05/03/2008
ET SINON, EN EX-FRANCE, LA RIGOLADE CONTINUE...
Sûr, les gars. Le bon vieux Busing yankee à l'usage de la France d'Après les Bêret-Baguette-Accordéon. Original, novateur, porteur d'espoir, plus ébouriffant que les bourrasques d'aujourd'hui (et qui par ailleurs ont foutu ma bécane par terre, un rétro à changer putain de merde!) Voilà qui rappelle ce tranquille commentaire d'un Amerloque croisé l'année passée, autour d'un verre de blanc. "Avec le Busing, tu prends trente petits Blancs vers une école black, et à la fin tu as trente officiers SS qui ressortent."
La méthode Sarko-CRIF, si regrettablement abandonnée il y a peu, aidera-t-elle à apaiser les minuscules frictions qui émergeront de cette fructueuse Mixité sous perf' étatique ? On pourrait aussi faire en sorte que chaque établissement confie sa "Mémoire" à l'autre. Les écoles "à fort taux d'échecs" ne se fouleront pas plus que d'habitude, et ça fera des vacances mentales à celles qui fonctionnent pas trop mal.
En fin de compte, c'est peut-être pas si idiot que ça. Y a plein de savoirs à s'échanger pour avancer ensemble. Les bolo's apprendront aux Orcs les rudiments de la rhétorique classiste et à parfumer leurs revendications désarticulées avec un peu de Bourdieuserie, gage d'un grand succès auprès des jeunes pouffiasses à peine démoulées des écoles de journalisme. En retour, les Orcs enseigneront aux tektonikeurs malingres l'art et la manière de marcher sur la gueule d'autrui avec bonne conscience, à pratiquer efficacement le chantage affectif et à monter un bizness rentable pour ne plus dépendre économiquement de leurs parents ? géniteurs ? pondeurs ? responsables familiaux multigenre.
Bon pour la Kroassance, ça, coco.
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03/03/2008
LE SUICIDE DES TAUPES
<< De glissements en dissolutions, de rongements en écroulements, nous avons été minés, creusés, grignotés. Poussés par les ennemis de la liberté, les taupes françaises ont foui leur propre chair. Leur cerveau, leur moelle épinière, leurs nerfs, leurs muscles, leur sexe. Cinquante millions de taupes vides, aveugles, anesthésiées, poursuivent, hallucinées, les activités pour lesquelles on les a programmées : conduire leur voiture, travailler au champ, au bureau, à l’usine, « métro-boulot-dodo », manger, copuler, se reproduire, ressasser les slogans de leur cassette idéologique. Le soir, un cercle de muets boit au Léthé de la Télé. Veillés criminelles, où tes parents, Jacques, te coupent la langue : « Chut !... Bouche cousue : Télé ! » >>
(p.15)
<< Voilà ce dont on te prive, Jacques, non par étourderie ni négligence, mais sciemment, selon un plan prémédité, que Jules Romains dénonçait, dès 1966, dans sa Lettre ouverte contre une vaste conspiration. Depuis longtemps on a tout fait pour te défranciser. Pour t’arracher à ce sillon de sensations, de sentiments, d’idées, de gestes, d’attitudes, d’intonations qui formaient la France. (...) Les uns volontairement, pour te détruire, les autres par lâcheté, tous t’ont amputé de la France. Violemment , sournoisement, ou par l’arme qui se passe de tout argument : le ricanement. On a monté en toi des réflexes, associant automatiquement l’idée de la France au ridicule. Chaque fois que tu aurais quelque motif de fierté nationale, fût-ce dans une victoire sportive, et que tu t’apprêtes à t’épanouir, on ricane COCORICO ! Fine allusion au coq gaulois, présumé stupide, et à son cri de triomphe sur son fumier. Ou bien, exprès, ou par une ignorance complice, chaque fois que l’on devrait employer le mot PATRIOTISME, désignant l’amour légitime de la patrie, aussi naturel que l’amour que l’on porte à ses parents, on le remplace par sa caricature. Le PATRIOTISME étant banni du langage, tu te crois obligé d’employer le seul vocable qu’on laisse à ta disposition : CHAUVINISME. Privé de sucre, tu te rabats sur la saccharine. « En 1914, une vague de chauvinisme submergea la France », goguenarde un speaker de télé.>>
(p.19-20)
<< Les ennemis de la liberté que le Moyen Age aurait dénoncés comme les suppôts du diable, ont procédé à sa façon, par la caricature. Ils ont fourbi leur arme suprême de dérision : la POLITISATION. « Vous voulez faire de la politique ? ont-ils dit aux démocraties libérales. On va vous en fourrer partout. »
Jusque dans les moindre rainures et interstices de l’individu et de la société. Et non point de la bonne vieille politique à la papa du café du Commerce, héritière des bavardages cordiaux de l’agora et du forum, clins d’yeux, connivences sous le manteau, fausses colères avec toujours quelqu’un pour vous retenir, mais de la POLITISATION féroce. La population alignée au garde-à-vous, comme dans les camps de concentrations. Les bons – les méchants. GAUCHE-DROITE… GAUCHE-DROITE… Obligation de se ranger dans ces catégories avec tout son fourniment. Interdiction d’en sortir. Toute la vie bloquée. Tous les trésors de fraîcheur et de charme souillés. Tous les élans de création et d’amour, pourris. Le rire et le sourire, éteints. La joie d’exister, de respirer, de voir, d’écouter, d’aller et venir : MORTE. La richesse infinie des nuances, des sensations, des idées, la volupté des échanges, des rapports loyaux, la recherche de la justice et de la vérité : ETOUFFES, ETRANGLES.
DROITE-GAUCHE… DROITE-GAUCHE. La haine, la menace, la mort.
Un Swift peindrait cet enfer. Des juges de droite, n’utilisant que le plateau de droite de la balance de la Justice , et des juges de gauche, n’utilisant que le gauche. Des prêtres de droite adorant un Dieu de droite, qui n’a créé que la partie droite de l’univers et des prêtres de gauche un Dieu de gauche. Des médecins de droite ne soignant que la partie droite du corps et des médecins de gauche ne soignant que la gauche. Des policiers de droite, ne réglant la circulation qu’à droite, et des policiers de gauche qu’à gauche. Des gens de droite ne se mouchant que la narine droite et des gens de gauche que la gauche.
Jusqu’à l’heure où il n’y aura plus ni DROITE ni GAUCHE, mais seulement un côté. Refermé pour toujours, le clapet n’aura plus rien à trier. >>
(p.43.44)
<< Aujourd’hui, Jacques, la plupart de tes camarades se traînent au cours d’Histoire « comme à l’abattoir ». Vercingétorix, Jeanne d’Arc, Henri IV, Louis XIV, Napoléon, auraient-ils déteint dans le fleuve du temps ? Se seraient-ils évanouis ?
Il se passe simplement ceci qu’on vient de nous révéler : le plus monstrueux scandale du siècle, aux conséquences incalculables. Nous assistons à la poursuite méthodique du génocide intellectuel, spirituel, moral ourdi contre notre peuple, du lavage de cerveau perpétré pour défranciser les jeunes, c’est-à-dire la France de demain, qui tombera, sans guerre, sans invasion, comme une poire mûre, dans les mains de l’occupant.
On a pu commettre ce forfait sans que le gouvernement de ce pays et les parents des victimes lèvent le petit doigt. Un peuple de châtrés assistait, muet, au massacre intellectuel de ses enfants. Pour le massacre des innocents ordonné par Hérode, des croix de sang désignaient les maisons du crime. En France, partout où vivaient des jeunes d’âge scolaire, des millions de maisons, dans nos villages, nos sous-préfectures, nos grandes villes, Paris, étaient marquées des croix invisibles de l’oubli.
Quand l’horreur a débordé, les taupes ont tout de même entrouvert un œil. Pas d’elles-mêmes, mais parce que quelques esprits libres les ont secouées. Alain Decaux a donné le signal : « On n’apprend plus l’Histoire à vos enfants ! » (Le Figaro Magazine, 20 octobre 1979). Courageusement, douloureusement, il a dénoncé le scandale qui le crucifiait dans son âme d’historien. Il a révélé au grand jour la méthode de nos bourreaux.
A coups de marteaux, ils ont brisé la continuité chronologique. Il fallait à tout prix rompre le flux vital qui, de génération en génération, formait la trame de la France. Il importait d’abord de détruire la sensation viscérale que, de Vercingétorix à Giscard d’Estaing, les Français formaient une même famille, que cette cohésion intime dominait les classes sociales, les intérêts particuliers, les différences économiques, philosophiques, politiques, religieuses, et les régimes, Monarchie, Empire, République.
Nos héros, nos génies, nos saints, nos rois, nos seigneurs, nos bourgeois, nos paysans, nos ouvriers, agrandissant pas à pas notre domaine, d’un champ, d’une haie, d’un chemin à l’autre, jusqu’aux limites actuelles de montagnes, de fleuves, de mer de notre « pré carré », les irisations, les contrastes de couleurs, de sons, d’odeurs, qui confèrent à nos siècles leur allure française, tous ces trésors, nos tortionnaires les ont enfournés dans la moulinette du Père Ubu, grand mixer du néant.
Cette immense vie continue, chatoyante, diaprée, charriant le destin de la France , des forêts de la Gaule aux tours de la Défense , ils l’ont réduite en bouillie. >>
(p.122-123)
Paul Guth, Lettre ouverte aux futurs illettrés, Albin Michel, 1980
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27/02/2008
VITE ET BIEN
Chacun ses raisons minuscules pour dégueuler le monde moderne. En voilà une qui pourrait bien en transcender quelques-unes, entre individus qui ne se croiseront jamais : le refus horrifié d’une existence longue et chiante.
On est ce qu’on mange et on mène la vie qu’on choisit, il paraît. Ça reste à voir. C’est même tout vu. La seule marge de manœuvre véritable de l’individu, c’est de choisir entre se foutre en l’air d’un seul coup ou à petit feu. Les bonnes mœurs et les impératifs de la Croassance privilégient la seconde option. Ça tombe bien, parce que c’est aussi ce que la lâcheté ordinaire permet d’accomplir sans trop d’effort. Suffit de se laisser aller, de se fondre dans le cortège des porcs, de suivre paisiblement le mouvement. C’est pas les tisanes et les gélules qui manquent pour donner un coup de pouce à un « paisiblement » pas évident au début. Le secteur pharmaceutique, poumon de l’économie du pays. Croyez au hasard.
Le but ultime de ceux d’entre vous qui se cassent le plus le cul au boulot ou aux études, c’est l’espoir d’échapper à l’écrasement langoureux que subit la majorité.
Grignoter un peu de pouvoir et d’indépendance franchisée. Deux pièces en plus dans l’appart. Une plus grosse bagnole. Plus de temps libre pour s’avachir ou se sculpter d’éphémères abdos. Moins de culs à lécher et plus de langues collées au vôtre. De brefs espaces de silence et d’isolement purs, loin de la ruche hystérique où grouillent nos prétendus semblables. Un plus gros casse-dalle et de meilleures godasses pour allonger sa distance dans le même putain de marathon des aveugles.
Clin d’œil au fantôme de l’ami Raton : l’ordre ancien se basait sur trois castes qui assuraient la sécurité collective (Guerre), le ravitaillement (Agriculture) et le bricolage d’un sens de la vie aussi rigide et élaboré que possible (Spiritualité). La modernité a bousillé cet ordre ancien. Le guerrier est devenu Sécu. Le paysan est devenu industriel. L’intello-pourrisseur a évincé le prêtre. Et toute prétention à l’utilité collective a été réduite à sa seule dimension économique. Le dernier âge de l’Occident est le fruit des amours immondes entre hospice et shop de station-service.
Sois rentable pour être « utile ». Ou fais-toi mettre.
Car il y a bien des manières de se faire mettre au service du Bien Collectif défini par nos éleveurs démocratiquement élus. Ça commence par accepter l’idée fondamentale qu’on ne s’y consacre qu’en-dehors des heures de bureau. C’est le principe même du Bénévolat : tu « veux bien » consacrer du temps de survie disponible à ceux qui survivent moins bien que toi. Ou les populations-cibles que les experts désignent comme tels, plutôt.
Creuser des puits dans les dunes. Construire des écoles et des dispensaires dans la brousse. Donner des cours de français aux Inintégrables. Organiser des Festivals de l’Ouverture et de la Tolérance. Enseigner la Repentances aux pâles et le Ressentiment aux foncés. Ficher et dénoncer les Mauvais Citoyens – à noter que, dans ces derniers domaines, il y a quand même de belles occasions de carrière.
Nous ne voulons rien de tout cela. Nous voulons une vie courte et utile.
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26/02/2008
ILS SONT PARTOUT
Décidément, d'un pays à l'autre, on croise toujours les mêmes sous-merdes dans la rue.
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12/02/2008
PARTIR LOIN DE LA CHAROGNE
Parler du monde actuel comme d'un cadavre en décomposition n'est pas simple facilité rhétorique. C'est une image, mais de celles qui servent à imaginer juste : l'ayant à l'esprit, on distingue mieux ce qu'on a sous les yeux, et toutes sortes de phénomènes, sinon passablement déroutants, deviennent intelligibles. A commencer justement par ce sentiment universel qu'il est désormais inutile de chercher à connaître de façon plus scientifique et détaillée le fonctionnement de la société mondiale. En dehors de ceux qui sont rétribués pour fournir des simulations théoriques, cela n'intéresse personne de savoir comment elle marche exactement; et d'abord parce qu'elle ne marche plus.
On ne fait pas l'anatomie d'une charogne dont la putréfaction efface les formes et confond les organes. Quand les choses en sont venues à ce point, il semble qu'il y ait mieux à faire : à s'éloigner pour tenter de trouver encore un peu d'air frais à respirer et reprendre ses esprits ; ou sinon, comme la plupart y sont contraints, à faire en sorte de si bien atrophier sa perception de la puanteur qu'on puisse s'en accommoder après tout, peut-être se divertir et même s'en enchanter de tant de corruptions variées et changeantes, fermentations inhabituelles et gargouillements ludiques qui enflent de leur exubérance la charogne sociale. Exubérance en regard de quoi ce qu'il reste çà et là dans les moeurs de vie vivante paraît d'une stabilité bien ennuyeuse, que ne peuvent songer à défendre que des conservateurs et des réactionnaires terrifiés par le changement. Et certes aucun organisme vivant ne peut être aussi surprenant, inédit et labyrinthique que ce qu'en fait, un court moment, son pourrissement.
Jaime Semprun, L'abîme se repeuple, Encyclopédie des Nuisances, 1997
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09/02/2008
CE QUI TE DETRUIT NE ME REND PAS PLUS FORT
Pour faire suite à une récente conversation autour d'une foccacia et d'un verre de rouge avec MM. Abouziaff et Raskolnikof. En espérant que d’autres qu’eux arriveront à suivre :
* * *
« Penser global et agir local », on a beau dire, c’est tout sauf évident. On peut carrément affirmer que c’est antinomique. On en trouve tous les jours des preuves chez les altermondialistes, pour qui l’activisme régional n’est jamais qu’une étape obligée sur le chemin de la grande partouze planétaire. Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, c’est un truc qui leur a toujours échappé. Le Melting Pot mondial ou nada. Il leur importe moins d’être Citoyen du Monde que d’être originaires de nulle part.
Pour nous autres Affreux, c’est légèrement différent, mais ça revient la plupart du temps au même : si eux se battent pour Un monde meilleur, partout avec les mêmes outils et le même discours, notre combat s’oriente plutôt contre Le Meilleur des Mondes, ici et maintenant, en se contrefoutant de ce que notre Prochain et notre Lointain peuvent bien en penser. En-Face se focalise sur les causes générales, méprisant les conséquences locales ; inversion complète du cliché de notre côté des barricades : Maîtres chez nous, advienne que pourra partout ailleurs.
Ce qui différencie essentiellement des causes et des effets directement liés entre eux, c’est l'expérience directe qu’un individu peut en avoir. En clair, si un salopard me casse quelques côtes quand je suis par terre, ma première priorité ne sera pas de savoir pourquoi il l’a fait ou s’il a d’autres victimes à son actif. Il s’agira en premier lieu de laisser le calcium se ressouder, puis éventuellement de déchirer la gueule de l’indélicat. Qu’il soit une authentique ordure ou un simple exécutant sera considéré comme annexe.
Appliqué aux grands mouvements de l’Histoire, un tel comportement peut être considéré comme apolitique et plutôt bourrin. Il y a simplement un blocage normal, humain, instinctif, entre le constat global et l’action locale. Je vis à une époque précise sur un coin particulier des terres émergées et ce qui se passe ailleurs ne me touche qu’indirectement, quand bien même on me démontrerait la limpidité de la mécanique à l’échelle planétaire. Je dois d’abord sauver ma peau et protéger celle des miens avec ce qui me tombe sous la main. Plus d’armes, plus de moyens, plus de troupes et une meilleure logistique seraient bienvenus, mais pas de bol, j’ai rien de tel à disposition.
Cette nécessaire adaptation à la situation explique bien des discours biaisés, bien des activismes bâclés et bien des alliances contre-nature. Sur dix obsédés du Coran, combien ne dissèquent leur trois sourates par jour que parce qu’ils croient avoir trouvé un « angle d’attaque » propice à toucher le plus grand public de blanchouilles possible ? Quelle proportion de patriotes croit sincèrement que la racaille et la liberté d’expression de quelques aboyeurs à casquette sont les menaces prioritaires de l’Europe ?
Une fois que la rage est retombée, d’autres évidences se mettent en place. Le clash n’est pas entre les civilisations ni entre certaines tribus urbaines à rangeos ou capuche. Une substitution démographique est bel et bien en train de se mettre en place, mais « Eux » et « Nous » faisons face exactement aux mêmes emmerdes un peu partout sur le globe.
Le binôme Coca et R’n’B partout, ce n’est jouissif pour personne, nulle part. Les Africaines s’infligent des décolorations du visage, les Asiatiques se font débrider les yeux, les populations arabes les plus pauvres crevotent en t-shirt de basketteur US, et les terres les plus riches en ressources de la planète voient leur jeunesse risquer leur vie pour rejoindre un Eldorado occidental fantasmé jusqu’au grotesque. La supermarchandisation du monde se met en place partout en même temps avec des conséquences diverses mais unilatéralement catastrophiques. Mais elle touche chacun d’entre nous de manière différente et, sauf à se plier à une doctrine tout aussi universaliste, il nous est impossible de réagir « spontanément » de manière collective et ordonnée. Les bolchos s’y sont risqués, ils doivent à présent se recycler dans le chantage écolocrate pour maintenir leurs structures militantes sous perfusion.
* * *
Prenons un exemple frappant et que les sociologues de cour ne sont pas près d’analyser avec calme : l’omniprésence des références afro-américaines dans la non-culture musicale imposée à la jeunesse depuis dix ou quinze ans. D’un point de vue leucoderme décomplexé, s’infliger une heure de MTV débouche sur un bombardement de négritude hystérique sur fond de beatbox à paillettes. A toute heure, le modèle de virilité prôné se calque sur le bodybuildé du Bronx, couvre-chef à la dérive et décorations de Noël permanentes. A première vue le message peut sembler clair : Black ou Lopette, choisis ton camp, Face-de-Craie ! Avec la Tektonik , on peut même cocher la case la plus humiliante sans être homo…
Sauf que ça ne se limite pas à ça. A côté de ces Héros du Ghetto, on trouve aussi une flopée de salopes revendiquées, elles aussi porteuses d’un message esthétique extrêmement fort. Et c’est là que la négritude qu’on croyait unilatérale se prend un méchant coup dans l’aile. Une Mariah Carrey il y a une grosse décennie, une Beyoncé un peu plus récemment, une Rihanna actuellement, toute cette volaille caquetante a somme toute peu de choses en commun avec Venus Williams ou Whoopi Goldberg. Pas besoin de vous faire un dessin. L’afrocentriste enraciné y trouve-t-il vraiment son compte ? On ne le saura sans doute jamais mais on est en droit d’en douter, surtout pour ceux qui s’efforcent de dépasser le discours victimaire.
Et puis, plus largement, résumer la culture de tout un continent à une paire de baggys et une bagnole de maquereau, c’est tout aussi ignoble qu’un condensé de l’Europe à base de Gay Pride, de téléréalité et de carte Visa. Mais bon, semblerait que pas mal de Black Nationalists ne soient pas gênés par ça. Eux aussi doivent faire avec la situation donnée et le matériel humain disponible, je suppose. La Nation of Islam semble jouir d’un grand respect chez les zartistes qui font du rythme avec la bouche. On choisit pas ses admirateurs.
* * *
La nuance fondamentale, pour les Zoccidentaux que ça gêne un peu de disparaître, c’est qu’ils vivent dans l’Oeil du cyclone, à l’épicentre du séisme qui a provoqué l’actuel tsunami culturel. Ce n’est pas qu’ils se contrefoutent du respect des autres civilisations que la leur ; c’est simplement que leurs culs se sont retrouvés en première ligne sans avoir rien demandé à personne. Ils servent de bétail à la fois aux usuriers, aux maîtres-chanteurs post-colonialistes, aux auxiliaires du remplacement de population, aux marchands d’Iphone et aux charognards du Lumpen. Ça fait quand même beaucoup d’ennemis à la fois, et pratiquement aucun allié digne de confiance. Nos semblables eux-mêmes valsent entre le coma culturel délibéré et la peur pavlovienne d’être perçu comme « fachos » - quant aux fachos plus ou moins assumés, ils ont la chair aussi faibles que les autres et il n’est pas rare d’en croiser qui maudissent le kebab tout en se goinfrant de riz cantonais…
Une vision réellement « politique » et cohérente des obstacles à vaincre supposerait donc qu’on s’affranchisse de toute cette subjectivité épidermique, dans tous les sens du terme. C’est un point qui se défend tout particulièrement si on garde ce qui précède à l’esprit : la majorité de nos contemporains se branle de survivre en tant que peuple, s’accommode volontiers d’un Etat toujours plus invasif, se fait mettre à chaque votation sans jamais être dégoûtée des urnes, et accepte le naufrage avec la décontraction béate du toxico en plein flash. Plutôt que de chercher à sauver qui que ce soit, nous ferions donc mieux de bosser à ne pas couler avec la masse, quitte à nager en étrange compagnie.
S’unir avec des patriotes de n’importe où pour contrer la Machine à déraciner les peuples ? Rien contre, au contraire ! Encore faudrait-il qu’on croise ici et maintenant, sur nos terres, des patriotes d’ailleurs qui ne nous crachent pas à la gueule, qui ne reluquent pas nos filles comme des suceuses bénévoles et qui aient le minimum syndical de considération pour nos ancêtres. Voilà quelques conditions absolument non-négociables que les théoriciens ont toutes les peines à intégrer dans leurs shémas. Or il se trouve que le trip à la Kami Seba – du moins la partie qui ne se résume pas à un pauvre sketch de Dieudonné… – n’a pas trouvé beaucoup d’échos chez les Afrocentristes. La tendance serait plutôt à un cocktail du genre « Fier de mes racines et hostile aux tiennes ».
C’est pas que ça nous pose problème : l’hostilité réciproque, c’est une question d’hormones, ça vient sans réfléchir, il faut au contraire se fendre l’entendement pour lutter contre et c’est ce qui séduit justement bon nombre de déséquilibrés chez l’élite intellectuelle européenne. Si les nôtres nous gerbent, on se consolera facilement que les autres ne nous aiment pas beaucoup plus.
Ce qui nous chiffonne la moindre, c’est le discours qui voudrait qu’on tende la main (j’ai dit la main, bordel) à des gens qui ont toujours la leur sur la crosse du flingue, ou sur un cahier de doléances parfumé au champ de coton.
Ce qui nous fout les glandes format pétanque, c’est de vivre sur nos terres en futurs expropriés, en étant supposés ressentir de la solidarité pour ceux qui s’y invitent avec l’insulte ou la revendication toujours pendue à la bouche.
Et voilà comment revient à la charge l’antique « My People, Right or Wrong » des familles, mais sous une version plutôt inattendue. On n’est plus dans la fidélité librement choisie et assumée : ce n’est plus qu’une question basique d’appartenance, qui persiste à transcender les choix philosophiques et les engagements moraux. Nous partageons le sort de ces fils de parents indignes, qui ne peuvent effacer leur ascendance malgré les reniements, les mauvais traitements, les abandons et les coups de pute.
Que mon peuple soit un ramassis de larves attentistes et décérébrées, soit, plus question de le nier ou de le minimiser. Que l’activisme natio soit un jeu de con, puisque l’organisme visé rejette lui-même ses propres anticorps, soit également. Perd-on pour autant son Histoire, son passé, ses racines ? Non. Notre identité perdure. Elle se définit par rapport à la collectivité. Tout le drame et l’ironie de la situation, c’est que ce collectif a accepté son éviction.
Nous voilà donc, plus que jamais, des nomades enracinés, des apatrides à mémoire longue, coincés au milieu de casaniers amnésiques. Nous ne pouvons plus ignorer que cet Autre, qui nous dispute notre territoire, est ravagé par la même pandémie, tordu par des souffrances similaires – ça n’y change que dalle. Les options sont réduites à quelques rares alternatives inacceptables : la fuite pour éviter la confrontation, l’affrontement au profit des gestionnaires du désastre, l’universalisme des favelas pour contrer l’universalisme des beaux quartiers.
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23/01/2008
CRISE, REVOLUTION ET AUTRES QUESTIONS SANS IMPORTANCE
« Quand les caddies seront vides... » : introduction à tous les grands délires sur la fureur du peuple qui se rebellera un jour, parce qu’il en aura assez, parce qu’il aura faim, parce qu’il n’aura plus le choix que de se conformer aux grandes attentes que nous plaçons sur lui.
Or ces grandes attentes, Monsieur Peuple, il s’en tape. Il s’est toujours tapé des rêves des gens qui ont fondé des religions sur lui (et qui ont souvent fini par le massacrer pour qu’il se conforme au culte). Fafs, écolos, anars et bolchos, tous ont en commun une vision idéalisée de leurs semblables et de leur potentiel de changement. Tous ignorent un fait fondamental, c’est que l’individu préfère toujours être mal accompagné que seul, et que les foules vivront mieux sous une dictature maternante que face à une liberté anxiogène. C’est vexant mais c’est ainsi. Le knout, c’est le sex-toy des foules depuis la préhistoire.
Ce n’est même pas quelque chose de condamnable en soi. Sans un minimum de stabilité, de sécurité et de prudence, il n’y a tout simplement pas de famille, pas de projets à long terme. Pas de science, pas d’art, pas d’autonomie, rien de ce qui donne de la saveur à l’existence, rien de ce qui équilibre les sacrifices atroces qu’exige une vie en communauté. Les hyperactifs que nous sommes tous un peu ont tendance à l’oublier, à cultiver le risque gratuit, à parer leur suicide émotionnel d’atours flamboyants.
Ceci dit, on peut poser que l’homme moderne n’a jamais été aussi assisté et déresponsabilisé que depuis un demi-siècle. Jamais ses tâches n’ont été aussi prémâchées, ses envies surgavées avant même qu’elles n’apparaissent. Il vit le long d’une crémaillère dont le pire des accidents ne peut le faire dérailler. Et on voudrait que ce mammifère dévirilisé ait conservé en lui la rage de se battre pour sa survie, alors qu’il accepte fort gentiment la perspective d’avoir une descendance qui lui crache à la gueule ?
Il ne faut pas attendre, ni espérer, que l’aggravation des conditions de vie accouche la conscience politique de nos semblables. Bien au contraire, plus Monsieur Moyen devra se battre pour bouffer, moins il aura à foutre de contribuer à toute espèce de planification du bien-être collectif. Il ne s’embarrassera plus de mythes incapacitants façon Fraternité Universelle et apport culturel formidable des allogènes, mais il ne se lancera pas non plus dans aucune sorte de Reconquête. La seule épopée qu’il aura les moyens de concevoir et de mener, c’est la lutte quotidienne pour que sa famille ait à bouffer et un endroit pour s’abriter du froid et des prédateurs.
Les grandes crises historiques développent les formidables capacités d’adaptation et d’inventivité de l’homme. Elles ne sont pas des catalyseurs à ses envies de révolution, qui n’existent que dans l’esprit d’une stricte minorité de timbrés.
Le révolutionnaire moyen cherche à briser le carcan de la frustration d’action gigantesque, il rêve de justice expéditive, d’élimination des ennemis, d’une marge de manœuvre lui permettant d’assouvir ses instincts haineux et ses phobies les plus profondes. Mais il n’est pas un bâtisseur, qui lui ne peut œuvrer que dans le calme, la réflexion et le long terme. Les civilisations se fondent et s’effondrent sans cette mouche du coche.
S’il nous reste une Révolution à accomplir, elle ne consistera pas à transformer la société ou à faire naître l’homme nouveau. Tout au contraire : il s’agira de ne pas laisser la société nous transformer et effacer l’homme tel qu’il a été de la sédentarisation à la Première Guerre mondiale. Il ne s’agit plus de renverser l’ordre établi mais de nous en extraire. Et c’est en cela que notre pire ennemi vit dans notre tête – pas à la Maison Blanche , ni dans une madrasa, une Loge ou une succursale de la Licra. Symptômes et épiphénomènes, tout cela. Questions d’un autre temps, enjeux d’un autre match. Il a été disputé, et perdu, par nos grands-parents, à dix contre un. Tout le terrain est occupé par l’équipe adverse et ses innombrables mercenaires.
Notre match à nous n’aura rien à voir. Nous n’avons plus rien à prévenir, plus rien à conserver. Il nous reste les souvenirs glorieux de choses que nous n’avons pas vécues et un confort matériel qui se paiera de plus en plus cher. C’est trop peu pour donner le moindre sens à notre existence. Et il faudra du temps et beaucoup de désillusions vachardes pour accepter cette idée toute simple : les plus grandes conquêtes que nous pouvons espérer seront des choses très ingrates, terre-à-terre, sans panache.
Ni l’effondrement de tout l’édifice social, ni la Guerre-Civile -Ethnique, ni le Califat des Racailles ne sont des scénarii dignes d’une seconde d’attention. Par contre un certain émiettement du pouvoir est imaginable, à l’image de l’Europe de l’an mille. Un savoir antique confiné à une élite bien protégée. Une léopardisation du territoire, avec des enclaves fonctionnant selon les règles des groupes humains majoritaires. Le tout avec le maintien d’une fiction de gouvernance officielle, de paix incontestable faute d’armées organisées, de « confiance des consommateurs » aussi endettés que leurs Représentants Démocratiques…
Tous les inconvénients de la déglingue sans ses compensations en matière d’autonomie, en somme. Les amateurs de science-fiction n’ont qu’à étudier de près le Queens ou les townships de Johannesburg. Les autorités en charge de ces petits coins de paradis ne risquent ni leur peau, ni leur mandat, ni leurs revenus, ni même leur réputation. Le jour où les métropoles d’Europe connaîtront ce degré d’incohérence et d’insécurité, il ne se passera – …rien. Business as usual. Les amateurs peuvent continuer à comptabiliser les zincivilités et le nombre d'ambulances caillassées par week-end si ça leur fait se sentir utiles. La charité chrétienne voudrait qu'on leur recommande d'essayer au moins de rentabiliser ce hobby en cherchant du taff dans un quotidien gratuit, plutôt que d'inonder les fora droitards à leurs propres frais. Pour la différence que ça ferait, ça leur paierait au moins quelques sixpacks...
Oh bien sûr, il y aura quelques dizaines, quelques centaines de purs et durs peut-être, qui tenteront d’aller jusqu’au bout. Sortir des villes. Rejoindre les coins de campagne échappant encore à l’urbanisation et au dépeuplement complet. Effacer leur passé, leur identité officielle, leurs liens avec la Machine , quitte à mettre en scène leur mort pour être tranquilles. Réapprendre le braconnage et l’agriculture de subsistance, apprivoiser la faim et la peur animale. Une vie incroyablement courte, épuisante et intense. Va savoir si, ça et là, des communautés n’arriveront pas à se constituer et à maintenir une sorte d’autarcie minimale.
Et puis il y aura tous les autres. Ceux qui auront eu leur Epiphanie trop tard et trop seuls pour pouvoir entreprendre quoique ce soit de productif. Ceux qui seront déjà coincé par une famille, un job juste assez payé et gratifiant, des accoutumances tolérées par la morale de la Croissance , la lâcheté ordinaire face au risque de souffrir, le poids d’une âme méticuleusement tordue et viciée dès la naissance. Je me range d’entrée dans cette catégorie, au cas où on irait croire que je pontifie. Pour nous autres, Citoyens sans importance de la Grisaille technocrate, l’espoir d’une victoire sur nous-mêmes est le plus mince.
Mais si nous ne devions viser qu’une mort paisible, en accord avec nous-mêmes et droit dans nos rangeos, est-ce qu’on a vraiment le choix ?
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16/01/2008
LE VIOL DES ANCÊTRES
Un documentaire l'autre soir sur la TSR, le plus grand sanctuaire celte peut-être, découvert dans une carrière à la frontière est du canton de Vaud. Une certaine trique à penser qu'on vit depuis toujours dans l'épicentre d'un monde disparu. Théories fascinantes, images hypnotisantes - et douloureuses une fois de plus. La carrière "prend du retard", les archéologues doivent "sauver ce qu'ils peuvent", tout sera bientôt bousillé. Un immense cimetierre réduit en miettes pour construire des clapiers pour citoyens-consommacteurs. Ca rappelle ces ruines gallo-romaines (?) découvertes au centre de Lausanne, brièvement étudiées avant d'être elles aussi bétonnées. S'élève sur elles à présent un nouveau parking étriqué, rutilant et bien entendu racketteur.
On peut chercher pendant des lustres des explications socioéconomiques au pourrissement de notre civilisation. La faute aux allogènes, à la racaille insécuritaire, aux néoliberticides, à tout ce que vous voudrez. Quand je vois ce genre de choses, je me dis qu'il y a des raisons bien plus simples à chercher du côté de la métaphysique. Ricanement des sociologues et des militants de la plupart des chapelles connues. M'en fous : on peut affirmer qu'un groupe humain qui traite ainsi ses ancêtres ne mérite que de finir comme nous.
Nous parquons les "vieux" dans des crevoirs médicalisés, où la maltraitance et l'indignité sont moins que banales. Pouvoirs publics, société civile et congrégations s'inclinent dans une même courbette devant les marchands si ceux-ci décident que vendre du caillou vaut mieux pour tout le monde que de préserver des sanctuaires. Nos cimetierres eux-mêmes ne permettent plus aux morts de reposer en paix puisqu'on ne les laisse y pourrir qu'une poignée d'années avant de tout foutre dehors en vrac pour faire de la place aux suivants - votre dernière demeure ne sera qu'une gare de triage, une chambre froide camouflée en salle d'attente.
Tout ça rappelle ces histoires brumeuses d'égyptologues crevés on ne sait comment, quelques temps après avoir violé les tombes des rois oubliés du Nîl. On se rappelle que des centaines de momies ont été exposées à la corrosion de l'air libre, dépouillées de leur richesses, quand on ne les réduisait pas carrément en poudre pour des usages thérapeutiques abjects.
Quand un Orc croit nous insulter en nous conseillant d'aller baiser nos morts, il ne fait que décrire posément une réalité avalisée par l'ensemble du corps social.
Les Dieux, la sagesse, les anciens et les morts, éléments d'une même nébuleuse spirituelle à la base de toutes les croyances originelles de la foutue planète. Comme si c'était pour rien, un hasard, une stupide incidence. Nous connaissons tous ce vieux dicton, selon lequel les dieux rendent fous ceux qu'ils veulent perdre. Passez la tête par la fenêtre la plus proche, jetez un oeil aux environs, vous verrez que c'est parfaitement plausible.
Les hétéros se comportent en lopette et les pédales promènent leur "Fierté" dans des bastringues sponsorisées par les autorités. Les mères de famille déguisent leurs filles en pute, sous le regard passif et bovin de Papa, pour autant qu'il ne soit pas parti "vivre sa sexualité" dans une autre ville. Les hommes les plus puissants de la planète sont tous plus ou moins toxicos. La disparition d'espèces de moustiques nuisibles est pleurée comme un crime et le remplacement de l'Européen de souche par un masse bâtarde célébrée comme un "progrès inévitable". Nous bouffons de la merde en boîte lyophilisée et farcie de produits chimiques, que les publicitaires nous vendent en mettant en scène un artisanat culinaire antique fantasmé.
Des scientifiques sérieux et expérimentés investissent les médias pour nous dire de consommer bio et de nous déplacer en trotinettes sous peine de faire mourir Gaïa dans moins d'un siècle. Vendre son cul aux usuriers dès 16 ans, et pour ne s'offrir qu'un écran plat ou un Iphone, est non seulement accepté mais encore promu à chaque coupure pub, sur des affiches recouvrant les murs de nos villes. Les surfaces encore non-occupées sont barbouillées d'inscriptions illisibles par des primates chargés de quincaillerie luxueuse, emballés dans des fringues de marque informes.
Un Bon Citoyen est un individu qui admire ouvertement ce que cent générations avant lui considéraient comme hideux, imbécile ou gerbatoire. Il est licite, voire encouragé, d'avoir "honte de son pays", particulièrement quand une partie de sa population refuse de se laisser joyeusement enfiler par les traîtres et les apatrides.
Encore une fois, nous sommes loin, très très loin d'avoir touché le fond. Mais pour qui a la tripe un tant soit peu mystique, difficile de ne pas voir dans ce cumul d'absurdités et de grotesqueries un symptôme clair d'une folie furieuse à l'échelle continentale. Une démence parfaitement méritée à l'époque de l'Enfant-Roi, du travailleur jetable et des anciens euthanasiables du moment qu'ils coûtent plus qu'ils ne rapportent. Le savoir et l'accepter ne rend pas notre sort plus facile à avaler, parce que nous allons couler avec les masses en qui tout nous révulse. Mais on se dit que, quelque part, il y a une sorte de justice immanente et que cette déliquescence générale n'est que la monnaie de notre fausse pièce.
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30/12/2007
LA SOCIOLOGIE POUR LES MATHEUX
Moi, pour ce Nouvel An, je me cloître à la baraque avec la coloc', de la viande, du vin rouge et l'intégrale de Type O Negative en boucle. Ca permettra de faire fuir les démons des bons sentiments et de l'ambiance de bastringue obligatoire. Rien que l'idée d'échapper au compte à rebours de minuit moins une suffit à me foutre de bonne.
La légende urbaine postule qu'un grand nombre de gens se flinguent pour fêter dignement la fin de l'année officielle. Il semblerait que ça soit faux et que, tous facteurs pris en compte, c'est plutôt au printemps que les morts se mettent à bourgeonner en masse. C'est égal. Faisons honneur à la rumeur traditionnelle. Elle veut que la seule occasion pour les familles émiettées de recoller temporairement leurs lambeaux, pousse ceux qui n'en ont pas même une de substitution à en finir. Ca implique pas mal de sans-baise-fixe, mais pas qu'eux.
Amis célibataires, il y a une raison scientifique à votre solitude acharnée. Ce n'est pas une bonne nouvelle, ça n'améliorera pas votre Veuve Poignet, mais enfin The Truth Shall Set You Free, comme disent les yanquis. D'ailleurs c'est un yanqui qui vous l'explique. Lisez aussi le reste des conneries qu'il publie, c'est toujours ça de temps que n'auront pas vos parasites personnels.
17:24 Publié dans La Zone Grise | Lien permanent | Commentaires (0)
21/12/2007
JOYEUX FOUTOIR
C'est la première année où l'omniprésence de ces sales bonnets rouges à fourrure blanche me saute aussi violemment à la gueule. Ca fait pourtant longtemps que ça existe. Mais cet hiver, c'est devenu un spectacle relativement pénible. Emboîté sur le crâne des vendeuses et des pouffes de pub, "offert" avec toute la panoplie du Père Noël, affiché ça et là tout seul comme s'il s'agissait d'un emblème sacré... Et c'est bien ce qu'il est devenu en fin de compte. Une coiffe traditionnelle. Un truc de Blancs. Quelque chose de typique qu'on vient admirer en touriste, qu'on ramène rigolard à Dubaï pour épater la famille et étaler ses connaissances des cultures lointaines.
Je ferais peut-être bien d'en acheter un et de le planquer à la cave. Allez savoir ; il y en a déjà qui estiment qu'un sapin décoré est susceptible d'offenser les non-croyants-non-pratiquants d'un christianisme avec lequel il n'a rien à voir. Alors les bonnets rouges, réminiscence coupable de Saint Nicolas ? Impérialisme Croisé mâtiné de culture yanquie ? Interdisez-moi ça !
Une tradition mort-née. Y a qu'en Occident qu'on voit des choses pareilles.
Les futurs bondieusards des catacombes se prosterneront devant des icônes qui ressembleront à ça :
"Rien comme la période des fêtes ne me rappelle à quel point je me sens banlieusard de la vie..."
Tyler l'Ancien, 2007
* * *
... De mon côté, dimanche passé, j'ai passé ma journée à faire des biscuits, notamment des Bruns de Bâle, histoire familiale oblige. Pour une grosse boîte bien pleine à ne partager qu'avec les Unhappy Few de votre entourage, prévoir :
- 500 g de sucre
- 500 g d'amandes moulues
- une tombée de cannelle, pour le fun
- 4 c. à soupe de farine très ordinaire
- 4 blancs d'oeufs
- deux plaques de chocolat noir (50%) et une autre à 70%
Balancer sucre, amandes, cannelle et farine dans un grand bol. Si vous avez un gros mixer, ça sera plus facile ; on peut rajouter un peu de crème pour facilité l'homogénéité du mélange. Suite de quoi, faire fondre les deux plaques de chocolat 50% au bain marie jusqu'à ce qu'il soit bien liquide et rajouter à l'appareil, s'pas. La dernière plaque, on la débite grossièrement au couteau, ça fera de bien plaisantes pépites - rajouter, touiller. Reste à battre les blancs en neige (celui qui dit "Comme aux manifs contre le CPE" est un mauvais Citoyen) et à mélanger prudemment à la fourchette.
La pâte ainsi obtenue sera mise au frigo pendant une bonne heure, pour qu'elle soit plus maniable. Suite de quoi, on l'étalera à 5mm d'épaisseur avant de la découper à l'emporte-pièce. Pour éviter qu'elle colle à la table, préférer le sucre en poudre à la farine, qui dégueulasserait tout. Achtung malgré tout : plus on travaille la pâte longtemps, plus elle colle, et plus on rajoute de sucre, qui lui aussi finira par rendre le tout immangeable. Le tuyau : travailler la pâte en deux parties, dont on gardera la première au frais. Récupérer les chutes du découpage dans un bol et les former en boule au fur et à mesure ; au bout de deux ou trois étalages, on peut la planquer au frigo et recommencer l'opération avec celle qui y patientait déjà. Et ainsi de suite.
La tradition, bien plus que la raison, recommande de laisser le tout sécher au moins deux heures avant l'enfournage. Selon la puissance du four, 5 à 7 minutes de cuisson à 220. Certains barbares enduisent la moitié des biscuits avec un mélange de sucre glace et de crème, je crois. Ca gâche tout.
11:23 Publié dans La Zone Grise | Lien permanent | Commentaires (4)
REENCHANTER LE MONDE A COUPS DE VALIUM
Chez les zumanistes, chacun se plaint que le monde est désenchanté, que plus personne ne croit à rien, qu’il n’y a plus d’idéal. Leur désespoir est si déchirant qu'il leur a suffi d'un fugace regain d'intérêt pour le bulletin de vote, chez nos voisins d'ex-France, pour qu'ils entonnent le refrain du "Printemps de la Démocratie". On peut tortiller l'affaire dans tous les sens, une rémission n'est pas vraiment une occasion de sabler le Rimus, et pour choper la trique en pensant à une urne il faut avoir des habitudes sexuelles qui mériteraient des études-genre à elles seules.
Alors bon. Pour une fois, on va être d'accord avec eux. Semble bien que la grisaille ait contaminé bon nombre de nos prétendus semblables. Mais qu’est-ce qu’on nous propose comme enchantement ? La même soupe procédurière habituelle : encore plus de Droits de l’Homme, encore plus de Devoir de Mémoire, encore plus de Tolérance et d’Ouverture sur l’autre. Et surtout, surtout, pas de soumission délibérée à une discipline exigeante, de dépassement de l’aspiration misérable au confort physique et au vide moral.
Le désenchantement du monde découle de la mise à mort des épopées, des hymnes, des fresques, des grands élans irrationnels, du sacrifice collectif pour une cause perdue d'avance, de l’acceptation de renoncer à une partie de soi pour que le tout prospère ne serait-ce qu'une lune de plus. Mais nos braves sociologues ont justement HORREUR de tout cela. L’idéal martial, la figure du guerrier, le chef charismatique, la tentation immortelle des solutions violente, la poésie brutale du pronunciamento, toute l’esthétique fascisante en un mot ! Ils vomissent tout cela et ont lutté là-contre depuis plus d’un siècle.
C’était compréhensible du temps où ils pouvaient présenter le modèle de l’utopie marxiste comme une alternative crédible. Mais le rêve communiste a pris une sale poussière et s’est vautré dans un peu trop de charniers pour rester présentable. Qu’est-ce qu’il reste, alors ? La branlette New Age alterimmonde, la grande Île aux Enfants où toutes les couleurs et toutes les croyances se fondent dans un imbuvable sirop.
Et encore ! Le fantasme, l’utopie, l’élan inspirateur qu’on est censé y trouver, ça n’apparaît jamais que dans les dépliants publicitaires. Pragmatiquement, ça nous donne quoi ? Des maquignonnages électoraux sordides, des pourcentages d’allocations, des toilettages constitutionnels, des ministères fictifs, des foutaises bureaucratiques, des rafistolages mièvres, du chantage affectif, de la mise en scène tragique d’égratignures dérisoires…. Ça ne donne qu’un vertige de nausée alors que c’est celui de l’ivresse qu’on réclame !
Réenchanter son univers personnel, ça suppose de violer les règles en vigueur, de s’en inventer des nouvelles, de scandaliser tout notre entourage raisonnable. Mais que nous offre-t-on, chez les professionnels du rêve démocratique et développement durable ? Toujours plus de lois ! Toujours plus de règles ! Toujours plus de mots interdits, d’idées inacceptables, de débats châtrés par avance, de procès pour manque de délicatesse vis-à-vis des illusions d’autrui ! L’idéologie « Citoyenne » a remplacé l’élémentaire « civisme » (qui emploie encore ce pauvre vieux mot ?) mais ce tour de passe-passe ne nous a pas rendus plus libres.
La différence ? Les contraintes ne relèvent plus de l’Etat mais de diverses mafias qui le manipulent à tour de rôle, comme un troupeau de Bernard-l’hermite qui se refileraient la même coquille morte. La peur du flic n’existe plus, parce que des légions de supplétifs se sont enrôlées, pour la plupart gratuitement, certains font même partie de nos prétendus potes et de notre famille biologique. Quand des penseurs et des décideurs osent parler de "police de proximité", ça sent plus que le sapin, ça refoule la morgue passée à la javel. Le flic est votre ami. L'Etat est votre mère de substitution. Les réglements vous protègent contre vous-mêmes.
Ils sont tous là pour nous rappeler l’existence de ces lois non-écrites mais incontournables.
Avoir plus de considération pour l’Autre qu’il n’en a pour lui-même.
Ne jamais mettre nos origines en avant pour autre chose que les dénigrer.
Epurer son vocabulaire de tout ce qui pourrait être mollement réac.
Ne rêver qu’à un Monde Plus Juste selon les seuls critères des pourrisseurs de nations.
Pleurnicheries collectives, solennité d’enterrement permanent, monde carcéral à usage unique.
Le réenchantement du monde par le biais de l’idéal Démocrate ? Le rêve Citoyen ? Oubliez. Ca implique au contraire les vieilles croyances saccagées par les républicains, les progressiste et les apatrides. C’est la Légion Etrangère, la Colonisation et les Croisades. C’est le Front de l’Est, les tranchées de Verdun, la Bérézina. C’est l’obscurantisme franchement assumé. C’est la conquête, la bataille, la discipline martiale, la foi en la communauté du Sang et du Sol. C’est la Révolution barbare et la répression aveugle. C'est un choeur de hurlements où se mêlent Viva la Muerte et Montjoie. C’est un ensemble de choses non-quantifiables, invendables, irrécupérables, qui ne se plieront à aucun recyclage, même par ceux qui s’en croient les dignes héritiers.
C’est surtout un refus de la Dignité crispée et bigote qui tient actuellement lieu de Citoyennitude, et l’acceptation rigolarde d’un cadre traditionnel non-négociable, comme le décrit magistralement Raspail. C’est crever avec le sourire pour quelque chose d’impalpable, que les économistes, les éditorialistes et les techniciens du touillage social ne comprendront jamais. Ils sont à la fois trop déglingués et trop aigris pour ça. Leur haine de la gratuité et de la simplicité volontaire fait match nul contre leur terreur de l’humour noir et du détachement.
C'est enfin, avant tout, une capacité surhumaine de conserver de la candeur en des temps où une gamine de 13 ans peut facilement tomber sur des photos de sa mère en train de sucer un cheval. Or aucun d'entre nous n'est vraiment à l'abri de cette même déglingue et de cette même aigreur si constitutives de l'Ennemi. Tout au mieux pouvons-nous prétendre à en faire des exutoires de fortune, des accidents de parcours, des solutions de continuité, sans les déguiser avec les mêmes falbalas humanistes que les Boniches de la Zone Grise.
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27/11/2007
SUR L'AIR DE "THEY BREED - WE SLEEP"
Piqûre de rappel dans les Quartiers d’ex-France. La mort d’un petit con infoutu de conduire correctement un pocket-bike est un crime raciste d’Etat. En guise de répétition de cet axiome fondateur de l’Etat de droit moderne, nous avons droit à une nouvelle Staracailledémy dans un bled pourri dont personne n’avait jusqu’ici rien à foutre. Pas trop envie de me la jouer Madame Irma, mais je me parie une tournée de gentiane (Chapelle-des-Bois mon amour) que tout ça ne mettra pas des semaines à retomber. Et puis, malgré tout, par ennui, par dégoût, par stupidité occupationnelle, je regarde ce qu’on en dit dans la boîte-à-cons. Je regarde souvent les conneries à Yves Calvi. Son numéro de ce soir (27 novembre, comme le temps passe) aura été assez chiant, avec quelques pointes dont se rappeler, pour dans trente ans, si nous vivons encore et que fouiller dans les annales de notre mort collective nous amuse encore.
Une sorte de Grand-Frère-Educateur-de-Rue avec un prénom très Nouvelle France qui t’explique que tout ça c’est pas de l’Emeute mais de la Révolte. Un maire socialiste qui estime que nier l’existence du ouacisme antiblancs équivaudrait à un mensonge. Un Xavier Raufer qui parle cash et réplique aux lieux communs du Néofrançais avec un sourire parfaitement délicieux. Des gens qui parlent tous en même temps, impatients de déblatérer leur laïus, s’époumonant comme si on les avait menacés de castration sans anesthésie s’ils ne faisaient pas assez de bruit. Un débat de société, quoi. Le truc à regarder périodiquement pour se remettre en mémoire les raisons qui vous poussent à haïr tout groupe d’humains supérieur à deux personnes. Ça sert, parfois. Il y a des gens qui vous demandent pourquoi vous "faites semblant d’être misanthrope". C’est toujours utile d’avoir un argumentaire organisé sous le coude.
Quand on éteint le poste et qu’on retourne à sa non-existence citoyenne, on en tire quelques constats simples, exactement les mêmes qu’en 2005. Il n’y a pas de guerre civile ethnique. Il n’y a pas d’insécurité croissante. Il n’y a pas de symptômes d’un effondrement de la société capitaliste démocratique sécuritaire. Il y a tout simplement des événements festifs et bordéliques pour réitérer encore et encore l’affirmation d’un fait : nous ne faisons pas partie du même monde. Ces gens nous disent : « J’ai les mêmes papiers que toi – ou je les aurai bientôt – mais je ne veux pas de tes devoirs, de tes croyances, de tes références, de tes ancêtres. Tout ce qui est ‘toi’ est une oppression des ‘miens’. »
Economiquement, politiquement et socialement, rien de tout cela n’est grave ni dangereux, ni à court ni à long terme. Ce n’est pas non plus un problème qui concerne la police en particulier ni l’Etat en général. C’est une simple Sécession tranquille. Eh oui, « tranquille ». Ça peut paraître dur à avaler cet adjectif quand on voit son deuxième leasing partir en volutes noires sur le parking d’en-face de sa cage à lapins. Mais : pas de centaines de morts et de blessés ? Pas de prises d’otages ? Pas de barricades façon nouvelle Commune ? Pas d’insurrection structurée par un discours socioéconomique clair et révolutionnaire ? Alors c’est de la GNOGNOTTE.
Ce que nous « disent » de tels événements, c’est simplement que la bonne vieille Fracture Sociale est accomplie, que rien ne la rebouchera, qu’elle a toujours existé mais qu’elle était soigneusement maquillée en vague malaise de la jeunesse par le matraquage masochiste des rentiers de l’immigration massive. Et ce maquillage est craquelé comme le fond de teint d’une salope trop vieille pour refuser de négocier le prix de la passe. « Ils » ne sont pas « Nous ». Ils n’ont jamais voulu l’être, rares sont ceux d’entre eux qui ont réussi à faire illusion en gagnant assez de fric et en gravissant assez d’échelons dans la hiérarchie des Régulateurs et des spéculateurs.
Ce sont des choses que Monsieur Moyen mettra encore du temps à réaliser pleinement. Il finira par gober toute la pilule, un jour ou l’autre. Mais il sera trop tard. Et au moment de la dernière pénible déglutition, il se rendra compte aussi qu’avec la pilule, c’est un hameçon qu’il aura avalé en même temps. Un hameçon relié à des communautés dont il ne pourra plus se défaire. Elles auront la même « nationalité » que lui, c'est-à-dire des titres de séjour et des fiches de paie qui paralyseront toute intervention de l’Etat à leur encontre, quand bien même elles sortiraient les lance-roquettes pour officialiser pleinement leur autonomie territoriale.
Cette paralysie administrative mène d’ores et déjà à des paralysies analytiques auprès des instances officielles qui en ont la charge. Le choix du groupe d’appartenance culturelle, la définition d’un « Nous Autres » selon le taux de mélanine, ce sont des choses qu’aucune directive gouvernementale ni aucun lavage de cerveau lobbyesque ne peut éradiquer. Ça s’éteint naturellement chez les plèbes cacochymes et ça résiste à tout chez les peuples à l’épreuve du temps.
Vous aurez beau les enterrer sous leurs Certificat d’Européanitude reconnu par Bruxelles, encenser les bienfaits qu’ils représentent pour nos rentes AVS, nos besoin en main-d’œuvre et nos taux de fécondité honteux à se flinguer, RIEN n’y fera. Vous resterez toujours des Toubabs, des Faces de Craie, des exploiteurs, des descendants d’esclavagistes, les membres d’une race de racistes congénitaux, contre qui aucune insulte n’est assez vache ni aucun coup suffisamment dur.
Seulement, une séparation, c’est quand même une histoire de couple. Si l’un veut s’en aller mais que l’autre l’en empêche, il n’y a pas de divorce possible.
« Eux », ils ont déjà choisi. Ils veulent conserver la bagnole, la maison et la garde des enfants, mais ils nous laissent généreusement les factures, la pension alimentaire et le Devoir de Remord. En clair, ils nous foutent dehors – avec évidemment un droit de visite régulier pour nos filles et frangines prêtes à leur transmettre nos excuses en nature.
« Nous », c’est autre chose. D’abord parce que « Nous » n’existons pas. Monsieur Moyen adore ergoter sur les différences de marque de t-shirt, sur les disparités de revenus, sur l’inégalité des classes sociales, sur les engueulades clochemerlesques. Tout ce qui lui permet de fracturer sa communauté culturelle lui donne des frissons d’émancipation pour pas cher. Il ignore rigoureusement ce que signifie se serrer les coudes entre semblables. C’est peut-être héréditaire. Des lustres qu’on s’étripe entre voisins. Trop de peuplades, de traditions et de langues différentes sur un coin de continent aussi minuscule, ça ne peut que péter. D’où cette obsession immémoriale d’aller piquer le territoire à d’autres. La colonisation. L’exploration des océans. La fièvre des horizons lointains. Cette garantie implicite d’avoir enfin de grands espaces à ravager. Est-on sûr qu’Alexandre ait vraiment pleuré à l’idée qu’il ne lui restait plus de royaumes ennemis à conquérir ? C’est égal : l’image symbolise à elle seule les trois quarts de notre histoire collective.
Reste que malgré – ou à cause de, qui sait – ces antécédents de pillage et d’expropriation, nous avons en moins d’un siècle perdu le Feu sacré. Les meilleures choses ont une fin. Nous avons enculé la planète. La planète se venge et nous envoie la bite de tout le Tiers-Monde dans le cul, centimètre par centimètre, on va se la manger jusqu’à ce qu’elle nous brise la mâchoire de l’intérieur. La plupart d’entre « Nous » l’accepte. Ecrasée sous ce cheptel soumis, une poignée de sociopathes, de ratés, de poètes à plume tordue et de hooligans lettrés se répètent depuis cinquante ans que non, décidément, ce n’est pas un avenir acceptable. Mais ils ne sont que des grumeaux perdus dans la soupe et un demi-siècle d’agitation n’y a rien fait : la soupe ne s’est pas solidifiée autour d’eux. Il n’y a pas de Choc des Civilisations parce qu’ « Eux » n’en ont jamais vraiment eu une, et parce que « Nous » avons sabordé consciencieusement la nôtre. Arrière-Grand-Papa a commencé le boulot en bandes molletières. Grand-Papa l’a achevé à coups d’Etoile Rouge et de Stars and Stripes. Papa, qui n’a rien compris au film, a assuré les finitions avec trois pavés, deux manifestes pro-partouze et une éducation de ses gamins qui ressemblait à une longue IVG post-partum.
Oui, c’est mal barré. Non, ce n’est pas irréversible. Profite que je sois vaguement optimiste pendant deux secondes, toi le malheureux surfeur qui m’accorde ton attention par pitié ou curiosité anthropologique.
Entre « Eux » et « Nous », un obstacle jusqu’ici insurmontable : nos Zélus et nos Fournisseurs-d’Emplois. Voilà une belle paire de cochons pour qui ce deal invraisemblable mérite toute notre attention. Ils nous le font assez comprendre : Touche Pas A Mon Client/Electeur. C’est votre avenir, ces Jeunes révoltés, qu’ils nous serinent. Acceptez-les au plus vite. Baissez les yeux, c’est mieux que de vous les faire crever. Et puis pensez aux avantages, à ces hordes d’hommes vigoureux et de femmes sensuelles, tous prêts à vous échanger fraternellement un peu de chaleur humaine contre le gîte, le couvert et la naturalisation. L’économie de marché, ça se passe aussi dans la chambre à coucher. Soyons terre-à-terre. C’est pas du cynisme, c’est du réalisme, de la maturité, le courage de se comporter en adulte dans un monde qui ne badine pas avec la marchandise. Vous trouverez bien une raison. Démerdez-vous. Comme si vous aviez le choix de toute manière.
Il n’y aura pas de solution à ce problème tant que ces putain de Frères Siamois interviendront dans nos affaires. Ou plus justement, tant que nous les laisserons analyser, circonscrire, gérer et rentabiliser en duo des problèmes sociaux auxquels ils ne devraient jamais pouvoir toucher sans y perdre au moins une main. Bulletin de vote, vidéosurveillance, budgets prévention, crédits répression, séminaires de sociologie urbaine, gadgets d’autodéfense semi-légaux, durcissement ou débandade des « lois-muselières » - KIF-KIF TOUT ÇA.
Pour en avoir une énième confirmation, tendez une oreille attentive à « Leur » discours, corroboré par toutes les chiennes et les mercenaires qui se précipitent pour élever le moindre de leur étron au statut d’œuvre d’art militant. Vous n’entendrez parler que de mise à l’écart, de discrimination, de mauvaise insertion, de désintégration sociale, de ghettoïsation, de manque de représentativité, et pourquoi pas de ségrégation statocapitaliste s’il y a un bourdieusien à peu près clean qui traîne dans le bistrot. Autant d’explications rationnelles à des comportements d’hostilité systématique, réflexive pour ainsi dire.
Excuses à deux balles le charter. Mais pas que ça : ce sont autant d’obstacles qui ne Les ont pas empêchés de retrouver/maintenir/inventer une solidarité instinctive contre l’Ennemi, le Blanchouille, le Riche, le Patron, le Raciste, le Souchien.
Ils ont sauté par-dessus tout ça comme un 110 mètres haies, comme une course à sac de gamins. Ils sont censés être en marge, désorganisés, pas écoutés, méprisés, sans débouchés, réduits à la misère et à l’aliénation, et BAM ! Le moindre accident mongolien et c’est toute la té-ci qui part en feu de Bengale. Ils se sont joyeusement passés de tout l’arsenal associatif, métapo et militant que le dernier carré Réac agite désespérément comme ses seuls moyens de coaguler une opinion publique partagée entre je-m’en-foutisme et dhimmitude.
Il y a là comme une putain de leçon à tirer.
20:30 Publié dans La Zone Grise | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : L'abus de vodka-pomme peut provoquer des logorhées incontrôlabl
24/11/2007
A - PO - LI - TI - QUES
Nous n'avons jamais été "politisés" et nous ne serons jamais concernés par la "politique", par rien de ce qui préoccupe les Régulateurs des égouts de la Polis. (Je dis "nous" plus par politesse que par prétention).
Un UDC de plus ou de moins au Conseil Fédéral ?
La naturalisation automatique ou éreintante des allogènes ?
Plus de flics ou plus d'éducateurs dans les rues?
Moins d'impôts pour les riches ou plus d'allocs pour les pauvres ?
RIEN A BATTRE.
Mais alors absolument rien.
Sincèrement. Un constat sans exagération aucune.
Nous n'avons jamais voulu de strapontin au club des gestionnaires du désastre.
On a dû se gourrer dans l'heure, se tromper dans la saison, pour en venir à donner des avis constructifs sur telle ou telle partie de la tuyauterie souterraine de la démocratie. Tout ceci ne nous concerne pas. Rien n'en affecte nos existences dans des proportions que l'on puisse remarquer.
En tant qu'individu, peut-être bien que je peux avoir à secouer qu'on me propose 10% de plus ou 10% de moins sur mes factures d'assurances. Au moment de remplir une ou deux étagères du frigo, c'est sûr que la notion de "pouvoir d'achat" devient quelque peu palpable. En faire un idéal ? Un cri de guerre ? Une "philosophie-de-vie" comme on dit chez les blaireaux ? Autant faire pousser des fleurs sous les rayons d'un néon d'une ampoule à basse consommation, pardon. Un comateux peut vivre avec une perf' de glucose, une sonde anale permanente et un bon traitement contre les escarres. Est-ce que sa vie lui sert encore à quelque chose ? Qu'on se pose aussi la question à l'échelle de toute une civilisation qui ne vit plus que pour écouler ses marchandises, soutenir ses flux financiers et inventer du boulot pour des millions de gens qui, s'ils ne bossaient pas, n'entraîneraient pas l'effondrement du Système puisqu'il n'a pas besoin d'eux.
Le "tissu social" ne se détricote pas seulement parce que nos voisins n'ont ni la même gueule ni la même langue que nous. Ca aide foutrement mais ce n'est pas suffisant. Si nous vivons de plus en plus comme des autistes entassés dans des bétaillères à air conditionné, c'est aussi et surtout parce que nous ne croyons plus à que dalle. La dernière religion de l'Europe sous sa forme originelle, c'est de se prosterner devant les sectes les plus grotesques et les idéaux de microcéphales du moment qu'on a la garantie qu'ils sont "Différents". Tout tolérer sauf l'Intolérance. Ne rien choisir sauf ceux qui choisissent de choisir (on appelle ça de la Discrimination). Ne s'intéresser absolument à rien de métaphysique, de philosophique, et envisager tout groupe humain comme une vache à lait, qu'il faut nourrir, traire, et vacciner contre les infections qui ferait baisser son rendement.
La "politique" officielle traite nos existences de la même manière que la médecine envisage nos anatomies. L'hygiénisme social est pratiquement passé dans les moeurs et toutes les déviances de la norme ont désormais le statut de maladies à traiter. Quant au troupeau qui ne va pas trop mal, paie ses impôts et n'empêche pas la police de faire son travail n'est-ce pas, elle n'est qu'une grande machinerie à la Tinguely, qu'il faut huiler et nettoyer de temps à autres, mais dont plus personne ne sait exactement à quoi elle sert. L'Occident n'a plus d'avenir et choisit la dilution culturelle parce qu'il a renié une à une toutes les missions historiques qu'il avait accepté jusqu'alors. Sûr, elles n'étaient ni plus belles ni moins absurdes que les croyances des dernières civilisations amérindiennes. Aller foutre le souk à Jérusalem sous prétexte de libérer le tombeau du Christ était une mauvaise idée en soi, et sans doute un pillage organisé déguisé en acte de foi collectif. Et puis ?
Nous savons encore moins ce qui a motivé les populations qui ont érigé les monolithes de Stonehenge. Nous considérons avec un ahurissement rationaliste les pyramides de Gizeh, en nous demandant comment des générations d'Egyptions ont pu dépenser une telle énergie pour une simple tombe royale. Les verdâtres nous racontent l'histoire présumée de Rapa Nui, parabole d'un peuple qui a coupé tous ses arbres pour dresser des statues à la gloire d'on ne sait quelle divinité anonyme. L'esprit du temps ne veut y voir que des élans absurdes, des entreprises délirantes ou criminelles. Et pourtant nos tripes, sourdes à ces arguties de boutiquier, se tordent encore des millénaires plus tard face à ce spectacle, ces stigmates témoins des fièvres créatrices qui dépassent et ridiculisent nos pauvres aspirations. Ces populaces immenses n'agissaient pas pour des pourcentages de salaires, des conventions collectives, "Rêveries de branleur", ricane quiconque doit faire croûter sa famille. Et il aura raison de se foutre de ma gueule. Je l'accepte d'avance. Et je maintiens que l'Europe est morte parce que ses derniers poètes n'étaient capables que de rêver à des termitières humaines. A Porto Allegre comme à Davos, c'est un même idéal de cyborg qu'on bricole entre illuminés, unis par une nausée d'envergure cosmique pour tout ce qui rattache un peuple au coin de terre sur lequel il marche et qu'il fertilisera moins d'un siècle après y être né.
Avoir un organisme en relative bonne forme m'intéresse, oui. Je fais ce que je peux pour le maintenir en l'état et pour en améliorer les éléments les plus défaillants. Mais je ne consulte pas un toubib trois fois par semaine. L'influence de l'alcool ou des nourritures grasses sur ma santé ne me réveille pas au milieu de la nuit. Les séquelles à long terme de mes accidents de bécane ne constituent pas ma seule source de préoccupation. Si je traîne quelque virus ou fracture, je ferai ce qu'il faudra pour m'y soustraire. Mais une fois de retour à la normale, putain de merde, j'ai mieux à faire de ma vie que de compter les fruits-et-légumes-par-jour que j'avale. Ce qui est valable pour mon système digestif vaut aussi pour le corps social dans son ensemble. Les questions économiques ressemblent foutrement à l'ordinaire d'un entérologue : vérifier que les transits vont dans le bon sens, que les flux sont maintenus, qu'on consomme et produit suffisamment de matériaux divers. En fait, c'est tout notre édifice social qui est devenu un gigantesque intestin, une machine à bouffer, à digérer, à chier, et à reconsommer sa propre merde.
La couleur de ces excréments, leur odeur, leur poids, leur répartition plus ou moins égale entre hommes et femmes ou entre nationaux et sans-papiers ? MAIS RIEN A FOUTRE ! Nous nous contrefoutons des questions de "fondements", seules nous intéressent les questions de fond. Et personne, jamais, nulle part, ne pose ces questions. Libéraux, conservateurs, socialistes, capitalistes, centristes, sécuritaires, tous se réfèrent systématiquement au même système de valeurs indiscutables et incontournables qui postule respectivement que :
- la Démocratie est le seul régime politique digne de ce nom ;
- les Droits de l'Homme sont à la fois naturels et nécessaires, une question de bon sens et l'aboutissement de la pensée humaine ;
- les gesticulations les plus clownesques et les plus new-age sont acceptables du moment qu'elles rendent hommage à Saint-Climat ;
Etat ou Marché, peu importe l'Autorité Suprême dont on est invité à sucer les orteils. Tout ce que leurs adorateurs respectifs lui demandent, c'est d'assurer le maintien des surplus de mangeaille, le respect des horaires des transports en commun, la stabilité du PIB, la continuité de la Croassance. On fait d'excellentes entreprises avec cette recette. On ne fait pas une société ni une civilisation, sauf à penser qu'un élevage de porcs ou de poulets est un modèle universel.
Tortillez tant que vous voudrez, vous retomberez toujours sur ces mêmes saletés. Y a-t-il encore qui que ce soit qui parle de Liberté, et de ce qu'on peut faire avec ? Oui : Reporters Sans Frontières, chaque année, au moment de vendre leur album officiel. Pour toutes les autres officines médiatiques, qu'elles se réclament d'un parti ou d'une église, toute liberté qui n'est pas celle de la presse uniquement n'a pas d'intérêt. Nous "vivons" dans un pays libre. J'ai le "droit" de choisir en mon âme et conscience entre döner et bigmac. Je suis "libre" de zapper la Starac' ou de couper le son pendant la pub. Je ne suis pas "obligé" de faire exactement le même boulot que mon père. C'est supposé me suffire. Rechigner là-contre est le propre des gosses de riches, des enfants gâtés, des immatures, des inadaptés. Ta cage est chauffée, on change la paille tous les jours, c'est quoi ton problème, ducon ?
Alors d'accord pour fermer ma gueule. Aucun problème. Je finirai bien par le faire, comme tout le monde. Parce qu'on ne peut pas passer sa vie à gueuler. Ca ne paie pas les factures. Ca ne remplit pas le frigo. Ca ne permet pas d'échapper aux impôts et aux impératifs d'une vie en société qu'on n'a pas les couilles de quitter ou de dynamiter. Mais qu'on ne me demande pas d'aimer ça ni de faire semblant d'aimer ça.
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21/11/2007
EN ATTENDANT LE RETOUR DU BOOMERANG
Ils veulent nous « niquer », de préférence « jusqu’à ce qu’on les aime. » Ils nous le répètent assez. C’est entendu.
Est-ce une incitation au meurtre et une apologie du terrorisme, si je dis que la seule réponse proportionnée d’aller défier leurs petits cocktails Molotov avec en bandoulière des jerrycans agrémentés de clous ? De répondre à l’occupation du terrain par la politique de la terre brûlée jusqu’en profondeur ?
Sans doute, oui.
Evidemment.
Suis-je distrait.
Ça crève les yeux.
Alors je ne le dis pas.
Je ne le pense même pas. Arrière, fantasmes malsains ! Je vous dénonce avec une indignation vibrante et Citoyenne. Opprobre et camisole de force à ceux qui concevraient de pareilles horreurs. Délires irresponsables de puceau frustré, gavé de shoot-em-up, de porno SM et d’alcopops au point d’en oublier jusqu’à la notion même de décence.
Précaution bien inutile, cependant. Parce que des kamikazes blanchouilles, on n’en verra pas des masses durant ce siècle. Ce n’est de toute façon pas le style de l’ex-forteresse Europe. Il faut pour cela une foi indestructible, une abnégation presque inhumaine, la conviction que Gott est avec uns, autant de choses aussi rares en Europe que des boules de geisha dans un paquet de pop-corn. (Plus rares que ça en fait : le sex-toy est en train de devenir si tendance qu’à terme, il sera plus facile de se balader avec un gode dans le cul qu’avec une clope au bec.)
Gott a depuis longtemps estimé que uns étions un ramassis de sous-merdes, mûres pour la dilution et l’arrachage des souches pourries. Gott doit être jardinier, à ses heures. Et dans son infinie sagesse, il a vu que l’arbre occidental perdait ses feuilles, que sa sève s’était retirée de ses racines, que ses fruits étaient rares et immangeables, qu’ils poussaient même sans graines ni écorce, d’atroces fruits mous réduits en confiture à peine la fleur fanée.
Alors Gott s’est dit qu’une greffe pourrait lui faire du bien, à ce continent qui sent le désinfectant de morgue. Une greffe massive de branches et de bourgeons piochés dans des espèces exotiques, plus vigoureuses, plus résistantes. A ce jour, les greffons les plus absurdes et les plus comiques sont très bien tolérés par la plante. Faut dire qu’elle est tellement déboussolée… c’en est au point qu’elle fait sa photosynthèse avec la lumière des néons et les flashs des radars autoroutiers.
Tour de force divin : c’est parmi ceux qui gerbent Son nom qu’Il trouve une profusion de petites mains vertes, toutes disposées à faciliter l’opération. Pas plus collabo qu’un cureton. Et pas plus cul-bénit qu’un agnostique qui milite pour un monde moins blanc plus juste. Nos interminables funérailles ont réconcilié Don Camillo et Pépone, qui se relaient pour nous balancer des poignées de glaise sur le coin du cercueil. Voilà bien la seule chose qui rend comestible l'obsession anticléricale des paganos et leurs tirades sur la "religion pour les faibles". N'empêche qu'elle a sacrément sapé vos antiques sanctuaires, cette prétendue jérémiade-du-désert !
Evidemment, le résultat donnera un hybride cocasse, sans plus rien de commun avec ce qui était prévu à la base. Mais quoi ? D’ici quelques saisons, la récolte des nouveaux fruits bâtards n’aura plus rien d’exceptionnel. Il faudra même donner un nom à cette nouvelle variété, qui finira par s’imposer comme une évidence, un nouveau classique, effaçant jusqu’à la mémoire de l’original. Il avait fait son temps, de toute manière. Qui regrette, à part des sensuels illuminés, les centaines de sortes de tomates éliminées du marché, qu’ils n’ont jamais connues ni goûtées ?
Faut-il être con et doctrinaire pour cultiver la nostalgie de ce qui est mort avant qu’on naisse. Nostra maxima culpa.
Il faudra plus, bien plus qu'un retour à l'Amour des Nôtres pour être à nouveau maîtres sur nos terres. Il faudra suivre l'exemple de ceux qui veulent nous remplacer et nous approprier intégralement cette rage automatique, ce réflexe d'hostilité animale face à l'ennemi. Eux ne s'embarrassent pas de longs débats sur la nature de cet ennemi, sur les alliés possibles, sur le flou des frontières. Ils ne calquent pas sur la définition de leur "Nous" les mêmes arguties qu'un Soral opposait à Desouche dans son récent interviou. Leur propre diversité ne les prévient pas vraiment de faire bloc contre le Cul-Blanc conçu lui aussi comme un bloc homogène, secrètement ouaciste, hypocritement humanitaire, clandestinement colonialiste, qui discrimine comme il respire. Réfléchir et agir en cro-magnons ne leur pose pas de graves problèmes existentiels. Dragouiller 0,1% d'électeurs-fantômes ne fait pas partie de leurs objectifs. La cohérence doctrinaire, rien à battre. Pousser Cul-Blanc dehors, un slogan amplement suffisant et éloquent.
Suffit de jeter un oeil aux émeutiers d'Occident depuis un bon quart de siècle pour mesurer l'ampleur du décalage et comprendre en un instant qui est condamné à perdre. Beaucoup de bruit, quelques flammes, un peu de fumée, une poignée de vitrines cassées, wow. Et pour une poignée d'agitateurs prêts à se frotter quelque peu à la flicaille (ce qui doit bien évidemment terroriser le pouvoir en place), des hordes hirsutes qui chantent, qui sautillent, qui promènent leur colère souriante le long des parcours balisés. La spontanéité d'une fête du Travail à Pyongyang, et le potentiel révolutionnaire à peu près égal.
De fait, les dieux n'ont jamais eu de Peuple Elu. Ceux qui s'en sont réclamés ont toujours fourni eux-mêmes les prophètes pour entendre et lire ce qu'ils voulaient. Les dieux n'aiment que la Colère et ils accorderont leurs faveurs à celui qui bouffera le plus la gueule à l'autre. Les Athéniens le savaient aussi bien que les Normands. Le mythe du Berserker illustre à merveille le caractère sacré de la fureur de vaincre l'ennemi. Et l'ex-Européen moderne a, plus que toute autre chose, perdu sa capacité à se foutre en rogne. Il crève avant tout de cette carence qu'aucun complément alimentaire ne compense.
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10/11/2007
AMIS IMAGINAIRES
Des offres d’emploi à poster. Je ne vote plus depuis dix ans, je n’entre que dans les églises qui méritent la visite point de vue architectural, mais je continue à jouer au boomerang avec mon CV. Espoir, quand tu nous tiens… L'averse a en plus fait tomber une bonne cargaison de feuilles. Le bitume trempé plus ça, bonjour la cassée de gueule si j'y vais en vélo ou en bécane. Nous marcherons donc.
En chemin je croise moult amis imaginaires.
Il y a d'abord cette blonde à cheveux courts, coupe vaguement sixties, qui me contemple vautrée sur un comptoir. L'affiche me dit que son point commun avec moi, c'est « la passion pour notre métier. » Voyez-vous c’la. Cri de guerre de l’entreprise, en-bas à droite en tout petit : « ça crée des liens ».Ca met en confiance. C’est doux et chaud. Je sens qu’on aurait pu super bien s’entendre, elle et moi. Mais je dois poursuivre ma route. Tant pis pour toi, la belle. Dans une autre vie, peut-être ?
Pas d’autres clients à part moi dans la salle. Pas besoin de se faire chier à contempler, vaguement incrédule, les montagnes d’objets qui n’ont rien à foutre dans une poste. Bédés sous-humoristiques, guides astrologiques, soudokous, arsenal de plumier, recettes de cuisine spécial ventre concave, jouets… Il y a aussi un endroit à louer. Peut-être un mètre carré. Un panneau nous illustre l’affaire. On y voit une brunette accorte, qui propose du fromage d’alpage aux clients jeunes et dynamiques d’un quartier qu’on imagine riant, ouvert, multiculturel et si proche des traditions paysannes pourtant. Personne n’occupe ces quelques dalles. Dommage, un bout de gommeux aurait été bienvenu.
En sortant, un autre panneau, frappé d’un grand cœur rouge. Un message de mon amie la Poste , pour me dire qu’elle se casse le fion pour que je me sente bien chez elle. Je suis important. Je suis spécial. Je suis la raison pour laquelle elle se lève plein d’entrain le matin, toute empressée de tremper ses petits bras dans de larges bassines de missives à destination de n’importe où. Alors elle me dit « Merci de tout ». C’est touchant, cette syntaxe qui sent bon la campagne zurichoise typique. Je vais fondre, vraiment.
Plus tard. Des courses à faire. Il faut s’arrêter pour faire le plein. Encore des amis imaginaires, par flopées, qui montrent l’exemple d’une existence comblée, joyeuse, pacifiée. « C’est bon de s’arrêter », proclame une bourgeoise empoignant un sandouitche comme une bourgeoise examine un gode à billes. « Régalez-vous ! », exhorte une maigrichonne au regard vide, la bouche pleine d’un machin qu’on présume chocolaté. « Bienvenue », me souhaite une blonde avec un vague air de Jennifer Aniston de parking, en uniforme rouge. Une autre encore, peut-être la goinfre de tout à l’heure, me rappelle qu’on n’est « jamais trop prudents », façon de m’inciter à vérifier mon niveau d’huile.
Ça fout le vertige, tant d’attention et de délicatesse. On a l’impression de barboter délicieusement dans une pataugeoire pleine de sirop de grenadine.
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08/11/2007
GENERATION NUCLEAIRE
Suite à la fusillade de Tuusula, L'American Underground Nihilist Society (Elu Meilleur Acronyme de l'Année par des consomm'acteurs) publie une petite analyse dans une perspective, eh bien, nihiliste. Un texte volontiers outrancier, avec des simplifications à la pioche, où la provoc’ pure valse avec un bel amoralisme. Dans l’ensemble, ça ne pisse pas très loin et c’est pratiquement une apologie de la violence eugéniste. Le texte a toutefois le mérite de poser quelques questions sociologiques auxquelles l’Occident aurait dû répondre, ce dernier quart de siècle, s’il avait eu quelque chose à foutre de survivre en tant que civilisation. J'en publie une trado perso, que les curieux trouveront en bas de ce post.
Le slogan « C’est la faute à la société » a été systématiquement été braillé par les défenseurs des parasites auxquels s’en prend l’auteur, qui fonde pourtant son argumentation sur ce même argument. Les réjouissances des Banlieues Coloniales d’Ex-France en 2005 en avaient donné moult illustrations et c’est la même rengaine à chaque « pétage de plombs » d’un Citoyen-Différent-Mais-Egal : si les jeunes sont violents, c’est parce que le capitalisme est violent, c’est un modeste retour de manivelle, peut-être spectaculaire mais infiniment moins ravageur que les politiques économiques et sociales décidées par nos Propriétaires Démocratiques.
Rengaine archiconnue ; elle fait partie des nombreuses tactiques de désarmement moral, qui visent à prévenir Monsieur Moyen de toute révolte contre certaines populations chouchoutées par les journalistes et les mafias moralistes. Pourtant, on remarquera que cette mélopée n’est pas reprise par les pleureuses assermentées à chaque explosion de violence.
Les Territoires Occupés qui flambent et crachent leur haine de l’Europe ? Un symptôme d’un grave mal-être, un appel au secours déchirant, le cri d’alarme des nouveaux enfants d’Occident à leurs parents adoptifs négligents.
Les fusillades de Columbine ou de Virginia Tech ? La faute aux armes à feu, aux jeux vidéos, à la fascination pathologique pour la violence de timbrés cryptonazis s’ils sont pâles ou « mal intégrés » s’ils le sont moins.
Evidemment, deux objections pertinentes pointent leur groin.
D’abord, la différence qualitative entre une émeute racaillesque et une exécution en règle de dizaines d’étudiants. A elle seule elle pourrait justifier toute variation de ton, d’analyse, de révolte ou de réaction du corps social. C’est pas les mêmes pilules pour toute une ville enrhumée ou un seul immeuble grouillant d’anthrax.
Ensuite, politicards, assistantes sociales et pisse-copie n’ont pas leurs fiches complètes pour tous les déviants en activité. Ils savent comment réagir face à un exotique qui agite sa casquette, ses baskettes et ses exigences de pognon facile ou de discrimination positive à l’embauche. La population est bien ciblée, les sociologues nous ont sensibilisés depuis des lustres à ses abominables souffrances héréditaires, la population ne met pas des plombes à dégainer ses mouchoirs, ses pénitences et son chéquier. Les Orcs qui lui crachent à la gueule parlent un langage qu’elle a appris à maîtriser ; son lexique pivote sur les notions de démocratie, de tolérance, de réussite sociale, de droit aux gadgets technologiques, d’argent-qui-facilite-le-bonheur, de représentation équitable – tout ce que le Citoyen Démocrate reconnaît comme ses propres centres d’intérêts sur cette Terre.
Grosse différence avec ces gamins, Petits Blancs pour la plupart, qui sortent les flingues pour d’autres raisons que des histoires de territoire urbain, de came, de harcèlement policier ou de frustration consommatrice. Ils ne brûlent pas des bagnoles parce qu’on les prive d’une partie de leurs privilèges. Ils tuent parce qu’ils trouvent que l'Occident ne va nulle part et qu'il y va mal, qu’ils y mènent une vie gerbatoire, parce qu’ils y sont condamnés à un avenir de pompiste, de représentants en parfums, d’arrière-petits-fils d’esclavagistes et de génocidaires, d’aspirants-bolossés, de pères semi-castrés, de sex-toys sans piles.
Ils flinguent parce que leur rage n’a pas d’autre exutoire que Second Life, des parties de paintball et une place hypothétique sur le podium des prédateurs économiques ou des mercenaires-saltimbanques de la musique d’ascenseur. Ils exterminent et s’éliminent parce que la Vieille Europe et l'Amérique précocement sénile n’ont plus de place pour les fous, les rêveurs, les agités, les possédés, sauf à un comptoir de pharmacie ou aux urgences psychiatriques. Ils se défont de leur vernis d’humanité parce que contrairement à leurs parents, profs et supérieurs, ils n’arrivent plus à s’identifier à leur costume d’homme-sandwich.
Et c’est un refus catégorique que le monde post-soixante-huitard n’a pas les moyens de comprendre, ni de prévenir, ni de guérir. Ce malaise viscéral, qui dégueulasse toute une génération, ne sera pas dissipé par des Contrats Première Embauche, des centres de loisirs, des cours de hip-hop gratuits ou la légalisation du cannabis.
Les conducteurs de notre bétaillère pourront se payer encore longtemps le luxe de s’en contrefoutre parce ce qu’ils risquent peu de chose sur le moyen terme : ce cancer est très peu contagieux, il consume de l’intérieur et ne provoque que ça et là des effusions de sang, vite jugulées par les haut-parleurs de la presse et de nos maîtres à-ne-pas-penser. Dans leur écrasante majorité, la génération des malades actuels se laissera tranquillement crever ou recycler dans la machine à malaxer les peuples.
Mais leurs successeurs, qui se forment en ce moment dans les universités, les hautes-écoles d’administration et les camps d’entraînement pour managers, auraient tort de négliger le problème. Il est des colères sourdes qui se transmettent par le sang autant que par l’éducation, et en 2030 une nouvelle génération pourrait apparaître, qui aura encore moins à perdre que nous autres.
Une partie d’elle aura été élevée dans la méfiance de toutes les institutions, dans le mépris de la faiblesse et des excuses bidon, dans l’acceptation de formes de cruauté nécessaires envers soi-même et les autres. Elle aura été confrontée, chaque fois qu’elle aura dû sortir du cadre familial, à la brutalité des codes de la rue, à l’arrogance humiliante de l’aristocratie cosmopolite, au décalage obscène entre discours multiculti et réalité des concurrences interculturelles, au vide spirituel abyssal du relativisme moral, à la conjuration de tous les ressentiments envers l’ancienne communauté autochtone, au constat atroce qu’un taux trop bas de mélanine fait de vous une cible pour les insulteurs, les margoulins, les faux prophètes, les chacals de caniveau et les pourrisseurs de conscience.
Toute bombe à retardement peut être désamorcée, détruite sans dégâts, interceptée à temps. Mais un déchet radioactif irradie pendant des millénaires, se foutant bien des gouvernements qui passent, des modes qui virevoltent, des sectes qui s’élèvent et s’effondrent, des empires qui naissent et s’évaporent.
Nous sommes les milliers d’enfants de la Zone Grise qui ne pourront jamais laisser leur colère éclater à la face d’un monde trop vieux et trop absurde. Nous avons été trop bien programmés à retourner contre nous-même la démence que votre idéal socioéconomique provoque en tout être un peu sensible. Nous ne flinguerons pas nos collègues de bureau, nos camarades d’amphis, nos codétenus anonymes dans les cages à loyer modérés. Nous ne foutrons pas le feu aux beaux quartiers. Nous ne prendrons pas de traders, ni d’éditorialiste, ni de spéculateurs en otage.
Nous continuerons d’avancer lentement dans la file d’attente de l’Assommoir pour recevoir notre coup de grâce personnalisé sous emballage hygiénique. Mais dans vingt ans, dans cinquante ans, nos descendants feront encore hurler vos compteurs Geiger et si les chances d’une explosion atomique en plein dans vos sales gueules est encore incertaine, tant que nous aurons la force de nous maintenir plus ou moins en vie, vous ne serez jamais complètement en sécurité.
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26/10/2007
CHEZ MONSIEUR RIPLEY
Les Fidjiens ne vivaient pas dans une économie de chasse et de cueillette mais dans un cérémonial, c’est pourquoi ils étaient des hommes et non des bêtes. Ce n’est pas le cas de mes contemporains français ou américains qui ne sont que des porcs qui vivent dans le besoin permanent, comme des bêtes traquées. Dans ce monde seul l’argent est humain. Les Grecs vivaient encore dans un cérémonial. Chez les sauvages, tout le monde a sa place au banquet de la nature. La rareté n’a pas encore été inventée. Les sauvages ignorent la misère grâce à la cérémonie. Je lis chez un auteur : « il ne faudrait pas croire [les sauvages] privés de toute vie économique ». Comment pourrait-on être privé de vie économique alors que la prétendue vie économique n’est autre que l’avènement de la privation. Heureux sauvages privés de privation et aussi de privatisation. (...)
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23/10/2007
PLEIN LES URNES
Bon, on va en parler un peu, de ces élections à la con. La TSR y a bien consacré quelques cinq heures d’affilée ce dimanche, c’est bien que ça doit avoir de l’importance. Ou que ça intéresse du monde. Une moyenne de 50% de participation, un bon score dit-on. Un grand merci à Appenzell Rhodes-Intérieures qui sauve l’honneur abstentionniste avec seulement 21,1% de votants.
Dégringolade socialiste, bonne morflée radicale, grosse progression des Verts et de l’UDC. Ça signifie que la gauche tranquille et la droite amorphe ont été un peu bousculées par une droite qui n’a pas honte de ce qu’elle est, et par une gauche à la fois plus forte en gueule et moins archaïque (SolidaritéS, par exemple, se mange une claque, comme quoi Gaïa-qui-meurt commence à rapporter plus que Mamadou-qui-souffre).
Voilà pour le constat de base. Ça n’appelle pas quelques commentaires mais je les ponds quand même et démerdez-vous avec. Mieux : démerdez-vous sans, parce que rien n’est bien compliqué dans ce qui suit. Vous devriez être foutus d’arriver aux mêmes conclusions tous seuls, surtout si ce n’est pas la première fois que vous traînez votre ennui en ces mornes pages.
« Gauche tranquille et/ou archaïque », ça semble aller de soi. Les socialos n’ont pas une image très vigousse. Il me souvient pourtant d’une « sondage pour rire » à l’université, où le parti à la feuille de Rose avait remporté un max de suffrage, bien plus que les formations franchement bolchos. Il faut se rappeler que la population estudiantine, pour tout ce qui est sciences humaines, comprend quand même une majorité de gonzesses et qu’elles sont assez peu portées sur les coups de gueules et les slogans guerriers. Le Dialogue ! L’Ouverture ! La Tolérance ! Vertus femelles au possible ! Quitte évidemment à foutre une branlée aux affreux qui refusent de se plier au culte, mais c’est pour leur bien et ça doit se faire en douceur, comme avec des handicapés ou des hyperactifs…
Voter socialiste, ou se déclarer proche de leur programme (surtout si on le connaît mal), c’est une garantie de Primus inter pares démocratique : dans le camp des Gentils sans trop se fouler. Personne ne vous demande jamais de vous justifier, ça fait toujours son petit effet tout en allant de soi dans tous les milieux. Un régal pervers de confort moral. Josiane, elle veut bien porter des magnifiques godasses qui lui bousillent les pieds, mais question convictions il lui faut le confort d’une pantoufle. Normal qu’elle s’engage peu en politique, et qu’elle le fasse surtout sous l’étiquette bobo. Les plus activistes dépensent une énergie prodigieuse à tuer en elles toute féminité apparente. Etre habillée comme un sac et pas soignée pour un sou, c'est visiblement un gage de crédibilité.
L’UDC n’est pas plus « jeune » dans son esprit et ses méthodes, loin de là. Simplement c’est la seule force de droite qui fasse vraiment chier la gauche. C'est un facteur central pour expliquer toute une partie des suffrages du parti et la popularité de ses thèmes. Les autres formations ont bien retenu les leçons du dressage : toujours devancer les Correcteurs dans la bassesse et le reniement de soi. Qu’on pense à l’affiche des Femmes Radicales, qu’on croirait découpée dans une pochette de 50 Cents : quelle nymphomane stalinienne aurait osé une telle apologie Banania de l’Africain-bête-de-sexe ? Et que dire du « Duce » de Couchepin, qui a coupé le gazon sous les sandalettes de tous ceux qui n’avaient trouvé que du « Tribun » à lancer contre Blocher ?
Chez les Démocrates du Centre (quand même ! quel nom ! quelle ambiance !), c’est pas qu’on fasse son difficile niveau brassage ethnique et abattement de toutes les frontières, mais on aime que les choses soient faites à la Suisse , dans l’ordre, le calme et l’ennui administratif mortifère. Oui aux mosquées, mais sans minaret pour ne pas ruiner la grasse mat’ dominicale de ceux qui ne vont plus à l’église ! Oui à l’immigration massive mais faut qu’elle rapporte : Willkommen, informaticiens de Bombay, milliardaires du Golfe, distingués diplomates équatoriaux, putes de luxe exotiques si douces à la solitude du quinqua en goguette dans les trappes à culs Ordem E Progresso ! Du choc des civilisations tant que vous voulez, mais qu’il ne fasse pas plus de bruit qu’une bonne levrette. La grosse différence de cette droite avec leurs prétendus ennemis, c’est qu’ils préfèrent être actifs quand ils culbutent les « minorités. »
Les immigrolâtres se contentent de cette opposition factice, bien sûr. Ils ne sont pas difficiles. Ne pas les soutenir bruyamment, c’est déjà du conservatisme à leurs yeux. Si on passait le Concours Diplomatique aussi facilement que son brevet de facho, l’Occident grouillerait d’ambassadeurs au chômage technique. Alors vous pensez ! Le mouton noir ! Quel orgasme pour le censeur, si inconsolable de ne pas avoir d’homologue helvète de Le Pen ou de Pinochet ! Des années qu’on gribouille des croix gams’ sur les affiches de l’UDC et qu’ils ne s’excusent pas, qu’ils ne reculent pas ! Ça change des déculottées sur l’air de « Mon meilleur ami est un juif Antillais bisexuel », dont on est si friand à Conservaland…
Plus tristement, l’électeur réac s’en contente aussi. Le programme et les slogans sont poussifs, les projets les plus audacieux ne cassent pas trois pattes à un Canard WC. L’abrogation du 261 bis, par exemple ? L’argumentaire officiel rappelle fort bien que la loi est déjà très pointilleuse sur le chapitre et que son rajout récent n’a pas empêché grand-chose niveau tensions interethniques.
Qui pense vraiment que distribuer Mon Combat dans les écoles va faire renaître l’oncle Adolf ? Moyen Junior baigne quotidiennement dans une ambiance sociale et médiatique où s’excuser d’être blonde et se calquer sur les mœurs afroyanquies sont des activités aussi banales que d’avoir une Visa vide quand on est encore aux études. Plus de propagande natio ou plus de castration du langage ? Kif-kif. Les autorités politiques n’ont qu’un seul choix : ralentir un peu ou accélérer à peine la résiliation du bail continental. Pour l’empêcher complètement et faire machine arrière, il fallait se bouger le cul il y a un bon siècle. Mais ledit électeur réac ne réfléchit pas à ce genre de choses. Il prend ce qu’il y a de pire, ce que les Correcteurs lui désignent comme de qu’il se fait de pire. Pas de piments ? On se rabat sur le poivre – pas qu’on aime ça mais s’il n’y a que ça pour relever un peu le goût de la soupe à l’eau… Et on avale cuillère après cuillère en se disant que c'est un début, qu'il faut bien commencer quelque part, que c'est absolument immangeable mais peut-être qu'au dessert...
La presse locale aussi bien qu’étrangère a sué sang et eau pour nous convaincre que ce modeste picotement était pire qu’une gorgée de tabasco. L’Hebdo a largement engraissé ses choux avec Blocher des semaines avant le scrutin. L’affiche qu’on ne présente plus a rembourré moult colonnes affamées d’actu pimentée. Les résultats connus, Le Monde a carrément titré sur l’air de la victoire des Ultranationalistes, rien que ça ! Pas en reste, le journal de la TSR s’est délecté de ses envoyés spéciaux chez nos voisins européens, frétillant d’aise face aux indignations de leurs confrères envers notre sale pays de merde qui utilise si mal sa démocratie-modèle.
Tout un microclimat de suspense a été créé, puis soigneusement entretenu, comme on pousse le volume de la musique pour faire croire qu’il y a de l’ambiance dans une boîte où chacun s’emmerde seul. Et on nous fait déjà mousser avec la date du 12 décembre prochain, renouvellement du Conseil Fédéral – à croire qu’il va se faire au suffrage universel et que Monsieur Moyen, même démocrate convaincu et priapique de l’isoloir, pouvait y faire quoique ce soit !
Ce qu’il va se passer pendant le mois et demi qui nous en sépare ? Nada. Ronronnement de l’appareil étatique. Paisibles tractations de coulisse. Mélopées d’orchestre de Titanic. Et le 13 décembre ? Nada. Jérémiades roses-rouges, manifestounettes par-ci, feu de poubelle par-là, et retour à la désespérante routine. Entre la période des soldes et la mise en place des décorations de Noël, il règne à peu près la même ambiance dans les supermarchés de ma région.
Perdus dans ce coton étouffant, on saluera malgré tout Oskar Freysinger pour son apparition au TJ de lundi soir. Ce qu’il a dit n’a aucune importance, d’ailleurs je m’en souviens à peine. Par contre personne n’aura manqué de remarquer, décorant le revers de sa veste, un gros badge Mouton Noir emprunté aux antifas, qui doivent encore se demander à quoi rimait cette délicieuse petite provoc’.
14:44 Publié dans La Zone Grise | Lien permanent | Commentaires (5)
13/10/2007
HEIL ERIC CARTMAN
Vous m'excuserez si j'en rajoute une couche sur le même thème qu'il y a quelques semaines, à savoir que l'assouplissement de certaines crispations n'est pas un bon signe.
Avec le fractionnement communautariste de l'Occident, nous nous dirigeons vers des tensions interethniques si fortes qu'il faudra bien trouver des soins palliatifs pour conserver une apparence de Cohésion Sociale (on commence même à inventer des ministères qui en sont explicitement chargés...)
La dédramatisation en fera partie de plus en plus ouvertement, officiellement même si ça se trouve. Ces techniques de désamorçage se mettent en place spontanément au niveau de la rue, quoiqu'en disent les sociologues et autres mercenaires de la Grisaille.
Le Club Acacia en fournit un énième exemple, avec ces deux épisodes de South Park. En trois-quatre maladroits crobards, c'est l'essentiel du discours identitaire qui est résumé, dix fois plus cash que ce que répètent les appointés les plus médiatiques du milieu. Tout y passe : l'obsession victimaire des blaques, la mort sociale que peut entraîner un mot malheureux, l'hostilité latente entre communautés sur un même sol, les fausses excuses qui sont de vraies humiliations, le culte progressiste de tout ce qui est difforme, laid, "différent" quoi.
Ca passe à la télévision, c'est accepté, toléré, partie intégrante de la culture jeune contemporaine. Ca ne provoque aucune émeute. Ca ne rapproche pas d'un poil de cul l'éventualité d'une reconquête de ce qui était, il y a un siècle ou deux, "nos terres".
Un patriote qui n'aspire pas viscéralement à bronzer sous les projecteurs officiels, qui n'a pas l'âme d'un flic ou d'un comptable, n'a pour seul avenir qu'un statut d'Eric Cartmann local. Hurler des abominations, insulter tout et tout le monde, se palucher aux occasions où chacun morve dans la dentelle. C'est jouissif, c'est extrêmement satisfaisant, mais ce n'est pas un programme politique, ni un projet de société.
Ces choses-là s'articulent dans l'arène démocratique. Un monde où on ne veut de nous que comme épouvantails ou comme fous du roi, et où aucun d'entre nous, spectres d'une armée sans chefs et sans armes, ne se sent vraiment à sa place. C'est un club pour gens raisonnables, subdivisé en autant de "partis des honnêtes gens", ceux qui portent une cravate ou qui laissent ostensiblement leur chemise ouverte, selon qu'ils racolent dans les ghettos ou les conseils d'administration.
Pour se faire admettre dans ce club, il faut laisser au vestiaire son amour-propre, son goût du boucan, ses élans destructeurs, ses passions esthétiques, ses tentations expéditives, sa frustration inconsolable de ne pas vivre en des temps moins policés et de trop bien savoir que l'action directe n'est plus qu'une forme de suicide social. Il faut, en un mot, devenir un Vieux Volontaire, dans un univers qui craint la mort, châtre la jeunesse et résume le bonheur dans la trinité Carte Visa - Viagra - Isoloir.
La nouvelle Marque de la Bête, c'est d'arborer fièrement cette grisaille qui nous étouffe, absorber sa couleur et son odeur, en faire des étendards, s'accoupler avec elle, devenir elle autant qu'elle devient nous.
C'est certainement cela qu'ils appellent la maturité. Aimer Big Brother. Se dire qu'on s'est bien marré mais que c'est le moment de passer aux choses sérieuses. Mépriser avec tendresse les gamins qui refusent de grandir. Dédramatiser. Rire de son propre esclavage.
12:47 Publié dans La Zone Grise | Lien permanent | Commentaires (1)
28/09/2007
COMPLIMENTS A LA PYRRHUS
Beaucoup de foin à RéacLand autour de ce karaoké mièvre.
Et que "c'est pas juste", et "deux poids deux mesures", et "qu'est-ce qu'on entendrait si on disait que les Noirs ont pas marché sur la Lune"... Litanies éculées.
Première réaction : ne pas en parler. Quoi à battre, de ce que la jeunesse acéphale d'ex-France s'enfile dans les oreilles ? Des aiguilles à tricoter seraient certes préférables mais quoi ? C'est pas encore tendance, va falloir attendre. Deuxième réaction : en parler quand même, pour dire qu'il ne faut pas en parler. C'est idiot. C'est blog-friendly. Pas de fausse pudeur.
Perso, je ne sais pas danser comme un Noir, c'est vrai. Je suis aussi relativement médiocre au maniement de la machette et je ne sais pas guérir le sida avec de la betterave et du citron (alors que Tabo Mbeki se démerde pas mal, par exemple). Et si M. Deano veut faire une autre chanson sur ce thème, ça va pas me couper l'appétit.
(A peine) plus sérieusement, Camarades Irrécupérables, vous vous sentiriez mieux si Skyrock passait autant de Dr Merlin ou de Landser que de ce genre de singeries sous-développées ? Ca vous émoustille, l'idée d'être équitablement représenté sur la sciure du Merdiatik Cirkus ?
Ou alors ce sont vos réflexes caviardeurs qui parlent ? Censurez-moi ce guignol qui manque de respect à mon peuple ? Mais il a parfaitement RAISON, ledit guignol ! Il a raison de se payer la fiole des pathétiques blanchouilles modernes ! Particulièrement de ceux qui acceptent les codes, les valeurs et les critères esthétiques du Lumpen le plus fier de sa crasse ! On n'a pas encore trouvé de tradoche convenable pour "Wigger", mais il serait temps qu'un distingué polyglotte se dévoue, parce que ce ne sont pas les spécimens qui manquent. S'il y en a qui doivent se sentir blessés, c'est bien eux. Envie de vous solidariser ? Ohne mich.
Dernière explication possible, la plus plausible aussi : un cocktail de routine parano et d'exaspération face au matraquage. Plein le cul d'avoir le mauvais rôle collectif, d'être rabaissé au rang de petit-fils d'exclavagixte, de devoir dire "Eux" avec admiration mais jamais "Nous" avec fierté. D'accord. Capiche. Pas une excuse.
Pas une excuse parce que nous savons depuis des lustres qu'il n'y a rien à attendre de bon de la Boîte-à-cons. Et encore moins des institutions droadlomistes. Nous savons que leurs beaux principes de respect et de tolérance sont à sens unique, valables pour toutes les minorités sauf les Visages Pâles fauchés, à disposition de tous les peuples sauf les Blanchouilles.
On va passer encore combien de siècles à exiger d'être traités avec dignité par les gardiens de notre taule ? " Monsieur le Directeur, je remarque avec humeur que les mâtons sont mieux traités que les détenus et je proteste". Une phrase pour résumer tout ce que la réacosphère répète à nos Propriétaires depuis vingt ou trente ans. Et ils ne sont toujours pas fatigués d'exiger qu'on leur botte le cul avec des pantoufles plutôt qu'avec des santiags. Toujours pas marre de n'arriver à que dalle avec les mêmes méthodes, les mêmes discours, les mêmes indignations citoyennes.
Pas de démocratie pour les ennemis de la démocratie. C'est pourtant clair. Va bien falloir choisir de poser son cul sur une seule chaise à la fois.
01:53 Publié dans La Zone Grise | Lien permanent | Commentaires (6)