, faillible. C’est parce que toute sa vie se déroule le long de ce tunnel irréel, où on s’amuse à croire que les ombres sont la vraie vie. Percer leur mensonge à jour ne fait que rajouter à l’horreur de notre sort, sans nous permettre d’y échapper et sans en alléger le poids que par flashes irréguliers, cuite d’un soir, amour inattendu, victoire improbable et divines surprises en tous genres.
Tant de choses qui semblent des maux propres à notre époque ne sont donc finalement que des remakes vaguement au goût du jour. Ça ne les rend pas moins insupportables mais on a de suite moins d’énergie à leur consacrer. C’est que, pour combattre quelque chose, il faut hélas avoir le sentiment que la menace est à la fois extraordinaire et inédite, que l’affront dépasse les bornes, que nos limites les plus élémentaires sont violées.
L’ennui, c’est qu’il est parfaitement banal d’être confronté à des choses inadmissibles, au cours d’une vie ordinaire. Ça fait partie du cahier des charges qu’on reçoit tous à la naissance. On en est donc réduit, la moitié du temps, à mentir pour se permettre d’agir, et le reste du temps à tomber dans la lâcheté pour respecter la vérité. Il doit pourtant bien y avoir une possibilité de moyen terme. Elle consiste sans doute à se prendre délibérément au jeu, tout en sachant que ce n’est qu’un jeu, justement.
14:25 Publié dans Marées Noires | Lien permanent | Commentaires (1)
01/11/2007
LA ZONE, PLUS READER-FRIENDLY QUE LE MATIN BLEU
Sur les conseils d'Ambrose, voilà une nouvelle liste, dans la colonne de gauche, juste en-dessous des catégories, oui juste là, bravo. Ca sert à retrouver d'un seul coup d'index toute la belle prose natio-anar traduite par Yours Truly depuis un an ou deux. C'est-y pas confortable et convenient ?
Non, Ambrose ne ressemble pas à ça. Me demandez pas son adresse MSN. C'est un homme. Elle, c'est Lauren Ambrose, demi-mondaine actrice yanquie dont j'ignore absolument tout mais qui, concédons-le fugacement, est assez délicieuse malgré une robe abominable. Ca nous changera des illustrations glauques et de circonstances.
17:19 | Lien permanent | Commentaires (2)
30/10/2007
"LES ANARCHISTES FERAIENT BIEN DE SE BOUGER LE CUL..."
"... et de commencer à agir". Fin de citation. Encore un peu de matos N/A pour le fun. L'auteur est un yanqui qui cause aux yanquis, mais ce qu'il raconte contient des enseignements très appréciables pour un activiste européen.
23:04 Publié dans National-Anarchisme | Lien permanent | Commentaires (0)
CHIFFRES
Jamais été fanatique des statistiques. Su depuis le début, également, qu'en ouvrant ce bleauggue, je ne m'adresserais qu'à un lectorat assez limité. Ceci dit, ça fait quand même son effet. Consulté les stats aujourd'hui, pour voir. Pendant longtemps, une trentaine de visiteurs quotidiens. Et puis hier, explosion. 145 amis imaginaires sont passés par ici. Allez comprendre. Pas pour rien que j'ai jamais été matheux.
Mais il y a quand même une cohérence relative. 145 visiteurs uniques le 20 octobre, sur une moyenne mensuelle de, eh oui, 88.
Je JURE que je n'ai pas fait exprès.
19:41 | Lien permanent | Commentaires (3)
29/10/2007
SLUT POWER
Fémina du 28 octobre. "Les femmes doivent-elles avoir peur de l’UDC".
Normalement, quand une journalissE pose une question comme ça, c'est pour s'empresser de répondre par la négative. Il ne faut jamais "avoir peur". C'est un truc de "-phobe", préfixe au choix. Mais là, non.
Paniquez, femelles : les libérofâchysses en veulent à votre liberté, vos droits fondamentaux de vous goinfrer de chocolat, de mâter L Word en pyjama et de faire une croix sur la reproduction en échange d'une bonne hypothèque. La démogynécratie est en danger, alors ne zappez pas pendant la pause pub, qu'on vous explique ça en ordre.
Pour un avis éclairé sur la question, c'est à une "maître d'enseignement à l'unité de recherche Etudes genre" de Genève qu'on s'adresse. On pourrait aussi demander à Moqtada al-Sadr ce qu'il pense du recours à l'alcool sur les tournages de films lesbiens - peut-être dans le numéro spécial Sex Toy de Noël, qui sait ? Mais foin de caricature ; la dame fait ça si bien toute seule qu'il n'y a pas besoin d'en rajouter :
Une chose est sûre, on n'a jamais entendu l'UDC préconiser un partage du travail domestique dans le couple (...)
Sérieux ? C'est dingue, ça voudrait dire que l'UDC n'est pas un parti d'extrême gauche, alors. Voilà qui troue l'cul.
Une politique de désendettement de l'Etat ne peut qu'aboutir au démantèlement de l'Etat social.
... d'où l'on déduit qu'un Etat social est un Etat en faillite, mais que c'est pour la bonne cause. Pareil pour tous ces jeunes blaireaux qui vendent leur avenir aux usuriers pour des meubles neufs ou des châssis surbaissés : ça relance la Croassance, n'est-ce pas.
Rengaine habituelle. Belle unanimité des pisse-copie pour cornaquer le bétail en direction des urnes, maintenant que le vote gochisse n'est plus protestataire.
Ça ne ralentira pas la progression du parti, ça ne rendra pas non plus ces faux patriotes plus conscients des véritables enjeux de civilisation, ça n’a donc aucune importance. On sait à quoi s’attendre de la part de la presse en matière d'éducation Citoyenne des masses, et la sous-littérature féminine est un indicateur de première bourre pour suivre la courbe de température de la décadence occidentale.
La gonzesse est le public-cible d’absolument tous nos pourrisseurs ; quiconque ne s’adresse pas à elles en tout premier lieu, fut-ce implicitement et par voies détournées, n’a aucun avenir en affaires ou en communication. Dialogue, ouverture, tolérance, passion maternelle dévoyée pour tout ce qui est laid et faible, réfléchir avec son utérus plutôt qu’avec sa tête. Nihil novus dans la poubelle occidentale.
Ce qui est plus sympathique, c’est la sauce qui entoure ce dégoûtant mais archi-connu poisson. Ladite sauce va à l’encontre de tout ce qui est professé ouvertement dans la ligne éditoriale, au point de provoquer des télescopages croustillants.
Page 5 : l'édito à la gloire des mannequins du dossier Tenue de soirée, des vraies femmes ordinaires piochées parmi la population locale, "Une beauté très différente de celle des modèles professionnels. Plus fragile. Plus proche. Plus profonde. Assurément plus émouvante." En page 4, juste en-face, Laetitia Casta, brushing béton et maquillage plâtre, affiche sa tronche calibrée pour un "nutri-gloss light".
En page 15, illustrant les délires victimaires de l'étudiante-genre sur la femme soumise aux caprices de l'Homme, une pub pour un sent-bon au slogan très suffragette dans l'esprit : "Parfum de dépendance."
Page 17, un concentré admirable, Carla Bruni qui vend des sacs au profit des victimes du crabe : "Luxe contre le cancer", le beurre et le lubrifiant du beurre en somme. Même page, encore plus gratiné dans le style Bimbo militante : "Des femmes de plusieurs pays ont envoyé leurs sous-vêtements à des ambassades de Birmanie. Le but de cette opération 'Slips pour la paix' ? Protester contre la répression exercée par la junte militaire à l'encontre des manifestants pro-démocratie." On espère au moins qu'ils étaient sales.
Page 22, Tardi et son héroïne Adèle Blanc-Sec, aux qualités remarquables : "Antifamille, Antipatriotique, Féministe, Célibataire".
Page 28, dossier Société, "Ces petits vices qu'on a piqué aux hommes", notamment bagnoles et ouiski. Lamentations sur le "leurre" du métrosexuel, sur les carences en soin de la peau et en participation au repassage des primates que nous sommes, et surtout sur notre crasse absence de remise en question, bien entendu : "De toute manière, les femmes préfèrent Georges Clooney. Parce qu'il est beau, intelligent, indépendant, bien sûr, mais surtout parce qu'il a le sens de l'autodérision, cette manière de se moquer de soi et de ses vanités. Peut-être la seule chose que les hommes, pour être mieux dans leur peau, gagneraient à piquer aux femmes."
Consomme, mais éthiquement, poing levé et carte Visa entre les doigts.
Pense chaussures, accessoires, maquillages, injections précoces pour les rides que tu n'auras qu'en 2030. Ensuite, dégueule sur la dictature de la beauté imposée par les hétérosexuels dominateurs nazis qui, on le sait, pullulent dans le milieu de la haute-couture et de la communication.
Prends pour idéal les carcasses photoshopées qui occupent une page sur trois de ton magazine, mais clame à qui veut l'entendre que toi, tu ne te laisses pas avoir, que tu ne te plies pas aux canons de la mode, que le fantasme du taille 36 inenfilable te passe loin au-dessus du fond de teint.
Fais l’impossible pour donner à ton entourage la véritable image de la Femme moderne, affranchie des Diktats moralistes du patriarcapitalisme : celle d’une pute de luxe.
Mais de gauche. L'honneur est sauf. Un tiers de Pussycat Dolls, un tiers de Valérie Solanas, un tiers de Martine avant le relookage trash.
Sucer, avaler, faire semblant d'aimer ça, mais ne pas roter après et bien s'essuyer la gueule avec un mouchoir Gucci piqué à ton jules avant que ça foute en l'air ton anti-cernes. On a sa dignité, quand même.
00:15 Publié dans Chez les boniches de la Zone Grise | Lien permanent | Commentaires (10)
28/10/2007
LA DEMOCRATIE SENT BON DU CUL
XIX
Fusées.Suggestions.
— Pourquoi les démocrates n'aiment pas les chats, il est facile de le deviner. Le chat est beau; il révèle des idées de luxe, de propreté, de volupté, etc...
Charles Baudelaire, 1887
C'est sûr, ça motive.
(Et oui, il y a un deuxième tour dans le canton de Vaud pour cause de ballottage général.)
Ballot. n.m. (...) 2. (1884). FAM. et VIELLI | Imbécile, idiot.
Quel ballot ! - adj. m. Tu es un peu ballot. Ca, c'est ballot, c'est bête.
Nouveau Petit Robert, p. 214
19:23 Publié dans Chez les boniches de la Zone Grise | Lien permanent | Commentaires (1)
26/10/2007
CHEZ MONSIEUR RIPLEY
Les Fidjiens ne vivaient pas dans une économie de chasse et de cueillette mais dans un cérémonial, c’est pourquoi ils étaient des hommes et non des bêtes. Ce n’est pas le cas de mes contemporains français ou américains qui ne sont que des porcs qui vivent dans le besoin permanent, comme des bêtes traquées. Dans ce monde seul l’argent est humain. Les Grecs vivaient encore dans un cérémonial. Chez les sauvages, tout le monde a sa place au banquet de la nature. La rareté n’a pas encore été inventée. Les sauvages ignorent la misère grâce à la cérémonie. Je lis chez un auteur : « il ne faudrait pas croire [les sauvages] privés de toute vie économique ». Comment pourrait-on être privé de vie économique alors que la prétendue vie économique n’est autre que l’avènement de la privation. Heureux sauvages privés de privation et aussi de privatisation. (...)
19:40 Publié dans La Zone Grise | Lien permanent | Commentaires (0)
24/10/2007
DEVOIR DE TROU NOIR
En guest-star involontaire aujourd'hui, un citoyen de République Ex-Française que nous appellerons Mister T, puisqu'il ne désire pas être connu. Pas qu'il assume pas ses écrits, mais il est d'humeur grincheuse et souhaite, je cite, "saboter la notion même d'écriture". En hommage à tous les sarkorésistants et à la notion ô combien actuelle de Mémoire Sélective. Soyez sûrs que je transmettrai fidèlement à l'auteur vos insultes choisies ou vos éloges déraisonnables.
"Ma petite maman chérie,
mon tout petit frère adoré,
mon petit papa aimé,
Je vais mourir ! Vous savez à quel point je me bas les couilles de cette France capitaliste de merde. Nous autres communistes, ne sommes d'ailleurs entrés en guerre que lorsque l'URSS notre Mère Patrie a été attaquée par les nazis. Ce que je vous demande, toi, en particulier ma petite maman, c'est d'être courageuse. Je le suis et je veux l'être autant que ceux qui sont passés avant moi. Certes, j'aurais voulu vivre, bénéficier moi aussi des subventions accordées par le gouvernement et le Medef à nos syndicats qui ne représentent rien...4% du monde salarié à peine; pour faire chier la terre entière. Mais ce que je souhaite de tout mon cœur, c'est que ma mort serve à quelque chose, et que ce racket politique et syndical se prolonge pendant des années et des années..../...
Un dernier adieu à tous mes amis, à mon frère que j'aime beaucoup. Qu'il étudie bien pour être plus tard un homme digne du Syndicat et du Parti et de leurs structures parasites.
17 ans 1/2, ma vie a été courte, je n'ai aucun regret, si ce n'est de vous quitter tous et de n'avoir pu bénéficier de tout les avantages acquis qui m'étaient dûs. Je vais mourir avec Tintin et Milou, mes deux amis gay. Maman, ce que je te demande, ce que je veux que tu me promettes, c'est d'être courageuse, de surmonter ta peine, et de ne pas prendre ce prétexte pour boire les alloc' comme tu le fais tout les mois.
Je ne peux en mettre davantage. Je vous quitte tous, toutes, toi maman, Serge, papa, en vous embrassant de tout mon cœur d'enfant soviétique. Courage !
Votre Guy qui vous aime.
21:07 Publié dans De quoi j'me merde ? | Lien permanent | Commentaires (3)
23/10/2007
PLEIN LES URNES
Bon, on va en parler un peu, de ces élections à la con. La TSR y a bien consacré quelques cinq heures d’affilée ce dimanche, c’est bien que ça doit avoir de l’importance. Ou que ça intéresse du monde. Une moyenne de 50% de participation, un bon score dit-on. Un grand merci à Appenzell Rhodes-Intérieures qui sauve l’honneur abstentionniste avec seulement 21,1% de votants.
Dégringolade socialiste, bonne morflée radicale, grosse progression des Verts et de l’UDC. Ça signifie que la gauche tranquille et la droite amorphe ont été un peu bousculées par une droite qui n’a pas honte de ce qu’elle est, et par une gauche à la fois plus forte en gueule et moins archaïque (SolidaritéS, par exemple, se mange une claque, comme quoi Gaïa-qui-meurt commence à rapporter plus que Mamadou-qui-souffre).
Voilà pour le constat de base. Ça n’appelle pas quelques commentaires mais je les ponds quand même et démerdez-vous avec. Mieux : démerdez-vous sans, parce que rien n’est bien compliqué dans ce qui suit. Vous devriez être foutus d’arriver aux mêmes conclusions tous seuls, surtout si ce n’est pas la première fois que vous traînez votre ennui en ces mornes pages.
« Gauche tranquille et/ou archaïque », ça semble aller de soi. Les socialos n’ont pas une image très vigousse. Il me souvient pourtant d’une « sondage pour rire » à l’université, où le parti à la feuille de Rose avait remporté un max de suffrage, bien plus que les formations franchement bolchos. Il faut se rappeler que la population estudiantine, pour tout ce qui est sciences humaines, comprend quand même une majorité de gonzesses et qu’elles sont assez peu portées sur les coups de gueules et les slogans guerriers. Le Dialogue ! L’Ouverture ! La Tolérance ! Vertus femelles au possible ! Quitte évidemment à foutre une branlée aux affreux qui refusent de se plier au culte, mais c’est pour leur bien et ça doit se faire en douceur, comme avec des handicapés ou des hyperactifs…
Voter socialiste, ou se déclarer proche de leur programme (surtout si on le connaît mal), c’est une garantie de Primus inter pares démocratique : dans le camp des Gentils sans trop se fouler. Personne ne vous demande jamais de vous justifier, ça fait toujours son petit effet tout en allant de soi dans tous les milieux. Un régal pervers de confort moral. Josiane, elle veut bien porter des magnifiques godasses qui lui bousillent les pieds, mais question convictions il lui faut le confort d’une pantoufle. Normal qu’elle s’engage peu en politique, et qu’elle le fasse surtout sous l’étiquette bobo. Les plus activistes dépensent une énergie prodigieuse à tuer en elles toute féminité apparente. Etre habillée comme un sac et pas soignée pour un sou, c'est visiblement un gage de crédibilité.
L’UDC n’est pas plus « jeune » dans son esprit et ses méthodes, loin de là. Simplement c’est la seule force de droite qui fasse vraiment chier la gauche. C'est un facteur central pour expliquer toute une partie des suffrages du parti et la popularité de ses thèmes. Les autres formations ont bien retenu les leçons du dressage : toujours devancer les Correcteurs dans la bassesse et le reniement de soi. Qu’on pense à l’affiche des Femmes Radicales, qu’on croirait découpée dans une pochette de 50 Cents : quelle nymphomane stalinienne aurait osé une telle apologie Banania de l’Africain-bête-de-sexe ? Et que dire du « Duce » de Couchepin, qui a coupé le gazon sous les sandalettes de tous ceux qui n’avaient trouvé que du « Tribun » à lancer contre Blocher ?
Chez les Démocrates du Centre (quand même ! quel nom ! quelle ambiance !), c’est pas qu’on fasse son difficile niveau brassage ethnique et abattement de toutes les frontières, mais on aime que les choses soient faites à la Suisse , dans l’ordre, le calme et l’ennui administratif mortifère. Oui aux mosquées, mais sans minaret pour ne pas ruiner la grasse mat’ dominicale de ceux qui ne vont plus à l’église ! Oui à l’immigration massive mais faut qu’elle rapporte : Willkommen, informaticiens de Bombay, milliardaires du Golfe, distingués diplomates équatoriaux, putes de luxe exotiques si douces à la solitude du quinqua en goguette dans les trappes à culs Ordem E Progresso ! Du choc des civilisations tant que vous voulez, mais qu’il ne fasse pas plus de bruit qu’une bonne levrette. La grosse différence de cette droite avec leurs prétendus ennemis, c’est qu’ils préfèrent être actifs quand ils culbutent les « minorités. »
Les immigrolâtres se contentent de cette opposition factice, bien sûr. Ils ne sont pas difficiles. Ne pas les soutenir bruyamment, c’est déjà du conservatisme à leurs yeux. Si on passait le Concours Diplomatique aussi facilement que son brevet de facho, l’Occident grouillerait d’ambassadeurs au chômage technique. Alors vous pensez ! Le mouton noir ! Quel orgasme pour le censeur, si inconsolable de ne pas avoir d’homologue helvète de Le Pen ou de Pinochet ! Des années qu’on gribouille des croix gams’ sur les affiches de l’UDC et qu’ils ne s’excusent pas, qu’ils ne reculent pas ! Ça change des déculottées sur l’air de « Mon meilleur ami est un juif Antillais bisexuel », dont on est si friand à Conservaland…
Plus tristement, l’électeur réac s’en contente aussi. Le programme et les slogans sont poussifs, les projets les plus audacieux ne cassent pas trois pattes à un Canard WC. L’abrogation du 261 bis, par exemple ? L’argumentaire officiel rappelle fort bien que la loi est déjà très pointilleuse sur le chapitre et que son rajout récent n’a pas empêché grand-chose niveau tensions interethniques.
Qui pense vraiment que distribuer Mon Combat dans les écoles va faire renaître l’oncle Adolf ? Moyen Junior baigne quotidiennement dans une ambiance sociale et médiatique où s’excuser d’être blonde et se calquer sur les mœurs afroyanquies sont des activités aussi banales que d’avoir une Visa vide quand on est encore aux études. Plus de propagande natio ou plus de castration du langage ? Kif-kif. Les autorités politiques n’ont qu’un seul choix : ralentir un peu ou accélérer à peine la résiliation du bail continental. Pour l’empêcher complètement et faire machine arrière, il fallait se bouger le cul il y a un bon siècle. Mais ledit électeur réac ne réfléchit pas à ce genre de choses. Il prend ce qu’il y a de pire, ce que les Correcteurs lui désignent comme de qu’il se fait de pire. Pas de piments ? On se rabat sur le poivre – pas qu’on aime ça mais s’il n’y a que ça pour relever un peu le goût de la soupe à l’eau… Et on avale cuillère après cuillère en se disant que c'est un début, qu'il faut bien commencer quelque part, que c'est absolument immangeable mais peut-être qu'au dessert...
La presse locale aussi bien qu’étrangère a sué sang et eau pour nous convaincre que ce modeste picotement était pire qu’une gorgée de tabasco. L’Hebdo a largement engraissé ses choux avec Blocher des semaines avant le scrutin. L’affiche qu’on ne présente plus a rembourré moult colonnes affamées d’actu pimentée. Les résultats connus, Le Monde a carrément titré sur l’air de la victoire des Ultranationalistes, rien que ça ! Pas en reste, le journal de la TSR s’est délecté de ses envoyés spéciaux chez nos voisins européens, frétillant d’aise face aux indignations de leurs confrères envers notre sale pays de merde qui utilise si mal sa démocratie-modèle.
Tout un microclimat de suspense a été créé, puis soigneusement entretenu, comme on pousse le volume de la musique pour faire croire qu’il y a de l’ambiance dans une boîte où chacun s’emmerde seul. Et on nous fait déjà mousser avec la date du 12 décembre prochain, renouvellement du Conseil Fédéral – à croire qu’il va se faire au suffrage universel et que Monsieur Moyen, même démocrate convaincu et priapique de l’isoloir, pouvait y faire quoique ce soit !
Ce qu’il va se passer pendant le mois et demi qui nous en sépare ? Nada. Ronronnement de l’appareil étatique. Paisibles tractations de coulisse. Mélopées d’orchestre de Titanic. Et le 13 décembre ? Nada. Jérémiades roses-rouges, manifestounettes par-ci, feu de poubelle par-là, et retour à la désespérante routine. Entre la période des soldes et la mise en place des décorations de Noël, il règne à peu près la même ambiance dans les supermarchés de ma région.
Perdus dans ce coton étouffant, on saluera malgré tout Oskar Freysinger pour son apparition au TJ de lundi soir. Ce qu’il a dit n’a aucune importance, d’ailleurs je m’en souviens à peine. Par contre personne n’aura manqué de remarquer, décorant le revers de sa veste, un gros badge Mouton Noir emprunté aux antifas, qui doivent encore se demander à quoi rimait cette délicieuse petite provoc’.
14:44 Publié dans La Zone Grise | Lien permanent | Commentaires (5)
21/10/2007
CIORAN ET LA VOLONTE D'ETRE STUPIDE
" Une société est condamnée quand elle n'a plus la force d'être bornée. Comment, avec un esprit ouvert, trop ouvert, se garantirait-elle des excès, des risques mortels de la liberté ? "
De l'inconvénient d'être né
" L'avenir appartient à la banlieue du globe. "
" Un minimum d'inconscience est nécessaire si l'on veut se maintenir dans l'histoire. Agir est une chose ; savoir que l'on agit en est une autre. Quand la clairvoyance investit l'acte et s'y insinue, l'acte se défait, et avec lui, le préjugé, dont la fonction consiste précisément à subordonner, à asservir la conscience à l'acte... Celui qui démasque ses fictions, renonce à ses ressorts, et comme à soi-même. Aussi en acceptera-t-il d'autres qui ne nieront, puisqu'elles n'auront pas surgi de son fonds. Nul être soucieux de son équilibre ne devrait dépasser un certain degré de lucifité et d'analyse. Combien cela est plus vrai d'une civilisation, laquelle vacille pour peu qu'elle dénonce les erreurs qui lui permirent sa croissance et son éclat, pour peu qu'elle mette en question ses vérités ! On n'abuse pas sans risque de la faculté de douter. "
La tentation d'exister
17:11 Publié dans Marées Noires | Lien permanent | Commentaires (1)
18/10/2007
FRIENDLY FIRE
Que les désaxés de Solidarités voient de la Chemise Brune sous la laine des moutons noirs, soit. C'est leur taff. On dirait presque leur "fonds de commerce", si cette expression n'était pas désormais inextricablement liée à la prétendue xénophobie des partis de centre-droite. Mais que la fille Le Pen entonne elle aussi la gueulante "C'est du wacisme anti-keublas", ça pousse le bouchon tellement loin qu'il plonge dans le pinard.
Alors évidemment on pourra remarquer deux choses essentielles.
D'abord, que le Front National version Weight Watchers ne doit rien aux libéraux-sécuritaires de l'UDC, et que la Menhirette peut bien parler comme une bénévole du réseau Education Sans Frontières si ça lui fait plus d'effet que le jus de guarana. Chacun ses perversions.
Ensuite, que La démocratie, c'est un peu comme les pubs Rivella. La couleur de notre soif ? Ni verte, ni bleue, ni rouge : on n'a pas soif, on ne veut pas boire ça, on préfère encore la déshydratation. Alors qu'un parti réac frenchie se permette deux minutes de langue de bois sur les réclames d'un parti réac bourbine, c'est presque aussi important que les récentes aventures d'Un Gars, Une Fille à l'Elysée.
N'empêche qu'il y a de quoi se poser des colles, comme ça, pour meubler la conversation après l'apéro et en attendant que le ragout soit assez cuit. La stratégie de comm' du FN provoque des débats interminables sur le ouaibe faf frouzien, inutile d'y revenir en détails ici. En l'occurrence, pourquoi Marine Le Pen s'est-elle crue obligée de faire une sortie pareille, qui ressemble à ce que les services de presse militaires appellent un "tir ami" ? Sénilité congénitale ? Drague avant-gardistes des futures sections FNJ des Dom-Toms ? Si un Gaulois de la République passe par ces pages, je lis volontiers son avis.
Post-blogum : ça commence à sentir le fake...
21:00 Publié dans Autopsie de la Dissidence | Lien permanent | Commentaires (4)
FEU DE DROITE, HUILE DE GAUCHE
Erik Verkooyen, dans une tribune libre du 24 Heures, le 17 octobre 2007, s'étonne que les dernières gesticulations gôchistes aient été mises sur le compte de l'UDC, et que les parasites antifas soient encore et toujours maternés par les rédactions d'Helvétie. La critique n'a rien de bien neuf, c'est celle que les réacs ordinaires copient-collent à chaque fois qu'un crasseux troque le jambé contre le pavé.
Qu'en a pensé notre quatrième pouvoir (...) ? Bien sûr il blâme ces extrémistes qui font le jeu du parti qu'il bannit. Mais il ne les dénonce pas vraiment non plus. Impartial comme il se doit, 50 néonazis paumés qui organisent un concert privé en Valais l'inquiète bien davantage que 500 activistes d'extrême gauche qui mettent la place Fédérale à sac !(...)
Ce qui est moins lassant, c'est que ce soit un "écrivain et collaborateur universitaire" genevois qui nous en gratifie, et plus un droitard mal dégrossi.
A force d'abuser de mots comme racisme ou xénophobie, nous les vidons de leur substance. Il faut reconnaître une fois pour toutes qu'il existe un malaise identitaire, perceptible et réel. Pas seulement chez nous. Voyez le virage politique chez nos voisins. En Scandinavie, ce paradis progressistes, les partis similaires à l'UDC montent en puissance, là aussi. Aux Pays-Bas, champion historique de la tolérance, le discours politique a drôlement changé depuis l'assasinat du cinéaste Theo van ogh. Ici, depuis mon arrivée, je constate une détérioration sensible de la sécurité - et donc de la qualité de vie - liée surtout aux flux migratoires. Voilà pour planter le contexte. A partir de là, j'ai toujours été contre la haine sous toutes ses formes. Mais, pour l'instant, comme c'est le cas dans d'autres pays d'ailleurs, j'observe qu'elle émane essentiellement du camp de ceux qui préconisent la fraternité universelle.(...)
Quelques lignes supportables dans la bassesse ordinaire du quotidien vaudois, c'est aussi remarquable qu'un bout de sandwich intact dans une poubelle : le contexte peut rendre ça appétissant par comparaison, mais pris tout seul ça ne déchire pas vraiment sa race.
Le malaise identitaire abordé ici n'est pas celui que nous diagnostiquons. Il est traité comme l'apanage exclusif des mouvements de droite nationale ou supposée telle, qui réagissent à des questions d'insécurité liée à une minorité d'immigrés mal intégrés. Encore une louche de la même soupe à l'eau tiède. Le mérite principal de M. Verkooyen, outre d'être clairement moins cérébrosodomisé que ses collègues de l'Académie, est d'appeler à lutter contre Betty Monde avec moins de sectarisme et de mauvaise foi carabinée.
Sauf que sectarisme et mauvaise foi sont les mamelles de la Gôche résiduelle et si elle y renonce elle crèvera de soif. Son verbiage antilibéral, son antiyanquisme mièvre, son culte pathétique de l'Ouvrier Inconnu ne sont que des passe-temps, du remplissage, de la liturgie sans âme qui ne mobilise plus que ses rentiers du militantisme. Elle ne mouille plus sincèrement que pour le colonial, l'Indigène Républicain et si elle n'avait pas aussi peur des mots elle ferait son hymne officiel du bon vieux Livrez les Blanches aux Bicots de Costes. Son dernier Credo : plutôt social-traître et métissé que socialiste et leucoderme. (Post-Blogum : pour quiconque aurait encore des doutes sur le sujet... Merci, Aurélie....)
Le malaise identitaire, que M. Verkooyen aimerait la voir reconnaître enfin pour mieux le combattre, elle en est plus consciente que n'importe qui. Elle en est le symbole, l'archétype, le fer de lance, bien plus que les pires néo-réacs qui lui servent d'épouvantail à électeur et qui, bien souvent, s'y entendent bien moins qu'elle en questions ethniques.
Elle illustre quotidiennement ce malaise en l'entretenant maniaquement, en proposant d'expurger les hymnes, d'épurer les bibliothèques, de châtrer le vocabulaire, de pratiquer la paranoïa collective comme une activité Citoyenne d'utilité publique. C'est elle qui, chez nos voisins d'ex-France, a fait un foin sous-ubuesque autour du "Détail" non plus de Le Pen, mais de Fillon. C'est elle qui de tous temps a deep-throaté les patriotes du Tiers-Monde et vomi ceux d'Occident.
En lui adressant ses suggestions, si intelligentes soient-elles, M. Verkooyen croit sans doute conseiller des maladroits qui cassent la vaisselle en voulant aller trop vite. Une âme charitable devrait lui expliquer qu'il n'est pas question de maladresse mais de sabotage délibéré, d'obscurantisme conscient et de trahison assumée, la bêtise congénitale ne représentant qu'un facteur très secondaire malgré les apparences. Il ne sera donc pas entendu par son public-cible, qui continuera sa routine délatrice et puritaine aussi longtemps qu'une facade de démocratie sera maintenu dans notre Grand Hospice continental.
Pour voir les choses du côté le moins gerbatoire (pas d'optimisme prolongé sans avis médical), cette incapacité intrinsèque à se réformer pourrait réserver à nos pourrisseurs volontaires quelques surprenants retour de manivelle dans les gencives. A force de crier Au Loup, certaines meutes encore en plein coma pourraient miraculeusement sortir d'hibernation, avec une fringale plus sauvage que celle de leurs prédécesseurs honnis - dans l'indifférence apathique d'un Peuple Démocratique si fragmenté et désuni qu'il n'aura plus rien à foutre des cris d'alarmes de ses cornacs.
00:40 Publié dans Chez les boniches de la Zone Grise | Lien permanent | Commentaires (2)
13/10/2007
XP
Voilà un gaillard qui, en l'espace de quelques jours, aura réussi à me faire marrer aux dépens des Non-Entrés-en-Histoire et à nous fournir à tous un excellent prétexte pour continuer à picoler philosophiquement. Ca valait bien une note juste avant d'aller faire un fond pour la soirée bière-rugby de ce soir. Lisez-le, faites-le lire, vous connaissez le refrain.
19:27 | Lien permanent | Commentaires (3)
HEIL ERIC CARTMAN
Vous m'excuserez si j'en rajoute une couche sur le même thème qu'il y a quelques semaines, à savoir que l'assouplissement de certaines crispations n'est pas un bon signe.
Avec le fractionnement communautariste de l'Occident, nous nous dirigeons vers des tensions interethniques si fortes qu'il faudra bien trouver des soins palliatifs pour conserver une apparence de Cohésion Sociale (on commence même à inventer des ministères qui en sont explicitement chargés...)
La dédramatisation en fera partie de plus en plus ouvertement, officiellement même si ça se trouve. Ces techniques de désamorçage se mettent en place spontanément au niveau de la rue, quoiqu'en disent les sociologues et autres mercenaires de la Grisaille.
Le Club Acacia en fournit un énième exemple, avec ces deux épisodes de South Park. En trois-quatre maladroits crobards, c'est l'essentiel du discours identitaire qui est résumé, dix fois plus cash que ce que répètent les appointés les plus médiatiques du milieu. Tout y passe : l'obsession victimaire des blaques, la mort sociale que peut entraîner un mot malheureux, l'hostilité latente entre communautés sur un même sol, les fausses excuses qui sont de vraies humiliations, le culte progressiste de tout ce qui est difforme, laid, "différent" quoi.
Ca passe à la télévision, c'est accepté, toléré, partie intégrante de la culture jeune contemporaine. Ca ne provoque aucune émeute. Ca ne rapproche pas d'un poil de cul l'éventualité d'une reconquête de ce qui était, il y a un siècle ou deux, "nos terres".
Un patriote qui n'aspire pas viscéralement à bronzer sous les projecteurs officiels, qui n'a pas l'âme d'un flic ou d'un comptable, n'a pour seul avenir qu'un statut d'Eric Cartmann local. Hurler des abominations, insulter tout et tout le monde, se palucher aux occasions où chacun morve dans la dentelle. C'est jouissif, c'est extrêmement satisfaisant, mais ce n'est pas un programme politique, ni un projet de société.
Ces choses-là s'articulent dans l'arène démocratique. Un monde où on ne veut de nous que comme épouvantails ou comme fous du roi, et où aucun d'entre nous, spectres d'une armée sans chefs et sans armes, ne se sent vraiment à sa place. C'est un club pour gens raisonnables, subdivisé en autant de "partis des honnêtes gens", ceux qui portent une cravate ou qui laissent ostensiblement leur chemise ouverte, selon qu'ils racolent dans les ghettos ou les conseils d'administration.
Pour se faire admettre dans ce club, il faut laisser au vestiaire son amour-propre, son goût du boucan, ses élans destructeurs, ses passions esthétiques, ses tentations expéditives, sa frustration inconsolable de ne pas vivre en des temps moins policés et de trop bien savoir que l'action directe n'est plus qu'une forme de suicide social. Il faut, en un mot, devenir un Vieux Volontaire, dans un univers qui craint la mort, châtre la jeunesse et résume le bonheur dans la trinité Carte Visa - Viagra - Isoloir.
La nouvelle Marque de la Bête, c'est d'arborer fièrement cette grisaille qui nous étouffe, absorber sa couleur et son odeur, en faire des étendards, s'accoupler avec elle, devenir elle autant qu'elle devient nous.
C'est certainement cela qu'ils appellent la maturité. Aimer Big Brother. Se dire qu'on s'est bien marré mais que c'est le moment de passer aux choses sérieuses. Mépriser avec tendresse les gamins qui refusent de grandir. Dédramatiser. Rire de son propre esclavage.
12:47 Publié dans La Zone Grise | Lien permanent | Commentaires (1)