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24/06/2008

DANSE DES MORTS CITOYENNE

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Pour la dernière fresque Piotriote, toi y en a cliquer sur la ng'image.

 

A contempler sur l'air d' Halloween in Heaven, bien sûr.

 

The dead they got that morbid beat
It goes Deo Deo
They dance upon decaying feet
With their black toes, oh no
Heaven, limbo, and hell
Purgatory oh well, oh well

23/06/2008

VALEURS

Dimanche. Soirée foot. Nous sommes quinze et je dois bien être le seul à n'en avoir rien à foutre. Espagnols et Italiens échangent les bières, les pronostics et les insultes. Un des invités trouverait amusant que la Russie soit championne d'Europe ; il affecte très ostensiblement par contre, de ne rien trouver à redire concernant une possible victoire de la Turquie.

 

Je mange dans un coin et observe la scène comme un anthropologue raté, en buvant très modérément pour cause de grosse cuite la veille. Ca permet de s'attarder sur certains détails révélateurs. Ainsi, on peut lire divers messages sur le bord du terrain. Principalement des gens qui nous veulent du bien, qui savent que nous aimons les chaussures, les voitures, les boissons sucrées et les cartes de crédit indispensables à leur consommation. Mais il n'y a pas que ça : il y a aussi des petits rappels de ce qu'un bon Supporter-Citoyen doit dire et croire pour ne pas se faire expulser du stade. D'où des rencontres assez amusantes, comme des cadavres-exquis involontaires.

 

Mastercard - Respect - Coca-cola - No to Racism.

 

Et après ça, on ose se foutre de la propagande maoïste.

 

Allez, encore une semaine à tenir.  

 

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20/06/2008

REVERIES DU TELESPECTATEUR SOLITAIRE

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... La Suisse, qui ne fait pas partie de l'Union Européenne, a été battue à l'Euro 2008 par la Turquie, qui n'a rien à y foutre. Quand vous dites ça aux gens normaux et bien intégrés socialement, il y a comme un vide qui se forme dans leur regard, pendant quelques secondes. Ils peinent aussi à comprendre qu'un patriote forcené n'ait rien à secouer la Nââtii et insulte les gens qui ne sortent leurs drapeaux que quand des mercenaires de luxe en shorts se font filmer en train de labourer une pelouse à coups de crampons. Pour aggraver durablement votre cas à leurs yeux, pensez à leur dire que la défaite de l'équipe de France face à l'Italie vous a plutôt contenté, et que vos potes français partagent votre satisfaction ; le Vaudois qui peut pas puer les Frouzes, c'est un cliché qu'on comprend encore, mais le Frouze qui siffle sa propre équipe, c'est déjà plus complexe. Il vous faudra alors aborder de pénibles questions de composition des équipes et de nationalité de papier - si avec ça vous ne vous fâchez pas pour de bon avec vos interlocuteurs, il faudra envisager de vomir sur leurs pieds. ....

 

 ... Fin de l'atroce dilemme pour les gauchistes américains, qui n'ont plus à choisir entre militer pour une femme ou un métis. Ca doit soulager, j'imagine même pas. Ceci dit, les journaleux d'Europe avaient choisi depuis longtemps. En soi, ce n'est ni une bonne ni une mauvaise nouvelle, ça ou le classement de la Nouvelle Star, somme toute, c'est pareil. Mais quel bonheur que d'observer le frétillement des journaleux, si empressés de saluer comme une grande avancée le moindre rot émis par un mélanoderme, si snob et friqué qu'il puisse être. Un sommet de servilité racialiste a été frôlé l'autre soir, avec Delahousse, je crois. Question adressée à Will Smith, venu faire la promo de sa prochaine série Z surbudgetée. En gros, ça donnait : "Un superhéros Noir, un candidat Noir, est-ce un tournant décisif aux Etats-Unis ?" Le Smith a rigolé et a répondu n'importe quoi. A sa place, j'aurais fait exactement pareil. ...

 

... En Espagne, la police escorte des camions citernes. Du coup, le discours de La Décroissance sur notre "civilisation de la bagnole" devient moins caricatural. Il y a un mouvement qu'il serait intéressant d'analyser, et sur lequel poignée d'économistes moins cons que la moyenne est peut-être en train de plancher : se déplacer devient un luxe, le riz et les pâtes bientôt aussi abordables que du béluga, l'expérience ET les études indispensables pour dégotter des boulots de bas étage, impossible de trouver un logement si on en a vraiment besoin, alors qu'un proprio se fait ouvrir toutes les portes fastoche, tout ça devient assez intéressant. Le plus intéressant, c'est surtout l'apathie générale que provoque chez l'Occidental moyen cette accumulation de foutage de gueule. A croire qu'il aime ça. Existe-t-il un seuil de saturation collective, au-delà duquel les peuples se laissent sodomiser en remerciant leurs violeurs ? Il n'est plus possible de croire sincèrement à un "déclic", un trop-plein, un crachat vraiment trop glaireux qui mettrait enfin le feu aux poudres. Même un 11-Septembre par jour dans chaque pays d'Europe ne secouerait pas cette léthargie. On va en venir au baril à 600 dollars, à la fellation obligatoire du gérant pour obtenir un deux pièces sans chiottes, aux stages non-rémunérés qu'il faudra payer pour n'être formé à que dalle, et tout ce que ça entraînera sera l'inscription de chaque Blanchouille sur Second Life.  ...

 

...  L'Irlande a voté pas-comme-il-faut. Un doigt d'honneur sympathique et sans doute sans portée. Dans les heures qui ont suivi le résultat du scrutin, on évoquait déjà la possibilité de revoter, de donner une deuxième chance à ces foutus bouffeurs de patates de répondre correctement à la question posée. D'un point de vue optimiste, on pourrait espérer qu'un tel mépris de nos cornacs pour la Démocrassie qu'ils invoquent cinq fois fois par jour ouvrira les yeux des démocrates sincères et sensés. (Un intrus s'est glissé dans cette expression, sauras-tu le reconnaître ?) ...

 

... Long reportage sur le Japon, tard l'autre soir, sur l'air poussif et tâcheron de "tradition et modernité". Malgré cela, des images frappantes et un ton relativement supportable. Quelques perles à retenir : tout d'abord, l'interviou d'une chanteuse moitié européenne, qui admet en rigolant "qu'il y a beaucoup de Japonais au Japon" - ah ben voui c'est sûr. L'aimable idiote répondait aux inquiétudes du reporter sur le manque très peu Citoyen de gaijins sur cette île pourtant si portée sur les dernières tendances. Et la thématique reviendra plusieurs fois ; le commentateur nous apprend que le taux de reproduction est incroyablement bas et que le pays perd X milliers de citoyens par année. Vu la surpopulation cauchemardesque de ses mégapoles, on aurait tendance à y voir une bonne nouvelle, mais ce n'est pas, là non plus, une réponse correcte - la Croassance, vous voyez ? Ce genre de choses. Alors ça gamberge ferme pour trouver des solutions. On s'attend gros comme un camion à la suggestion de l'analyste d'ex-France, et c'est la surprise : il faudrait que les Japonaises fassent plus d'enfants et que l'Etat ait une politique nataliste. Rien que ça ! Mais heureusement la maladresse est vite rattrapée : le Japon pourrait - devrait - sera bien obligé un jour putain - d'ouvrir les vannes de l'immigration, comme le fait l'Europe avec le succès et les profits que l'on observe chaque jour, s'pas. A l'appui de cette brillante suggestion, un bien beau portrait d'un grand Blaque, calvitie luisante, élégant costard, chemise ouverte, sourire Hollywoodien comme un croissant de lune sur un ciel de novembre. Une image vaut mille mots. ...

 

17/06/2008

SLAVE POWER

Le porno pour filles, c'est pas la charcuterie intello d'Ovidie, c'est plus la Collection Arlequin, c'est la téléréalité. Le spécimen de femelle que j'ai à la maison consomme ce qu'il se fait de pire en la matière. Je ne vois rien mais j'entends tout, la boîte-à-cons étant juste dans mon dos. J'en connais un putain de rayon, à force.

 

La première chose qui frappe, c'est le mélange de sensiblerie façon maman-de-Bambi-qui-meurt et d'exaltation de l'esprit de compétition le plus ignoble. Tout le monde est superpote avec tout le monde dans une course où les coups bas sont encouragés. Il arrive toujours un moment où telle ou telle médiocre ordure confie à la caméra que l'amitié c'est bien choli, mais qu'elle est là pour gagner et que ça justifie bien un coup de pute, une trahison, une dégueulasserie étalée devant toute une nation de cadavres à zappette. Mais ces guerres civiles en laboratoire sont noyées dans de l'easy listening, du sirop sentimental, tout un lexique si caricatural qu'il évoque le rituel d'une secte. Il faut être "généreux" ; il faut "donner tout ce qu'on a" ; il faut "aller jusqu'au bout de l'aventure" parce que c'en est une, et une belle. Chacun parle "avec son coeur", personne ne "triche", tous sont "sincères". On est "ému", "scotché", on dirait bien que ça nous "troue le cul" mais la grossièreté du vocabulaire est mal vue, contrairement à la vulgarité abyssale du comportement. Je te déchire la gueule pour trois francs mais je t'offre le mercurochrome emballé dans du strass. On touche là au fond répugnant de la féminité dégénérée, cocktail de cannibalisme et de mièvrerie, où la survacherie est tolérée du moment que les bonnes manières sont respectées.

 

white slave.jpgLa seconde chose qui marque, c'est l'impression de téléguidage rectiligne de ces observations de la vie ordinaire, par essence bordélique. Voilà pourquoi on picole, provoque des bastons, drague en boîte, s'endette pour des vacances, quémande des antidépresseurs à son médecin ou se jette sous un train quand rien n'a fonctionné comme prévu. Faire péter les stats d'audimat avec cette horreur ? Alors que tout le monde zappe sans pitié les documentaires animaliers ? Impensable ! La téléréalité n'a de réel que son étiquette, elle est à l'existence ce que le label Bio est à la nourriture naturelle. Son but n'est pas de nous immerger façon safari dans la vie de conneaux ordinaires, ce qui n'est jamais qu'une incidence. Ce qu'elle cherche avant tout, c'est à créer du faux avec du vrai. Parce que tout, absolument tout sonne horriblement faux chez ces acteurs amateurs de leur propre coma existentiel.

 

Il y a aussi toute la mise en scène saccadée, hystérique, "clipesque" qu'on impose à cette chair à audience. Un plan sur une altercation prise sur le vif est suivi sans transition d'un témoignage des protagonistes, puis on revient sur la scène originelle commentée par un narrateur omniscient, repassée au ralenti, zoomée, analysée, répétée jusqu'à l'écoeurement en nous soulignant bien les mots importants, les choses à retenir, comme les "principaux titres" que nous rappelle gentiment le saucissonneur de news du Vingt Heures. Dans les sommets de crasse que nous propose MTV, lesdits témoignages sont clairement surjoués, résumés en phrases-choc aussi spontanées qu'une allocution présidentielle. La connasse ordinaire et le blaireau moyen, censés être filmés dans leurs banales habitudes, singent les professionnels du spectacle en faisant de leurs pauvres vies un show millimétré, où tout ce qui pourrait déranger est nivellé. "Merde", "foutre" et "chier" se transforment magiquement en "bips" plus ou moins longs, assourdissant tout, aussi brutaux que des paragraphes caviardés dans un document déclassifié.

 

La vraie vie, c'est un truc long, chiant, monotone, où il ne se passe rien d'extraordinaire neuf fois sur dix. Il est suffisamment pénible de supporter la sienne et celle de notre entourage, pour ne pas encore s'infliger la dissection du quotidien d'exhibitionnistes habillés. Leur routine est donc savamment découpée, remixée, concentrée, pour n'offrir aux voyeurs que ses morceaux les moins fades. Et pour que la sauce ait un goût plus abject que notre propre quotidien, pour nous aider justement à en supporter la médiocrité et l'aspect cul-de-sac, on nous propose des visions de cohabitations démentielles, des rencontres improbables, qui garantissent des clashes et des coups bas qui sublimeront les petits crachats et les entorses que nous échangeons discrètement au quotidien.

 

C'est ainsi qu'on rentabilise le syndrome de Stockholm et la lutte pour le territoire. C'est uniquement ici que la réalité reprend  ses droits : glorification de la compète, tout est business, tactique, alliances stratégiques, calculs sordides - toutes les valeurs de la démocratie marchande discrètement enseignées, banalisées.

 

Tout ce qui rend notre vie pénible ou mièvre est distillé pour en augmenter la force et tartiné avec outrance. Car ce sont bien les histoires de cul ou les prises de tête qui passionnent cette immense part du public trop vieille ou trop cultivée pour se passionner au premier degré pour ces obscénités désinfectées. La cruauté et la tension sensuelle sont ce qu'avouent rechercher les accros honteux, comme pour se justifier de supporter les pitoyables prétextes musicaux ou artistiques qui sous-tendent ces nouvelles expériences de Milgram. La misère affective, la stupidité congénitale, la rêverie de midinette pas gâtée par la nature, toutes ces petites afflictions sont exploitées, violées, bafouées, pour captiver un public de larves rassurées sur leur propre sort en voyant pire ailleurs.

 

Dans ces univers parallèles s'étale ouvertement l'obsession de la staritude, d'être vu, d'être adulé, qui a toujours titillé les saltimbanques mais qui était encore camouflée jusqu'à récemment. "Faites du bruit pour..." l'abruti numéro 364, braille le maître de cérémonie. La télépoubelle concasse les rêves lyophilisés de paumés qu'elle a patiemment élevés pour ne rien pouvoir envisager d'autre. Le paradis est une plage des Caraïbes, une Merco flambant neuve, une bluette vomie en direct devant un parterre de pucelles, une poignée de billets qui iront combler une partie des dettes qui nous étranglent. Pour ces nirvanas Tupperware, on est prêt à montrer son cul, à s'y tatouer un logo, à foutre une honte éternelle à toute sa famille, même à l'embrigader publiquement dans un délire de grandeur emballé sous vide, à n'être qu'une capote humaine pour la bite des médias - enfilée, remplie, jetée, recyclée.

 

Ce matériau humain n'existe pas qu'à la télévision. Nous croisons tous chaque jour des gens encore jeunes qui n'ont comme imaginaire que ce qu'elle leur a appris. Il est compréhensible de gerber ces esclaves complaisants de la Boîte-à-cons, mais ce sont nos restes de pitié qu'ils mériteraient bien plus que des pains sur le groin. La fafosphère, il y a quelques temps déjà, s'est délectée du spectacle de "Clément le No-Life", dont la vidéo a été vue ici ou là sans autres commentaires que des insultes méprisantes. Alors oui ce jeune trouduc inspire un dégoût bestial dès les premières secondes, mais est-il pleinement responsable de ce qu'il est ? Il constitue un exemple parfait de cette génération élevée tout exprès pour les besoins du Bastringue Citoyen et tout en lui est représentation, show, artifice. Une dégaine de rock-star pour un gamin sans renommée ; des doigts qui s'agitent autour d'une guitare imaginaire ; des gonzesses virtuelles draguées sur Messenger, enfermé dans une piaule sans âme ; une langue à piercing farfouillant une vulve absente.

 

Délire. Autisme. Hallucination permanente.  

 

Pour un seul d'entre nous chez qui tout ceci distille et raffine la haine la plus pure, combien en qui cette dégradation volontaire sape, tout au contraire, les réflexes de sainte colère ? Parce que c'est bien ça, le but implicite de cette industrie de l'ordure pailletée : relever toujours plus le seuil de douleur et de nausée. Rendre banal l'inacceptable. Désensibiliser face à la déchéance et la perte de toute dignité basique. Rendre malléable - flexible, cette qualité suprême chez le domestique moderne qu'est l'employé du tertiaire. Rien de tout cela n'est une mode passagère ou un phénomène isolé, c'est au contraire un concentré du Zeitgeist, un manuel d'anthropologie pour comprendre ce qu'auront été les dernières heures de l'Occident, transformé en lupanar tropical aux murs couverts de slogans soviétiques.

30/05/2008

CE DIMANCHE, C'EST SIESTE ET GUEULE DE BOIS

Pourquoi je n’irai pas voter sur l’initiative pour des naturalisations démocratiques (pas que ça intéresse quelqu’un mais c’est mon blog et je mets dedans ce qui me chante):

 

 

 

 

- parce que je ne vote jamais pour rien, ce qui serait une raison suffisante en soi. J’aimerais dire que c’est une question de principe, d’opposition viscérale à la démocratie, de boycott des urnes, ce genre de choses. Mais c’est surtout une question de flemme et d’habitude prise depuis fort longtemps. L’isoloir ou le confessionnal, en fait, c’est un peu pareil. Il faut y aller quand on y croit très fort, et si l’on n’y croit pas du tout, il suffit de passer devant sans s’arrêter, et surtout sans expliquer aux passants pourquoi on ne s’attarde pas. Les sectaires, surtout laïcs, ne sont pas des gens avec qui il est agréable de causer.

 

 

 

 

- parce que l’initiative ne propose pas une révision complète du code de la nationalité, qui seule pourrait mériter qu’on se déplace au bureau de vote (mais qui impliquerait plus vraisemblablement un trajet vers un stock de fusils). Elle ne se préoccupe pas plus des questions identitaires que la Constitution elle-même, qui définit le citoyen helvétique comme « toute personne qui possède un droit de cité communal et le droit de cité du canton. » (Art. 37 al. 1) Etre Suisse n’est donc qu’une question de paperasse (et de secret bancaire, comme Angela Merkel l’a aimablement rappelé lors de sa dernière visite), je ne me sens pas concerné.

 

 

 

 

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- parce qu’elle ne vise qu’à empêcher l’obtention des droits cités plus haut à « des personnes acceptant la tradition des "meurtres par honneur", des personnes qui estiment avoir le droit d'infliger des châtiments corporels à leur épouse, qui soutiennent des lapidations et autres punitions basées sur la sharia (...) » Le tour de la question est fait : sont expressément visés les artificiers du Prophète et cette minorité ethnique pour qui, il y a dix ans, porter un training Adidas et un perfecto en PVC constituait un sommet d’élégance urbaine. L’intérêt d’un passeport suisse pour des membres de l’UCK ou d’Al-Qaeda est un débat est si con qu’il n’est même pas drôle. Et quand bien même il les ferait saliver, ce n’est pas leur statut légal mais leur simple présence sur nos anciennes terres qui constitue un véritable problème. Les initiants en ont-ils quelque chose à secouer ? Possible mais rien n’en transparaît dans leur projet actuel. Prière de ne pas augmenter mes doses de L Dopa tant que ça sera le cas.

 

 

 

 

-  parce que l’argumentaire formidablement khon des initiants spécifie que : « La conviction selon laquelle le monopole de la violence appartient à l'Etat en Suisse est partagée par tous les groupements, tous les partis et, sans doute, aussi par l'immense majorité des citoyennes et des citoyens. Ce consensus interdit expressément dans notre pays toute idée de vendetta et de violence résultant d'une revanche personnelle. Les citoyens de ce pays ont donc le droit fondamental de refuser le droit de citoyenneté à des personnes individuelles ou des membres de groupes ethniques pour lesquels le principe de la vengeance personnelle en réponse à une injustice subie – qu'elle soit réelle ou imaginaire – va de soi. Celles et ceux qui qualifient un tel refus d'arbitraire ignorent tout de l'essence même de la nation suisse – ou cherchent délibérément à la détruire. »  Etre Suisse selon les critères de l’UDC, c’est avant tout respecter les règlements,  laisser la police s’occuper des gens qui vous pourrissent l’existence et tâcher de rapporter un maximum de pognon. Les critères d’admission de ce qu’on appelle en bon vaudois une trappe-à-cul.

 

 

 

 

Mais bon. De la part de gens qui voulaient aussi permettre la construction de mosquées tant qu'elles n'avaient pas de minaret, vous vous attendiez à quoi ?

22/05/2008

VOD

 

They say it's time to die.
They say you better try.
Others make their connections.
Some people want to fight.
Some people wanna get by.
Others stuck with addiction.

Vision of Disorder, Southbound

19/05/2008

FAMILLES, JE VOUS MERDE

Le sinistre individu qui sévit dans l'oundergraounde métafaf sous le nom de "Landru" a pondu ce qui suit récemment. Comme ça m'a beaucoup plu, je publie. Je n'en suis pas sûr, mais il se peut qu'il vienne hanter ces pages d'une nuit sans lune à l'autre, alors insultez-le directement dans les commentaires s'il y lieu de le faire, et foutez-moi la paix, merci.

 

*  *  *

 

De toutes façons la famille est une source d' emmerdements, je ne parle pas de l'entourage immédiat, de filiation ou de fratrie, dont il faut bien s' accommoder et où le lien biologique l'emporte sur tout, mais de l'oncle du Poitou, du cousin inspecteur des Impots à Mont de Marsan ou de la belle fille de la tante de Jules, cousin par alliance de la grand-mère de la premier épouse de l'oncle Albert.

 

Des gens dont vous n'avez rien à faire, dont les gueules ne vous reviennent pas, au point qu'on est vexé d'avoir du sang commun, s'immiscent du jour au lendemain dans votre vie à la faveur d'un enterrement ou d'un mariage et, particulièrement s'ils vous ont vu tout nu à trois mois, s'autorisent à vous donner des conseils pour rater votre vie aussi bien qu'ils ont raté la leur. Sachez qu'ils n'hésiteront pas à vous taper si vous avez gagné au Loto, à vous squatter s'ils apprennent que vous avez un cabanon en Provence et qu'en contrepartie ils ne vous donneront jamais autre chose que leur bulletin de santé.

 

Il est rarissime que ce genre de débarquement soit une bonne surprise, une fois par hasard tous les vingt ou trentes connards, pimbêches, vieilles demoiselles aigries et autres passionnés d'automobile, vous découvrez le cousin par alliance ex-Capitaine de la Marine Marchande, bourlingueur plein d'histoires de bordels exotiques, franc buveur et érudit , qui vous mitonne un civet de lièvre en trois coups de cuiller à pot.  Mais, la plupart du temps, il faut se taper la meute des chiards hurleurs, tous plus morveux, laids et sournois les uns que les autres, les mamans surmenées qui parlent entre elles régimes et césariennes et un tas d'imbéciles mâles qui se croient obligés de vous entretenir de leurs médiocres trajectoires sociales tout en n'écoutant absolument pas vos réponses à leur questions stupides.

 

Evidemment si on ne connait rien en sport, pas grand chose en mécanique, que l'on est pas chasseur, qu'on déteste les supporters de Lens ou l'équipe de hockey de Bratislava, qu'on a déjà été en Grèce et pas en autocar, que les difficultés de l' exercice de la profession de pharmacien à Huelgoat vous nifle et qu'on n'a pas d'attraction particulière pour les histoires d'assureurs, les complaintes dermatolgiques, le parcours médical de l'agonique de service, les aventures de jeunes crétins embauchés tout frais dans une Mafia quelconque, de la finance ou de l'immobilier, et qui se la jouent petit soldat des grands prédateurs en vous toisant de haut comme le marginal que vous êtes, si tout ce zoo humain vous est indifférent, donc, eh bien il reste peu de sujets de conversation.

 

Une fois épuisées les variables météorologiques des dernières semaines, une fois qu'on a entendu la stupéfiante révélation qu'il faisait beau temps en Grèce quand il pleuvait à Huelgoat, il ne reste guère que la politique, du moins avec les mâles, car une discussion sur ce thème avec une femme est le moyen le plus sûr de devenir homosexuel en dix minutes et même de militer pour le dévelopement extra utérin du foetus.

 

Ce qui est marrant dans ce type de discussions de fin de banquet, c'est que tous les hommes présents sont d'accord sur les prémices. Tant qu'on en est au stade du constat général, à savoir que tout va mal, que le malade est malade et que ça ne peut plus durer, il y a consensus. Mais dès le diagnostic, les avis divergent profondément ; pour l'un tout les problemes de la France viennent du mauvais remboursement des médicaments contre l'eczéma, vérité finale qui vous est révélée entre deux grattages. L'autre vous assène que le seul obstacle à l'épanouissement du Pays est le régime fiscal des pharmaciens, spécialement ceux de Huelgoat, tandis qu'un autre maudissant les écologistes parisiens et les technocrates de Bruxelles, martèle que les dates d'ouverture de la tourterelle condamnent la Nation à un sort détestable .

 

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De l'autre coté de la table, une alliance se dessine entre les assureurs, furieux contre une clientèle qui se croit, sous l'influence des feuilletons américains, autorisée à prétendre à quelque indemnité après un sinistre de hasard, alors qu'elle devrait etre honorée de cotiser à un établissement aussi prestigieux que la Prudence Savoyarde en l' échange de beaux prospectus, et le groupe des jeunes cons de la finance bientot rejoint par le supporter de Lens.

 

A ce stade, toute tentative d' élever le débat vers des considérations moins corporatistes ne peut que se terminer par votre lynchage collectif , vous aurez la satisfaction de faire l'unanimité, ce qui est un exploit même si c'est contre vous et vous serez définitivement classé dans la catégorie des intellectuels dangereux plus ou moins fanatiques .

 

Si par hasard, toutefois, appuyé par le cousin de la Royale, qui lui est normal dans sa tête, vous arrivez à en placer une pour signifier que tout ce gentil monde de gaulois querelleurs va prendre le ciel sur la tête à l' échéance d'une génération faute d'etre capable de jeter leurs regards de myopes sur des aspects de la réalité autrement plus porteurs de nuées, tels que la démographie, la dette, le Sud ou la mondialisation, on vous regardera comme un oiseau de mauvais augure. Toutefois, il se peut qu'un barbu en forme de controleur de l'URSSAFF et deux binoclards que l'on avait pas entendus jusque là se joignent alors à la conversation. Craignez le pire, cette armée de réserve, c'est l'Ultra Gauche, aussi niaise que prompte à l'anathème, aussi encline à l'ostracisme que moralisante et vous êtes assis sur le fragile tabouret du malentendu.

 

Dès que l'on va s' apercevoir que votre évocation de la marée humaine qui guette à nos portes n'est pas de l'ordre de l'empathie sidérée par le tam-tam et de la fascination pour une punition collective bien méritée, vous serez civilement mort. Même le cousin marin ne vous suivra pas dans l'affrontement qui va suivre, trop agé, trop désabusé ou simplement peu soucieux de s'embarrasser d'une brouille pour les six mois qu'il lui restent à vivre.

 

C'est pourquoi je vous conseille de faire ce genre de coming-out complétement bourré. Vous n'en serez pas plus mal vu, si ce n'est par la partie féminine de l'assemblée qui sait de façon intuitive qu'un poivrot vaut moins cher encore sur le marché qu'un réactionnaire fasciste et raciste de surcroit.

 

Le lendemain, ne vous souvenant pas de tout, si ce n'est d'avoir traité le pharmacien de vieil enculé sarkozyste et d'avoir gerbé sur l'épouse du flic de l'URSSAFF, vous méditerez sous la couette sur les vertus de l' érémetisme, en attendant le café que votre nana ne vous fera pas, car elle n'est pas contente du tout que vous ayez pourri son tonton et dégueulé sur sa copine Jeanine.

 

Ca lui passera, comme votre mal de tete .

17/05/2008

NAPOLEON, GROS CON

Ce n'est qu'au XIXème siècle que la fameuse croix blanche sur fond rouge est devenue l'écusson national des Suisses. Auparavant il s'agissait uniquement d'un signe de ralliement des soldats Confédérés, bien pratique sur des champs de bataille où il était parfois difficile de s'y retrouver dans la mêlée des corps et des armes.

Tout commença en 1339 à la bataille de Laupen. Pour se différencier des autres combattants, les soldats suisses ont eu l'idée de coudre une croix blanche sur leur cote de maille. Peu à peu, on ajouta également une petite croix blanche sur les drapeaux des cantons. Lorsqu'il fallut créer une bannière militaire commune, notamment pour l'occupation des bailliages communs, c'est évidemment la croix blanche qui s'imposa. Quant au fond rouge, il a probablement été inspiré par l'ancienne bannière bernoise, elle-même constituée de cette couleur.

Au cours de la République helvétique (1798-1803), Napoléon Bonaparte interdit aux Suisses de porter la croix blanche, symbole d'Ancien-Régime. Il tenta d'imposer au pays une cocarde tricolore, verte, rouge et jaune. Ce fut le premier drapeau national de la Suisse. Mais avec la chute de l'Helvétique, il fut aussitôt abandonné.

 

Putain... On a failli avoir le drapeau du Bénin...

 

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15/05/2008

A MORT LE CINEMA SUISSE

Malheureux compatriotes, si vous étiez en plein apéro au moment du 19:30 de la TSR d'hier soir, 14 mai, vous avez loupé un immense moment de honte nationale. Sur l'idée de va savoir quel brillant esprit télévisuel, la chose a été intégralement réalisée par des cinéastes helvètes ou prétendus tels. Un genre de happening en l'honneur des soixante ans du Festival de Cannes, expliquait-on. Ca promettait d'être croustillant, les gourmets n'auront pas été déçus. Pour encore quelques heures, on doit pouvoir encore trouver le corps du délit ici. Si ça venait à disparaître prématurément, petit best-of :

 

- Jakob Berger nous explique qu'avant le tremblement de terre en République Olympique de Chine, il était de bon ton de trouver le pays fort méchant, mais que maintenant c'est plus possible avec tous ces morts et toute cette souffrance. "Le Sichuan est entré dans nos vies" et nos âmes humanitaires en sont toutes retournées, honteuses d'avoir tant critiqué ce noble peuple, magnifié par sa douleur. Et alors voilà, là nous voyons une femme chinoise qui pleure et qu'un policier veut stopper mais c'est elle qui le repousse parce que son chagrin ne peut être stoppé, comprenez ? Dommage que ça soit pas un Tsounami, parce qu'on aurait pu parler du réchauffement climatique et ça l'aurait vachement bien fait.

 

- En Autriche, où décidément ça ne rigole pas dans toutes les caves, un homme surendetté a passé toute sa famille par le fil de la hache. Patricia Plattner se pose de profondes questions sur ce qui arrive à ce pauvre pays et estime que c'est à cause du passé nazi du pays, du devoar de mémoare pas fait. C'est absolument lumineux. Adolf n'était-il pas autrichien, d'ailleurs ? Vous voyez bien que tout se tient. Pisse-copie, prenez-en de la graine.  

 

- Vient le tour de Francis Reusser de nous parler des sanspapiers et sanspapières d'ex-France. Enfin, "nous parler", c'est beaucoup dire. Il a fort bien tenu la caméra et laissé s'exprimer ces gens qui sont Français parce qu'ils travaillent et paient des impôts. Privilégier le choc des images toutes nues, sans commentaire superflu, une démarche minimaliste qui interpelle au niveau du vécu. Ou alors il a foiré son affaire au montage et la bande-son a disparu, on n'est pas vraiment sûrs.

 

- Lionel Baier, avec plus un seul cheveu blanc, était supposé couvrir la conférence de presse du Conseil fédéral, c'est ce qui est spécifié dans le programme. Il a trouvé plus pertinent de filmer la banque nationale et de rappeler aux oublieux que nous sommes qu'il y a eu de l'or des nazis dedans - décidément ils sont partout ces jours-ci. En voilà un qui n'a pas peur de taper où ça fait mal et de coller au plus près de l'actu. Un vrai putain de rebelle septimartesque.

 

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- Barthélémy Grossmann, lui, a eu la chance d'aller faire le saltimbanque à Cannes même. C'est l'aspect bâtard de l'endroit, entre "rêve américain" et réalisateurs anonymes, qui le fait "kiffer." Il kiffe tellement qu'il se filme en caleçon de bain, avant de nous offrir un désopilant numéro de lion en cage, grâce à un usage judicieux de quelques vaubans superposés. Charitable, il s'interrompt après quatre ou cinq feulements en suggérant au caméraman de couper, parce que sinon "ils vont avoir peur". Il est vrai qu'un certain malaise commençait à nous envahir.

 

- Ursula Meier, réalisatrice de "Home" nous parle de son film. Enfin je crois, je n'ai pas très bien suivi ; j'avoue avoir été distrait par son incapacité à regarder la caméra plus d'une seconde, son regard déviant systématiquement vers la droite. Penser à lui suggérer de garder ses notes en main, ça fera moins godiche, et puis le côté débutante qui s'assume ça pourrait avoir son charme si elle s'arrange un peu.

 

- Final apocalyptique avec le très contournable Jean-Luc Godard, dont l'oeuvre donne envie de se faire tout un week-end à mâter La Soupe Aux Choux en boucle en se dopant à la vodka-pomme. La "Vision du monde" qu'il nous offre, très "poétique" dixit Mémère Bachi. La poésie, c'est une succession d'écrans noirs parfois mouchetés de photos ou de fragments de mots. C'est aussi deux minutes de grognements d'un vieillard asthmatique, qui nous explique que le temps du cinoche et le temps de l'actu c'est juste pas pareil (y en a un mieux que l'autre, devinez lequel), puis trois minutes de voix féminine ânonnant un mantra auquel on ne comprend heureusement rien, tant il est noyé dans une triple réverb'. La principale différence avec Jean-Claude Van Damme, c'est que lui semble capable de ne pas prendre ses conneries au sérieux. Et puis les pubs avec Jean-Claude Van Damme, y a des gonzesses et des ananas découpés à coups de pied, c'est quand même plus abouti, artistiquement parlant.

 


 

 

A part ça, il n'y a qu'un film suisse à Cannes. C'est incompréhensible.

14/05/2008

" EN TEMPS DE PAIX, L'HOMME BELLIQUEUX SE FAIT LA GUERRE A LUI-MÊME "

Il n’y a pas chez nous de fascination pour la guerre et la violence en tant que telles. Combien de guerriers de comptoir qui ne sauraient pas se servir correctement d’une pétoire ou seraient tétanisés au moment de choisir entre leur peau et celle d’un autre ?

 

 

Passé un certain stade de rage, de frustration et de dégoût, la lassitude finit par l’emporter sur les élans d’explosion. Tournent encore sous le crâne des images floues de massacre, mais c’est à peine si l’insulte parvient encore à remonter jusqu’aux lèvres. Tout s’est figé, comme ces cristaux insoupçonnés qu’abritent parfois les pierres des montagnes où personne ne vient marcher.

 

 

Ce qu’il reste en nous d’attrait malsain et infantile pour l’univers martial, nous vient très simplement d’une complète absence de véritables rites de passage et d’occasions de prouver notre valeur. Il ne s’agit même pas de courir après le triomphe des obstacles et le vertige de la domination totale : c’est la recherche du crash-test, l’épreuve de force au premier sens du terme, voir si l’on sera brisé ou encore en un seul morceau. Or rien de tel autour de nous. Rien qu’une interminable succession d’intégrations foireuses à des chapelles sans âme.

 

 

Baigner dans l’aigreur d’une famille médiocrement dysfonctionnelle en tentant de préserver un peu d’innocence solide, histoire d’avoir quelque chose de beau à transmettre. Le formatage du malaxeur scolaire, où s’enseigne le désamour de tout effort et de toute connaissance. La rééducation permanente du monde de l’entreprise, où il faut rentrer comme d’autres s’échappent de prison, en creusant son tunnel à la petite cuillère, sans garantie de déboucher ailleurs que dans les égouts. Aligner les CDD affectifs fades qui assèchent votre capacité d’aimer, jusqu’à ce que l’un de ces contrats se transforme, sans trop qu’on sache comment, en un de ces ersatz de « foyer », exactement du type qu’on s’était juré de ne jamais reproduire.

 

 

Tout ça pour quoi ? Pour le droit de recommencer, et de dire merci, et d’assurer tout son entourage que rien ne pourrait aller mieux, qu’on s’est pleinement réalisé dans ce marigot poisseux. Des centaines de grammes de Valium, d’heures d’analyse, de kilomètres de jogging sur bitume pour meubler ces abysses où la Machine n’exige plus rien de nous, et où l’on se prend en pleine gueule la vacuité de nos heures de veille.

 

 

 

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Dans le travail à la chaîne abrutissant que sont devenues nos vies, même l’alternance entre souffrance et ennui est lente, molle, feutrée. Pas moyen de se réveiller en cognant les murs avec la tête : tout est capitonné et désinfecté. Nous moisissons sur pied, en attendant des choses auxquelles nous ne croyons même plus vraiment. Trouver un *bon* job *stable*, faire enfin des mouflets, vivre ailleurs que dans un clapier irrespirable ne fera pas passer ce goût de cendres dans la bouche, comme une salissure définitive.

 

 

Voilà comment le « Il vous faudrait une bonne guerre », tant raillé par les Jouisseurs Désentravés, fait son retour clandestin parmi nous. Il n’y a pas que le désir tout-puissant d’éparpiller à tous les vents la montagne de fumier qu’est cet Occident dégénéré, victimolâtre, enterré vivant sous les Wii-fit et les Iphone. Il y a aussi et surtout le terrible besoin d’être évalué sur d’autres critères que la rentabilité, par d’autres maîtres que des agences de placement, à travers d’autres épreuves que la résistance au sentiment d’inutilité et d’absurdité. En acceptant d’avance tout jugement : la délivrance de l’échec ultime à survivre aussi bien que l’écrabouillage orgasmique de n’importe quel ennemi officiel. Bouffer ou être bouffé. Mais pas continuer à moisir pour que dalle, en se shootant au désespoir pour oublier qu’il n’y a que la grisaille et un coma sans fin à espérer.

 

 

Alors il faut picoler, chercher la castagne avec les supporters d’en face, finir la nuit au poste, se fritter avec la flicaille aux grand-messes mondialistes, harceler les baleiniers, foutre le feu à des parkings, prêcher le jihad ou la guerre raciale – n’importe quoi pour retrouver quelques sensations animales pures et pour secouer les sens émoussés par le viol médiatique et idéologique permanent.

 

 

Automutilations de singes en cage.

L'ABIME AUSSI REGARDE EN TOI

Voilà des semaines que je triture quelques lignes sur l'ami Kaczynski. Il doit y avoir dix ans que j'ai lu son manifeste et que, pour le grand bonheur rigolard des analystes sourcilleux et des esthètes distingués, je ne m'en suis toujours pas remis. Je l'ai relu plusieurs fois, à diverses époques, dans un silence que seul venait troubler le fracas des barrières mentales s'effondrant dans ma navrante caboche.

 

Ca méritait bien un petit hommage, façonné manière art brut. J'aurais volontiers fait une sculpture en pâte à modeler, par exemple, si j'étais déjà interné. Ca aurait pu avoir une certaine gueule, et la maladresse même de l'oeuvre aurait dégagà l'aura malsaine de rigueur. Et puis voilà, je suis toujours libre de mes mouvements et ce putain de texte n'avance pas. C'est d'autant plus navrant que Frater Piotr, répondant avec sa célérité coutumière, m'avait mitonné l'indispensable complément pictural pour aller avec - et qui prend les acariens dans mes dossiers depuis des semaines. Une pitié.

 

En attendant, et pour contribuer à la propagation de la gloire dudit Piotr, je place ici, toute nue, une autre de ses oeuvres récentes autant qu'exclusives, qui malgré cette laborieuse intro n'exige aucun commentaire particulier (à part que quand tu cliques sur l'image, toi y en a l'avoir plus grande ailleurs, la routine). Spéciale cace-dédi à mes rares amis et/ou camarades d'ex-Hagone. All hail the new French !

 

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10/05/2008

REPREZENTZ LA CRATIE DES MOTS

Applaudimètre en folie quand un Harry Roselmack obtient le droit de nous servir la soupe d’infotainment. Vertiges extatiques des commentateurs sur le beau symbole d’un Obama présidentiable. Empressement de toutes les instances officielles à battre le record de Diversité, histoire que le sommet du panier soit plus « représentatif » des pommes qui pourrissent au fond. A quoi ressemblerait le cirque funèbre des Démocrates sans les rites amoureux autour de la Représentation ?

 

Plus de pouffiasses dans les coulisses du pouvoir ! Plus de mélanine chez les gratte-papiers ! Plus de percussions afro-cubaines dans les quatuors à cordes ! Voilà le tocsin du Vieux Monde, cette cacophonie qu’on nous prie d’applaudir comme à un délicieux carillon !

 

Vous crevez, blanchouilles, vous vous étouffez dans votre interminable Near Death Experience qu’est l’existence moderne, et vous en redemandez ! Vous trouvez ça « juste », « légitime », « équitable » !

 

La Différence d’En-Bas a le droit de se sentir représentée aux plus hauts étages ! Dépassé, le poussiéreux « Un homme, un vote » : on est passé au plus prosaïque « Une minorité, un prime-time », chacun attendant son tour de temps d’antenne pour dire exactement les mêmes conneries que les autres. Pas grave ! Rien à palucher du contenu ! L’essentiel, l’indépassable, l’obligatoire, c’est que chacun se sente représenté, que le dernier membre de la plus petite secte ait son délégué officiel au grand pince-fesse des faux culs.

 

La représentation, ça n’a pas l’air comme ça, mais c’est un truc vachement balaise. On n’est pas assez raffinés pour comprendre, nous autres blogoréacoïstes. C’est à la politique ce que le français est au langage : une collection d’exceptions à la règle, codifiée par des vieillards qui se prennent extrêmement au sérieux.

 

Un ou deux exemples, pour souligner la complexité de l’affaire.

 

Hommes et femmes sont égaux. Si Julie veut faire camionneurE, gardE du corpEs ou présidentE des EtatEs-UniEs, y a pas à tortiller, c’est son droit et elle en a intrinsèquement les capacités au même titre que n’importe quel mec (plus que n’importe quel mec, s’entend, mais ne se dit pas pour éviter de pousser la caricature MLF). Mais quoiqu’il en soit c’est une ambition normale en même temps qu’un symbole fort.

 

Quelque chose d’ordinaire pour les hommes et d’extraordinaire pour les femmes.

 

Autre chose. La couleur de la peau : broutille. Caprice irrationnel de la Nature. Révélateur de rien du tout. En tenir compte dans l’évaluation d’un individu n’est pas seulement illégal, c’est surtout un crime doublé d'une grave faute de goût. Et pourtant, un Pape noir, un Pwésident dans la Maison Blanche, quelle belle perspective ! On ovationnera ce signe de progressisme s’ils se produit, on dénoncera le wacisme latent des institutions s’il se fait attendre.

 

Dans le même ordre d’idée : Robert Duschmoll, Blanc hétérosexuel mâle, se retrouve à la tête de va savoir quel pays. Si vous êtes quoique ce soit d’autre que leucoderme, pas pédé et pas gonzesse, la Loi de la Représentativité Absolue et Relative postule que vous ne vous sentirez pas vraiment concerné par son action. Limpide : vous ne vaquez pas aux mêmes culs, vous ne gérez pas les coups de soleil de la même manière, vous pissez du sang une fois par lune, autant de différences qui vous rendent étranger à cet homme-là. Il ne peut pas défendre efficacement vos intérêts parce qu’il ne vous comprend pas vraiment, et il ne vous comprend pas vraiment parce qu’il ne vous ressemble pas.

 

Porquè no, finalement ? Sauf que ce n’est pas vrai pour tout le monde. Ainsi, pour peu que vous ressembliez beaucoup à Robert Duschmoll, son teint et ses érections ne vous concernent absolument pas. Tout ce qu’il compte, c’est qu’il soit compétent, honnête, en accord avec vos opinions politiques. Sa blanchitude est un détail gênant ; il n’est pas obligé de s’en excuser publiquement, mais s’il fait un geste en faveur de la négritude, de la jaunitude, de la gaytude, de la météquitude, il aura en quelque sorte « racheté » sa carence en mélanine, dont l’Histoire nous démontre si bien le potentiel criminogène et génocidaire.

 

En clair, plus il se fera le représentant de gens qui ne se sentent pas représentés par lui, plus vite il gagnera ses galons de Nouveau Juste. Notons que l’homologue tiers-mondesque de Robert Duschmoll serait malvenu de lubrifier une telle Ouverture sur l’Autre ; l’étiquette exige de lui une dignité ombrageuse de descendant d’esclave ou de coolie, sans laquelle on devient un colonisé, un Oncle Tom, un Bounty. 

 

Rester cohérent au milieu d’un tel bordel idéologique et sémantique, est-ce possible sans LSD ?

 

L’astuce semble être précisément de d’appliquer ce contre quoi la Représentation veut précisément lutter : l’inégalité de traitement selon la tronche de l’électeur-client. Oh on s’entend : à dose homéopathique, avec parcimonie et discrétion. Robert Duschmoll s’appliquera donc à ne pas représenter du tout ses semblables en tant que tels. Ce sera selon qu’ils soient de « gauche » ou de « droite », fonctionnaires ou indépendants, syndiqués ou non, roulant en poubelle ou en Lexus – qu’importent les catégories, l’essentiel est de créer autant de factions que possible et d’en faire des marchés captifs.

 

Au sein de chacune de ces filières, ne restera plus qu’à mitiger tant que possible toute forme d’homogénéité trop prononcée. Prôner la Mixité sous ses formes les plus délirantes. Donner des gages d’ouverture et de tolérance. Faire des appels du pied très appuyés aux Minorités. Bien insister sur le fait que « rester entre soi » nuit à la paix sociale, à la prospérité économique, à la santé de la Démocratie. 

 

« Rassembler », en un mot.

 

C’est si imparable que même les éventuels contradicteurs en viendront à surenchérir dans le même registre, à adopter la même rhétorique, à se polir jusqu’à la transparence, à se réclamer des Drouadloms pour lutter contre le droit-de-l’hommisme. Le chant d’un vieux cygne imitant le plus laids des canards. L’ultime humiliation arriviste avant le recyclage dans le compost de l’Histoire.

06/05/2008

A GIRL'S BEST FRIENDS

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04/05/2008

CROIRE, CONSOMMER, OBEIR

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Profitez de cliquer sur la belle feauteau pour lire un bien bon blog.

02/05/2008

SHOULD I STAY OR SHOULD I GO

De prime abord, ça semble être un choix plus que cornélien.

 

Rentrer chez soi, où l'on est bien accueilli, à l'abri des discriminations, au soleil toute l'année mais où il n'y a pas forcément d'eau courante, où on règle les différends à coups de machette et où on soigne le sida avec du jus de fenouil...

 

Ou se faire sa place dans le Reich Sécuritaire Occidental, où tout le monde est raciste, où la police fasciste pratique officiellement le délit de sale gueule, mais où la blonde facile n'est vraiment pas regardante sur l'AOC du sex-toy humain temporaire, où les banques te prêtent volontiers de l'argent pour t'acheter un nouveau canapé et où l'autochone moyen s'excuse de crimes que ni lui ni ses grands-parents n'ont commis ?

 

Dur dur.

 

Mais en fin de compte, le choix semble assez vite fait.

 

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27/04/2008

LEGALISEZ-LES TOUS

Les Frères-Humains-fascistement-dépourvus-de-titre-de-séjour font la grève en Hexagonie. On peut ricaner un moment sur la pertinence de refuser de bosser quand on n'est pas censé avoir droit à du taff ni même être là, mais c'est assez vain, légaliste, centre-droite, et ça ne distrait pas très longtemps. Sur ces questions, seules deux positions sont dignes d'être soutenues et publiquement affichées : soit l'on s'en fout, impérialement, soit l'on est favorable à une régularisation massive tous les trimestres. C'est ça ou rien.

Les réalistes choisiront la première option, qui est la plus sage. Puisqu'il n'est pas de la compétence du peuple de choisir qui il veut ou non accueillir sur son sol, et puisque nos divers cornacs voient le métissage de masse d'un très bon oeil, qu'est-ce que ça peut nous foutre ? Avec ou sans sa médaille, vacciné ou grouillant de puces, c'est toujours le même clébard qui se promène dans le jeu de quilles, et que l’antispécisme nous interdit de chasser à coups de pierres. Rajoutez autant de caméras et de mosquitos que vous voudrez, imposez-lui des cours de français et de citoyennitude, et réveillez-moi dans quinze ans pour me confirmer que ça ne servait à que dalle.

D'un point de vue plus général, l'observateur qui ne s'embrume pas l'esprit avec des slogans ou des statistiques éprouve fatalement un sentiment difficile à cerner, lorsque se présentent à lui de prétendues "grandes questions sociales". Il se sent comme parachuté dans un mauvais film, ou au milieu d'une cérémonie new-age particulièrement bouffonne. En gros, il se demande ce qu'il fout là, pourquoi on lui demande un avis dont on ne tiendra pas vraiment compte, pourquoi on le somme de choisir entre sauce blanche et sauce piquante alors qu'il n'a pas envie de kebab à la base. En mâtant le téléjournal, en étudiant le matériel de vote, en causant politique avec des gens "sérieux et responsables", en écoutant les conversations autour du zinc, toujours et partout cette même sensation de débarquer dans un hôpital, où des infirmiers se battent pour établir le menu d'un patient déjà crevé.

Les optimistes choisiront la seconde option, plus aventureuse. Elle consiste à tabler sur l'aggravation de la situation, en espérant qu'un accroissement consécutif des flux migratoires finira par rendre ingérable, puis explosive, une situation où nous devenons fous sans rien pouvoir faire de décisif. La prophétie du Camp des Saints enfin accomplie sur Terre. Un Lampedusa continental. Un débordement si colossal des outils de régulation étatiques et économiques que l'apparence du calme et de la prospérité ne pourrait plus être maintenue - prélude à toutes les insurrections et sécessions imaginables.

On voit bien ce que ça a de romantique et de masturbatoire. La capacité du régime à dissoudre et recycler tout ce qui semble le menacer sape ces délicieuses rêveries. En 2008, les cent rafiots menés par le Calcutta Star ne provoqueraient aucun exode, pas la moindre révolte, et peut-être même aucun changement fondamental dans nos routines. Notre coin du monde blanc est mort depuis des lustres déjà. La visibilité croissante du communautarisme ne joue pas le rôle des métastases du continent, elle est le signe de son pourrissement et les Indigènes de la République se lèvent chaque matin en chantant son Requiem. Nous ne risquons plus rien : le pire est déjà fait, le point de non-retour est passé. Ce qui rend si difficile à admettre une telle réalité, c'est que nos malheurs n'en sont pas terminés pour autant, ils ne font au contraire que commencer. Nous n'en sommes qu'à la naissance des véritables Heures les plus sombres de notre histoire, les dernières.

Seule certitude : un durcissement, même radical, des politiques européennes en matière d’immigration ne serait pas une bonne nouvelle. Il n’y a rien à attendre d’un cristallisation de la situation présente. Un retour à la l’Ordre et une quasi-militarisation de la société pourrait calmer le phénomène racailles et les ardeurs artificières des fous d’Allah, sans doute. Et alors ? Abd al Malik ou Joey Starr comme beau-fils, je suis navré mais je ne vois pas la différence, et si vous la voyez, pensez à changer de fournisseur de coke. Il est absolument clair que tout Etat, même ouvertement identitaire, demeurera l’obstacle central à l’exercice de notre droit à disposer de nous-mêmes. Laissez donc piorner les Boniches sur les dernières clowneries électorales chez nos amis ritals : ce qui les chagrine n’a rien pour nous réjouir, malgré le petit plaisir qu’on peut retirer du spectacle de leur désolation.

Nous qui avons perdu pratiquement tout ce qui justifiait notre existence, tout ce qui lui donnait du sens, de la beauté et du goût, pourquoi diable nous syndiquer pour améliorer nos conditions de détention ? Il faut au contraire qu’elles deviennent intolérables, jusqu’à pourrir la vie de nos mâtons et gâcher le sommeil du directeur. Puisque la guerre ethnoculturelle est perdue avant d’avoir pu commencer, il n’y a plus qu’à pratiquer le sabotage systématique. Brûler la terre faute d’avoir pu la défendre, et sans espoir la reconquérir de notre vivant. Concrètement, il n’y a même pas grand-chose à faire, ce qui est bien pratique : le mécanisme d’autodestruction est en route, et les microbes qui nous dissolvent gagnent chaque jour en arrogance d’esclave révolté mais toujours honteux.

Tout ce qui peut nuire à cette Europe qui n’est plus la nôtre, est à saluer comme une divine surprise. 

 

24/04/2008

HIP-HOP POUR FACES-DE-CRAIE

 

22/04/2008

CA BOUGE ENCORE DANS L'ATLANTIS

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La fan blonde éplorée : Ah ben merde, j'y croyais plus...

 

Le capitaine emo-balafré : Tu vois que t'as bien fait de me garder dans tes favoris, connasse !

17/04/2008

HAPPINESS IN SLAVERY

D'habitude, Capital, ça cause de la vie des riches ou de la manière de s'offrir des vacances de bourges, ce genre de choses fondamentales. Ce dimanche soir, c'était un numéro spécialement consacré à la promotion de la servitude économique volontaire, avec une belle galerie de portraits dégradants. Ca a trente balais, c'est fun et tendance, et ça s'expatrie chez les bougnoules, les bridés ou les yanquis pour "faire fortune" et "chercher l'aventure" dans de "nouveaux Far-West".

 

La fortune, c'est trois fois le salaire français sans papiers ni qualifs, mais pour trois ou quatre ans maximum, dans des conditions d'hébergement effrayantes, au contact de grouillements humains cauchemardesques, dans des dédales de verre et de béton floutés par des brumes toxiques permanentes.

 

L'aventure, c'est s'entasser à huit dans une chambre d'auberge de jeunesse en guise d'appartement, ou dans une caravane recouverte d'un revêtement thermique opaque histoire de ne pas dormir en anorak, avant de retourner au bureau pour peaufiner le portrait d'un Afrootballeur destiné à un jeu vidéo sportif pour ados obèses.

 

Le Far-West, c'est la loi du plus friqué, dans des Etats où le libéralisme permet et promeut la destruction de l'environnement, les sous-jobs jetables, les formes les plus dégradantes du salariat moderne - comme par exemple cette Chine où on ne boycotte décidément pas tout à la fois, et qu'on taquine pour son communisme tout en applaudissant ses efforts de Croassance.

 

Mais tous ces jeunes gens trouvent ça formidable. Ils sont Français, souvent très recherchés pour cette AOC dit-on, mais ils ne sont de nulle part. Tout lâcher pour vivre trois ans à Dubaï, puis six mois à Vancouver, puis quatre trimestres ailleurs où sévit la mégalomanie financière ou immobilière, ça leur va. L'essentiel, c'est qu'il y ait suffisamment de nightclubs et qu'on puisse tutoyer les collègues pendant la pause Café-What-Else. Ne penser à rien pour agir global. Le stade suprême de la spéculation humaine, en somme. 

 

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D'autres s'endettent pour reprendre un bistrot et en faire un lounge à canapés blancs et sushis lyophilisés, juste le temps de rempocher leur mise de départ et de se faire un pourcentage au passage. Ces esclaves volontaires vont plus loin, en investissant carrément leur vie, en boursicotant avec leurs propres "ressources humaines", plantes vertes qui trimballent leur pot d'un continent à l'autre en suivant les nuages de pluie. Voilà le prix à payer quand on veut exhiber, sur un gigantesque écran plat, les photos de ses vacances dans un bungalow collectif sur une île, comment elle s'appelait déjà ? Enfin une île et c'était vachement bien, tu vois. On les comprend. Ils ont bossé dur. Alors ils les méritent bien, ces vacances. C'est pour elles qu'ils ont bossé si dur d'ailleurs, et qu'ils sont allés vivre près des derniers cercles de l'enfer urbain occidentalisé.

 

Inutile d'expliquer à ces gens-là qu'ils ne sont pas leur travail ; ils sont leur week-end et leurs primes au rendement.

 

Leur spectacle pourrait être glaçant, il est à peine pitoyable. Ce n'est pas comme s'ils nous vendaient une grande réussite personnelle, à la force des reins et du poignet, dans des terres hostiles où tout est à construire. Leur mise en scène n'a rien de Bollywoodien, elle est terne, mesquine, carcérale. De grands sacrifices et un exil radical pour des miettes hâtivement grapillées d'un fuseau horaire à l'autre. La torpeur du décalage horaire conçue comme un quotidien très banal. Tout ça pour que dalle de durable. Leurs racines arrachées de la terre d'Europe ne se plantent pas dans leur coin du lupanar mondial ; ils vivent perpétuellement hors-sol. L'arnaque est flagrante, le bon plan pue le bricolage au rabais et la pub si outrageusement mensongère que personne n'y croit d'entrée de jeu.

 

Les globalistes nous font une séance Nostalgie Des Trente Glorieuses, comme d'autres radasses imbitables à la Amy Winehouse recyclent Aretha Franklin. On va faire semblant, comme avant, du temps où ça marchait, où tout le monde pouvait croire à un destin de Golden Boy en partant de que dalle. Vous aussi vous pouvez connaître un destin magique, si vous vous donnez les moyens de vos ambitions. Vous aussi vous pouvez finir red-en-chef en commençant par vendre des journaux à la criée. Vous pouvez être le prochain Bill Gates, ce nerd entouré de hippies qui s'est retrouvé à la tête d'un Empire.

 

Ca a plutôt bien marché pour nos parents, cette course de lévriers. Pour nous autres, ça soulève déjà moins d'enthousiasme, parce qu'on a pigé que le lièvre n'était pas mangeable. Même les suceuses prosélytes qui étalent leur soumission à l'écran suintent un vide existentiel si total qu'on en a mal pour elles - à leur place plutôt. Mais pas longtemps. A les voir tortiller du croupion entre dédales de bureaux et boîtes de nuit identiquement glauques partout sur le globe, on se dit que, décidément, manier du shrapnel artisanal dans une bicoque perdue du Montana était une carrière d'expatrié particulièrement séduisante.

 

PS : jamais fait autant de fautes de frappe ou de grammaire depuis longtemps, purée. Merci à Sam pour m'avoir signalé les oublis d'une première relecture...

14/04/2008

LA MORT DE L'EMPIRE, TROISIEME TRANCHE

Quelques pages supplémentaires du colossal document de Keith Preston, dont les deux premières parties sont disponibles dans la rubrique ad hoc. Sauf en cas de précision expresse, ceci (...) signale une coupure parfaitement arbitraire dans le corps du texte parce que l'auteur y répète une fois de plus des choses abordées plusieurs fois plus haut. Preston est coutumier de ces récapitulations laborieuses, notamment en dressant systématiquement la liste de tous les groupes farfelus pouvant espérer un certain degré d'autonomie au sein du délabrement mondial qu'il appelle de ses voeux. La tranche d'aujourd'hui comprend les chapitres 4 à 6. Bonne dégustation.

 

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